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jeudi 5 novembre 2015

L'avenir de l'indépendance et la résistance au mondialisme - Partie 1

Publié d'abord par Le bonnet des patriotes, 1er novembre 2015
http://www.lebonnetdespatriotes.net/lbdp/index.php/component/k2/item/4236-la-parole-est-a-nos-lecteurs-lavenir-de-lindépendance-et-le-mondialisme-résister-au-nouvel-ordre-mondial-1ere-partie

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Gilles VERRIER

Les représentants les plus en vue du souverainisme québécois se représentent le fédéralisme canadien comme l'obstacle principal à l'existence à long terme de la nation. Le Canada, par ailleurs décrit comme notre amical partenaire, serait le carcan politique et constitutionnel dont il faut se sortir. Après, ce serait l'indépendance. Mais est-ce bien réaliste?
On apprendra rien à personne en posant que réaliser l'indépendance du Québec relève d'une grande ambition politique. Ce serait un peu comme un retournement de l'histoire qui renverserait le verdict imposé par les armes en 1763. Par le biais des faits et gestes associés au PQ on peut tenter de départager ce qui relève du praticable, la partie réaliste, de ce qui relève du fantasme, dans cet ambitieux projet vieux de près de cinquante ans.
Dans un sens l'exercice s'avère assez facile. Le manque avéré d'explicitation sur la grande ambition nationale, le manque de chair recouvrant le squelette indépendantiste de la démesure nous met forcément sur la piste de la souveraineté limitée, héritage de la mal enterrée souveraineté-association dont les limites à l'indépendance ne furent jamais repoussées entièrement. La conséquence est qu'on a cru pouvoir faire l'économie d'une vraie réflexion sur les grands pouvoirs que procure l'indépendance. Ces grands pouvoirs sont hors du champ de vision péquiste, au-delà de sa portée, absents de son discours et de ses préoccupations.
De longue date, sont exclus tous les pouvoirs qui relèvent de la souveraineté nationale comme peuvent l'entendre des pays comme la Suisse, le Vénézuéla, la Russie, l'Afrique du Sud, l'Islande et tant d'autres. Chez les nôtres, des prérogatives telles que la défense nationale, la liberté dans les affaires extérieures (politique et commerciale), la monnaie et la banque centrale n'ont jamais fait l'objet d'énoncés politiques cohérents traduisant une réelle volonté d'indépendance. Ces pouvoirs ne sont d'ailleurs jamais revendiqués et font donc partie, selon la tradition souverainiste québécoise, des champs de souveraineté au mieux laissés dans le flou, au pire des sujets tabous. Ces sujets indisposent, ce sont ceux devant lesquels le parti se dérobe. Ils sont pourtant au cœur de toute définition de la souveraineté. Grâce à leur nature fortement structurante et coagulante ces pouvoirs forment les murs porteurs de ce qui constitue la souveraineté de l'État et d'un pays. Voilà dévoilée par les actes continus du Parti québécois la partie de l'ambition politique qui apparaît la moins réaliste : l'indépendance.  
Inversement, ce qui se retrouve constamment dans le discours politique habituel sera naturellement réputé faire partie des vraies préoccupations du parti  : rigueur administrative, préférence nationale en matière économique, pouvoir en matière de langue, de culture et d'éducation. Passons rapidement sur le fait que ces pouvoirs ne suffisent pas pour être indépendants, pour s'attarder au fait qu'en ce qui concerne ce corpus de pouvoirs revendiqués, plusieurs sont déjà attribués au Québec par la constitution canadienne. Or, l'expérience répétée du Parti québécois aux affaires a montré une volonté hésitante par Québec d'occuper audacieusement les champs de compétence qui sont les siens. On objectera qu'Ottawa tient les cordons de la bourse en vertu de son pouvoir illimité de dépenser, ce qui peut compromettre la réalisation des initiatives du Québec avec lesquelles Ottawa est en désaccord. Par dessus le marché, c'est la cour suprême qui arbitre. Tout cela est vrai, n'accablons pas le PQ. L'argument est fort mais il ne convainc pas entièrement. Il ne parvient pas à racheter le confinement obstiné du PQ dans une pratique politique inoffensive, qualifiée souvent de provincialiste. Donnons un exemple. Le refus de l'enseignement de l'histoire nationale par le PQ, suivant en cela, peu ou prou, la tendance du monde occidental. On y reviendra.  Ce qui est rejeté ici, c'est de transmettre l'histoire de la Nouvelle-France et de sa continuité contemporaine : le Québec d'aujourd'hui. Une histoire qui n'oublierait pas ce qui nous distingue, sans complexe.  L'histoire épique de la diaspora néo-française en Amérique et l'histoire comparée des Amérindiens sous le régime français Nouvelle-France (coexistence pacifique, un modèle pour l'ensemble des deux Amériques) et le régime anglais avec la création des réserves.
Cet exemple de renoncement à la valorisation de notre être collectif peut être pris comme caractéristique du manque de volonté des gouvernements successifs du Parti québécois de renforcer la cohésion nationale. Il y a bien sûr des «comités d'experts non partisans qui établissent les programmes» et mille excuses. Or, l'exercice du pouvoir est aussi une affaire de volonté, il y a des limites à toujours se dédouaner de ses responsabilités quand on a pris la peine de se faire élire.
Il y a bien d'autres cas où le Parti québécois aurait pu agir, vendant au peuple ses décisions populaires, quitte à brusquer au passage quelques règles bureaucratiques et faire rugir l'opposition, le ROC, sa majesté et mon cul sur la commode. Sans donner dans l'arbitraire, ce qui est généralement exclu quand on a été élu avec un programme public et explicite, les élus doivent imposer leur autorité sur les fonctionnaires, délégués et autres serviteurs de l'État. En fait, en temps utile, c'était au gouvernement et au conseil des ministres de s'imposer, choisissant ses combats, pour exercer aussi pleinement que possible les pouvoirs qui appartiennent au Québec. Un dossier tout à fait présentable à l'électorat. Le Parti québécois au pouvoir a toujours voulu la jouer pure, lavant plus blanc que blanc, réservant ses munitions pour le grand soir. On voit le résultat.
Conclusion provisoire : D'une part, le Parti québécois coalise inutilement contre lui des opposants en revendiquant une indépendance qui n'en est pas une et, d'autre part, ne montre pas la volonté, la pugnacité et l'imagination nécessaires pour occuper pleinement les champs de compétence qui appartiennent déjà au Québec. La souveraineté fantasmée, mais jamais élaborée, avec en contre partie une lutte parlementaire insuffisamment audacieuse et souvent manquée bien que son objectif soit parfaitement légitime. Vivement un Louis-Joseph Papineau à l'Assemblée nationale! Tribun exceptionnel, il n'hésitait pas à mobiliser la population, tuque de laine et ceinture fléchée à la taille. 

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