Pages

Dernière parution

L'ambassadeur de Russie au Canada - lettre ouverte de Oleg Stepanov

Le Canada qualifié de Grande Ukraine Pour ceux qui s'intéressent à la situation internationale, l'état des relations entre le Canada...

jeudi 17 décembre 2015

Référendum ou pas - quelle est la voie la plus fréquente pour accéder à l'indépendance ?

En réaction à cet article de M. Alain Raby

http://vigile.quebec/Le-mouvement-declarationniste#formulaire


Liste des pays ayant déclaré leur indépendance sans référendum :https://www.facebook.com/photo.php?fbid=1735364576691673&set=gm.627531357349381&type=3&theater

Vous pouvez ajouter à votre liste si on remonte un peu plus loin, les États-Unis, le Mexique et les pays d'Amérique du Sud; les pays africains et asiatiques comme les Philippines, le Vietnam, le Cambodge et la plupart des autres colonies. On peut ajouter les pays fabriqués par les puissances impérialistes anglo-saxonnes comme Israel, le Kosovo et les pays héritiers de frontières explosives, découpées arbitrairement par l'État colonial, comme l'Inde-Pakistan avec son Cachemire et son Bangla Desh, oeuvre britannique encore dans ce cas. Il n'y eut pas de référendums à ma connaissance dans tous ces cas, bien que les ententes  pour ce qui est du cas de l'Inde et du Pakistan, prévoyaient un référendum sur la question cachemérie deux ans plus tard, un référendum qui ne fut jamais tenu.

L'examen des processus d'accession à l'indépendance confirmerait que {{le référendum a été jusqu'ici un instrument rarement utilisé.}} La règle semble se partager en deux cas de figure. La DUI (déclaration unilatérale d'indépendance) avec derrière une volonté populaire suffisante, suffisante et indispensable pour que cède l'État colonial; ou, selon l'autre cas de figure, la volonté de l'État colonial de se départir d'un boulet de responsabilité tout en cherchant à préserver ce qu'il peut de ses intérêts. Ce dernier cas figurant souvent l'indépendance en tant que porte d'entrée au néo-colonialisme répandu en Afrique et ailleurs, lequel consiste à piller les ressources en faisant l'économie de la responsabilité coloniale qui obligeait a minima le maintien d'écoles, d'un système de santé et de l'ordre public copiés sur celui de la métropole.

En général, l'indépendance apparaît comme le résultat d'un rapport de force qui se joue tantôt sur les enjeux du moment à fort potentiel de mobilisation : une affaire litigieuse dont se saisit le parlement menée sans flancher et qui évolue pour atteindre le point de rupture. Ce qui fut le cas en 1834-1837-38, de nouveau le cas de l'échec de l'accord du lac Meech et, encore plus récemment l'épisode flash de la condamnation d'Yves Michaud, qui selon moi représentait un potentiel de mobilisation menant à la rupture. En d'autres cas, les circonstances extérieures peuvent avoir un effet catalytique sur les conditions internes : guerre, crise... Prenons ici les cas de la pendaison de Louis Riel en 1885 à Régina, qui fut l'occasion de soulèvements importants au Québec et la crise de la conscription...  Si un référendum peut constituer en temps opportun un instrument dans une panoplie de moyens, il n'apparaît pas comme comme un passage obligatoire dans l'accession de à l'indépendance de la plupart des pays. Naturellement, pour le cas du Québec, des attentes persistantes ont été forgées au Québec sous l'influence de Claude Morin. Cette influence avalisée par la direction du PQ qui ne disposait pas d'un plan clair d'accession à un changement de statut à l'époque fait que cette approche du référendum incontournable a été insuffisamment combattue de l'intérieur en temps opportun. Ces années Morin ont eu pour effet de ramener le large boulevard pas encore totalement exploré de l'accession à l'indépendance à un étroit sentier. Le Québec en a souffert et il reste  encore aujourd'hui trop largement captif de la «fixette» référendaire. D'ailleurs, le «référendisme» en 2015 n'est-il pas toujours la doctrine officielle du Parti Québécois ?

Il nous faut anticiper sur l'Institut de recherche scientifique sur l'indépendance promis par PKP, un institut qui tarde à voir le jour et à propos duquel à peu près rien ne filtre. Soeur Anne ne vois-tu rien venir ? Plus il tarde, plus les Québécois se prennent à s'interroger sur sa composition et sa pertinence. Sera-t-il une autre patente de professeurs d'universités habitués à penser dans le système (par opposition à penser sur le système) ? Sera-t-il pesamment plombé de membres triés sur le volet de ces nombreux retraités du PQ et du Bloc qui ont pu faire du bon boulot politicien mais qui sauf exception n'ont jamais produit le début d'un plan d'accession à l'indépendance  ? De journalistes provenant de la presse système ? De hauts fonctionnaires à la retraite ? De communicateurs ? Une flopée de bonnes âmes qui nous produiront un jour un rapport préliminaire mi-chair mi-poisson de x centaines de pages ? Exagéré ? Peut-être, mais cette figure de style n'a pour but que d'exprimer mon scepticisme grandissant.

Pourquoi je suis sceptique ?
Il y a deux problèmes.
La première question concerne la nécessité de réunir un état major fiable à la tête du grand parti souverainiste, une question qui n'est toujours pas réglée. On parle beaucoup d'unité des troupes ces temps-ci mais trop peu, pour ne pas dire rarement, de la confiance qu'il convient d'accorder à l'état major, à la direction et à l'élite souverainiste en fait. Or, cette question est cruciale et rejoint la question de l'unité des souverainistes. Pour ma part, il sera toujours prématuré de parler d'unité tant qu'un leadership de confiance ne se manifestera pas de manière convaincante. Malheureusement il n'est pas présent, en tout cas pas encore.

Le 6 décembre dernier je plaçais sur Vigile le commentaire suivant :

PKP avancera en terrain miné tant que son parti pourrait garder en son sein ceux qui, comptant sur l’impunité, sont prêts à poignarder dans le dos ses plus sincères membres-patriotes. Des excuses officielles du Parti québécois, qui réhabilitent entièrement Yves Michaud s’imposent avant le quinzième anniversaire et des blâmes avec sanctions devraient être adressées nommément à tout ceux qui ont participé à cette infamie. Voilà le premier geste à poser qui pourrait convaincre tout le monde que PKP a mangé ses croutes et qu’il a la stature d’un chef d’État. Soit la capacité de trancher. Il est impossible de faire l’économie de ce rétablissement de l’honneur, de ne pas « sauver » nos soldats, en ce cas le soldat Michaud, si l’on veut ouvrir avec un minimum de crédibilité le chemin pour d’autres chantiers. 

Or, j'étais tout à fait sérieux dans cette prise de position qui vise à interdire non seulement de se présenter aux élections mais également de priver d'accès aux postes clé de l'appareil du parti tous ceux et celles qui ont pris quatre ans avant d'exprimer mollement leurs premières excuses. Sans sortir les gros mots, que je ne veux pas employer, il est clair que le manque de discernement, le manque de sens patriotique, le manque de fidélité à la cause qu'ils prétendaient défendre ne leur permet plus d'occuper des fonctions décisionnelles. Agir fermement à cet égard serait une premier pas dans le processus de mise à l'ordre, de retour à la crédibilité et à la confiance.

La deuxième question concerne la volonté de défendre les frontières et les intérêts économiques de la patrie contre les prédateurs apatrides. PKP représente une bourgeoise nationale qui veut garder ici ses usines, ses centres de décision et son argent. Il faut que des positions plus explicites soient prises en regard de la défense des intérêts nationaux sur tous les plans, ce que le Parti québécois sous influence des idées et valeurs mondialistes a refusé de faire jusqu'ici, si bien que l'on se retrouve dans un projet de souveraineté dont on a peine à distinguer les contours. Patriote ou quisling ? Nous aurons l'occasion d'y revenir.

J'aurais souhaité que l'Institut surgisse comme une flèche. Comme en continuité de ce que fut un jour un poing fermé au bout d'un bras levé. À tout considérer, le retard qu'accuse le projet rappelle que l'institut ne sera jamais qu'un reflet de la volonté d'un partie de la population qui voudra bien s'armer sur les plans politiques, historiques et en toutes les matières utiles à l'accomplissement de son destin national. Pour un volet, la question se pose donc de développer ce que je viens d'évoquer plus haut.  Produire en quinze ou vingt pages des réponses rigoureuses, soutenues et bien étayés par trois à quatre pages de solides références, l'Institut aura déjà accompli quelque chose. Mais combien de temps faudra-t-il attendre pour que cela se matérialise ?

Les questions (provisoires) auxquelles il presse de répondre se résumeraient ainsi  :

1- L'occurrence des référendums dans les passages à l'indépendance
2- Le poids de la volonté populaire dans les basculements en faveur de l'indépendance
3- Qualifier l'importance des luttes parlementaires de préparation, de rupture et de dénouement portés par les États provinciaux et semi-indépendants
4- Un examen des États semi-coloniaux de tradition européenne (cas du Québec) afin de retracer leur processus d'accession à l'indépendance, Norvège, Catalogne, Écosse
5- Répertorier et comprendre les exemples de forcing, là où des États subordonnés deviennent des États de fait et ensuite des États de droit, cas des États-Unis, et les cas prégnants des États de facto d'aujourd'hui en ballottement : Palestine, Transnistrie, Haut Karabach, les républiques de Donest et de Lugansk.
6- Le droit international, ses ambiguïtés et ses failles en matière de droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.

Voilà quelques questions, un point de départ qui permettrait de tromper l'attente paralysante qui entoure la création du fameux institut que certains nous annoncent maintenant pour avril ou juin 2016. Ne vaudrait-il pas mieux démarrer de façon embryonnaire tout de suite que de  faire en «plus gros» et en «plus prestigieux» sous les feux des projecteurs pour aussitôt décevoir et risquer l'explosion en vol ? Je me pose la question.

La nécessité d'aérer la question référendaire apparaît claire. Il faut que les nouvelles études promises et dont rien ne justifie l'attente replacent les référendums dans un contexte élargi. Il faut en relativiser la portée en se fondant sur l'ensemble des expériences nationales à travers le monde. L'utilisation du référendum ne se situe pas dans le cadre d'une problématique du pour ou du contre. Au contraire, cet outil s'inscrit dans le cadre d'une lutte où tous les moyens sont possibles et aucun n'est exclu. Il suffit de redonner à l'esprit sa souplesse, la souplesse stratégique du combattant qui voudra doser les éléments de la lutte politique intégrale sans a-priori.




 

Aucun commentaire: