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L'ambassadeur de Russie au Canada - lettre ouverte de Oleg Stepanov

Le Canada qualifié de Grande Ukraine Pour ceux qui s'intéressent à la situation internationale, l'état des relations entre le Canada...

samedi 30 décembre 2017

Gérard Bouchard et l'optique mondialiste - du boulot pour les immigrants aux dépens des autochtones !


Les Québécois – ces contribuables qui ont payé un salaire stable et enviable à Gérard Bouchard et aujourd'hui une pension sans inquiétude – doivent-ils considérer qu'ils ont bien investi dans tous ces petits québécois sortis du rang qui forment aujourd'hui son intelligentsia ?

vendredi 29 décembre 2017

Les « descendants des vaincus » et les mensonges du Canada

 Le point sur cette série
La première partie de cette série, qui explore les moyens de redonner l'initiative aux « descendants des vaincus », aborde les prochaines négociations constitutionnelles qui feront des Premières nations des vedettes, alors que le Québec risque d'être exclus et même complètement ignoré.

mercredi 27 décembre 2017

Obama évoque un référendum pour l'indépendance du Kosovo qui n'a jamais eu lieu

Kosovo: Obama évoque un "référendum d'indépendance", Moscou perplexe

INTERNATIONAL
URL courte
Indépendance du Kosovo (198)
Moscou est étonné par les propos tenus par le président américain Barack Obama sur un prétendu référendum d'indépendance du Kosovo, rapporte le ministère russe des Affaires étrangères.

samedi 9 décembre 2017

Les indépendances et les manipulations OTAN - CIA - Dalaï Lama - Lionel Groulx

REPRISE

Archives de VigileRÉPONDRE

 1 mars 2014



POURQUOI NOTRE DALAI LAMA QUÉBÉCOIS

- LIONEL GROULX - N'A PAS REÇU D'ARGENT DE LA CIA

 ET NE FAIT PAS L'OBJET D'UN CULTE MONDIAL 

BIEN MÉDIATISÉ ?


Le gouvernement du Tibet en exil reconnaît avoir reçu 1,7 million par année de la CIA pour entraîner la guérilla dans les années 1960. Le Dalaï Lama récuse avoir reçu 180 000 $ par année à titre personnel.

jeudi 7 décembre 2017

La mentalité du colonisé provoque la fin prématurée de nos combats !


Quatre infanticides constitutionnels en cinquante ans !

Les tentatives pour modifier le statut constitutionnel du Québec  meurent toutes prématurément 


(Note : Version revue et augmentée de l'article sur le même sujet déjà paru le 17 novembre 2017 : https://gilles-verrier.blogspot.com/2017/11/infanticideau-quebec-les.html
7 décembre 2017

Lorsque René Lévesque procéda à l'abandon officiel de la souveraineté en 1984, pour épouser ce qu'il qualifia lui-même de « beau risque », le parti éclata ! Un clash semblable se produisit lors du départ de Jean-Martin Aussanten 2011. Un autre mélodrame ! 

mardi 5 décembre 2017

...il faut le dire aux Indiens

(Mise à jour le 5 décembre 2017)

Un nouveau nom pour le blogue

La Nouvelle-France en héritage 

Nous estimons qu'il faut rappeler la continuité des fondateurs de cet Amérique du Nord qui a poussé en Acadie et sur les rives du Saint-Laurent avec nos identités nouvelles. Pourquoi ? Pour ne pas oublier notre identité néo-française qui en est l'assisse commune.

La Nouvelle-France demeure le seul repère commun des francophones catholiques d'Amérique, il n'y a pas d'autre « appellation » chez les descendants des vaincus qui puisse encore servir de liant dans le sens profond de la transcendance.

samedi 2 décembre 2017

Le trouble identitaire chez les «descendants des vaincus» - annonce



Être issus d'ancêtres qui ont civilisé un continent, qui ont fondé les plus grandes villes américaines, et vivre à la remorque de toutes les minorités en leur propre province, quelle déchéance !
Hermas Bastien
Condition de notre destin national, 1935
(Cité par Christian Saint-Germain)

Territoire et continent 

Il nous faut découvrir la richesse de notre identité nationale par la reconnaissance de ses assises territoriales  (territorialité) et continentales (continentalité).  Les deux piliers d'une identité plantée dans l'établissement  original de la Nouvelle-France en Amérique. Ces référents, territoire et continent, n'ont jamais trouvé la forme de leur architecture politique dans le cadre d'un projet libérateur des « descendants des vaincus ». Dans le monde d'aujourd'hui, ces référents sont pourtant les seuls, conjugués ensemble, qui peuvent rendre compte de la singularité d'un passé d'explorateurs hardis et de fondateurs de pays.

______________

Pour poursuivre sur le même sujet : https://gilles-verrier.blogspot.com/2018/03/trouble-didentite-chez-les-descendants.html

lundi 27 novembre 2017

Une quête perpétuelle d'indépendance sans possibilité de libération

Mis à jour le 28 novembre 2017

En choisissant pour titre de son livre «Égalité ou indépendance», Daniel Johnson avait fort bien vu. À cinquante ans de distance la formule n'a rien perdu de son actualité. Malheureusement son approche confiante, qui interpellait le Canada posément pour lui rappeler que nous sommes du bon coté du droit et de la justice, un rappel que n'aime pas le Canada, n'aura pas connu d'échos durables. Le Canada, qui n'en manque pas une pour se draper d'une fatigante supériorité morale, n'aime pas qu'on lui renvoie la patate chaude en pleine gueule. C'est ce que faisait Johnson avec sa formule lapidaire.

Le Canada ne pouvait apprécier qu'on le mette au défi d'assurer l'égalité promise dès les premières délibérations constitutionnelles de 1864 entre les fondateurs, les « descendants des vaincus »(1); et les occupants venus ensuite, les deuxièmes «fondateurs» et usurpateurs, qui se superposèrent aux premiers.

Si le deuxième Canada, parangon de vertu devant l'éternel, n'aime vraiment pas qu'on le fasse suer, cela tombe bien car les rapports de domination semblent très difficiles à décoder chez les colonisés. C'est donc un « match » parfait ! La politique autonomiste québécoise ne cesse de nous alimenter par de nouvelles illustrations de son caractère inoffensif et domestiqué. La simple exposition des rapports de domination dans le débat public, notamment dans les élections provinciales, est un cas de conscience insurmontable. Faut-il se surprendre que, mis à part Johnson, et quelques figures d'exception dans la bourgade, le dévoilement de cette relation dans toute sa splendeur inégalitaire n'a jamais fait école ?  Mettre le Canada au pied du mur, le pousser à la défensive, l'obliger à réagir en l'amenant sur notre terrain, indisposer le colosse aux pieds d'argile n'a jamais été le fort des premiers ministres qui suivirent Johnson, y compris ceux de son propre parti, et pas davantage à ce jour du coté d'Option nationale et du Parti québécois. Me faut-il rajouter Québec solidaire ?

La façon de Johnson était une application de la règle qui veut que la meilleure défense c'est l'attaque. On a vécu tout le contraire. Le slogan du référendum de 1995, «Oui, et ça devient possible» est désarmant de naïveté, mais préparait très bien le catastrophisme de la défaite par son inversion : Non, ça devient impossible. Les maîtres du jeu ne veulent pas. (2)

Et si on se donne la peine de poursuivre avec les slogans électoraux du Parti québécois au fil du temps, il serait difficile pour un observateur étranger parachuté au Québec de s'imaginer que «nous sommes en guerre», pour paraphraser un représentant de la garde zouave du camp fédéral. Voici la liste de nos meilleures saillies « indépendantistes ». Elles ne feraient pas de mal à une mouche, c'est comme si elles avaient été formulées pour être justement inoffensives.

Liste partielle des slogans électoraux du Parti québécois 
2014
Plus prospère, plus fort, plus indépendant, plus accueillant
2012
À nous de choisir
1998
J'ai confiance
1994
Une autre façon de gouverner
1981
Faut rester forts au Québec
1976
On a besoin d'un vrai gouvernement (On mérite mieux que ça)

À lire ces slogans, qui pourrait croire qu'un conflit national larvé et occasionnellement ouvert traverse ce territoire ? Personne ! Une vérité de l'oppression nationale bien maquillée par les agences publicitaires auxquelles nos PQ-ON ont donné le mandat de «gagner les élections». Mais ce ne sont pas ces agences qui sont responsables, n'est-ce-pas ? 

Et pour ceux qui penseraient qu'Option nationale se démarque du PQ  : 

Liste des slogans électoraux d'Option nationale
2012
ON peut mieux pour le Québec
2014
Oui ou non, entreprendrez-vous un référendum dans le prochain mandat pour un Québec indépendant?

Quelles niaiseries pour un parti tout juste créé et qui n'avait rien à perdre !

Aparté. Pour André Racicot, ON « nous sert une désopilante fricassée linguistique, sous forme de question à Mme Marois. Cette question du chef Sol Zanetti est renversante sur le plan linguistique. Elle montre que le français au Québec, avec des amis pareils, n’a vraiment pas besoin d’ennemi.
En français : Organiserez-vous un référendum sur l’indépendance du Québec au cours du prochain mandat? »
http://andreracicot.ca/les-slogans-electoraux/

Mais on ne chipotera pas sur la qualité du français d'Option nationale. Allons tout de suite à l'essentiel. Rien ne distingue ON du PQ dans leurs efforts pour maquiller le conflit national qui divise les «descendants des vaincus» et les maîtres du jeu depuis 150 ans. Également sibyllins, se gardant bien d'interpeler les gardiens de la prison constitutionnelle, aucun des slogans présentés aux Québécois par le PQ ou ON ne peut rivaliser avec l'éclairante et simple vérité,  celle de Daniel Johnson qui titrait : Égalité ou indépendance.

Que font-ils ? Que font ces autonomistes moroses, déprimés ou épuisés ? Au lieu de dévoiler les rapports de domination dans leur nudité ils se consacrent à la pédagogie. Ils oublient que ce qui aurait dû faire école n'a jamais été repris, mais on se donne néanmoins des missions de pédagogues.

Le projet de modifier le statut constitutionnel du Québec n'a été qu'une suite de levées de rideaux sur une comédie burlesque peuplée de prestidigitateurs qui s'affairent à éviter la lutte politique en accusant le peuple de ne pas avoir suivi. Un jugement qui est d'ailleurs totalement faux. Ce sont les chefs qui ont lâché le morceau, quatre fois en cinquante ans. L'élite missionnaire respectable de notre peuple de jadis est devenue, grâce au progrès, l'élite démissionnaire d'aujourd'hui. D'où l'obligation de la pédagogie des soins de fin de vie, une pédagogie sans objet, confinée à la bourgade, tel le mythe de Sisyphe, une quête perpétuelle d'indépendance sans possibilité de libération.    

__________________________
1. Les «descendants des vaincus», expression employée souvent par le principal père fondateur de la Confédération, George Brown, pour décrire l'identité de ceux avec qui il négociait l'accord constitutionnel de 1867. Dans les termes des constituants, les promesses faites et les accords passés le furent avec les «descendants des vaincus». Or, les «descendants des vaincus»,  expression que nous pouvons considérer comme faisant partie de notre identité constitutionnelle, ont voté majoritairement en faveur du référendum de 1995.
2. «Au PQ, on ne s'était pas cassé la tête pour concevoir le nationalisme du vingt et unième siècle. On ne s'était pas non plus donné la peine de traduire la défaite de 1995 comme le résultat d'une agression fédérale pure et simple et la défection de Parizeau, comme la basse désertion d'un membre de sa bourgeoisie entrelardée. Sortie de scène d'autant moins perceptible qu'elle était accomplie par un homme dont la sincérité et les efforts ne sauraient être remis en doute, mais d'autant plus catastrophique qu'elle interdit justement la conception d'un après 1995 autrement que sous les formes spectrales de Lisée et consorts. Alors qu'il détenait le pouvoir, le PQ a toujours préféré vénérer la moralité vide à l'intérieur du fédéralisme plutôt que de mettre à mal l'ordre constitutionnel unitaire.»
(NAÎTRE COLONISÉ EN AMÉRIQUE, Christian Saint-Germain, 2017, pp 83-84)

jeudi 16 novembre 2017


Quatre infanticides constitutionnels en cinquante ans !

Les tentatives pour modifier le statut constitutionnel du Québec  meurent toutes prématurément


Lorsque René Lévesque procéda à l'abandon officiel de la souveraineté en 1984, pour épouser ce qu'il qualifia lui-même de « beau risque », le parti éclata ! Un clash semblable se produisit lors du départ de Jean-Martin Aussant, en 2011. Un autre mélodrame !

Mais à quoi riment donc depuis 50 ans ces crises devenues si prévisibles entre « indépendantistes déterminés » et « souverainistes associatifs » plus conciliants ? Une explication courante voudrait que la prépondérance d'un camp sur l'autre nous ferait avancer ou pas, que l'on s'approche du but ou que l'on s'en éloigne. Est-ce bien le cas ? Il est permis d'en douter.

Par un aveu surprenant, René Lévesque va nous aider à réfuter cet antagonisme apparent. En 1967, dans une sorte d'éclair de lucidité, il écrivait : « le minimum vital pour le Québec est un "maximum ahurissant et tout à fait inacceptable" pour le Canada anglais ». Il ne pouvait mieux dire ! La conséquence immédiate de cette réalité dévoilée ne serait-elle pas de renvoyer dos à dos les deux camps autonomistes et leur réthorique concurrente ? Tant ils sont comme cul et chemise par leur refus de croire que tout ce qu'ils peuvent formuler constitue « un maximum ahurissant et tout à fait inacceptable » pour le Canada anglais. Devant un tel mur d'intransigeance dénoncé par Lévesque, le comportement avisé ne serait-il pas d'adopter la position d'une résistance obstinée ? De se préparer à une lutte organisée qui ne connaîtrait pas de trêve ? Ne serait-ce pas chez les nôtres de s'armer d'une volonté à toute épreuve pour arracher enfin quelques gains autour d'un « minimum vital » ? Que nenni. Des quatre passes d'armes d'importance contre Ottawa en cinquante ans, aucune n'a satisfait aux exigences minimales de la rigueur et de la détermination qu'aurait dû inspirer le jugement tranchant de René Lévesque sur le Canada.

Le Canada maître absolu du jeu politique
Le Canada anglais a toujours été le maître absolu du jeu politique. En cinquante ans, le Québec a eu beau s'escrimer à formuler ses revendications - minimales, ou maximales - il n'en fera aboutir aucune. Qu'il revendique un ajustement de statut ou l'indépendance c'est du pareil au même. En somme, tous les événements donnèrent raison à Lévesque. Le fédéral n'a jamais consenti à rien car rien ne l'obligea à infléchir son intransigeance. Rien ne l'obligea à réfléchir autrement qu'en ses propres termes sur l'avenir du Canada, la présence du Québec et du Canada français ne réussissant jamais à s'imposer dans ses équations.

Vu sous cet angle, quelle différence y a-t-il en effet entre l'indépendance et un statut particulier ? En pratique, il n'y en a aucune car les ambitions autonomistes sont vouées à échouer devant une intransigeance absolue. Et elles seront indéfiniment ajournées tant que la classe politique continuera de défendre avec si peu de détermination et de sérieux les intérêts du Québec.

Sortir du coma politique
Pour repartir au combat il serait avisé pour les Québécois de sortir du « coma politique » dans lequel ils sont entrés au lendemain du référendum de mai 1980.i Ils devraient comprendre que la « Confédération n'a jamais été un pacte librement consenti avec un partenaire de bonne foi, mais l'imposition d'une condamnation irrévocable avec un enfermement perpétuel », comme l'explique Me Christian Néron, constitutionnaliste, consulté pour la rédaction de cette série.

Les graves carences de leadership ont commencé dès le début avec Lévesque qui a vite oublié sa propre lucidité, cité plus haut. Au lieu d'accorder ses actes avec sa lumineuse précaution, notre stratégie a gravement sous-estimé l'entêtement - prévisible - du Canada à conserver le statu quo, et, il ne s'est jamais préparé à mener un combat opiniâtre et de longue haleine. Faisant volte-face, il a cru - ou fait croire ? - que le changement de statut du Québec pouvait se décider dans la courte parenthèse d'un référendum. Une parenthèse ouverte et aussitôt refermée.

Un navire amiral sans pilote
Chaque fois que des occasions de marquer des points  à notre avantage ont été ignorées ou négligées, les plus déterminés en ont mis la faute sur le compte d'un pilotage mené par des « réformateurs du fédéralisme ». Cette explication ne tient pas vraiment la route non plus car elle refuse de voir que nos échecs à répétition ne viennent pas d'erreurs de pilotage mais de l'absence totale de pilotage ! C'est ahurissant, mais il est temps que les passagers comprennent qu'il n'y a jamais eu de pilote au gouvernail du navire amiral ! Une peur maladive de s'emparer du gouvernail a toujours été le réflexe typique de notre état major national depuis Georges-Étienne Cartier, une étourderie morbide qui a continué sa belle carrière tout au cours de l'ère péquiste. Bye bye libération !

De révolution tranquille à colonie tranquille
Les prétentions si souvent répétées que la révolution tranquille nous aurait libérée de notre mentalité de colonisés ne seraient qu'une façon de se détourner de la réalité pour se réfugier dans de belles illusions. En fait, le Canadien français se complaît tellement dans son statut de colonisé, vivant au dessous du minimum vital, qu'il n'arrive plus à s'imaginer qu'il pourrait s'en sortir un jour. René Lévesque en est l'exemple le plus dramatique.

En réalité, et c'est là toute l'affaire, que ce soient les « séparatistes » ou les « provincialistes » qui aboient le plus fort, nous restons essentiellement dans la distraction coloniale des vœux pieux et des programmes enluminés. On a toujours cru plus vertueux de mener un combat pour prouver la viabilité d'un Québec indépendant - se conforter les uns les autres - plutôt que de faire le procès en bonne et due forme d'un régime qui nous a été imposé et qui nous a toujours privé d'un « minimum vital ». C'est la cécité du colonisé qui nie la présence d'un éléphant dans la pièce. La problématique que pointait lucidement Lévesque et que personne n'a suivie - pas lui-même - laissant libre cours à la volonté de domination du régime anglo-canadien et ses forfaits.

Le Canada remporte la bataille des mentalités
La conséquence c'est que la bataille des mentalités a été gagnée jusqu'ici par le Canada. À tel point que beaucoup de ceux qui voteront Parti québécois aux prochaines élections de 2018 seront toujours sous l'influence du Canada. Beaucoup sont persuadés de son bon droit, de sa bonne foi, de sa supériorité morale. Nous récoltons l'abandon de l'éducation politico-historique, qu'elle fut de Lionel Groulx, de Maurice Séguin ou du RIN. Au lieu de travailler les fondamentaux de notre combat national et de les consolider, nous avons trop misé sur une «pédagogie» d'enfants d'école pour grignoter des « OUI ». Comme si de convaincre « ceux qui ne comprenaient pas » suffisait.
Dans sa psychologie politique, le Canada anglais a compris les limites de son adversaire domestiqué depuis longtemps : pour lui il est inutile de s'énerver devant les aboiements de quelques chiens battus et édentés.

De la contradiction principale
On me permettra ici un petit détour pour des raisons d'utilité pédagogique. À l'époque de la guerre sino-japonaise, la Chine est envahie par le Japon. Pour s'opposer aux membres de son parti qui veulent continuer de combattre le Kuomintang, Mao Zedong prononce une conférence en 1937, qui deviendra le petit essai intitulé « De la contradiction ». Il explique alors l'importance de bien identifier la contradiction principale, c'est-à-dire celle dont dépendent toutes les autres. Dans ce cas de figure, la contradiction principale posait la nécessité de mettre fin aux hostilités entre le Kuomintang et le Parti communiste, d'unir les deux camps chinois pour chasser l'envahisseur japonais, l'ennemi principal. Cela semble plein de bon sens.

Pour le René Lévesque de tous les jours, et en fin de compte pour toute la tradition péquiste, la promotion de « la cause » ne s'est jamais départie d'ambivalences à l'endroit du Canada. On ne s'est jamais affranchi d'une auto censure qui, bien que ponctuée d'occasionnels coups de gueules, s'est toujours interdit d'instruire la fourberie du fédéralisme et de son insatiable volonté de puissance.


Des quatre tentatives pour modifier le statut du Québec depuis cinquante ans

La première
Quand René Lévesque nous lance le soir de la défaite référendaire son « À la prochaine! », c'est qu'il renonce à poursuivre le combat par tous les autres moyens légitimes et raisonnables qui sont à sa disposition. Il venait de s'écraser sous la peur et nous conseillait d'en faire tout autant. À quoi bon un minimum vital pour le Québec ?

La deuxième
Quand, en 1981, revenu bredouille et trahi d'Ottawa, une performance néanmoins marquée par l'impéritie de la délégation du Québec, il soufflera à nouveau sur les braises d'une indignation légitime.  Contre toute attente, il fera volte face pour les éteindre quelque mois plus tard. Il renverra aux douches ceux qui, le prenant encore pour chef, étaient montés - pour une deuxième fois - aux barricades à son appel.

La troisième
Quand le Canada a renié sa parole – une autre fois – et que l'Accord du lac Meech a fait long feu, Robert Bourassa, premier ministre à l'époque, se retrouvait avec tous les atouts en mains pour rebondir. Il le laissera d'abord supposer en livrant un discours prometteur du 22 juin 1990. Il fera volte face à sa manière en laissant passer le temps pour que refroidisse l'indignation nationale et faire oublier son renoncement à faire suivre ses paroles par des actes.

La quatrième
Dans la foulée, Parizeau profite à son tour de l'indignation de Meech, qui reste présent dans les esprits, pour repartir au front. Il se lance avec témérité dans une nouvelle aventure référendaire dans laquelle il placera toutes ses billes. Mais il démissionne précipitamment à son tour le soir même du référendum de 1995, un geste prématuré qu'il regrettera plus tard. Trop tard !  Il avait oublié sur le moment qu'il pouvait attaquer des résultats contestables, ou doubler la mise. Il s'écrase lui aussi et renonce à toute forme de combat. Dans une approche mal inspirée par le tout ou rien, il procède à la démobilisation générale de ses partisans. Quand il a perdu un combat - et non la guerre - il reste toujours à un chef la liberté de se cramponner à ses acquis,  déjouer les manoeuvres à venir de l'adversaire, garder haut les coeurs en attendant une prochaine passe d'armes et des jours meilleurs.   

Tableau


Référendum Rapatriement constitution Négoci-ations du lac Meech Référen-dum 1995
Début 16 nov. 1974 Adoption de l'étapisme 15 sept. 1980 Conférence constitutionnelle 30 avril 1987 Conférence constitutionnelle au lac Meech 12 sept. 1994
Élection de Jacques Parizeau
Fin 20 mai
1980
17 avril 1982 22 juin 1990 30 octobre 1995
Protagonistes du Québec René Lévesque-Morin René Lévesque-Morin Robert Bourassa (PLQ) Jacques Parizeau
Protagonistes fédéral P-E Trudeau P-E Trudeau Brian Mulroney /
P-E Trudeau
Jean Chrétien
Raison de l'échec Abandon du combat par René Lévesque (1er coma politique) Négligence et irresponsabilité du camp québécois (2è coma politique) Abandon du combat par Bourassa


Abandon du combat par Jacques Parizeau (3è coma politique)
Possibilité de réaliser des gains statutaires Non
(Demande de négocia-tions)
Oui
(Négociations)
Oui
(Négociations)
Non


Gains pertes réalisés Perte Perte + (droit de veto du Québec) Neutre Perte
Possibilités d'établir un rapport de force favorable si le combat avait été continué (mon estimation) 40 p.c. 60 p.c. 90 p.c. 60 p.c.

Me Christian Néron explique : « Quand René Lévesque ou Lucien Bouchard refusent de contester les décisions de la Cour suprême (sept. 1981) et l'imposition de la nouvelle constitution, ou d'exiger que ce dossier capital soit soumis en appel devant le Comité judiciaire du Conseil privé (Londres) ou encore que le dossier soit soumis à un tribunal international », là encore, les chefs se sont défilés devant leurs obligations. « Un combat constitutionnel de la plus haute importance entre deux nations n'est-il pas un conflit inter-national ? »

Maître Néron soutient qu'en matière constitutionnelle il ne faut jamais cesser de lutter pour le respect de ses droits et libertés. Il donne en exemple la constitution de l'Angleterre, qui a presque mille ans, poursuit-il, et qui est faite en grande partie d'une succession de combats éprouvants pour la préservation de ses droits. Mais ici, chez-nous, il est interdit de se battre pour un minimum vital et, surtout, d'indisposer notre partenaire canadien !

Pour Me Néron : « Le droit international coutumier ne reconnaît-il, depuis le XVIè siècle, le droit de tout peuple de réclamer justice, et même de se faire justice lorsqu'il n'y a aucune autorité compétente pour le faire ? La doctrine de Vitoria et Suarez est éloquente à ce sujet ».

De la décolonisation des mentalités
En fin de compte, les Canadiens-français-québécois tentent la quadrature du cercle depuis 1867. Et en compagnie du PQ depuis 1968. Si les Québécois et leurs chefs continuent de rejeter a priori tout geste qui occasionnerait la moindre montée de tensions entre le Québec et le Canada; si après avoir renoncé d'avance à oser un rapport de force qui nous serait favorable ils réclament du même souffle un changement de statut pour le Québec, c'est de la foutaise ! Vu l'absence de toute forme de pugnacité, du moment que le Canada bombe le torse, vu la facilité avec laquelle nos chefs de file décrochent avant terme et plient armes et bagages, le Québec se présente désormais au Canada, et au monde, comme un joueur qui a décidé de s'exclure lui-même du jeu. En nous inclinant devant toutes ces injustices, au point d'y laisser le respect de nous-mêmes, nous avons décidé de notre destin. 

Tout ce temps, en contre-partie, nos chefs péquistes ont toujours voulu se dédouaner de leur manque de leadership et de persévérance en reportant leurs échecs sur le dos d'une population qui n'aurait pas suivi ! Naturellement, ils négligent de dire qu'il n'y avait pas grand monde fiable à suivre. Qui serait assez idiot pour suivre un chef qui n'a aucune stratégie, qui ne croît pas en sa cause, qui s'incline au premier vent contraire, qui oublie même de se respecter ?!

Le soir du 30 octobre 1995, Jacques Parizeau, dans un message de dépit, renvoyait chez eux ses militants. N'était-ce pas un message d'abdication envoyé à la population ? Qu'il fallait nous écraser devant la défaite ? Comme Lévesque avant lui, il nous a laissé avec un sentiment d'amertume, comme si nous n'avions pas perdu un combat mais la guerre ! Les chiffres de la démobilisation parlent d'eux-mêmes. Le PQ passa de 300 000 membres à 70 000 sous René Lévesque, et éventuellement la moitié moins.

Si bien que, depuis cinquante ans, ce qu'il conviendrait d'appeler chez-nous la contradiction principale est un chantier désert. Comme si elle ne se situait pas entre le refus du Canada anglais de faire toute concession, et la volonté des «descendants des vaincus» (expression constitutionnalisée) de briser les cadres d'une prison constitutionnelle dans laquelle on les a enfermés, leurrés par des promesses aussitôt trahies. Faute de mettre cette contradiction au premier plan du combat politique, sauf de cibler correctement l'ennemi, toutes les nuances de la mouvance autonomiste ne peuvent que se retrouver dans une foire d'empoigne perpétuelle. Inversement, mettre la question de l'intransigeance du Canada sur la sellette, démaquiller l'hypocrisie de sa démocratie, dénoncer ses promesses trahies – dont la plupart ont une valeur constitutionnelle – ne pourrait que renforcer notre unité.

Lévesque-Morin – Un scandale national
Le lecteur pourra lire en annexe un texte particulièrement troublant de Guy Laforest dans lequel il expose la désinvolture, l'improvisation et, somme toute, l'irresponsabilité du tandem Lévesque-Morin à l'occasion des délibérations qui conduisirent au rapatriement de la Constitution. Il y avait là pour nous une occasion de faire des gains sur le «minimum vital», voire davantage. Mais le Québec, en raison de la pauvreté extrême de sa direction politique, est non seulement revenu d'Ottawa les mains vides, mais déshabillé ! Il avait renoncé à son droit de veto pour un plat de lentilles. Une bande d'amateurs aux commandes d'un navire où il n'y avait même pas un matelot au gouvernail ! Une équipée dont le second de bord était un agent d'influence du fédéral tenu en laisse par la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Une équipée dont l'irresponsabilité fait honte à la nation, un scandale jamais dénoncé par l'entourage de Lévesque, voué à ne pas ternir sa réputation. Le lecteur remarquera qui était aux premières loges tout récemment pour rendre hommage à René Lévesque à l'occasion du trentième anniversaire de sa mort.

En donner toujours plus sans rien exiger
Plus récemment, nous voyons Jean-François Lisée se ramollir doucereusement pour octroyer des « droits historiques » aux anglophones. Pourquoi ouvrir la porte à d'autres concessions, alors que les droits linguistiques des anglophones sont légalement encadrés par les articles 96 et 133 de la constitution, lesquels avaient été négociés à huis clos en janvier 1867 ? Pourquoi laisser supposer que les droits linguistiques des anglophones seraient menacés, alors que seuls les nôtres le sont ! Ce chef, qui a mis de coté la question de la souveraineté pour un minimum de quatre ans, ne se prive pas pour nous paver la voie des prochains reculs. La tradition canadienne-française de donner d'abord ses perles, pour n'avoir plus que sa chemise à négocier, a la vie dure. Nous voyons bien qu'après cent cinquante ans d'un triste cumul d'échecs, notre mentalité n'a pas changé.

Adopter « l'Autre » pour épouser notre déclin
Toute relance du combat pour nos droits et libertés nationales ne pourra réussir sans un sursaut des mentalités. Elles devront prendre acte de la réalité brutale du Canada anglo-saxon-protestant, pour qui « le minimum vital pour le Québec est un maximum ahurissant et tout à fait inacceptable » pour ses intérêts. C'est sa conception du vivre à deux.  La décolonisation psychologique avait bien commencé dans les années 1960, menée par des hommes courageux comme Marcel Chaput, André d'Allemagne, Pierre Bourgault, regroupés au sein du Rassemblement pour l'indépendance nationale (RIN).  Mais tout ça s'est vite étouffé avec le plus attendrissant de nos colonisés, René Lévesque. Il rejeta non seulement le RIN mais toute notre tradition résistante de la « survivance » en même temps. Si nous l'aimons tant, c'est sans doute parce que c'est lui qui incarne le mieux les faiblesses de la typologie québécoise.

On a cru bien trop vite achevée la décolonisation de notre mentalité. Nous l'avons confondue avec une perméabilité toute grande à la culture de masse américaine, laquelle se juxtaposait au rejet de nos traditions culturelles et religieuses, et ce, sans trop de discernement. La révolution tranquille, portée par un baby boom regorgeant d'énergie, nous a bien abreuvés et nourris aux agapes d'une aliénation accrue. Un rejet radical du passé qu'on a pris pour une œuvre de libération.


ANNEXE
LES RÉVÉLATIONS DE GUY LAFOREST
(Mes soulignements)

Incohérence et désorganisation
Quand on examine notre histoire sous l'angle de la longue durée, les référendums de 1980 et de 1995 prennent l'allure de rébellions ratées de l'ère démocratique, en lien avec les rébellions matées de l'ère impériale que furent les soulèvements de 1837-1838. Perdre une action de cette nature entraîne des conséquences négatives. Toute analyse sérieuse des documents de l'époque révèle l'ampleur du désarroi de René Lévesque et de son gouvernement au lendemain de l'échec du référendum sur la souveraineté-association de mai 1980.
Rien ne fut fait pour préparer stratégiquement les lendemains d'une possible défaite. Sur le terrain de l'alliance avec les provinces récalcitrantes aux initiatives unilatérales de M. Trudeau, et notamment dans la guérilla diplomatique menée à Londres, le gouvernement Lévesque a bel et bien eu quelques succès tactiques après le référendum de 1980. Il est toutefois constamment resté sur la défensive, paraissant souvent incohérent et désorganisé.

Décision précipitée

Le 16 avril 1981, trois jours après la victoire électorale de René Lévesque et du Parti québécois contre les libéraux dirigés par Claude Ryan, le gouvernement du Québec a accepté, dans un document qui consolidait un front commun de provinces opposées aux projets de M. Trudeau, une formule d'amendement qui substituait le principe d'un retrait avec compensation financière au droit de veto du Québec. Cette décision fut entièrement improvisée.
Au cours de la campagne électorale, la veille organisationnelle sur ces questions fut confiée au ministre responsable, Claude Morin, et à son sous-ministre Robert Normand. Le Conseil des ministres ne fut jamais consulté sur cette orientation. René Lévesque prit cette décision de manière précipitée trois jours après l'élection. Le Québec aurait pu beaucoup mieux gérer l'enjeu du droit de veto, n'acceptant d'y renoncer qu'au lendemain d'un accord global auquel il aurait pu souscrire.
Lévesque vs Ryan
Entre 1978 et 1982, Claude Ryan a incarné au Québec une vision du renouvellement du fédéralisme canadien en harmonie avec les intérêts du Québec comme société nationale et distincte. Pour protéger le Québec, le gouvernement Lévesque aurait pu faire un bien meilleur usage des lumières et de la bonne volonté de M. Ryan. Certes, la politique est affaire de combat; Lévesque et Ryan avaient ferraillé avec acharnement en campagne référendaire et lors des élections de 1981. Toutefois, Lévesque a choisi de ne jamais intégrer Ryan dans un dessein stratégique visant à contrer les projets de M. Trudeau. Ce dernier craignait beaucoup Claude Ryan. Lors de la fatidique semaine des négociations constitutionnelles de novembre 1981, M. Ryan a essayé d'entrer en communication avec M. Lévesque et son équipe. Ses appels n'ont jamais eu de réponse.
Véritable cafouillis
Sur le front judiciaire, le Québec et ses procureurs sont allés à quatre reprises devant les tribunaux en 1981 et 1982. Leur performance fut peu impressionnante. Pourquoi remplacer l'équipe en place par l'ex-juge de la Cour suprême, Yves Pratte? Pourquoi attendre de très longues semaines avant de décider de soumettre la question du droit de veto du Québec en renvoi à la Cour d'appel du Québec après novembre 1981? Pourquoi ne jamais avoir plaidé, sur la base de l'article 94 de la Loi constitutionnelle de 1867, la nécessité du consentement de l'Assemblée nationale du Québec pour toute réforme touchant la juridiction des provinces sur la propriété et les droits civils, invasion reconnue par le gouvernement fédéral lui-même et par les décisions antérieures des tribunaux? 
Si l'oeuvre d'ensemble paraît peu cohérente et souvent improvisée, cela s'est révélé sous son jour le plus cru lors de la conférence constitutionnelle de novembre 1981: climat anarchique et peu professionnel dans l'entourage de proximité de M. Lévesque, équipe ministérielle d'appui de second ordre, cafouillis total de René Lévesque lui-même et de son équipe à la suite de l'offre référendaire de M. Trudeau le matin du 4 novembre, absence de vigilance lors de la dernière nuit de la conférence.

i Selon l'expression de Martine Tremblay dans son livre : Derrière les portes closes: René Lévesque et l’exercice du pouvoir (1976-1985)

vendredi 3 novembre 2017

Nouveau nom - même mission

[ première édition - 30 janvier 18:03 ]

La CAQ appliquerait un taux de taxation scolaire uniforme.

https://coalitionavenirquebec.org/fr/blog/2018/01/23/taxe-scolaire-caq-appliquera-taux-plus-bas-importe-region/

La réplique du député de Bonaventure (PQ) à l'annonce de la CAQ

« Nous ne sommes pas contre l'équité et l'uniformisation en matière de taxes mais...

lundi 30 octobre 2017

Avec  le trentième anniversaire de la mort de René Lévesque et les  cinquante ans du Parti québécois en 2018, comment redonner aux Québécois francophones un rapport de force favorable, condition indispensable à tout changement de statut politique ?

L'HÉRITAGE DE RENÉ LÉVESQUE, UN ÉCHEC POLITIQUE QUI SE PROLONGE


Les revendications du Québec ne sont plus prises au sérieux par personne, ni au Canada ni ailleurs dans le monde. C'est peut-être que toute l'affaire n'a jamais été considérée comme sérieuse ? Dans le but d'alimenter le débat sur l'avenir politique du Québec, je propose une réévaluation des événements qui ont marqué un demi siècle de péquisme. Cinquante ans au cours desquels le statut du Québec a été modifié à son désavantage. Il y a encore beaucoup de déni concernant cet échec et bien des préjugés sur ses causes qui, malgré l'évidence, sont encore entretenus par une certaine élite politique et le milieu universitaire. Trouver des explications appropriées à ce qui fut une dégringolade de notre potentiel d'affirmation nationale nous semble indispensable. À défaut, comment pourrait-on reprendre l'offensive en faveur de nos droits et libertés ? Voici un rappel historique chevillé aux faits et dépourvu d'esprit partisan. Un condensé de cinquante années de péquisme.
Les années péquistes

L'option de René Lévesque

Le Parti québécois a été fondé sur l'idée de réaliser une forme de souveraineté-association avec le Canada. Son orientation constitutionnelle aboutissait à une refonte du fédéralisme, ce que René Lévesque écrit dans son livre  Option Québec. Pour le Québec, c'était « jouir d'un minimum vital d'autonomie interne » dans le cadre d'une union monétaire et économique avec le Canada. Le pays réformé prendrait pour nom l'Unité canadienne. Cinquante ans plus tard, la confusion continue de régner sur les véritables objectifs constitutionnels de ce parti dans bien des esprits, notamment chez ses dirigeants. Il est clair pour quiconque se donne la peine de repasser le fil des événements qu'une orientation indépendantiste bien comprise, si on respecte le sens des mots, n'a jamais prévalu au sein du PQ, et ce, même du temps de Jacques Parizeau. Au moment du référendum de 1995, ce dernier pouvait compter sur les doigts de la main les appuis au sein de son cabinet. Tous les autres étaient déjà passés dans le camp de Lucien Bouchard, prêt à passer le rouleau compresseur d'une austérité bien provinciale et, surtout, à oublier les folies constitutionnelles des dernières années. C'est ce que me rappelait récemment Richard Le Hir, lequel avait été nommé ministre à la Restructuration à l'époque.
Le parcours du PQ, sous la gouverne de René Lévesque, Pierre-Marc Johnson, André Boisclair, Bernard Landry, Lucien Bouchard n'est pas, et n'a jamais été, indépendantiste ; à moins de se laisser duper par quelques déclarations patriotiques pour sauver les apparences ou se duper soi-même. Comme le fait, pour citer un exemple, cette vidéo d'Option nationale, qui commence avec cette perle : « Lors de nos deux récentes tentatives d'accéder à l'indépendance...». Ainsi, réclamer un mandat pour négocier la souveraineté-association devient, par la magie des mots, une « tentative d'accéder à l'indépendance ». Une déformation de la vérité qui sévit encore, après cinquante ans, et qui est d'autant plus révélatrice qu'Option nationale se targue d'avoir fait plus que quiconque ses devoirs sur la question nationale.

Qu'on ne soit jamais parvenu à faire consensus sur les orientations essentielles du PQ constitue une faiblesse qu'il a lui-même contribué à entretenir. Naviguer sans fixer de cap, quel qu'il soit, et le tenir, est pour un « navire amiral » la source de toutes les dérives. Les reculs successifs que ce parti a fait subir au Québec depuis cinquante ans nous sont laissés en héritage.

Une ambiguité constitutionnelle jamais surmontée

« Je ne blâme point ceux qui désirent dominer, mais ceux qui sont trop disposés à obéir »
(Hermocrate de Syracuse, cité par Thucydide 4, 61, 5)

L'ambiguïté constitutionnelle insurmontable du PQ s'expliquerait par deux raisons.
La première se situe dans l'opposition entre le Québec et le Canada. Le Parti libéral du Canada et les fédéralistes de tout bord n'ont jamais ménagé les efforts pour accoler au PQ l'étiquette péjorative de « séparatisss... », et de « parti qui veut briser le Canada, le plus beau pays du monde ». Cette propagande martelée sans arrêt avait pour but de préserver le statu quo en peignant le PQ sous les traits les plus repoussants. Bien que dépourvu de rigueur sémantique, ce braquage a toujours rapporté gros dans les urnes et, surtout, à l'occasion des deux référendums. Si les chefs fédéralistes à Ottawa n'ont jamais voulu d'une séparation, ils ne voulaient pas davantage d'une réforme qui aurait octroyé des droits politiques égaux aux « descendants des vaincus », comme George Brown, - véritable père de la Confédération (1867) l'avait promis lors des débats parlementaires sur la Confédération. C'est par leur démagogie tapageuse contre le « séparatisme » que les fédéralistes, bien en selle à l'offensive, sont parvenus à faire oublier leurs promesses constitutionnelles mille fois brisées depuis 1867. Bien des péquistes, novices en matière constitutionnelle, se laissent prendre à ce jeu de propagande, avalant à leur tour la méprise que leur parti était prêt pour l'indépendance. Une thèse rarement démentie dans un sens ou dans l'autre, laissant commodément planer toutes les équivoques.

La deuxième raison se situe dans le camp autonomiste et, à ce titre, mérite la plus grande attention. Elle part de l'étonnante dissolution du Rassemblement pour l'indépendance nationale (RIN), une décision dans laquelle il est difficile de voir d'autre motif que celui de servir l'unité nationale. L'esprit du temps - plus optimiste qu'aujourd'hui ! - portait à une union moins partisane du camp national afin de donner plus de poids à la volonté du Québec de se réaliser selon ses propres intérêts. Cette dissolution était un moyen de dernier recours pour réaliser l'unité, suite au refus réitéré de René Lévesque de considérer tout projet de fusion entre les deux partis. Le Ralliement national (autre parti souverainiste à l'époque) avait déjà rejoint Lévesque. Alors pourquoi le RIN ne le pourrait-il pas ?

Le RIN, fondé au début des années 60, avait fait un bon bout de chemin dans sa réflexion constitutionnelle avec Marcel Chaput, lequel n'entretenait aucune illusion sur le Canada. Contrairement au PQ, il revendiquait l'indépendance pure et simple comme solution nationale. Au-delà de la question constitutionnelle, les positions du RIN sur les questions linguistique et sociale indisposaient grandement Lévesque. C'est pourquoi il ne voulait rien entendre de ce parti. Mais si, selon lui, une fusion n'était pas possible avec le RIN, comme elle l'avait été pour le RN, pourquoi fallait-il proscrire tout dialogue stratégique entre ces deux entités du camp national ? N'était-il pas hautement souhaitable de favoriser un maximum de cohésion ? Une attitude inspirée par un rassemblement purement stratégique n'aurait-t-elle pas permis de sortir de cet imbroglio par le haut, au bénéfice de l'avenir politique du Québec ? Mais l'intransigeance de René Lévesque, qui avait brillé antérieurement chez les libéraux provinciaux, y mit un frein.

Les membres du RIN rejoignirent donc le PQ, mais un à un, amenant avec eux des convictions indépendantistes qui contrastaient avec celles des « ex-libéraux progressistes » de René Lévesque. De ce mariage forcé - désiré par Pierre Bourgault et combattu sans succès par d'autres au RIN - résulta une froide cohabitation entre des « indésirés » et des « légitimes ». Cette relation difficile éclata au grand jour lorsque l'on vit la mine déconfite d'un René Lévesque écoutant le discours de Bourgault au Congrès de 1971. À toutes fins utiles, Bourgault, qui restait un chef charismatique remarquable, ne sera malheureusement jamais accepté par la direction du parti.

On pourrait aussi y voir une affaire de personnalités : Bourgault n'avait-il pas eu la maladresse de qualifier Lévesque de « maudit épais » ? Mais c'était, bien au-delà des personnalités, l'expression la plus visible de ce qui était devenu une friction continue entre deux approches politiques face à l'avenir politique du Québec. Bref, c'est celui qui doutait de tout et de lui-même qui ouvrira la marche et mènera les troupes au combat, avec Bourgault, représentant ceux qui ne doutaient pas, sur le banc des punitions. À Ottawa, le général en chef s'en réjouissait.

Une affaire bâclée aux graves conséquences

Cette affaire bâclée va marquer le PQ pour les décennies à venir. D'abord, le geste d'abnégation patriotique qu'avait été la dissolution du RIN ne fut jamais reconnu comme tel. On aurait pu le faire pour au moins tourner la page avec élégance, pour ne laisser derrière ni perdants ni victimes. Au contraire, loin de la reconnaissance attendue, on instilla le doute sur la légitimité des plus déterminés à réclamer l'indépendance. La méfiance contamina la vie du parti et rendit impossible l'ouverture de tout débat permettant de poursuivre l'oeuvre de Chaput et d'Allemagne ( André ). La fermeture d'esprit rendit impossible qu'on accède, par des délibérations sereines entre militants, à une lecture claire des fragilités statutaires du Canada. Le parti, privé d'unité et de l'envergure nécessaire, incapable d'élever le niveau pour aboutir à une stratégie tournée contre le Canada visant son talon d'Achille, opta pour l'étroitesse des ambitions. On écarta la question constitutionnelle qui se situe pourtant au cœur des intérêts fondamentaux de la nation. On la retira des délibérations politiques pour la remettre éventuellement entre les mains d'avocats comme Lucien Bouchard. Au PQ, il ne fut donc jamais question de faire feu de tout bois contre le Canada.

Même si beaucoup l'ont oublié aujourd'hui, ou sont trop jeunes pour en avoir eu connaissance, les frictions se poursuivirent sans relâche. À titre d'exemples, rappelons les emblématiques crises du « renérendum » et du « beau risque » et, de nouveau, à chaque fois que surgissait la fort délicate question de choisir un chef capable de rallier tout le monde. Le chef est immanquablement perçu comme « trop provincialiste » ou soit « trop indépendantiste ». En fait, ce dernier cas ne concernera que Jacques Parizeau. Curieusement, les mêmes membres choisiront tour à tour des « chefs » aussi opposés que Pierre-Marc Johnson et Jacques Parizeau. Ils seront d'ailleurs tous les deux éjectés. Au final, on peut dire que la cohabitation des provincialistes et des indépendantistes n'a jamais été résolue, si ce n'est par la prépondérance indéniable des premiers sur les seconds. En d'autres mots, l'esprit de Lévesque l'emportait toujours sur celui de Bourgault, une constante dont on peut suivre la trace jusqu'à Jean-Martin Aussant qui claqua la porte en 2011.

Résumons. Dans un combat pour les droits et libertés nationales, au sein d'un État dont les faits remontent à 1663, plus de cent ans avant la conquête anglaise, un chef issu des « descendants des vaincus », - mots de Brown - qui ne peut être qu'un chef d'état major, devrait s'efforcer de fédérer toutes les forces, travailler à bâtir la confiance entre elles pour constituer un front commun patriotique le plus large possible. Au lieu de cela, René Lévesque a maintenu nos forces dans la division. Il a décidé en catimini, avec Claude Morin - qui de son propre aveu recevait de l'argent de la Gendarmerie royale du Canada pour des rencontres clandestines - de toutes les questions décisives : question référendaire douteuse de l'avis de tous (1979), absence de plan pour continuer ce combat, qui n'était qu'un début, en cas d'un « non » (1980), négociations constitutionnelles bâclées et catastrophiques (1981), lesquelles préfiguraient la nuit des longs couteaux et le rapatriement de la constitution (1982), qu'on refusa de contester, alors qu'on pouvait le faire de bon droit. Le navire amiral sans gouvernail se replia dans la soumission.

Parallèlement, notre état major, qui ne voulait pas assumer ses responsabilités, a provoqué la cristallisation des divisions internes par des parti pris de plus en plus clivant et obsessif justifiés par la hantise de l'extrémisme. Comment peut-on plaider la cause de René Lévesque et de son passif ? Je n'en sais rien. En tout cas, il est clair que l'atmosphère de méfiance rendait impossible un dialogue politique constructif chez les « descendants des vaincus ». D'où le délaissement des enjeux constitutionnels et statutaires, des questions qui demandaient pourtant qu'on s'y attarde. Plombée par ces carences, à l'opposé du camp fédéral, qui ne pensait qu'en termes stratégiques, la direction du PQ ne forma jamais un état-major politique digne de ce nom. De surcroît, chez les militants, tant membres que sympathisants, l'absence d'éducation politique de niveau acceptable vint compléter le portrait. C'est ce qui résume la vie misérable du PQ depuis cinquante ans.

Réussir partout sauf en politique

Il ne faudrait pas voir dans cette analyse un dénigrement du Québec et des Québécois. Bien au contraire. Tous savent que le Québec, fort de son identité francophone pluri centenaire, s'est distingué depuis la fin des années cinquante pour atteindre des niveaux d'excellence enviables dans le domaine des arts – cinéma, musique, théâtre – des sports, de la science et du monde des affaires. C'est en politique, domaine réputé pour être particulièrement difficile et ingrat, que le Québec a déçu toutes les attentes. En cinquante ans, nous avons réussi partout, sauf en politique ! Un constat qui s'imposa d'évidence avec la démission de Jacques Parizeau, à un moment clé d'un rapport de force tendu, certes, comme si la lutte politique avait le luxe de se payer des vacances. Déclarer si vite forfait était une capitulation inespérée qu'Ottawa n'attendait même pas. Chez les partisans, on attendait de Gaulle, on a eu la Bérézina.

L'histoire nous apprend que, s'agissant de Lévesque, de Bourassa - et son fameux discours patriotique répercutant l'échec de l'entente du lac Meech - ou de Parizeau, effondré, et de tous les autres, le rapport de force, lorsqu'il se tend, devient vite une charge insoutenable. Or, qui ne s'accroche pas avec la dernière énergie à se défendre dans les moments difficiles, quand l'objectif devient plus palpable et concret, met à risque toutes ses ambitions. Comme le dit si bien l'expression, l'histoire ne repasse pas les plats. C'est pourtant ce que nous apprend la légendaire pugnacité des Anglais ! Ou des Juifs ! Comme l'a si bien rappelé Lionel Groulx dans des pages bien inspirées dans lesquelles il nous les proposait en exemples.

Une histoire qui trébuche mais néanmoins inspirante

Notre histoire trébuche. Elle le fait avec une récurrente et lancinante incapacité d'agir avec fermeté au-delà du seuil qui met en cause le confort du statu quo. Nous sommes un peuple qui avait commencé d'atteindre un degré d'émancipation nationale enviable en 1663, mais sans pouvoir la consolider suffisamment avant la Conquête. Mais pour bien des Québécois qui se mêlent de politique, la modification du statut politique de la nation ne mérite pas une chicane de famille. C'est à la fois l'expression paradoxale de notre existence nationale et de sa faiblesse sur le plan politique. Il nous faut mesurer combien il est difficile de sortir du rang, de s'élever à un niveau jamais atteint, pour ceux qui n'ont jamais acquis dans leur histoire nationale, la tradition d'exercer le pouvoir et de le tenir pour leur propre compte. C'est ce qu'on appelle ailleurs l'État profond, un État permanent – qui n'a pas que du bon, nous le savons tous ! - qui assure la continuité en s'affirmant dans la durée. Ce manque d'atouts peut expliquer, sans toutefois excuser, tous ces combats abandonnés prématurément, avant leur véritable dénouement, par une direction politique immanquablement ramollie. Cela doit bien compter pour une bonne moitié de nos déboires.

Je me demande où se cache notre meilleure source d'inspiration. Elle se trouve peut-être dans l'histoire exceptionnellement inspirante de la Nouvelle-France. Un modèle sans égal dans les annales des colonisations européennes, comme le rappelle justement Madame Morot-Sir. Une exemplarité dénigrée à tort et à travers, et qu'on a même renoncé à transmettre. Serait-ce parce qu'il s'agit là d'une rare histoire d'alliances réussies et d'intrépides gagnants ? Plus récemment, elle se trouve aussi cette inspiration, cet encouragement, dans les éclatants succès que nous avons connus dans tous les domaines. C'est pourquoi, en dépit de notre piètre performance en politique, nous ne devrions pas nous contenter de ce petit pain d'un statu quo constitutionnel qui nous a été imposé par des autorités étrangères.

Le statut politique du Québec doit changer ! Et pour le changer nous avons de nombreux défis à relever. Sans tradition d'autonomie politique et sans enracinement dans la machine d'État, il nous faut faire notre glace en patinant, innover, et, surtout, travailler à briser le funeste réflexe qui nous porte à accrocher nos patins aux premiers signes de redoux.


Le poids de l'héritage de René Lévesque

Nous vivons aujourd'hui la continuité des positions prises à la fin des années 1960 et qui n'ont jamais évolué depuis. Tous les successeurs de René Lévesque ont repris son triste héritage sans jamais le remettre en question. La lignée se voit chez Bernard Landry, poussant Françoise David à fonder Québec solidaire (FPU) et, à son tour, chez Pauline Marois incapable de rallier l'indépendantisme de J M Aussant. Combien de fois Lévesque n'a-t-il pas poussé ses opposants vers la sortie ? Cette attitude, qui va de pair avec le peu d'importance que l'on accorde à la cause nationale, a encouragé l'institutionnalisation du PQ comme simple parti d'alternance provinciale. Les forces se sont forcément cristallisées, peu à peu, dans une véritable division nationale des Québécois. C'est à ces résultats déplorables, c'est à ces fruits indigestes qu'il nous faut juger de l'arbre péquiste.

Oui, les Québécois ont connu de belles occasions de se réjouir et de fraterniser en cinquante ans, dont ces magnifiques fêtes nationales sur le Mont-Royal. Mais pour ce qui est du fondamental, l'avenir politique du Québec, tout ce qui a trait au domaine du pouvoir et de nos droits, nous n'aurons connu que des échecs : le Canada, d'esprit multiculturel et protestant, sec et dépourvu de magnanimité, ne nous a jamais rien cédé. Il a même durci et consolidé sa position, resserrant son emprise sur notre destinée à chaque fois qu'il le pouvait, à mesure que notre poids démographique déclinait...


Parallèlement, il faut voir cette chute comme la conséquence de combats si mal planifiés qu'ils ne pouvaient conduire qu'à la défaite. Avec un bilan aussi traumatisant, pas étonnant que le Parti québécois veuille parler de n'importe quoi, sauf de souveraineté, cause pour laquelle sa cote de crédibilité n'a cessé de fléchir. Pas étonnant non plus que le discours politique sur notre destin national soit devenu si rachitique et cynique.