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mardi 15 décembre 2015

Décadence politique et morale de l'Occident - le cas du Québec

Publié d'abord sur Vigile. Chronique no.1
http://vigile.quebec/L-independance-passe-par-le


Certains indépendantistes-souverainistes ne semblent pas avoir pris la mesure du recul moral que leur mouvement a subi dans l’opinion publique depuis au moins 1995. L’élite de ce mouvement, les élus au provincial comme au fédéral et ceux qui gravitent dans leur orbite portent une grande responsabilité dans l’érosion du prestige qu’a connu leur parti depuis les temps de l’incorruptible René Lévesque. Beaucoup de munitions gaspillés depuis, allumées en vains feux d’artifice, se soldent en perte de crédibilité morale et de foi en droiture politique. Sans rappeler tous le événements, d’un épisode à l’autre, d’opportunisme politique en slogans démagogiques, en passant doucement de petites compromissions en petites trahisons, le Parti québécois a perdu l’aura de crédibilité qui avait garanti la prise au sérieux de ses deux campagnes référendaires.
La décadence générale de la classe politique occidentale dont le Parti libéral est champion au Québec n’a pas épargnée le Parti québécois. Même sans les révélations de la Commission Charbonneau, exercice politicien crasse pour noyer le poisson payé par le cochon de contribuable, un exercice pour lequel la PQ a marché aveuglément ou hypocritement, c’est selon... Ne savions-nous pas déjà, observateurs avisés, que nous ne pourrions avoir accès qu’à des révélations tronquées et sans suite (témoignage de Marc Bibeau à huis-clos, etc.), le tout menant, au contraire de l’épuration des moeurs largement attendue, à une transition, hélas, vers le raffinement du système de la corruption sans y mettre fin, sacralisant au passage l’impunité des responsables politiques au sommet de l’État, du système Desmarais et autres puissances ?
Dans un tel contexte de corruption et d’impunité généralisées, le référendum réclamé par certains ne peut être qu’une farce. Le cadre organisationnel, qui suppose un État de droit dont la légitimité, l’autorité et la justice est a minima acceptée de bonne foi, est au mieux douteux et au pire absent. Il fait défaut.
Le redressement de l’État, la lutte pour le rétablissement de valeurs morales inspirées des heures les plus riches de notre tradition chrétienne est le premier pas que la situation exige. Il faut faire le ménage. On a besoin d’un parti d’incorruptibles. Un parti de patriotes et non d’un parti de petits ambitieux. Un parti de gens talentueux prêts à s’élever pour sacrifier quelques années de leur vie professionnelle sans rien attendre en retour, un parti de gens qui seront insensibles à la dictature de la mode et des marques, qui ne tomberont ni pour Harley Davidson ni pour une paire de jeans à 400$ ni intéressés à se faire mener en bateau sur un cruiser de luxe. Un parti dont les dirigeants disposent d’une armature morale, pour paraphraser Lionel Groulx, qui va au-delà de ces futilités. Un parti fait de gens droits dans leurs bottes, refusant tout pot de vin et toute hypocrisie, telle que celle que cautionna cet exercice à l’usage des naïfs (naïveté entretenue par les médias) que fut la théâtrale et impuissante Commission Charbonneau.
Sans cette épuration, sans cet exercice de salut national, sans cette revalorisation des pouvoirs politiques, administratifs et juridiques pour convaincre avec succès le cochon de contribuable et d’électeur, tout référendum apparaîtra comme une couche de m... sur un tas de fumier.
René Lévesque n’était pas sans défauts mais il apparaissait à l’instar d’un de Gaulle, quoique moindrement, et aujourd’hui d’un Poutine, comme un homme foncièrement honnête, patriote et voué sans faille au bien de sa patrie. Cet aura qui entourait le Parti québécois du temps de son fondateur, peu ou prou, ne s’est pas étendu, il s’est au contraire rabougri et finalement dissipé. Pour le PQ, il y fera face ou l’esquivera, le défi est immense. Il s’agit pour lui de faire un premier pas pour retrouver la confiance populaire, confiance qu’il a largement perdue. Beaucoup plus exigeant qu’il n’y paraît.

vendredi 11 décembre 2015

Réaction en rapport avec un article de Vigile sur l'islamisme radical



  • http://vigile.quebec/L-Islamisme-et-la-tenaille rapport avec cet article : 

    Gilles Verrier
    Monsieur Cloutier,
    Votre premier dérapage est ici :« des démocraties occidentales... »
    Ces « démocraties » sont les premiers soutiens de l’islamisme radical dans un billard à trois bandes qui a pour objectif de nier le droit à l’auto-détermination de pays comme la Libye, la Syrie et l’Iraq et tant d’autres. Le faites vous exprès ou vous avez un spectre de lectures à ce point étroit qu’une partie de la réalité vous échappe ? Votre démonstration peut être séduisante pour qui s’intéresse à la question sans s’y attarder, mais ne peut convaincre les internautes avisés.
    Ce qu’il faut dénoncer ce n’est pas l’islam indistinctement, mais la complicité de votre pays, le Canada, votre « démocratie occidentale », que vous ne cessez de ménager sur ce point, absolvant les relations privilégiées qu’il entretient avec l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie, ces monarchies ou semi-sultanats qui, alliés indéfectibles de l’OTAN, sont les premiers financiers et armateurs de l’islamisme radical. Inversement, je ne vous ai jamais entendu parler de l’islam russe (30 000 000 de musulmans) ou de l’islam chinois ou de l’islam iranien qui sont le fer de lance dans la lutte contre cette perversion de l’islam que constitue certaines déviations saoudiennes bien entretenues de chez nous, bien entretenues de ces « démocraties occidentales » qui à vous en croire lavent plus blanc que blanc, au point d’avoir javellisées pour vous le Canada, que de l’autre coté de la bouche vous n’aimez pas beaucoup. Votre indépendance consiste-t-elle à faire du Québec un clone du Canada sur le plan international ? Un siège des Nations-Unies à New York pour quoi faire ?
    Il y aurait matière à ce que le Québec se distingue ici par sa recherche de la vérité et par son refus de solutions toutes faites, qui ne sont généralement pas dans l’intérêt d’une petite puissance (le Québec indépendant) qui souhaite rester libre et respectée de tous.

lundi 7 décembre 2015

Réconciliation : Conjuguer notre continentalité néo-française avec notre territorialité québécoise



Etre issus d'ancêtres qui ont civilisé un continent, qui ont fondé les plus grandes villes américaines, et vivre à la remorque de toutes les minorités en leur propre province, quelle déchéance !
Hermas Bastien
Condition de notre destin national, 1935
(Cité par Christian Saint-Germain)

Il faut assumer en l'articulant le rapport entre notre continentalité et notre territorialité, lesquels ne sont pas mutuellement exclusifs mais s'inscrivent au contraire dans la singularité de notre histoire.

Se dire Québécois, comme marque d'appartenance nationale est récent, une cinquantaine d'années. Pour être «plus» Québécois on a beaucoup promu l'idée dans les milieux autonomistes qu'il fallait exclure de nos consciences une identité plus ancienne, l'identité canadienne francophone. Être Québécois, c'est une identité qui coïncide avec un territoire, le territoire de la province de Québec défini par la Constitution de 1867 et modifié ensuite par le rattachement de Terre-Neuve au Canada en 1949. L'identité territoriale québécoise a ceci de particulier qu'elle tend à gommer l'occupation du sol par deux nations.  Le Canada anglais, qui y domine toujours, et les «descendants des vaincus» qui peinent toujours à faire valoir leurs droits. En revanche, derrière l'appellation de Québécois se trouve la volonté de prépondérance politique des Canadiens francophones sur un territoire bien défini.

L'identité québécoise n'a donc pas que des qualités pour les descendants des vaincus, surtout si cette identité se coupe de ses sources. La source de l'identité québécoise francophone se trouve dans la Nouvelle France et le Canada francophone. On a beaucoup cru depuis cinquante ans que de délaisser ces identités était nécessaire pour être Québécois, entrer dans la «modernité» a été invoqué comme un mouvement de rupture nécessaire avec notre passé identitaire.

Si l'identité territoriale québécoise ne saurait être remise en cause, on constate aujourd'hui qu'elle n'est pas incompatible avec nos autres identités. Bien plus, se séparer de nos identités fondatrices ne constitue pas un enrichissement mais un appauvrissement considérable.

En ce sens, nous avons au même titre que les autochtones le droit de revendiquer une pré-existence continentale, antérieure à l'établissement des États successeurs modernes que sont le Canada et les États-Unis. Ce concept de réconciliation entre notre soif du grand large et des grands espaces, qui se retrouve dans notre héritage néo-français, n'enlève rien, bien au contraire, à notre volonté de maîtriser notre destinée par un État posé sur un territoire défini.

7 décembre 2015
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La renaissance de la Nouvelle-France, clé de l'américanité québécoise


Gilles Verrier
      17 juin 2002



Une minorité coupée en deux
On admet généralement que les États généraux du Canada-français, tenus en 1969, consacrèrent en quelque sorte le schisme historique du peuple canadien-français. C'est à cette occasion que les délégués du Québec affirmèrent leur identité québécoise alors que les autres, ceux des autres provinces, restèrent Canadiens dans le sens traditionnel du terme. Le sentiment d'appartenance à un seul et même peuple francophone, sentiment qui avait prévalu depuis toujours, commença alors à s'effriter. Simultanément, le déclin des institutions religieuses dont les œuvres dans les domaines de la culture, de l'éducation et de la santé suivaient les Canadiens-français partout, continua de saper les solidarités de jadis. Bref, ce fut le début de la fin d'une identité partagée, un changement majeur dans la dynamique francophone continentale(1). Toutefois, on ne peut expliquer de façon satisfaisante le renforcement de cette tendance au cours des trente dernières années sans prendre en compte le rôle structurant joué par le fédéral pour cristalliser l'opposition des intérêts entre ce qui devint désormais les deux portions de la minorité francophone du Canada. 
En effet, la politique fédérale de bilinguisme instaurée par P. E. Trudeau renforça le sentiment de séparation effective des francophones en créant deux zones distinctes, deux statuts opposés, au sein même de la minorité linguistique du Canada. Existe-t-il une politique machiavélique typiquement anglo-saxonne ?(2) En tout cas, ici, on s'appliqua à diviser pour régner. Il advint donc que les francophones ne pouvant espérer mieux qu'une sorte de survivance furent soutenus financièrement et parfois même artificiellement alors que ceux qui grâce à leur concentration territoriale pouvaient aspirer à dépasser la survivance, voire à souhaiter l'émancipation politique, furent minés par une politique fédérale d'appui systématique aux organisations qui représentent la majorité anglaise canadienne au Québec. Pour les fédéralistes purs et durs, il y a dix provinces égales en droit et en statut au Canada. Ils oublient toutefois que les lois linguistiques font exception à cette vertueuse égalité. Le Canada, l'État central, a bel et bien façonné deux zones linguistiques pour sa minorité francophone, lui réservant des traitements inégaux en raison de son importance. Cette division de la minorité en deux zones est apparemment un fait singulier. Le Canada est-il le seul pays qui est assez «tordu» pour édifier une politique nationale de deux langues officielles qui fait de chacune d'elles une langue majoritaire et une langue minoritaire à la fois? C'est comme si la Norvège considérait les Lapons comme une minorité là où ceux-ci sont peu nombreux et une majorité là où ils se trouvent concentrés. Absurde, dites-vous ? Faut croire qu'à force de côtoyer l'absurdité elle finit par passer inaperçue… 
Notre américanité
En dépit de tout, le resserrement des rapports entre les francophones d'Amérique devrait être une chose naturelle, hautement souhaitable. Dans un monde où la diversité linguistique et culturelle s'imposent comme des enjeux de première importance, la défense de cette diversité passe nécessairement par la constitution de solidarités nouvelles qu'il faut tisser, organiser et mettre en œuvre. Tout cela est indispensable si l'on veut constituer une solution de rechange viable sur le long terme à la culture et à la langue uniques.

 

Pour y arriver, il faudra dépasser l'obstacle dressé par une certaine rectitude civique qui atteint parfois des sommets dans la pudeur au point qu'il devient hasardeux de viser la superposition des appartenances, en l'occurrence le resserrement actif des liens francophones, sans être au mieux taxé de «passéisme canadien-français» et au pire d'«ethnicisme». Ceci dit, au-delà des politiques de division entretenues par Ottawa, il faut reconnaître que les fondements traditionnels de la cohésion francophone sont disparus et le combat d'aujourd'hui ne consiste pas à les ranimer. Il faut plutôt s'employer à trouver les nouveaux et puissants ressorts qui feront renaître une communauté américaine francophone dynamique. 
À l'ère des identités et des appartenances multiples, il ne faut pas hésiter à se saisir de l'esprit intrépide et avant-gardiste de la Nouvelle-France pour en faire le socle d'une nouvelle alliance continentale des francophones. 

 

L'américanité, ce concept un peu galvaudé et fétiche du professeur Gérard Bouchard, a plusieurs visages. Si l'américanité possède un visage étatsunien illustré jusqu'à plus soif par Hollywood sur les écrans du monde entier, elle a aussi un autre visage, occulté par la domination anglo-saxonne sur l'ensemble de l'imaginaire américain. Visage voilé par un colonialisme qui étouffe l'expression du meilleur de nous-mêmes, qui nie nos propres repères et nos plus légitimes fiertés, nous défend de brandir fièrement des faits et gestes historiques qui, pour un peuple libre, seraient tenus en haute estime, enseignés dans toutes les écoles et portés sur tous les écrans petits et grands. Car l'épopée de la Nouvelle-France n'est pas une petite affaire. En revendiquer l'esprit tient lieu d'acte novateur et libérateur. 
La Nouvelle-France est une formidable épopée, nourrie par un désir authentique de connaître l'autre, de lier les peuples davantage par le sang du métissage que par le sang versé. Les néo-français ont colonisé le Nouveau monde avec une ouverture d'esprit qui étonne. Ils sont allés à la découverte de réalités et de territoires nouveaux, en ont dressé les cartes, les ont décrits et les ont occupés avec une économie incroyable d'hommes et de ressources matérielles. 
Si la colonisation étatsunienne et plus généralement la tradition coloniale britannique sont caractérisées par une violente conquête de l'Ouest, l'écrasement des établissements métis, le refoulement des autochtones dans des réserves et la spoliation de leurs territoires, il existe un contre-exemple. Si les Étatsuniens peuvent trouver grandeur, inspiration, fierté dans leur américanité et en faire partager l'émoi à l'échelle planétaire, la renaissance de la Nouvelle-France devient impérieuse. Le discours de l'Amérique sur elle-même est tronqué. Il sera toujours incomplet sans la renaissance de la Nouvelle-France. Cette renaissance renferme les ressorts d'une autre face de l'américanité dont la valeur est au moins égale à la première. 
Bien sûr, il ne faut pas tomber dans la facilité. Il n'est pas question de se satisfaire de contrastes esquissés à grands traits. Les experts apporteront d'autres éclairages, préciseront les faits et feront toutes les nuances nécessaires. Tout n'est pas noir et blanc mais, en dernière analyse, les différences qui ont marqué la rencontre des peuples autochtones avec l'un ou l'autre peuple européen, rencontres qui inévitablement devaient prendre une forme coloniale n'en faisons pas mystère(3), sont d'une envergure insoupçonnée. Si on a étudié l'histoire sous le rapport des colonisations comparées, on l'a encore trop peu fait. L'historiographie générale, dominée par les anglo-saxons d'esprit protestant, n'a-t-elle pas naturellement tendance à aplanir les différences entre les expériences coloniales ? Il faut donc se méfier de l'autre facilité, hypocrite ou mensongère, qui voudrait que toute colonisation soit également condamnable.
Voyons quelques faits marquants. La citoyenneté accordée aux Amérindiens par Richelieu dès 1627 sous condition de prendre la foi catholique, la Grande paix de 1701, le respect des indigènes et l'égalité avec eux dans une vie souvent étroitement partagée, sont sans équivalents à l'échelle des deux Amériques. L'exploration de 70% du territoire nord-américain par moins de 6 % de la population (4) est un exploit  grandiose, peut-être sans équivalence dans toute l'histoire des exploits coloniaux. Toutes ces réalisations ne pouvaient être possibles sans une attitude pacifique mais audacieuse et un savoir-faire particulier permettant de nouer rapidement des relations de confiance avec tous les peuples rencontrés au passage.

 

Les Néo-français explorèrent l'Amérique. Ils ne le firent pas en guerroyant partout où ils mirent les pieds, ils le firent dans un esprit de partage et de coopération. C'est une autre Amérique qu'ils inventèrent. 
Pourquoi le socle nous permettant de recréer des relations étroites avec les francophones d'Amérique ne serait-il pas l'appartenance commune à cette merveilleuse saga néo-française, une américanité particulière qui, si elle a peu à voir avec un Hollywood biaisé, n'a, en revanche, rien à lui envier ?

 

L'histoire de la Nouvelle-France est une histoire glorieuse. Nous pouvons plonger dans cette épopée et nous l'approprier pleinement pour la traduire en films, romans, chansons, opéras et la faire revivre de toutes les manières. Les valeurs de coopération, le désir d'aller vers l'autre et la soif authentique de connaissances s'y trouvent partout, à l'état de traces ou de semences, de Cœur d'Alène à Dubuque en passant par Saint-Boniface et Rivière-la-Paix. Dans leur particularité ces valeurs sont intemporelles et universelles. Néo-français et Québécois. 
Comme Néo-français, nous sommes unis (comme un possible et un passé) à tous les Néo-français et aux Métis d'Amérique. Nous pouvons revendiquer la vue sur les Rocheuses (eh oui !), que La Vérendrye et ses fils furent les premiers Blancs à voir en spectacle et à décrire, comme étant la nôtre. Nous pouvons revendiquer les appellations françaises de centaines de lieux, villes et villages du Canada et des États-Unis; l'exploration du Mississipi et du Missouri par Louis Jolliet et le Père Marquette. Par notre identité néo-française nous réconcilions, comme Québécois, notre besoin d'un pays propre, forcément limité sur le plan du territoire, le Québec, avec notre attirance traditionnelle, voire notre amour des grands espaces et du grand large, notre ouverture sur l'Amérique et sur le monde.
EN COMPLÉMENT
Reproduction d'un texte paru sur Avant-Garde Québec Pierre Martin (Extraits) 
En défense de la Nouvelle-France 
(…) le projet indépendantiste (et tout projet de société) est d'abord d'ordre poétique avant d'être politique : seul le mythe peut donner un sens à la volonté des peuples, les Américains l'ont bien compris, eux qui imposent les leurs à toute la planète. Il importe donc de retrouver nos propres mythes en faisant revivre la Nouvelle-France qui, s'il n'eut été du désastre anglo-saxon, était en passe d'établir de nouveaux paradigmes pour l'humanité, et ce, avant la révolution française qui, d'ailleurs, doit beaucoup à l'expérience franco-amérindienne. 
Retrouver l'esprit de la Nouvelle-France est donc primordial si nous voulons véritablement nous libérer.
Sinon, l'indépendance du Kébèk ne voudra rien dire puisque nous serons devenus des anglo-saxons parlant français. 
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(1) Idée originale de Claude Rifat qu'il défend vivement, en particulier dans des forums internet 
(2) Avec les conflits qui perdurent au Cachemire, au Moyen-Orient, en Rhodésie-Zibbabwe, (pour ne nommer que ces endroits) dont l'existence découle largement des politiques coloniales britanniques, on est en droit de se le demander. 
(3) Se référer notamment à l'œuvre collective «Le monde vers 1492», paru en 1999 
(4) «On constate que c'est vers 1680 que le Canada atteint la meilleure proportion de rapport de voisinage avec les colonies anglaises.» (Histoire des deux nationalismes au Canada, Maurice Séguin, annoté par Bruno Deshaies, p. 14) En fait, en 1680 les Néo-français comptent pour 6 % de la population des colonies anglaises. À la Conquête (1760), le rapport est de 4 % seulement, soit 70 000 habitants contre 1 600 000.
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http://vigile.net/archives/ds-souv/docs3/02-6-17-verrier-americanite.html

«Replacer la pierre d'angle ou subir l'Armageddon» Citations

Mon soulignement (surbrillance)

Vouloir approcher la nature des problèmes majeurs que rencontre de nos jours l'Europe chrétienne, ne saurait se faire sans, au préalable, avoir une notion aussi exacte que possible du poids réel du Christianisme dans notre aire civilisationnelle. Aussi étonnant que cela puisse paraître, ce n'est pas un religieux qui en parle le mieux puisque, encore une fois, nous faut-il faire appel à Carl Gustav Jung qui paraît être le plus compétent pour décrire celui-ci,  comme il le fait dans son recueil d'articles 
« L'Ame et la Vie » :
« Nous nous figurons toujours que le christianisme consiste dans une certaine profession de foi et dans l'appartenance à une Église. En réalité le christianisme est notre monde. Tout ce que nous pensons est le fruit du Moyen Age et singulièrement du Moyen Age chrétien. Notre science elle-même et, en bref, tout ce qui se meut dans nos cerveaux est nécessairement façonné par cette ère historique, qui vit en nous, dont nous sommes à jamais imprégnés et qui constituera, jusque dans les époques les plus lointaines, une couche de notre psyché, de même que notre corps porte les traces de son développement phylogénétique. Notre mentalité tout entière, nos conceptions des choses sont nées du Moyen Age chrétien, qu'on le veuille ou non. Le « siècle des Lumières » n'a rien effacé ; l'empreinte du christianisme se retrouve jusque dans la façon dont l'homme voulut rationaliser le monde. La vision chrétienne du monde est, par suite, une donnée psychologique qui échappe aux explications intellectuelles. C'est un passé qui, dans ses traces et ses conséquences, sera comme tout passé, un éternel présent. Nous sommes une fois pour toutes marqués au coin du christianisme.
 
Bien que CG Jung n'ait pas pu développer, dans son analyse, la part cachée du potentiel métaphysique réel du Christianisme, le lecteur attentif en sait désormais assez pour comprendre qu'il ne saurait être question d'éradiquer la réalité chrétienne d'un simple trait de plume comme s'efforce de le faire, mais sans réel succès, un ensemble de forces coalisées au niveau mondial, conséquence de la situation de déséquilibre numérique évoquée plus haut, ensemble de forces qui, finissant par comprendre l'impossibilité de la tâche, semble malheureusement avoir choisi de supprimer le chrétien lui-même au lieu du Christianisme.
Source : Pierre Audabram, 7 déc. 2015
http://www.dedefensa.org/article/replacer-la-pierre-de-langle-ou-subir-larmageddon

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A partir de la voie de Maître Eckhart, de Silésius et de la voie jungienne, Mélanson nous donne une définition du mystique moderne :
« Le mystique moderne est celui qui réalise une unité de l’Esprit dans le détachement de ses tendances sensibles et images intellectives tout en demeurant actif au niveau de sa vie consciente incarnée dans la réalité terrestre ».
Source : Jean Lecanu, 23 fév. 2013
http://www.barbier-rd.nom.fr/journal/spip.php?article1699

dimanche 6 décembre 2015

Il faut restaurer l'honneur d'Yves Michaud, qui est l'honneur du Québec qui combat

En complément à mon message précédent :
(http://vigile.quebec/Lettre-aux-independantistes)
"Il me revient toujours en mémoire le spectacle dégradant de 109 députés se levLe 14 décembre prochain sera le 15è anniversaire de la motion de blâme unanime de l'Assemblée nationale à l'encontre de M. Yves Michaud.
er sur ordre comme des pantins pour m’exposer au mépris de mes concitoyens. Je revois Lucien Bouchard, feindre l’indignation pour me livrer en pâture à des chiens enragés qui m’accuseront d’antisémitisme. "
Yves Michaud, 13 décembre 2004.
PKP avancera en terrain miné tant que son parti pourrait garder en son sein ceux qui, comptant sur l’impunité, sont prêts à poignarder dans le dos ses plus sincères membres-patriotes. Des excuses officielles du Parti québécois, qui réhabilitent entièrement Yves Michaud s’imposent avant le quinzième anniversaire et des blâmes avec sanctions devraient être adressées nommément à tout ceux qui ont participé à cette infamie. Voilà le premier geste à poser qui pourrait convaincre tout le monde que PKP a mangé ses croutes et qu’il a la stature d’un chef d’État. Soit la capacité de trancher. Il est impossible de faire l’économie de ce rétablissement de l’honneur, de ne pas « sauver » nos soldats, en ce cas le soldat Michaud, si l’on veut ouvrir avec un minimum de crédibilité le chemin pour d’autres chantiers. Si le ménage n’est pas fait avant le 14 décembre prochain, chacun pourra tirer ses propres conclusions.
Je me souviens !
Et, petit rappel pour les oublieux : « Nous sommes en guerre », Charles (Chuck) Guité

samedi 5 décembre 2015

Laïcité et patriotisme Le Québec et la Syrie de Bachar Al Assad

Bachar al-Assad défend la laïcité syrienne - un modèle pour le Québec ? 


Dans cet extrait de l'entrevue accordée par le Président Bachar al-Assad à la télévision tchèque le 1er décembre 2015 (http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/syrie-la-laicite-est-la-chose-la-175019) on peut voir la différence de point de vue entre la laïcité syrienne et la laïcité occidentale dont la laïcité québécoise relève.  Selon moi, on verra plus loin, une laïcité qui ne trahit pas la nation est indispensable. 
Président al-Assad : Dans notre pays ?
Réponse : Oui.
Président al-Assad  : La laïcité, parce que la Syrie est un creuset où se mélangent plusieurs ethnies et religions. La laïcité en Syrie est bien sûr différente de celle comprise par certains en Occident et, peut-être, en France. Elle n’est pas antireligieuse, et implique la liberté des religions, des confessions et des cultes.* Sans cette laïcité, la Syrie telle qu’elle a été depuis des siècles n’existera plus. C’est donc la chose la plus précieuse que nous tentons de protéger.
La deuxième chose est la modération, issue justement de cette diversité vécue depuis des siècles. Sans cette modération, la tolérance née de cette richesse incomparable de la société syrienne ne sera plus. Et c’est justement ce à quoi travaillent les terroristes actuellement. Ils essayent d’élever une nouvelle génération qui ne connaîtra rien de cette notion. Une génération de tueurs, de fanatiques et d’extrémistes qui n’acceptent pas l’autre. Ce sera un vrai danger en quelques années. Je ne parle pas des jeunes de vingt ans et plus, mais des plus jeunes encore. C’est le réel défi auquel nous devrons faire face.
*Mon soulignement

La laïcité au Québec est une laïcité qui place tous les cultes religieux sur le même pied, elle est donc une injustice envers le catholicisme qui est le culte historique, culturel et patrimonial. Ce que veut dire Bachar Al Assad quand il parle de «laïcité différente», c'est que la laïcité syrienne reconnaît la place prépondérante de l'islam, reflet de la réalité historique et actuelle du pays, et cette réalité est enchâssée dans la constitution.  Au Québec, selon moi, le statut d'égalité mur à mur accordé à toutes les confessions est d'inspiration maçonnique car il a pour objet de dépouiller la nation de ses repères historiques et de la déraciner.  L'égalité statutaire en matière de culte religieux n'étant pas différente dans ses effets de ce que serait l'égalité statutaire sur le plan linguistique. Enfin, pour préciser ce que j'avançais dans un message précédent, contre les «mêmes droits» pour tous les cultes doit être compris en terme de «statut» et nullement comme une volonté de discrimination des autres confessions religieuses, lesquels doivent jouir de la liberté d'exercer leur culte en paix. La distinction importante que je défends  concerne le statut particulier du catholicisme québécois (qui n'est pas le catholicisme en général), lequel devrait jouir de la protection de l'État.  Ce qui peut très bien se conjuguer avec l'existence d'un État laïc, soit un État qui n'est pas sous l'influence des lobbys religieux. Comme le clergé a quitté depuis longtemps l'antichambre du pouvoir politique, il n'y a rien à craindre de ce coté. Ce qui gène ce n'est pas l'influence du clergé sur l'État mais le manque de séparation des pouvoirs politiques et des pouvoirs des puissants groupes d'intérêt économiques et financiers.

mercredi 2 décembre 2015

Comment la laïcité affaiblit le Québec


«Au lieu de dénier la magie qui nous lie au Québec, nous aurions à revenir sur elle pour examiner ses procédés et ses démarches. Non pas pour oublier que nous sommes de cette société, de cet objet qui nous enveloppe et nous angoisse, mais pour récupérer autant que faire se peut les démarches implicitement comprises dans notre adhésion à cette culture-ci. La mémoire serait le commencement de la méthode

Fernand Dumont

jeudi 5 novembre 2015

L'avenir de l'indépendance et la résistance au mondialisme - Partie 2

Publié d'abord sur Le bonnet des patriotes, 5 novembre 2015
http://www.lebonnetdespatriotes.net/lbdp/index.php/component/k2/item/4279-la-parole-est-à-nos-lecteurs-lavenir-de-lindépendance-et-le-mondialisme-résister-au-nouvel-ordre-mondial-2ème-partie

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Gilles VERRIER

Ces jours-ci, la question de l'unité des souverainistes refait surface dans l'actualité avec le vingtième anniversaire du référendum de 1995. Encore une fois, est-ce réaliste?
Voyons d'abord, si le projet d'unir des forces comportant d'importantes dissemblances est possible et même souhaitable.
Si on prend un peu de hauteur pour passer en quelque sorte à un niveau méta politique, on peut poser que le trait commun qui traverse le camp souverainiste-indépendantiste est sa soumission à la doxa mondialiste. Précisons. Le Parti québécois et Option nationale occupent le centre alors que Québec solidaire est identifié au mondialisme de gauche. Par mondialisme de gauche, il faut comprendre qu'il s'inscrit dans la tradition trotskyste. Donc, pour ce dernier, c'est plus d'immigration, plus de multiculturalisme et plus d'«alter mondialisme». Pour le PQ et ON, le mondialisme pratiqué est celui du «mainstream», soit le mondialisme généralement intégré dans l'inconscient politique et collectif. Obligatoire, tel qu'illustré par le mot devenu célèbre de Margaret Thatcher : «There is no alternative». [i]
Si la mouvance souverainiste-indépendantiste a bien intégré cette notion mondialiste du progrès en vertu de laquelle l'éloge de la nation, de son histoire et de sa culture est à proscrire, même dans le cas d'une petite nation dominée par l'empire anglo-saxon, Québec solidaire représente la partie la plus ouvertement affirmée à cet égard, voyant d'abord dans la nation l'instrument pour accomplir un internationalisme de gauche, ultimement sans nation, celle-ci faussement dépeinte comme la cause première des guerres et des conflits. Une autre contre-vérité du catéchisme mondialiste.[ii]
Outre la tendance mondialiste qui domine largement le courant indépendantiste,  ce courant compte également une aile minoritaire que les indépendantistes-mondialistes voudraient bien faire sortir du portrait. En son sein des tendances diverses s'expriment. Je distinguerai deux tendances dont les contours peuvent être définis comme suit. Il y a les nationalistes qui s'inscrivent dans la tradition longue, devenus presque inaudibles, particulièrement méprisés par les médias, dont les ambitions politiques sont par conséquent mal définies mais qui par leur existence, font opposition au déracinement que tente d'imposer le mondialisme. Ils s'opposent aux avancées de l'idéologie mondialiste par leur défense des valeurs traditionnelles, familiales, culturelles et religieuses. Ils font un pied de nez à l'idéologie de l'accélération du «progrès» perpétuel, du tout est jetable et remplaçable. Sans nécessairement se nommer anti-mondialistes, ils en sont les opposants objectifs.  Ils rejoignent dans le dialogue les indépendantistes issus du mouvement anti-nouvel ordre mondial, un courant qui compte aussi des désabusés de la politique traditionnelle et qui s'appuie notamment sur les avancées de l'analyse politique et géo-politique mondiale. Les deux perçoivent la montée des valeurs mondialistes comme la menace principale à l'encontre de la nation organique.
Revenons maintenant à la question de l'unité. La recherche de l'unité du Parti québécois avec les autres forces souverainistes, Québec solidaire étant l'organisation la plus mentionnée, représente un danger considérable pour l'avenir du Québec. Advenant la réussite de l'union des mondialistes du centre avec les mondialistes de gauche, il en serait fini de toute forme de promotion des intérêts du Québec qui n'épouserait pas les contours «civiques», «a-nationaux» qui sont les seuls tolérés par le mondialisme (à l'insigne exception d'Israel et des États-Unis, qui eux peuvent être patriotes, nationalistes et chauvins de plein droit). 
Par l'existence de sa base qui n'a pas perdu tous ses sens, le Parti québécois conserve encore une certaine volonté, même affaiblie, de promouvoir la nation québécoise, sa pérennité et son épanouissement. Certes, son programme et sa tradition sont marqués par sa soumission aux puissances du moment et son renoncement aux pouvoirs indispensables pour l'indépendance du Québec. C'est clair. En dépit de tout cela, ce parti aurait plus de chance de servir le Québec en préservant son indépendance vis-à-vis Québec solidaire. Il pourrait redonner un peu de ce que le Québec lui a donné et modestement abandonner ses prétentions indépendantistes en regard desquelles il n'a jamais été sérieux. Fi de la rhétorique vide, le Parti québécois, s'il peut être encore utile à quelque chose devra recadrer son action pour commencer à faire aboutir ce qu'il a toujours voulu réaliser, conformément à son discours récurrent et ses vraies dispositions :

1.      Abandon de la rhétorique souverainiste-indépendantiste et de tout objectif référendaire afin de faire le plein de votes chez les Québécois de souche et de souche plus récente.
2.      Préférence nationale explicite en économie partout où c'est possible et justifiable
3.      Gestion rigoureuse et probité de l'État et de ses institutions, répression du favoritisme 
4.      Occuper audacieusement ses champs de compétence :
  •      Valoriser l'usage et l'utilité de la langue française dans tous les domaines 
  •     Revenir à un enseignement de l'histoire qui n'occulte pas notre objectivité nationale : Conquête, traitement des          Amérindiens, etc.
  •      Défendre et valoriser la culture québécoise et néo-française
C'est déjà beaucoup. Peut-être assez pour mettre fin à des décennies de javellisation de notre identité nationale, peut-être assez pour que les québécois cessent d'être tentés par l'idée morbide de la disparition de leur propre identité, pour que les jeunes cessent d'être attirés par le suicide individuel et collectif, instillé par des valeurs qui ne servent qu'une humanité «hors-sol». Ce serait le retour d'un sain patriotisme, un acte de résistance contre le déni national. Donc, un retour à nos positions traditionnelles de résistance. Réalisera-t-on que l'existence et les progrès de la nation ne sont pas tributaires des discours politiques? D'ailleurs, après le sérieux examen de conscience que le Parti québécois a souvent appelé de ses vœux mais n'a jamais fait, il réalisera qu'il n'est pas prêt à aller plus loin.
Voudrait-il aller plus loin?
On ne le laissera pas faire. Et dans son état d'impréparation idéologique et politique il n'en aurait pas la force, il prendrait son rang comme le fit Alexis Tsipras, en Grèce, et Jacques Parizeau avant, différemment. On a vu comment le référendum grec a été reçu avec mépris par les technocrates de l'oligarchie européenne. Impassibles sans cœur, ils n'ont pas bougé d'un poil. On a vu, en France, comment Nicolas Sarkosy a passé en douce la constitution européenne, sans égard aux résultats du référendum qui la rejetait. 
On a vu au Québec, comment malgré une forte volonté exprimée par la population dans plusieurs circonstances s'échelonnant sur plus d'un siècle le Canada n'a pas bougé et ne lui a pas accordé davantage de latitude, bien au contraire. On voit tous les jours un pays comme la France qui n'est plus lui-même, privé de plus en plus de son indépendance, l'Élysée n'étant plus qu'une chambre d'enregistrement des décisions prises à Bruxelles dans les officines de l'oligarchie mondiale.  La France se voit spoliée des joyaux de son économie nationale (Asltom[iii], etc.) comme Hydro-Québec qui, n'en doutons pas, est dans le collimateur des prédateurs. On voit la vassalisation des pays de l'Union européenne s'accélérer au profit des intérêts américains et autres intérêts étrangers. La liste est longue et ce sont partout les mêmes forces qui agissent similairement. L'avenir qui nous attend fait frissonner.
Il faut en prendre note, la démocratie est devenue dans la plupart des pays sous l'influence américaniste-mondialiste un produit de consommation de masse qui n'engage que ceux qui y croient. Le Parti québécois est fortement sous l'emprise de l'idéologie mondialiste, plongé dans le déni de la géo-politique canadienne, américaine et mondiale. Il se fait petit. L'indépendance du Québec sera peut-être possible un jour, mais cela ne pourra se faire que par une voix plus courageuse, une voix qui saura dire la vérité politique telle qu'elle est. L'indépendance du Québec viendra d'une autre tradition, d'un autre courant que celui commencé par le Parti québécois. Je suis de ceux qui pensent néanmoins que s'il se ressaisit il peut encore jouer un rôle positif dans la résistance, avec des ambitions ramenées à sa mesure. Mais ce n'est pas gagné, le nationalisme dit «civique» a fait fort dans la rééducation des masses. La nouvelle donne c'est le refus de la direction péquiste de s'approcher de notre épopée nationale et de la partager, le refus de valoriser le français pour le rendre indispensable, la gène de se prononcer contre l'immigration incontrôlée, non désirée et difficilement intégrable dans notre minuscule cadre national. Se ressaisira-t-il? Est-il encore capable d'un sursaut national? Le faire représenterait un geste de résistance aux forces délétères du nouvel ordre mondial sans frontiériste, et je suis loin de croire que le PQ peut réunir le courage qu'il faudrait.
Parallèlement, l'indépendance du Canada se rétrécit elle aussi "tendantiellement", le gouvernement de  Stephen Harper n'y mettant aucun frein. L'élection de Justin Trudeau pourrait marquer une pause à cet égard, mais cette pause risque d'être de nature plus politicienne qu'une remise en cause des traités commerciaux trans-atlantique et pacifique, traités qui n'ont pas pour seules fins de réduire des barrières tarifaires déjà assez basses en général. Ils sont des instruments à plus longue portée. Ils servent sur le grand échiquier[iv] à habituer les signataires économiquement plus petits à un environnement limité, réduisant leur espace commercial aux dimensions du bloc d'appartenance, créant la dépendance par l'étendue graduelle de la suprématie  des normes américaines en matière de qualité, du droit commercial, du droit du travail, de la technologie, du génie, des produits pharmaceutiques, des engrais, etc. Par exemple : pression sous-jacente pour utiliser les semences OGM, faire de la CSA canadienne une copie conforme des normes américaines (ce qu'elle est déjà en partie), obligation d'approuver dans tout pays du bloc les médicaments approuvés dans l'espace économique, domination absolue des dispositifs internets américains sur tous, soit Google, Facebook en liaison avec les agences de renseignements comme la NSA, connues depuis les révélations de Edward Snowden pour collecter les informations personnelles des utilisateurs et ainsi de suite. Ces traités nous feront passer à une division plus poussée du travail effectuée au profit des États-Unis, qui se réserveront notamment la technologie militaire de pointe et autres vecteurs qui les avantage et perpétue leur domination. Bref, à terme, selon ce plan, c'est fin la fin des souverainetés nationales pour toutes les nations et la marchandisation totale du monde, y compris du vivant. Avec à la clé, une autorité supra nationale anonyme, non élue et toute puissante. La constitution de blocs économiques exclusifs a en toile de fond la domination des marchés et le contrôle des ressources, question de faire pression, et éventuellement de priver d'accès, sanctionner, déclarer un embargo (cas de Cuba) ou fomenter une révolution colorée, contre les pays indépendants qui ne veulent pas se soumettre à une seule et unique autorité mondiale. C'est par voie de conséquence un sérieux risque d'aggravation des troubles mondiaux qui pourrait conduire au dérapage nucléaire et à la vitrification du monde. C'est peut-être le sort qui attend cette humanité devenue trop orgeuilleuse. Les choses pourraient bien sûr tourner autrement. La montée en puissance de la Russie, qui s'efforce d'agir dans le plus strict respect du droit international, l'apparition d'alternatives économiques, telles que les BRICS, impensables il y a vingt ans, donne de l'espoir. Mais pour nous au Québec, le diable est aux commandes. 
Pris sous cet angle, l'existence du Québec dans sa continuité se joue sur le fond d'un monde occidental lui-même en déclin économique relatif mais continue par rapport au reste du monde. Les États-Unis restent puissants mais leur politique apparaît de plus en plus marquée par l'instabilité en raison des influences de divers groupes d'intérêts qui s'opposent à l'interne, et, à l'externe, ils ne parviennent pas à imposer cette doctrine qu'ils appellent la full spectrum dominance [v], basée sur leur exceptionnalism [vi] auto-proclamé. En fait, sur le plan de leurs interventions étrangères agressives, qu'ils s'attribuent le droit d'enclencher de manière toute impériale, ils encaissent plus de revers que de succès depuis quelques décennies, n'atteignant nulle part leurs objectifs déclarés  : Vietnam, Cuba, Iraq, Iran, Libye, etc. Et maintenant en Syrie où leur duplicité est désormais du domaine public. 
Dans ce contexte mondial, absolument incompris par le Parti québécois, il s'est avéré incapable de distinguer en ce monde les amis de l'indépendance de ceux qui lui sont hostiles et qui la menacent. Incapable de se prononcer en faveur d'un ordre mondial multipolaire, alors que le Québec en aurait tant besoin... Alors? Présence aux Nations-Unies? une exigence, un objectif repris souvent par le Parti québécois pour se donner de l'importance ou de la crédibilité, votre choix. Mais si seulement le Québec avait quelque chose à dire qui vienne de lui! Dans ce contexte où la hauteur de vue ne dépasse pas le carré de sable, l'objectif de l'indépendance se révèle une fantaisie 
d'enfants d'école. Quand les Québécois, entraînés par le PQ dans le monde des bisounours sortiront de leurs rêves insensés, on pourra peut-être reparler d'avenir. En attendant, l'urgence appelle à l'union nationale et à toute forme de résistance pour préserver ce qu'il nous reste.


[i] «There is no alternative (TINA, en français « Il n'y a pas d'autre choix ») est un slogan politique couramment attribué1 à Margaret Thatcher2 lorsqu'elle était Premier ministre du Royaume-Uni. Ce slogan signifie que le marché, le capitalisme et la mondialisation sont des phénomènes nécessaires et bénéfiques et que tout régime qui prend une autre voie court à l'échec. Margaret Thatcher a toutefois peu utilisé cette expression en ce sens au cours de sa carrière3 dans ses interventions officielles. L'expression, notamment sous forme de l'acronyme « TINA », est restée4.» (Wikipedia)
[iv] Zbigniew Brzeziński, Le Grand échiquier  (1997) – version complète https://electrodes.files.wordpress.com/2014/03/brzezinski_zbigniew__le-grand-echiquier.pdf
Il s'agit d'un classique maintes fois cité, un livre qui expose très impudiquement les plans de subversion des pays insoumis et les visées de domination globale. Les efforts pour couper l'Ukraine de son voisin et partenaire traditionnel, la Russie, s'y trouvent, de même que les ambitions de scinder la Russie en trois États distincts, incluant, pour le faire, l'appui en sous-mains aux terroristes que les États-Unis peuvent mettre en mouvement pour faire avancer leurs intérêts. On dit que le livre est un peu dépassé, pas tant par la perspective qui n'a pas vraiment changée mais par les tactiques et stratégies à employer. 
«Il a été conseiller à la sécurité nationale du président des États-UnisJimmy Carter, de 1977 à 1981. En tant que tel, il a été un artisan majeur de la politique étrangère de Washington, soutenant une politique plus agressive vis-à-vis de l'URSS – en rupture avec la Détente antérieure – qui mettait l'accent à la fois sur le réarmement des États-Unis et l'utilisation des droits de l'homme contre Moscou.» (Wikipedia)
[v] Full spectrum dominance – un projet pour encercler la Russie et la Chine en vue d'assurer la domination mondiale par les État-Unis. http://www.globalresearch.ca/the-pentagons-strategy-for-world-domination-full-spectrum-dominance-from-asia-to-africa/5397514
[vi] Exceptionalisme américain. Pour retracer les sources (nombreuses citations) de la propension des États-Unis à s'attribuer une mission mondiale, inspirée souvent de sources divines, voir ici : https://www.les-crises.fr/destinee-manifeste-exceptionnalisme-americain-14-histoire/

Ce sentiment de supériorité bien assumé expliquerait en partie la difficulté des États-Unis de respecter le droit international et leur difficulté à entrer en relation avec les autres pays comme des partenaires égaux. Israel n'est pas épargné d'un semblable problème relationnel.

L'avenir de l'indépendance et la résistance au mondialisme - Partie 1

Publié d'abord par Le bonnet des patriotes, 1er novembre 2015
http://www.lebonnetdespatriotes.net/lbdp/index.php/component/k2/item/4236-la-parole-est-a-nos-lecteurs-lavenir-de-lindépendance-et-le-mondialisme-résister-au-nouvel-ordre-mondial-1ere-partie

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Gilles VERRIER

Les représentants les plus en vue du souverainisme québécois se représentent le fédéralisme canadien comme l'obstacle principal à l'existence à long terme de la nation. Le Canada, par ailleurs décrit comme notre amical partenaire, serait le carcan politique et constitutionnel dont il faut se sortir. Après, ce serait l'indépendance. Mais est-ce bien réaliste?
On apprendra rien à personne en posant que réaliser l'indépendance du Québec relève d'une grande ambition politique. Ce serait un peu comme un retournement de l'histoire qui renverserait le verdict imposé par les armes en 1763. Par le biais des faits et gestes associés au PQ on peut tenter de départager ce qui relève du praticable, la partie réaliste, de ce qui relève du fantasme, dans cet ambitieux projet vieux de près de cinquante ans.
Dans un sens l'exercice s'avère assez facile. Le manque avéré d'explicitation sur la grande ambition nationale, le manque de chair recouvrant le squelette indépendantiste de la démesure nous met forcément sur la piste de la souveraineté limitée, héritage de la mal enterrée souveraineté-association dont les limites à l'indépendance ne furent jamais repoussées entièrement. La conséquence est qu'on a cru pouvoir faire l'économie d'une vraie réflexion sur les grands pouvoirs que procure l'indépendance. Ces grands pouvoirs sont hors du champ de vision péquiste, au-delà de sa portée, absents de son discours et de ses préoccupations.
De longue date, sont exclus tous les pouvoirs qui relèvent de la souveraineté nationale comme peuvent l'entendre des pays comme la Suisse, le Vénézuéla, la Russie, l'Afrique du Sud, l'Islande et tant d'autres. Chez les nôtres, des prérogatives telles que la défense nationale, la liberté dans les affaires extérieures (politique et commerciale), la monnaie et la banque centrale n'ont jamais fait l'objet d'énoncés politiques cohérents traduisant une réelle volonté d'indépendance. Ces pouvoirs ne sont d'ailleurs jamais revendiqués et font donc partie, selon la tradition souverainiste québécoise, des champs de souveraineté au mieux laissés dans le flou, au pire des sujets tabous. Ces sujets indisposent, ce sont ceux devant lesquels le parti se dérobe. Ils sont pourtant au cœur de toute définition de la souveraineté. Grâce à leur nature fortement structurante et coagulante ces pouvoirs forment les murs porteurs de ce qui constitue la souveraineté de l'État et d'un pays. Voilà dévoilée par les actes continus du Parti québécois la partie de l'ambition politique qui apparaît la moins réaliste : l'indépendance.  
Inversement, ce qui se retrouve constamment dans le discours politique habituel sera naturellement réputé faire partie des vraies préoccupations du parti  : rigueur administrative, préférence nationale en matière économique, pouvoir en matière de langue, de culture et d'éducation. Passons rapidement sur le fait que ces pouvoirs ne suffisent pas pour être indépendants, pour s'attarder au fait qu'en ce qui concerne ce corpus de pouvoirs revendiqués, plusieurs sont déjà attribués au Québec par la constitution canadienne. Or, l'expérience répétée du Parti québécois aux affaires a montré une volonté hésitante par Québec d'occuper audacieusement les champs de compétence qui sont les siens. On objectera qu'Ottawa tient les cordons de la bourse en vertu de son pouvoir illimité de dépenser, ce qui peut compromettre la réalisation des initiatives du Québec avec lesquelles Ottawa est en désaccord. Par dessus le marché, c'est la cour suprême qui arbitre. Tout cela est vrai, n'accablons pas le PQ. L'argument est fort mais il ne convainc pas entièrement. Il ne parvient pas à racheter le confinement obstiné du PQ dans une pratique politique inoffensive, qualifiée souvent de provincialiste. Donnons un exemple. Le refus de l'enseignement de l'histoire nationale par le PQ, suivant en cela, peu ou prou, la tendance du monde occidental. On y reviendra.  Ce qui est rejeté ici, c'est de transmettre l'histoire de la Nouvelle-France et de sa continuité contemporaine : le Québec d'aujourd'hui. Une histoire qui n'oublierait pas ce qui nous distingue, sans complexe.  L'histoire épique de la diaspora néo-française en Amérique et l'histoire comparée des Amérindiens sous le régime français Nouvelle-France (coexistence pacifique, un modèle pour l'ensemble des deux Amériques) et le régime anglais avec la création des réserves.
Cet exemple de renoncement à la valorisation de notre être collectif peut être pris comme caractéristique du manque de volonté des gouvernements successifs du Parti québécois de renforcer la cohésion nationale. Il y a bien sûr des «comités d'experts non partisans qui établissent les programmes» et mille excuses. Or, l'exercice du pouvoir est aussi une affaire de volonté, il y a des limites à toujours se dédouaner de ses responsabilités quand on a pris la peine de se faire élire.
Il y a bien d'autres cas où le Parti québécois aurait pu agir, vendant au peuple ses décisions populaires, quitte à brusquer au passage quelques règles bureaucratiques et faire rugir l'opposition, le ROC, sa majesté et mon cul sur la commode. Sans donner dans l'arbitraire, ce qui est généralement exclu quand on a été élu avec un programme public et explicite, les élus doivent imposer leur autorité sur les fonctionnaires, délégués et autres serviteurs de l'État. En fait, en temps utile, c'était au gouvernement et au conseil des ministres de s'imposer, choisissant ses combats, pour exercer aussi pleinement que possible les pouvoirs qui appartiennent au Québec. Un dossier tout à fait présentable à l'électorat. Le Parti québécois au pouvoir a toujours voulu la jouer pure, lavant plus blanc que blanc, réservant ses munitions pour le grand soir. On voit le résultat.
Conclusion provisoire : D'une part, le Parti québécois coalise inutilement contre lui des opposants en revendiquant une indépendance qui n'en est pas une et, d'autre part, ne montre pas la volonté, la pugnacité et l'imagination nécessaires pour occuper pleinement les champs de compétence qui appartiennent déjà au Québec. La souveraineté fantasmée, mais jamais élaborée, avec en contre partie une lutte parlementaire insuffisamment audacieuse et souvent manquée bien que son objectif soit parfaitement légitime. Vivement un Louis-Joseph Papineau à l'Assemblée nationale! Tribun exceptionnel, il n'hésitait pas à mobiliser la population, tuque de laine et ceinture fléchée à la taille. 

Les déficits de Trudeau devenus inévitables

Publié d'abord sur le site Le Québécois,  31 octobre 2015
http://www.lequebecois.org/les-deficits-de-trudeau-sont-ils-deja-devenus-inevitables/

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Gilles VERRIER

Résumé :

Justin Trudeau a promis trois années consécutives de déficits fédéraux pour relancer l’économie. Aux perspectives peu reluisantes de l’économie mondiale s’ajoutent maintenant les déboires du pétrole de l’Ouest et la déprime immobilière. Au rythme où vont les choses les déficits apparaissent inévitables, mais on ne s’étonnera pas que cela dure plus de trois ans. Le renforcement de l’indépendance donnerait une marge de manœuvre supplémentaire au Canada. L’indépendance est donc une bonne solution pour les pays.

Non sans raison, dans son rapport d’octobre de la Banque du Canada fait largement état de l’économie mondiale pour expliquer la situation intérieure et justifier ses décisions, principalement celle de ne pas toucher au taux d’intérêt. Le Canada reste un exportateur de matières premières, sa faiblesse étant d’être plutôt captif du climat économique et de partenaires commerciaux devenus en perte de performance : les États-Unis, l’Europe, le Japon. Or la croissance mondiale, réduite il est vrai, se trouve ailleurs. La baisse du dollar devrait pourtant favoriser les exportations canadiennes, mais la faiblesse de la demande ne permet pas de combler le manque à gagner, même en présence de la croissance des volumes. Quant au cas du pétrole, les réserves sont à leur plus haut sur la planète, on rapporte que des tankers naviguent à petite vitesse pour donner le temps aux citernes de se vider avant d’entrer au port.
Le Canada étant un producteur de pétrole bitumineux, donc parmi les plus chers du monde, est aussi le premier à souffrir de la baisse des cours. Si les prix n’augmentent pas, hypothèse accréditée par les prix négociés des contrats à terme («futures» en anglais), aucune reprise pétrolière ne se pointerait avant 2018. Ce que semble croire les pétrolières puisque d’importants investissements viennent d’être définitivement abandonnés, le dernier en date, Carmon Creek, en Alberta, le 27 octobre dernier. Une fermeture des livres qui coûtera à Shell deux milliards de dollars. D’autres projets sont réduits ou retardés sans date connue de relance. La même journée, l’Alberta sortait un budget déficitaire de 6,1 milliards, une première en vingt ans. On a pris la décision de recourir aux emprunts pour maintenir les programmes. Optimiste, l’Alberta prévoit l’année prochaine un déficit amoindri grâce à une hausse anticipée de 10$ le baril, c’est un scénario qui a de fortes chances de ne pas se concrétiser.
Dans le cas du marché immobilier, la Société canadienne d’hypothèque et de logement prévoit un ralentissement des mises en chantier, une hausse des prix des maisons dans des valeurs proches de l’inflation, autant dire nulles. Une situation qui, ajoute-t-on, devrait durer quelques années. Sans être une catastrophe, ces prévisions ne peuvent être le prélude à une reprise de l’emploi. Un certain nombre de Québécois d’Alberta reviendront au Québec et voudront bien partir avec d’autres pour une autre boom town. Mais où?
Sans avoir intégré dans son analyse les nouvelles récentes que je rapporte plus haut, la Banque du Canada prévoit pour l’année une croissance (revue à la baisse) de 1,1 % La croissance mondiale anticipée pour cette année, se situe à 3,1 %, chiffre récemment revu et corrigé à la baisse par le Fonds monétaire international, alors que l’inflation au Canada se situerait à 1,7% Avec un taux d’intérêt au plancher à 0,5 %, qui ne permet aucune marge de manœuvre, le Canada se trouve de fait, comme ses principaux partenaires, en régression économique.
Les répercussions en cascade des mauvaises nouvelles économiques vont rendre inévitables les déficits fédéraux, alors que Justin en parlait comme d’un choix politique délibéré. On ne connaît évidemment pas l’importance en dollars de la politique déficitaire qu’il compte mettre en place, mais peu en importe la taille, des considérations générales s’appliquent.
Le pourcentage de la dette du Canada en % du produit intérieur brut (PIB) est de 51%. Comparons : États-Unis 96 %, Grèce 150 %, Japon 146 %, Russie 9 %. (source : Banque mondiale). On m’excusera des disparités possibles avec d’autres sources, mais cela donne une idée suffisamment juste des endettements relatifs pour les fins de notre propos.
Considérons. Avec un taux d’intérêt bas et un endettement relativement contrôlé, le Canada dispose de la marge nécessaire pour se lancer dans une politique de croissance par la dette. Cependant, la relance de l’économie par le gonflement de la dette publique comporte des risques, et pour le Canada ce pourrait être ses dernières cartouches. Les projets d’infrastructure, pièce maîtresse de la politique annoncée, seront certes bien accueillis par le secteur des services (génie civil, construction, etc.). Les travaux créeront des emplois temporaires et encourageront la consommation des ménages. Par contre, si la production manufacturière et l’exportation des matières premières ne suivent pas, le pourcentage du PIB attribuable aux investissements de l’État grimpera et le financement de l’État représentera un risque additionnel poussant à la hausse des taux d’intérêt. La part de l’État canadien dans la composition du PIB est passé de 19% à 12% en dix ans, ce qui illustre les prudentes politiques d’austérité des conservateurs (que suit le gouvernement Couillard mais qui ne le sont pas par l’Alberta) et, inversement, confirme la faisabilité d’une part accrue de l’État au PIB par l’intermédiaire de l’endettement.
Il faut mesurer le risque que représente une politique de relance en s’appuyant sur la capacité d’emprunt de l’État dans le contexte où les perspectives de croissance mondiales sont modestes et continuent d’être revues à la baisse. Est inconnu dans l’équation l’impact de la mise en place  de nouveaux mécanismes de libre échange qui pourraient changer bien des calculs. L’économie québécoise a ici beaucoup à perdre dans son secteur agro-alimentaire : lait, fromage, volaille, oeufs.
On aura compris que la reprise par l’endettement est un pari risqué. Il se fonde sur le recours à des mesures artificielles pour relancer l’économie réelle. Si les investissements dans le secteur manufacturier, agricole et des ressources ne répondent pas au stimuli, refusent d’emboîter le pas faute de débouchés, le gouvernement du Canada se sera pris lui-même à un piège dont il pourra difficilement sortir, ne disposant d’aucune marge de manoeuvre.
Plus possible d’emprunter, sinon avec des intérêts plus élevés et augmentation du poids de la dette dans les budgets. Le gouvernement aura le choix entre la hausse des taxes et les coupures alors que l’assiette fiscale se sera rétrécie. La peste ou le choléra. Les taux en hausse s’appliqueront évidemment partout, frappant les ménages déjà fortement endettés qui vont devoir plus nombreux rendre les clés à la banque. La consommation va plonger, fiston retournera vivre chez papa et maman, et je vous laisse imaginer la suite… Il est aussi possible que la relance réussisse assez pour prolonger la descente aux enfers mais les oracles ne le disent pas.
Pour jouer pleinement ses atouts économiques le Canada aurait besoin de plus de marge de manœuvre politique. Il aurait besoin de plus de contrôle sur sa monnaie, de mettre au besoin des barrières tarifaires là où il en faut, avoir encore le pouvoir de structurer l’environnement économique. Il lui faudrait la liberté d’ouvrir de nouveaux marchés plus dynamiques : la Russie, l’Iran, les autres pays des BRICS, etc. Or, les tendances mondialistes occidentales vont exctement dans le sens inverse, soit vers la réduction des souverainetés et le rétrécissement de la latitude politique des États. Cette évolution négative se fait au profit d’entités oligarchiques anonymes, par l’intermédiaire des mal nommés traités de libre échange, qui sont en fait des traités inégaux, taillés pour favoriser le pays le plus puissant du groupe, qui fait des autres ses dépendants sur l’ensemble du tableau.
Ce dont le Canada a besoin, c’est exactement ce dont le Québec a besoin : Il a besoin d’indépendance. L’élection de Justin Trudeau est à souligner comme un événement positif sur ce plan car il est moins intégralement soumis à l’impérialisme américano-sioniste que le gouvernement antérieur.
Reste à voir, comment se fera avec son gouvernement le passage de la parole aux actes.
Les indépendantistes québécois sont souvent trop timides à souhaiter aux autres ce qu’ils réclament pour eux-mêmes. Ils ont tort. L’indépendance authentique des pays, que ce soit la Russie, la Syrie, la France ou tout autre pays, y compris le Canada, sert les intérêts du Québec. Le renforcement des indépendances dans le monde augmente les chances que l’indépendance revendiquée au Québec soit autre chose qu’une indépendance culturelle molle, privée de tous les pouvoirs vraiment structurants.
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[1] STATISTIQUE COCASSE. LE SITE ZERO HEDGE RAPPORTE QUE 50 % DES JEUNES AMÉRICAINS DE 25 ANS VIVENT AUJOURD’HUI CHEZ LEURS PARENTS, ALORS QU’IL Y A 30 ANS (DE MÉMOIRE) C’ÉTAIT 25 %

samedi 21 mars 2015

Giono - «Triomphe de la vie» par le retour aux sources


Avant de proposer pour ce blogue des définitions de conservatisme social et de néo-marxisme, une clarification du sens de ces appellations qui s'impose et qui viendra, voici en aparté un peu sur Giono, auteur que l'on pourrait ranger dans la catégorie du conservatisme social.

Giono écrit dans le Triomphe de la vie (cité par D. Daguet):
‘’Marcher en avant individuellement à chaque instant, c’est plus que mourir : c’est être mort. Car l’opération qui s’appelle vivre est au contraire un obligatoire retour en arrière de chaque instant. En effet vivre, c’est connaître le monde, c’est se souvenir. 

Et Daguet, de commenter :


Qu’est-ce que ce retour en arrière sinon creuser sa place dans le néant, sa propre tombe ? Vivre est conquérir, mais conquérir ce qui disparaîtra n’a aucun sens. Les Alexandre en sont les exemples mythiques. Ne convient que conquérir ce qui ne peut périr : or ce monde périra

http://www.les-cahiers-bleus.com/Le-Triomphe-de-la-vie-de-Giono-par-Dominique-Daguet_a250.html

Ailleurs, Patrice Hans-Perrier :

La perte du lien naturel 
Jean Giono – le pendant païen de Pier Paolo Pasolini – brosse le tableau d’une communauté paysanne [relativement] indépendante de la machination capitaliste. Ceux qui ont reproché à Giono son indécrottable nostalgie n’ont rien compris sur le fond. Il faut lire «Triomphe de la vie», un ouvrage inclassable qui met le doigt sur les fondements de l’aliénation de l’homme moderne. La communauté paysanne, avant les transformations de l’après-guerre (1939-45), représente une société relativement libre puisqu’elle est assise sur des fondations naturelles. L’artisan est pratiquement le contraire du prolétaire dans l’œuvre de Giono. Il y a peu de médiation entre son activité productive et cette nature qui est perçue comme le substrat de toutes formes d’organisation vivante. Ainsi, «la civilisation entièrement construite sur les plans de notre raison, leur (les prolétaires) fournira tout ce qu’il faut pour vivre. Le geste qu’ils feront tout le long de leur vie deviendra tellement machinal qu’ils le feront sans y penser …»

http://www.dedefensa.org/article-la_soci_t_liquide_20_03_2015.html