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De nouveaux vidéos
accessibles à tous : initiative pour une réflexion moins conformiste.
Cet été, la Fédération des Canadiens-Français a débuté une série de vidéos éducatives sur la
question nationale. La série est destinée au grand public, elle ne s'adresse pas aux spécialistes. Trois capsules d’une quinzaine de minutes sont déjà en ligne. Vous les trouverez sur la chaîne You Tube de la Fédération des Canadiens-Français. Une quatrième est en cours de préparation et d'autres sont à suivre. Abonnez-vous à la chaîne.
Les vidéos visent à promouvoir une réflexion
moins convenue au sujet de l'enjeu national. Vous trouverez difficilement ailleurs un contenu comparable. Selon nous, il presse de nous reconnecter avec
nos racines historiques et de nous pencher sans complaisance sur les causes d’un
recul national qu’il faut absolument endiguer avant qu'il nous emporte. L’alibi péquiste officiel pour nos déboires, on nous l'a
beaucoup répété et il est clair : «Le peuple n’a pas suivi !»
Posons la question bêtement, qui fallait-il suivre
? Nommez-moi un seul de nos chefs, un seul qui ne s'est pas soumis ou qui n'a pas déclaré forfait à la première déconvenue, soit à chaque fois que la fameuse stratégie en un acte, longuement réfléchie, mais sans possibilité de prolongation, arrivait au bout du rouleau.
Gouverner c'est prévoir !
Au terme du référendum, la stratégie en un acte tombait dans le néant. Mais la question d’une phase deux était là. Inexprimée, peut-être, mais suspendue dans toutes les pensées. Fallait-il en remettre (le comment de la chose étant ici une tout autre affaire...) ou fallait-il tout remballer ? On a tout remballé, avalant prématurément la couleuvre d’un échec en partie auto-infligé. Ce qui est
fait est fait, nous sommes d'accord. Mais, faute d'avoir allumé, serions-nous en train de nous préparer une nouvelle édition dans l’art de foncer dans le mur ? Une autre mobilisation sans lendemain, un autre
feu de paille ? Nous reviendrons plus loin sur les risques qui s'annoncent.
Une autopsie qui manque à notre éclairage
Lancés comme ça, les mots qui précèdent pourraient choquer. Mais
c’est une manière de dire qu’une analyse non partisane, une autopsie des cadavres référendaires et autres Meech et Longs couteaux manque toujours à notre éclairage. Ce qui en tient lieu est bidouillé. Il est entendu que ceux qui portent les messages sont universitaires, journalistes, biographes plus ou moins autorisés et politiciens reclassés. Je n’ai rien contre
eux, mais il faut les voir s’envoyer l’écho les uns les autres, dans ce qui est somme toute un petit monde. Ils naviguent
dans les zones balisées du commun et ménagent leurs arrières, qu’ils appellent
parfois leur camp. Ils rappellent les coups fourrés du fédéral et, quelque peu attristés, ils rappellent la valeur de chefs qui ont tout fait, mais qui en hommes responsables ont su renoncer au bon
moment. Il n'y a pas lieu de revenir sur le renvoi à la maison des partisans qui étaient toujours
mobilisés. Ces militants, ces soutiens populaires trépignaient, au
seuil de la passivité politique vers laquelle on les refoulait. Si tout ça, c'est du passé, me direz-vous, on en a bien court-circuité le bilan.
Le Perdant !
On a tout fait ! Un peuple étrange se serait dit non. En modulant les lieux communs qui ne remettent en cause aucune icône,
l’occultation est générale. Les meilleurs auteurs d’une sorte de version semi-officielle finissent typiquement dans une sinécure médiatique, universitaire ou dans un fauteuil du parlement. Pour saisir le caractère autorisé de la biographie
régnante et de l’histoire péquiste, on peut par exemple jeter un coup d’œil sur
la critique unanimement négative qui a servi d'accueil au petit livre de
Martin Bisaillon, Le perdant. Le livre ne méritait pas sa mise à mort médiatique. Il aurait d'ailleurs contribué, par son ton discordant à briser cette détestable unanimité compatissante. Et qui sait ? Éloigner un Parizeau des mêmes ornières ?
Simon-Pierre Savard-Tremblay et autres
D’abord militant sympathique et plein d’idées, je
pense à Simon-Pierre Savard-Tremblay. Jeune universitaire, son parcours n’a rien
d’exceptionnel. Il a commencé par écrire un livre contre le mondialisme et des
textes modérément critiques sur la question nationale. Devenu député du
Bloc, il est soumis à la discipline du parti. En voilà un qu'on n’entend plus. Après quelques mandats il sera
récompensé pour son silence. Et on aurait tort de penser que le
député a du pouvoir. On sait bien que le rôle de la députation d'arrière-banc est de former un «focus
groupe» mis en permanence à la disposition des décideurs. Au besoin, ils ramènent à
Ottawa l’écho des régions. Ainsi, celui qui courait les assemblées de militants court aujourd'hui les épluchettes de blé d’Inde et les cabanes à
sucre de son comté. L’idée n’est pas de m’en prendre à lui personnellement. C'est une personne d'ailleurs plutôt sympathique et que je respecte. Je l'ai lu. C'est au pattern en usage que je m'en prends. Je pourrais aussi bien parler d’Alexis
Duceppe-Brunelle, que pour de bonnes raisons je vois comme une savate du parti au pouvoir, ou encore du contre-exemple de Martine Ouellet, qui refusait de rentrer dans le ronron parlementaire qui est la norme. Elle en a payé le prix, les coups venant de ceux qui avaient à coeur leur plan de carrière. Et maintenant que le Bloc a été remis sur le droit chemin, avec un chef responsable et charismatique, nous voyons combien il sert les intérêts du Québec, comme jamais une Martine Ouellet n'aurait pu le faire. Ce n'est pas que je défends Martine Ouellet, mais comment s'empêcher de rire à cette farce !
Pas là pour brasser la cage
L’idée est toute simple. L’intérêt
personnel des parlementaires n’est pas de brasser la cage, mais de se conformer. Bloc ou pas, c'est pareil. Et pour nous, dès qu'il s’agit de revoir sérieusement une doctrine
nationale qui ne tient pas debout, ils ne sont d’aucune utilité. Pour le faire, il
faut se mettre à la recherche de personnes libres d’esprit, généreuses et sans ambitions
politiques personnelles. Nous en avons, mais peu.
Le projet d’éducation populaire, nous le devons à
Alexandre Verrier-Landry. Il a déjà une expérience en vidéo et il est aussi un petit cousin. Comme les thématiques de la série ne sont pas liées à
l'actualité du moment, nous croyons que les capsules pourraient conserver leur
intérêt dans le temps. Il faut remercier Alexandre de mettre son talent au service d’une cause dont l’envergure nous dépasse tous. On ne lui promet
pas une retraite dorée, mais une élévation dans l’humanité qui accompagne ceux et
celles qui investissent dans le bien commun.
Deux options qui n'en font qu'une finissent également vaines
Alexandre résume les efforts
soutenus du peuple fondateur pour accéder à la reconnaissance nationale à
l'intérieur du Canada ou en dehors de celui-ci; le concept clé étant ici
évidemment celui de l'égalité des nations, le noyau non négociable du projet. Dans le passé, des nationalistes ont
beaucoup opposé l'indépendance pure et dure (Maurice Séguin, en est une figure
représentative) à un fédéralisme des nations (Lionel Groulx et Daniel Johnson).
Chez les militants, intellectuels et politiciens, on a amplement répété qu’il
fallait se brancher, arguant que les deux options allaient en sens opposé. Est-ce bien le cas ?
Une réflexion à tout casser
En
revanche, n’aurait-on pas trop ignoré que les deux options prennent toutes deux
leur souffle dans un sentiment d'injustice commun, un sentiment largement
ressenti par un peuple assoiffé de reconnaissance nationale et de droits ? Au
bout du compte, c’est le mauvais sort qui a disposé ensemble des deux options et de leur opposition un peu factice. Cessons nos luttes fratricides comme l'avait lancé en son temps Honoré Mercier.
Le cas s'est finalement réglé de lui-même. Après des
décennies de montagnes russes, passant de fol espoirs aux plates léthargies,
force est de constater que les deux options sont demeurées entièrement vaines.
Ajoutons, à titre de circonstance aggravante, s'il faut en rajouter, qu’aucune solution politique cohérente de la question nationale n’est encore en vue. Et il n’y en aura pas à moins d’une réflexion à tout
casser. Dans les circonstances, des groupes comme la Fédération des Canadiens-Français se trouvent donc pleinement justifiés de prendre tout le recul
nécessaire. Encore une fois, un bilan libre de tout esprit partisan s’impose. Nous croyons l'avoir amorcé.
D'abord contre Québec
Le phénomène
d’échec qui accompagne un paradigme perclus d’immobilisme nous renvoie à la
précarité existentielle, à cette survivance qu’on a tant décriée, et qu’on a crue à jamais derrière nous… L’échec de deux générations d’élites à obtenir la
dignité d’une reconnaissance nationale (assortie de droits) est devenu un combat qui a pris tant de retard qu’il nous faut aujourd’hui le livrer contre Québec d’abord. De deux périls, il faut d'abord vaincre le moindre.
Comment aborder
l'avenir ? Franchement, l'avenir prévisible devrait être moins dans l'adhésion à
une solution politicienne déjà ficelée. Car le package n’est vraiment pas bon. Il faut plutôt mettre du temps et des efforts à retrouver le sentiment de notre appartenance à
une épopée continentale inouïe. C'est le sens patriotique de notre enracinement
sur ce coin de terre qui pourra relancer l'option, il en est le fondement. Il faut songer à des moyens qui feront de la lutte contre le libellé du préambule de la loi 99 (2000) une affaire qui déclasse tout le reste. Cette opinion commence à être partagée. Il est temps !
Vivre
collectivement dans la dignité. C’est l’option commencée par le Conseil
souverain du Canada de la Nouvelle-France, en 1663. À l'heure actuelle, il s'agit
de savoir si nous pouvons et nous voulons encore "faire nation" ! Une reconnaissance nationale
dans le fédéralisme canadien, par des pays tiers ou d'abord au Québec ? Nous disons d'abord au Québec et d'abord la loi 99 (2000). C'est clair.
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Avec la vidéo, Nation culturelle et nation civique [Deuxième capsule, juillet 2023]
Alexandre
Verrier-Landry continue la discussion entreprise en juin avec la première de la
série qui portait sur la Fête nationale. Nous voici maintenant sur le concept même de la
nation, mettant l'accent sur les distinctions entre "nation socio-culturelle" et
"nation civique". Nous explorons comment ces deux concepts ont influencé la
perception de l'identité nationale parmi les Québécois et plus particulièrement
les Canadiens-Français. Nous comparons également les visions de figures
politiques influentes, telles que René Lévesque et Bernard Landry, sur ces
idées. En soulignant l'importance de comprendre la différence entre ces deux
types de nation, nous discutons de la nécessité de préserver la culture,
l'histoire et la langue qui nous ont été laissées en héritage par la
Nouvelle-France. Enfin, nous revenons sur l'importance de reconnaître le statut
national des Canadiens-Français avant de s'attaquer à des questions de
séparation.
Constitution du Québec
– Attention danger !
L'attrait pour des stratégies ambitieuses sur
lesquelles les Canadiens-Français n'ont pas la maîtrise une fois celles-ci
lancées, comme l'adoption d'une constitution interne au Québec, ne va pas sans
risques. On l’a vu avec la loi 99 (2000). Le gouvernement du Parti québécois,
sous couvert de répondre à la loi fédérale sur la clarté, a trahi les
Canadiens issus de la Nouvelle-France. Leur absence dans une nomenclature
exhaustive qui exhibe la diversité québécoise est un mépris inadmissible de ceux qui
occupent les plaines du Saint-Laurent depuis quatre siècles.
Le problème de clarté, il est où ?
Deux États,
Québec et Ottawa, font mine de s’opposer, mais rejettent conjointement les
Canadiens-Français. Le problème de clarté, il est où ?
Les temps ont changé, tous l'admettent. Mais est-ce au point de nous trouver à des années lumières des
pages 19 à 21 d’Option Québec (janvier 1968) dans lesquelles René Lévesque
s’adresse très spécifiquement aux Canadiens français pour mener à bien son projet ?
Butiner autour de l'État
Je pose la question clairement, n’y a-t-il pas d’autres
priorités que de butiner autour de l’État ? En fait, c'est un choix dans la gestion d'énergies limitées. Le nôtre, c'est qu'il n’y a rien de plus important pour les Canadiens-Français que de retrouver la parole, de retrouver cette capacité perdue de s'exprimer en leur
propre nom. Les Canadiens-Français doivent d'abord se reconnaître entre eux,
comme les membres d'une nation séparée et indépendante. C’est ce qui était leur cas depuis la Conquête jusqu’à ces dernières décennies. C’est seulement
après être sorti du coma dans lequel ils sont entrés qu’ils pourront de nouveau s’affirmer et accéder à la
pleine reconnaissance nationale. À titre de
majorité régionale et de peuple fondateur, ils auront de nouvelles possibilités, la légitimité de fédérer,
du moins en partie, la diversité nationale et ethnique qui vit également
au Québec. Pour les Canadiens-Français, il n’y a vraiment pas lieu de se noyer dans la
diversité, ce qui serait suicidaire, mais d’assurer plutôt le leadership d'une nation fondatrice, historique, enracinée et française en Amérique. Seule une
nation qui parle en son nom peut donner naissance à des institutions où elle est
pleinement respectée et reconnue. Le premier pas est une mobilisation pour notre reconnaissance par l'État du Québec, obtenir l'amendement réclamé dans la préambule de la loi 99. C'est une lutte épique pour l'opinion publique qui sonnerait le réveil du dormeur.
Utilité de l'identité québécoise
L'identité québécoise est certes utile pour
représenter une totalité humaine sur un territoire comme le Québec. Le vocable Québécois englobe
la plurinationalité, la multiculturalité et le bilinguisme contemporains. Mais l’identité québécoise étant par nature territoriale et cosmopolite, elle ne peut se substituer aux Canadiens-Français, ni parler en leur nom, que ce soit par procuration ou par délégation. Les
Canadiens-Français doivent prendre le micro et s’exprimer à la défense de leur intérêt. Ces derniers ont des choses à dire et à défendre qu’aucune autre
agrégation ne peut faire à leur place. À moins d'une réconciliation populaire avec l'idée que nous formons historiquement une
nation sociologique, ce que nous rappelait Daniel Johnson en 1968, nous ne
sommes pas au bout de nos peines !
Gilles Verrier
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Pour une prise de conscience de la gangrène trudeauiste chez les souverainistes
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