Pour un État stratège, éthique et patriotique
L’État stratège n’est pas du type qui est constamment suspecté de se livrer au transfert de fonds publics vers l’entreprise privée ou vers les amis du régime. Il n’est pas non plus à la merci d’un jugement idéologique du genre c'est à rejeter car ça vient de la Chine. On le souhaite éthique et patriotique.
Une technologie supérieure devrait être protégée autant que possible contre le conservatisme des princes de l’entreprise. Le problème des vainqueurs de la guerre 1939-45 c'est qu'ils croient trop à leur supériorité. Mais le temps passe. Le capitalisme industriel, qui a fait un temps la puissance des États-Unis, est devenu un capitalisme financier, rentier, parasitaire.
Il reste que l’État doit conserver assez de sa vertu pour ne pas être constamment suspecté de servir de simple relais de fonds publics vers une entreprise privée trop facilement pardonnée, qui encaisse plus qu'elle innove et produit. L'État capitaliste est complaisant envers l'entreprise privée. L'État chinois, qui tient en équilibre capitalisme et socialisme, demande que les barons de l'entreprenariat rendent des comptes. Cet équilibre des contraires est à considérer car il a sorti 500 millions d'humains de la misère en quelques décennies.
Le protectionnisme sous la forme de tarifs douaniers ou sous celle plus discutable des "droits de l’homme" (servis en alibi), ne peut endiguer la progression de technologies plus avancées par rapport à celles qui le sont moins.
L’État stratège peut jouer un rôle décisif dans l’économie mondialisée, qui d'autre le peut ? Qu’on le veuille ou non, dans le monde numérique d’aujourd’hui, une technologie supérieure en soi et qu'on peut offrir à moindre coût ne peut être maintenue longtemps à l’écart du marché global.
Nous en avons la preuve avec la Chine qui domine désormais le marché mondial de l’automobile et en particulier celui de l’automobile électrique. La vidéo [lien plus bas, en anglais] nous rapporte que les États-Unis n’ont jamais été des meneurs en matière de batteries, élément clé de la voiture électrique. Le Japon et la Corée du Sud étaient les chefs de file dans ce domaine décisif. Ils sont aujourd'hui déclassés par la Chine. Les États-Unis ? On connait pas, le Canada encore moins.
Chose certaine, ce n’est pas par l’immigration massive ou en recourant à un protectionnisme déguisé et sous influence américaine (comme dans le cas de l’affaire Huawei, de triste mémoire) que le Canada pourra se tirer d’affaire. Ce pays, dont je ne suis pas spécialement solidaire, devra montrer plus d’indépendance face aux États-Unis et à l'OTAN. Il faudra décorseter nos libertés.
Comme certains ne cessent de le clamer, une indépendance du Québec pourrait-elle changer la donne ? Or jusqu’ici, l’indépendance du Québec n’a été sur le plan géostratégique qu’une copie carbone de la soumission du Canada à l’anglosphère. Il suffit d'observer ne serait-ce que distraitement les prises de position du Bloc québécois, un exercice entièrement convaincant.
Je le crois autant que je le crains, il faudra hisser le débat d'un cran.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire