De fait, nous reproduisons depuis 50 ans, au Québec même, ce que nos ancêtres ont vécu dans le reste du Canada à l’époque du « pancanadianisme », lorsqu’on minimisait nos
reculs et nos échecs, on étouffait le nationalisme canadien-français pour favoriser coûte que coûte l’indépendance du Canada, croyant que cette dernière nous serait nécessairement profitable.
Éric F. Bouchard, 30 mars 2020 (Vigile)
Dans le texte suivant, je me suis amusé à juxtaposer dans la première phrase Canadien et Québécois. Voyons ce que ça donne si on poursuit l'exercice pour le reste du texte.
Dans le texte suivant, je me suis amusé à juxtaposer dans la première phrase Canadien et Québécois. Voyons ce que ça donne si on poursuit l'exercice pour le reste du texte.
Ce nationalisme canadien-français ( Québécois francophone) que j'ai connu était au moins aussi canadien (Québécois) que canadien-français (Québécois francophone). Il était porté et inspiré par un projet canadien, par l'image d'un Canada à venir que nous espérions voir un jour se réaliser. Ce Canada rêvé serait avant tout composé de deux peuples fondateurs: le français de la première colonie et l'anglais de la conquête. Entre ces deux peuples, un contrat avait été conclu, croyions-nous, avec la Confédération canadienne, qui était censée reconnaître l'égalité de l'un et de l'autre. Cette vision allait finalement un jour, selon ce qu'on pouvait espérer, remplacer la présente domination de l'anglais, associée à l'appartenance du Canada à l'Empire britannique. Logique avec cette position, ce nationalisme canadien-français prônait l'indépendance du Canada, sa séparation d'avec l'Empire ou le Commonwealth.
Dans le Canada en voie de réaliser son indépendance, les Canadiens-français perdaient sans cesse du terrain: le thème des deux peuples fondateurs était à jamais rejeté, le biculturalisme remplacé par le multiculturalisme, les pouvoirs centralisateurs du gouvernement fédéral renforcés, les «cadeaux» fédéraux toujours et plus que jamais attendus. Avec l'apport de l'immigration, la minorisation des Canadiens français dans ce nouveau Canada était inéluctable, et d'autant plus inacceptable qu'elle signifie à plus ou moins long terme une évidente perte de pouvoir politique tandis que se profile à l'horizon la menace d'une extinction en douceur.
* * *
Enfin, le projet souverainiste, apparu au moment où éclate la Révolution tranquille, fut et demeure un héritier du nationalisme canadien-français qui l'a préparé. Il a pu paraître lui tourner le dos, comme aujourd'hui encore, mais il est indubitable qu'il s'en est nourri. Quand, à ses débuts, il proclamait «le Québec aux Québécois», il voulait dire «le Québec aux Canadiens français».
Dans l'extrait plus haut, c'est le remplacement de "émancipation" ou de "libération nationale" par la formule vague de "projet souverainiste". Comme l'avait fait remarquer Pierre Dubuc, l'étapisme de Claude Morin a fait disparaître du vocabulaire toute mention de colonialisme et ce qui s'y rapporte.
Guy ROCHER, 16 avril 2007, Le Devoir
https://www.ledevoir.com/opinion/idees/139582/du-nationalisme-canadien-francais-au-projet-souverainiste-quelle-continuite
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