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mardi 13 avril 2021

Anglicisation : L'indépendance n'y changerait rien - Pierre Serré

Le politologue Pierre Serré écrit dans le JdeM du 12 avril 2021 :

« Après 40 ans de loi 101, la pérennité du français n’est toujours qu’un objectif. Le Québec a plutôt créé une « Communauté anglophone » et financé son expansion... L’indépendance n’y changerait rien.»
Pour remède, Serré propose une réforme des aménagements linguistiques. Or, il passe sous silence le fait capital que ces nouveaux aménagements ne donneront jamais qu'une identité "francophone" ou "anglophone" aux Québécois.

Vu l'attraction pour l'anglais, bien illustrée par les chiffres de l'auteur, l'anglicisation ne peut être freinée en mettant de l'avant de seules mesures défensives. C'est seulement la volonté de persister « dans son être national » qui peut assurer la pérennité du français. Cette oeuvre de continuité nationale, et de fierté retrouvée, ne peut réussir sans la valorisation de la culture, de l'histoire et de la civilisation françaises en Amérique.
C'est d'avoir détaché la culture et la civilisation françaises de la langue; autrement dit d'avoir fait de la langue une entité séparée des Canadiens-Français qui pose problème. C'est cette évolution post-nationale qui conduit à notre assimilation. Mais pour Serré, avec qui nous sommes d'accord sur l'assimilation qui nous attend, le remède se trouverait dans le raffinement des mesures étatiques. Or, quarante ans de loi 101 ont bien montré que le liant linguistique ne suffit pas ! La langue française dépend aujourd'hui d'un État qui refuse toute liaison avec la nation qui a porté cette langue, même avant la création de la Province of Quebec, c'est un démembrement suicidaire d'avoir coupé la langue française de son substrat national.

* * * 

D O C U M E N T 
Pierre Serré
Lundi, 12 avril 2021
https://www.journaldemontreal.com/2021/04/12/les-erreurs-de-la-loi-101?fbclid=IwAR024CSbHktup5_vxtASR9CkIA0rFjDVRSdhCVecbUXtXlKC-vGfUTsHcbY

La loi 101 fut indéniablement bonne en son temps, le Québec partait de loin. Elle a cependant jeté les bases du recul actuel. Voici pourquoi.

La loi 101 repose sur 5 erreurs majeures. Elle aurait dû :   

  1. définir les ayants droit (aux services publics en anglais) ; hormis l’école, nil.   
  2. prévoir la possibilité d’une décroissance démographique de la « Minorité anglo-québécoise » ; nil.   
  3. éviter de soumettre le droit de travailler en français au droit d’être servi en anglais ; nil.   
  4. rendre le « français-langue de travail » réellement justiciable ; cuisant échec.   
  5. protéger l’intégralité du territoire québécois contre les migrations interprovinciales ; propriétés et terres s’offrent toujours à qui en a les moyens.     

Conséquence, on sert en anglais sur demande. Ce libre choix a créé une dynamique demande/offre entraînant le développement fulgurant de la « Communauté anglophone 

Des chiffres qui parlent

Avec 1 103 475 anglophones de « première langue officielle parlée » (PLOP), la « Communauté » excède de 845 000 la « Minorité » et ses 258 605 « citoyens canadiens de langue maternelle anglaise, nés au Québec de parents nés au Canada » (Statistique Canada, Recensement 2016, commande spéciale ; calculs n’engageant que l’auteur), dont seulement 140 000 avaient un ou deux parents anglophones. 

À 1,8 % de la population, la puissante minorité anglo-britannique qu’évoque la minorité anglo-québécoise est Histoire et folklore. Quant à la « Communauté anglophone », sans assise historique, elle est le prolongement en territoire québécois du Canada anglais majoritaire et multiculturel. 

Provincial et fédéral ajoutent pêle-mêle à la « Minorité » les citoyens anglophones natifs des autres provinces (106 755 p.), immigrants (60 545 p.) et enfants d’immigrants (145 940 p.), recensés parlant l’anglais et une autre langue (48 477 p.), « anglicisés » francophones et allophones (209 771 p.), anglophones en public, mais non au foyer (236 626 p.) et non-citoyens (36 756 p.). 

Disparue, la « Minorité » n’a pas causé l’anglicisation galopante : le Québec « anglicise sans Anglo-Québécois ». Par contre, elle dispose d’institutions devenues énormes, desservant 1,1 million d’anglophones, en croissance. Improbable qu’un renforcement du « français-langue de travail » puisse surpasser le puissant vacuum main-d’œuvre/clientèle des CUSM, McGill, Concordia, Dawson, etc. Quant aux institutions francophones, elles s’adaptèrent aux débordements de la demande anglophone. 


Propositions 

L’État créerait, dirigerait et financerait deux réseaux publics, l’un français, et l’autre, anglais, territorialisés et financés selon le poids relatif des non-ayants droit/ayants droit. 

Le réseau public français travaillerait uniquement en français, protégeant ainsi la langue de travail ; la traduction serait entièrement à la charge des demandeurs. Par définition, ce réseau desservirait tous les non-ayants droit. Le « français-langue de travail » serait justiciable. Parallèlement, un réseau public anglais desservirait les Anglo-Québécois. 

Inutile d’identifier les ayants droit : tous pourraient accéder aux services dans la langue désirée, assumant « traduction/files d’attente » découlant du rapport demande/offre. 

Cette proposition préserve les services aux Anglo-Québécois comme les Québécois le font exemplairement, et place parmi les non-ayants droit les Canadiens anglais des autres provinces. Il est vital de protéger le territoire des migrations interprovinciales, particulièrement l’Outaouais et Montréal. 

Après 40 ans de loi 101, la pérennité du français n’est toujours qu’un objectif. Le Québec a plutôt créé une « Communauté anglophone » et financé son expansion, anglicisant non anglophones et immigrants. L’indépendance n’y changerait rien. Le Québec sert de marchepied pour l’élite canadienne-anglaise. 

Cette proposition, banale, protège le français et la minorité. La dynamique créée multiplierait main-d’œuvre et clientèle francophones.

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