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La stratégie machiavélique du fédéral pour mettre en échec la menace des Canadiens-Français : référendum et langues officielles

Le 16 novembre 1974, il y 50 ans, l'accession de la souveraineté par la voie référendaire était adoptée. Disons qu'il y a 50 ans ça...

vendredi 22 juillet 2022

Poutine pourrait représenter pour nous une chance inouïe, supérieure à celle qu'a pu représenter de Gaulle en 1967

Dernière mise-à-jour, le 24 juillet à 23h20

Samedi matin 6h00, à l'émission Brochu en direct de Radio InfoCité

avec Yves Bataille et Jean-Claude Pomerleau, une réflexion sur l’affirmation fracassante du président de la Fédération des Canadiens-Français, Gilles Verrier :  

« Poutine pourrait représenter pour nous une chance inouïe, supérieure à celle qu’a pu représenter de Gaulle en 1967 ». 

Brochu en direct - Émission du 23 juillet



Vladimir Poutine, le 20 juillet 2022 :

« Une nouvelle époque de l'histoire mondiale approche et seuls les États "vraiment souverains" pourront réussir dans cet environnement modifié, a déclaré mercredi le président russe Vladimir Poutine.

S'exprimant lors d'un forum d'affaires, Poutine a affirmé que des changements "vraiment révolutionnaires", "énormes" conduiraient à la création d'un nouvel ordre mondial "harmonieux, plus juste et plus axé sur la communauté et sûr".
Dans cette nouvelle époque, "seuls des États véritablement souverains peuvent assurer une dynamique de croissance élevée", a-t-il déclaré.
Par le terme «souveraineté», le président russe entend «la liberté de développement national, et donc de chaque personne individuellement», ainsi que «la viabilité technologique, culturelle, intellectuelle, éducative de l'État» et une «responsabilité active, qui imprègne la société civile d'un esprit national.
Un tel État, a déclaré le président, servira d'exemple pour les autres en ce qui concerne "les normes et la qualité de la vie des gens, la protection des valeurs traditionnelles et des idéaux humanistes élevés".
Ce type de monde contraste fortement avec l'ordre mondial unipolaire dominé par l'Occident, qui, selon Poutine, "devient un frein au développement de notre civilisation".
Il a accusé l'Occident d'être "raciste et néo-colonial", affirmant que son idéologie "ressemble de plus en plus au totalitarisme". Le président a fait valoir que malgré les tentatives des élites occidentales de préserver l'ordre mondial existant, les changements sont "irréversibles" »

1966 : De Gaulle conteste l'hégémonisme anglo-saxon à Phnom Penh
Dans le discours de Phnom Penh (Capitale du Cambodge) - septembre 1966 -10 mois avant le discours de Montréal, de Gaulle s'exprimait clairement devant un parterre de 100 000 personnes en faveur d'un monde multipolaire, un monde dans lequel les puissances du moment ne pourraient imposer un régime politique à des nations plus faibles. La France s'étant retirée d'Indochine et d'Algérie, demandait alors aux Américains de quitter le Vietnam, pays où ils s'étaient immiscés pour livrer une guerre de domination.
En 1966, la France n'avait pas la force suffisante pour imposer un monde multipolaire. Après la "révolution colorée" de mai 1968, l'héritage de de Gaulle a été effacé et la France vassalisée au sein de l'OTAN-UE. Plus de cinq décennies après, la Russie de Poutine est-elle en train de réaliser le rêve de de Gaulle, grâce à sa propre détermination et une convergence de vues avec de nombreux autres pays ?
Un nouveau contexte mondial est né. Il se caractérise par le déclin de l'hégémonie anglosaxonne et la montée en puissance de pays non alignés, notamment en Eurasie. Ce nouveau jeu géopolitique pourrait-il donner une chance aux Canadiens-Français de réaliser des espoirs nationaux réprimés depuis 1763, espoirs justement rappelés par de Gaulle en 1967, à Montréal ?

Vidéo et texte de l'allocution ici :
https://fresques.ina.fr/de-gaulle/fiche-media/Gaulle00116/discours-de-phnom-penh.html

De Gaulle et Daniel Johnson 
Le problème a été le même dans les deux cas : l'absence de succession. Ni l'un ni l'autre ne laissèrent derrière eux une équipe forte, lucide et armée d'une conscience aiguë des enjeux. Ceci ne semble pas du tout être le cas du leadership russe qui s'applique à faire émerger un monde multipolaire, depuis maintenant quelques décennies.

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Le système économique et monétaire mondial est en pleine recomposition. L'avenir du dollar US est compromis.
par G. Verrier

Sur un sujet aussi vaste, j'irai à l'essentiel. La Deuxième Guerre mondiale a donné aux États-Unis les moyens de s'imposer comme maître du jeu. Le dollar américain a été imposé avec les accords de Quincy comme devise obligée pour transiger le pétrole et, globalement, tous les échanges internationaux. La demande artificielle créée pour le dollar US a maintenu à flot une économie qui délocalisait en Asie l'industrie qui avait fait sa prospérité, pour devenir une économie usuraire et spéculative. Les contestations de la "Pax americana" étaient de plus en plus matés par la force, le complexe militaro-industriel devenant un levier de projection de puissance et de répression.


Le développement économique n'a cependant pu être contenu, des pays se sont développés à tous les points de vue et peuvent maintenant se passer de la puissance anglosaxonne, qui se qualifie encore de "puissance indispensable" mais sans en avoir les moyens. Les pays de l'OTAN sont devenus une clique internationale dominée par les anglo-saxons pour imposer ses règles, mais ils n'ont plus les moyens de leur prétention. La puissance économique s'est déplacée en Eurasie. Elle compte la majorité de la population mondiale. Les pays émergents délaissent le dollar pour d'autres moyens de paiements, soit les monnaies nationales et bientôt une nouvelle devise internationale basée sur un panier de devises. Les États-Unis ont perdu la main, mais ils luttent avec l'énergie du désespoir en utilisant les atouts qu'il leur reste: le pouvoir médiatique et le complexe militaro-industriel.

Des questions se posent aux investisseurs et aux entrepreneurs avisés. Comment constituer un portefeuille qui représente les forces montantes, avec des roubles, des yuans, etc., Comment investir et créer des partenariats avec les pays émergents alors que le marché des pays de l'OTAN tend à les cacher de la connaissance du public ? Comment investir dans des pays étrangers où la croissance est bien supérieure à celle que nous connaissons ici ? Les éléments, personnes et sociétés les plus dynamiques de chez-nous resteront-ils les captifs d'un système économique occidental fermé et qui continue de s'affaiblir. De nombreuses alliances économiques sont extrêmement prometteuses, mais sont systématiquement boudées par des pays occidentaux qui comptent de moins en moins.

En terminant, les politiques de sanctions contre divers pays enfreignent le droit international. Le pire c'est que les pires effets de ces sanctions se retournent contre les envoyeurs, un peu comme s'ils se tiraient dans le pied. Si ça vous intéresse de mieux comprendre la psychologie américaine en phase de déclin et ses dangers, voyez ce qu'un auteur américain en dit dans un livre célèbre : Le Piège de Thucydide.

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Sur le fédéralisme 
Les cas de la Russie, du Canada 
et le fédéralisme (raté) en Ukraine

Montréal - 7 juillet 2022 
Nous en viendrons au fédéralisme version canadian. 
Mais d’abord, quelques mots sur le cas ukrainien. La bonne foi a manqué dans ce pays, ce qui n’est pas sans rappeler le Canada. Un chauvinisme ukrainien galicien, ultranationaliste et russophobe, encouragé par l’OTAN, s’est gravement accru après l’effondrement de l’Union soviétique en 1991. Le coup d’État de Maïdan, qui renversa le gouvernement élu de Viktor Yanukovych, en 2014, espérait mettre un dernier clou dans le cercueil d’une Ukraine des nations, dont environ 40 % de Russes ethniques en plus d’autres minorités. 

Victoria Nuland, secrétaire d’État américain à l’époque, s’était vantée d’une ingérence qui avait coûté 5 milliards $ au trésor américain. Il faut du temps et des moyens pour changer la personnalité d’un pays. Dans le cas présent, ce n’était pas directement les anglosaxons qui étaient à la manœuvre, comme au Canada, mais ils étaient présents derrière pour agiter les mauvais esprits.
La victoire des émeutiers de la Place Maïdan provoqua une mobilisation massive des populations russes du Donbass et de la Crimée. Des référendums gagnés haut la main préconisaient une large souveraineté, voire l’indépendance. Les Accords de Minsk I et II, signés sous le parrainage de la France et de l’Allemagne et facilités par la Russie, prévoyaient la pacification du pays et l’adoption d’une nouvelle constitution. Respectueuse des différences, cette constitution aurait rétabli la dignité des nations. La Fédération de Russie insistera plus que quiconque pour que les accords soient mis en œuvre, mais, peine perdue, le régime de Kiev, creusera des tranchées et se livrera à des bombardements assez soutenus des civils jusqu’à tout récemment, pendant qu’il restreignait l’usage de la langue russe en éducation, dans les médias et dans les affaires publiques.

L’application des Accords de Minsk aurait été un bel exemple de fédéralisme façonné de manière à répondre aux conditions particulières de l’Ukraine.

Nous voyons qu’un fédéralisme réussi demande beaucoup de maturité politique, et encore plus de modération de la part des éléments nationaux historiquement dominants.


Lâcher la Catalogne et l'Écosse 

Lâcher un peu la Catalogne et l'Écosse et regarder d'autres modèles, qui existent dans la réalité, et qui ont des réussites à leur compte. La Constitution de la République fédérative de Russie, la version intégrale existe en français, serait définitivement à examiner. [Lien plus bas] Le nationalisme civique québécois, qui n'est qu'une adaptation du nationalisme civique canadian, ne convient pas. Notamment parce qu'il ne fait pas de place aux Canadiens-Français. 

Constitution de la République fédérative de Russie (fr)
http://www.constitution.ru/fr/
On s'attardera particulièrement au chapitre 3

Le fédéralisme au Canada
et l'exception ethnique-autochtone
Matane - 9 juillet 2022  Le Canada issu de la Conquête a évolué, mais il n’a jamais cessé d’être dominé par un élément anglosaxon connu pour ses prétentions hégémoniques. Les Acadiens, les Canadiens-Français, les Métis n’ont jamais joui de la reconnaissance nationale et de droits constitutionnels. Quant à la reconnaissance des peuples autochtones, elle a été graduellement instaurée quand Ottawa a dû céder à une campagne internationale en leur faveur qui englobait les deux Amériques.
La Confédération a été instaurée sur un malentendu. Les débats parlementaires de 1865 sur le sujet et la presse francophone de l’époque font état d’un pacte entre deux nations. Le texte adopté à Londres en 1867, n’en dit rien. Ce malentendu fera l’objet d’un contentieux qui alimentera la chronique constitutionnelle jusqu’en 1982, date à laquelle l’affaire sera réglée en faveur d’un Canada des individus, où les provinces comptent pour de simples divisions administratives. Le fédéralisme administratif du Canada s’était affirmé bien avant avec le découpage des quatre provinces de l’ouest, crées après 1867. En regard d’autres fédéralismes, comme celui des États-Unis des treize colonies, qui regroupait à l’origine de vrais sujets fédéraux dans une vraie union fédérale, le mépris persistant du Canada envers ses réalités nationales a gravement corrompu l’idée fédérale dans ce pays.
Les autochtones précolombiens font office d’une exception au Canada. Ils ont obtenu un statut constitutionnel enviable par rapport aux groupes canadiens-français et acadiens, même si nous savons que Pierre Elliot Trudeau était, en 1969, fermement opposé à tout statut particulier en leur faveur.
En fait, avec l’article 35 de la Constitution (1982) et d’autres actes officiels, le Canada reconnaît des nations autochtones purement ethniques. Pour différentes raisons, elles sont fermées sur elles-mêmes et on ne leur reproche pas. En revanche, les autres, qui, comme la nation canadienne-française, plus perméable, a grossi ses rangs par de nombreux apports extérieurs, ne jouissent d’aucune reconnaissance de la part de Québec et d’Ottawa. C'est sur ces bases fondamentales que le fédéralisme canadien aurait dû être contesté en 1981. Malheureusement, ce rendez-vous tant attendu et souhaité depuis longtemps, cette explication historique entre les deux solitudes a été un rendez-vous manqué pour les Canadiens-Français.

Commentaires des lecteurs :
1- Le fédéralisme est la voie désignée par notre histoire géopolitique. La sécession de la province de Québec ne devrait être que la conséquence d'un échec d'une refondation de la fédération canadienne à la satisfaction de tous les habitants du Canada continental et ce sont les Kénédiunes qui nous y pousseraient. Dans le respect des lois naturelles, la nouvelle fédération devra se composer de trois États-Nations: le Canada-Français, le Canada-Anglais et le Canada-des-Premiers-Peuples, trois États ethniques et souverains. De plus, nous devrons, à la manière des Amérindiens, adopter une conception plus naturelle de l'occupation du territoire fondée sur la configuration géographique et sur le respect de la nature. Malheureusement pour les Canadiens-Français et les Premiers-Peuples, les Canadiens-Anglais ont élaboré une fédération à leur image afin de servir leurs intérêts exclusifs. Comme ils sont les maîtres, ils maintiendront cette fédération en place malgré tous les signes d'effondrement. (par V.L.)

2- La Russie est une fédération comptant 21 républiques représentant 85 entités.
D'origine ukrainienne, notre actuelle ministre des finances et vice-première ministre est connue pour son appui soutenu et sa participation active aux activités du gouvernement de Kiev, réputé russophobe et n'ayant pas cherché à mettre en place les dits accords de Minsk dûment signés.
Les accords de Minsk proposaient à l'Ukraine la création d'une fédération de ses entités sur le modèle russe, respectueux des identités multiples.
Depuis 2014, elle est interdite de séjour en Russie.
Est-il possible que la Russie aie soupçonné l'influence qu'elle pourrait exercer en faveur d'un modèle canadien de fédération, sous contrôle de l'entité dominante historiquement la plus opprimante?
Je ne crois pas que le modèle que nous avons pu être dans le passé n'ait encore quelque valeur que ce soit pour la majorité du monde, certainement pas pour une Russie qui a réussi à fédérer 85 entités identitaires. (M.C.)
3- IL FAUDRAIT COMMENCER À ÉTUDIER SA CONSTITUTION.
Avec nos entités de base, autochtones, irlandaise, anglo-saxonnes, acadienne, canadienne française et autres, nous avons certainement à apprendre d'un modèle existant et beaucoup plus imposant que le modèle canadien. (M.C.)

3 commentaires:

Auguste césaire a dit...

Excellent article

Auguste césaire a dit...

Avez-vous un courriel électronique comme outlook, hotmail ou Gmail. J'apprécie vos analyses et communiquer pour philosopher sur le livre de Robert Ares du pacte fédératif

Gilles Verrier a dit...

gillesverrier51 gmail