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vendredi 17 novembre 2023

Dans un an, les 50 ans de l'adoption de la voie référendaire par le PQ - Serons-nous toujours envoutés par les faux "libérateurs de peuple" ?

Le 16 novembre 1974, le Parti Québécois adoptait l'approche référendaire. C'était une réforme majeure de son programme apparue dans le décor quelques deux ans plus tôt. Claude Morin, haut fonctionnaire et conseiller de plusieurs premiers ministres du Québec, adhère au Parti québécois en 1972. Il apporte dans ses bagages la formule novatrice de la souveraineté par voie référendaire, une idée qui fait débat. En 1974, arrive l'heure de trancher sur le nouveau paradigme. Le Cinquième congrès du PQ passera l'affaire aux voix. C'est le référendum qui l'emporte. Bien que d'origines douteuses, l'origine fédérale du référendum est décrite par Claude Morin lui-même, et elle vient de haut niveau. L'approche référendaire va plonger le Québec dans une cage à homards pendant cinquante ans. 

Par son imprégnation au provincial, au fédéral et même à la Cour suprême du Canada, ( note - ce qui nous sera fourni par la loi sur la clarté et les jugements subséquents) la méthode référendaire est devenue quasi-constitutionnelle, une jurisprudence, un préalable à tout changement constitutionnel, un passage obligé pour ce qui concerne le statut politique du Québec. Une société libérale comme la nôtre, avec son image idyllique de la démocratie, laisse peu de place à d'autres options. Certes, dans certains milieux, on a constamment remis en question l'approche référendaire comme une arnaque fédérale. Le dossier du piège référendaire est étoffé, mais le mal est fait. En dépit de ses origines nébuleuses et des tricheries documentées de 1980 et de 1995, le référendum ne semble pas avoir perdu l'attrait d'une certaine supériorité morale pour mettre en oeuvre des changements constitutionnels. Mais considéré en regard du statu quo ante de 1974, est-ce bien vrai ?  S'en être tenu sans déroger à l'esprit et à la lettre de l'AANB, exploiter la flexibilité de la Confédération par une approche constitutionnelle classique, ce dont s'était habilement prévalu Daniel Johnson, n'était pas sans potentiel. Sans innover sur la forme, sans une redéfinition de la nation obligée par la voie référendaire, Daniel Johnson agissait résolument. Les outils nous les avions !    

Un virage pas si facile. 
Des membres influents de l'exécutif du Parti Québécois durent intervenir pour obtenir un vote favorable. Malgré tout, 30 % des délégués, fidèles à l'approche de la voie parlementaire, en vigueur depuis 1968, année de la fondation du PQ (et, de fait, en conformité avec l'AANB depuis 1867 !) persistèrent dans leur opposition jusqu'à la fin. 

Il faut le rappeler, la voie référendaire, lourde de conséquences, a façonné le Québec pendant cinq décennies... et la suite nous attend. 

Quand la petite politique s'en mêle 
La voie référendaire venait en quelque sorte compléter la transition amorcée depuis que René Lévesque s'était opposé sans délai et avait dénoncé avec des mots très durs les propositions audacieuses de Daniel Johnson, lancées à la conférence constitutionnelle de février 1968. Un aspect fort important de la transition vers l'approche référendaire, pilotée en tandem par René Lévesque et Claude Morin, était de faire passer les Canadiens-Français (et Acadiens), peuple fondateur du Canada, à autant de minorités linguistiques provinciales. Les conséquences du fédéralisme territorial s'affirmant dans toute leur dureté contre un fédéralisme des nations, dont les Canadiens-Français auraient été les seuls à croire, au point de se duper. Johnson tentera, alors que le contexte lui était relativement favorable, de jouer le tout pour le tout. Il mourra prématurément après le croc-en-jambe de Lévesque. Va pour la petite politique en milieu colonial. 

En 1974, le référendum devait consacrer la rétrogradation : il troquait les droits nationaux légitimes revendiqués jusque-là, contre un destin "national" nouveau, dont la réalité devait apparaître dans tout son éclat à l'issue d'un référendum gagnant. Le pari était double. 
1- Il supposait la rupture du destin des Canadiens-Français du Québec avec ceux des autres provinces de l'AANB et des Acadiens. 
2- Il supposait aussi un ralliement tangible des Canadiens anglais du Québec à la québécitude, qu'il devenait impératif de rallier, de rassurer, voire de courtiser "pour la cause". Les Anglais du Québec devenaient nos co-nationaux québécois. Et un fédéralisme des nations au Québec, pourquoi n'y a-t-on jamais pensé ? 

Avait-on bien pesé la transaction ? Avait-on bien réfléchi au fait que nous choisissions les Anglais contre les C-F et les Acadiens ? Que le faire était de se conformer à la vision de P.E.Trudeau, soit de reléguer les C-F et les Acadiens au rang peu glorieux de francophones en situation minoritaire. 

Chez les souverainistes on se félicitait d'avoir réalisé le no. 1 (avec Trudeau aux commandes !), mais le no. 2 ne vit jamais le jour. Néanmoins, malgré deux échecs référendaires, qui démontrent le caractère fictif et purement déclaratoire d'une "nation québécoise", elle est entrée dans l'ordre du "politiquement correct", au rythme de l'exclusion, en marche inverse, de la nation historique, dont il est mal vu de prononcer le nom dans les médias.

* * * 


Pour prolonger la réflexion :

Notre approche réaliste pour sortir du marais
https://gilles-verrier.blogspot.com/2023/07/la-federation-des-canadiens-francais.html

Le référendum de 1995, une analyse canadienne-française
https://gilles-verrier.blogspot.com/2021/01/il-y-25-ans-le-26-septembre-1994.html

Pour un fédéralisme des nations au Canada 
https://canadiens-francais.com/pour-un-federalisme-des-nations-au-canada/


Affiche souvenir des 45 ans de l'étapisme.
En 2024, les 50 ans, où en serons-nous ? 


Robert Bryce, Al Johnson et Gordon Robertson, les trois fonctionnaires 
de haut rang à la racine de l'étapisme, entourent Claude Morin.
Ces
 hautes personnalités de l'entourage de P. E. Trudeau feront tout bonnement
leur devoir en suggérant à "au moins trois reprises" l'idée du référendum à
Claude Morin. Ce dernier s'en voudra de ne pas y avoir pensé lui-même. 




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