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jeudi 7 décembre 2023

23e anniversaire de la loi 99 (2000)

Aujourd'hui, 7 décembre, 23e anniversaire de l'adoption de la loi 99 (2000). Cette loi vient confirmer le consensus entre le gouvernement fédéral, la Cour suprême du Canada et Québec à l'effet qu'un référendum est un moyen légitime d'obtenir des changements constitutionnels. Le fédéral aurait l'obligation de négocier. Il y a cependant des conditions et des modalités sur lesquelles on ne s'accorde pas : question claire, majorité claire, insiste le fédéral. Ces questions litigieuses sont repoussées pour être éventuellement débattues dans l'arène politique, le cas échéant.



Québec sur la défensive. La loi 99 répond à des préoccupations fédérales concernant le respect des droits des minorités dans le cadre d'un projet référendaire portant sur l'avenir du Québec. La loi 99 qui a pour titre : Loi sur les droits et les prérogatives du peuple et de l'État du Québec, définit en préambule le peuple Québécois comme un peuple de minorités particulières pourvues de droits garantis, comme, par exemple, une "communauté anglophone jouissant de droits consacrés", des immigrants pour qui on ouvre la porte à l'affermissement de leur communauté culturelle et des Premières Nations, dont les effectifs nationaux se chiffrent pour plusieurs d'entre elles à moins de 10 000 personnes. Fort bien. Par ailleurs, le peuple du Québec a pour caractéristique d'être "majoritairement francophone".



Cette définition, avec ses insistances et ses silences, est en harmonie avec la Charte des droits, la doctrine fédérale multiculturaliste et post-nationale et avec la loi fédérale sur les langues officielles, laquelle ne reconnaît que des langues officielles et aucune culture nationale.
La loi 99 tourne définitivement le dos à la convergence culturelle en faveur des canadiens-français, jusque là considérée comme prépondérante dans le projet souverainiste. Cette idée de convergence culturelle, élaborée notamment par le sociologue Fernand Dumont, avait largement dominé le nationalisme et le souverainisme depuis la fondation du Parti québécois. En revanche, la loi 99, donne raison à Gérard Bouchard et à Charles Taylor, pour qui le souverainisme n'est acceptable que dans le cadre d'une juxtaposition de différentes communautés possédant chacune une identité à valoriser. C'est le souverainisme trudeauiste de l'après 1995, dont l'historien Éric Bédard nous a fourni une étude magnifiquement bien documentée.

Malgré des prétentions qui ne manquent pas, la loi 99 est calquée sur les valeurs du fédéralisme canadian de Pierre Elliott Trudeau et de sa loi constitutionnelle de 1982. Avec la souveraineté, on conserverait tout l'appareil idéologique et doctrinaire du trudeauisme pour simplement substituer un État à un autre. Voilà !

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En complément : Vidéo du 6 novembre 2023 - à partir de 29 minutes 

Journal du soir avec Luc Paquin et François Saint-Louis

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Après 1995, il n'y avait que deux possibilités 

1) achever d'aligner le souverainisme sur les valeurs du fédéralisme canadiAn, ce que fit la loi 99 - ou 

2) ré-affirmer les idées d'émancipation du peuple canadien-français à la source du mouvement. Loin de réclamer la reconnaissance statutaire du peuple canadien-français et de ses droits nationaux, comme l'avait fait officiellement Daniel Johnson le 5 février 1968, la loi 99 a choisi d'être silencieuse sur l'enjeu existentiel. Les "souverainistes" seront désormais appelés à choisir entre un État trudeauiste à Québec et la dignité nationale des Canadiens issus de Nouvelle-France. Le rapport entre les deux causes, si l'on met de côté la stabilité d'une certaine imagination populaire et politique, est devenu extrêmement ténu.

vendredi 17 novembre 2023

Dans un an, les 50 ans de l'adoption de la voie référendaire par le PQ - Serons-nous toujours envoutés par les faux "libérateurs de peuple" ?

Le 16 novembre 1974, le Parti Québécois adoptait l'approche référendaire. C'était une réforme majeure de son programme apparue dans le décor quelques deux ans plus tôt. Claude Morin, haut fonctionnaire et conseiller de plusieurs premiers ministres du Québec, adhère au Parti québécois en 1972. Il apporte dans ses bagages la formule novatrice de la souveraineté par voie référendaire, une idée qui fait débat. En 1974, arrive l'heure de trancher sur le nouveau paradigme. Le Cinquième congrès du PQ passera l'affaire aux voix. C'est le référendum qui l'emporte. Bien que d'origines douteuses, l'origine fédérale du référendum est décrite par Claude Morin lui-même, et elle vient de haut niveau. L'approche référendaire va plonger le Québec dans une cage à homards pendant cinquante ans. 

Par son imprégnation au provincial, au fédéral et même à la Cour suprême du Canada, ( note - ce qui nous sera fourni par la loi sur la clarté et les jugements subséquents) la méthode référendaire est devenue quasi-constitutionnelle, une jurisprudence, un préalable à tout changement constitutionnel, un passage obligé pour ce qui concerne le statut politique du Québec. Une société libérale comme la nôtre, avec son image idyllique de la démocratie, laisse peu de place à d'autres options. Certes, dans certains milieux, on a constamment remis en question l'approche référendaire comme une arnaque fédérale. Le dossier du piège référendaire est étoffé, mais le mal est fait. En dépit de ses origines nébuleuses et des tricheries documentées de 1980 et de 1995, le référendum ne semble pas avoir perdu l'attrait d'une certaine supériorité morale pour mettre en oeuvre des changements constitutionnels. Mais considéré en regard du statu quo ante de 1974, est-ce bien vrai ?  S'en être tenu sans déroger à l'esprit et à la lettre de l'AANB, exploiter la flexibilité de la Confédération par une approche constitutionnelle classique, ce dont s'était habilement prévalu Daniel Johnson, n'était pas sans potentiel. Sans innover sur la forme, sans une redéfinition de la nation obligée par la voie référendaire, Daniel Johnson agissait résolument. Les outils nous les avions !    

Un virage pas si facile. 
Des membres influents de l'exécutif du Parti Québécois durent intervenir pour obtenir un vote favorable. Malgré tout, 30 % des délégués, fidèles à l'approche de la voie parlementaire, en vigueur depuis 1968, année de la fondation du PQ (et, de fait, en conformité avec l'AANB depuis 1867 !) persistèrent dans leur opposition jusqu'à la fin. 

Il faut le rappeler, la voie référendaire, lourde de conséquences, a façonné le Québec pendant cinq décennies... et la suite nous attend. 

Quand la petite politique s'en mêle 
La voie référendaire venait en quelque sorte compléter la transition amorcée depuis que René Lévesque s'était opposé sans délai et avait dénoncé avec des mots très durs les propositions audacieuses de Daniel Johnson, lancées à la conférence constitutionnelle de février 1968. Un aspect fort important de la transition vers l'approche référendaire, pilotée en tandem par René Lévesque et Claude Morin, était de faire passer les Canadiens-Français (et Acadiens), peuple fondateur du Canada, à autant de minorités linguistiques provinciales. Les conséquences du fédéralisme territorial s'affirmant dans toute leur dureté contre un fédéralisme des nations, dont les Canadiens-Français auraient été les seuls à croire, au point de se duper. Johnson tentera, alors que le contexte lui était relativement favorable, de jouer le tout pour le tout. Il mourra prématurément après le croc-en-jambe de Lévesque. Va pour la petite politique en milieu colonial. 

En 1974, le référendum devait consacrer la rétrogradation : il troquait les droits nationaux légitimes revendiqués jusque-là, contre un destin "national" nouveau, dont la réalité devait apparaître dans tout son éclat à l'issue d'un référendum gagnant. Le pari était double. 
1- Il supposait la rupture du destin des Canadiens-Français du Québec avec ceux des autres provinces de l'AANB et des Acadiens. 
2- Il supposait aussi un ralliement tangible des Canadiens anglais du Québec à la québécitude, qu'il devenait impératif de rallier, de rassurer, voire de courtiser "pour la cause". Les Anglais du Québec devenaient nos co-nationaux québécois. Et un fédéralisme des nations au Québec, pourquoi n'y a-t-on jamais pensé ? 

Avait-on bien pesé la transaction ? Avait-on bien réfléchi au fait que nous choisissions les Anglais contre les C-F et les Acadiens ? Que le faire était de se conformer à la vision de P.E.Trudeau, soit de reléguer les C-F et les Acadiens au rang peu glorieux de francophones en situation minoritaire. 

Chez les souverainistes on se félicitait d'avoir réalisé le no. 1 (avec Trudeau aux commandes !), mais le no. 2 ne vit jamais le jour. Néanmoins, malgré deux échecs référendaires, qui démontrent le caractère fictif et purement déclaratoire d'une "nation québécoise", elle est entrée dans l'ordre du "politiquement correct", au rythme de l'exclusion, en marche inverse, de la nation historique, dont il est mal vu de prononcer le nom dans les médias.

* * * 


Pour prolonger la réflexion :

Notre approche réaliste pour sortir du marais
https://gilles-verrier.blogspot.com/2023/07/la-federation-des-canadiens-francais.html

Le référendum de 1995, une analyse canadienne-française
https://gilles-verrier.blogspot.com/2021/01/il-y-25-ans-le-26-septembre-1994.html

Pour un fédéralisme des nations au Canada 
https://canadiens-francais.com/pour-un-federalisme-des-nations-au-canada/


Affiche souvenir des 45 ans de l'étapisme.
En 2024, les 50 ans, où en serons-nous ? 


Robert Bryce, Al Johnson et Gordon Robertson, les trois fonctionnaires 
de haut rang à la racine de l'étapisme, entourent Claude Morin.
Ces
 hautes personnalités de l'entourage de P. E. Trudeau feront tout bonnement
leur devoir en suggérant à "au moins trois reprises" l'idée du référendum à
Claude Morin. Ce dernier s'en voudra de ne pas y avoir pensé lui-même. 




dimanche 4 juin 2023

Un défi existentiel ? Oui, mais lequel ?

La "québécitude" de la Révolution tranquille s'est emparée du nationalisme canadien-français pour le détourner et le détruire
L’impasse de l’identité québécoise a été reconnue dès 1980. En effet, six mois après le premier référendum, François-Albert Angers, qu’on cache aujourd’hui pour sa lucidité

vendredi 7 avril 2023

Les anglophones devraient être scandalisés par le traitement réservé par Trudeau au Canada anglais

Note de l'Éditeur : 

Faudrait-il approcher ces alliés objectifs pour leur proposer de travailler de concert en vue d'un fédéralisme des nations au Canada ? N. de l'éd.  Les caractères gras sont de nous. 

samedi 11 mars 2023

Sociologie de la nation et du peuple chez les Russes - identité - multiculturalisme

Thèse de doctorat de Titov (Londres, 2005) sur ethnogénèse et oeuvre de Gulaiev 
https://discovery.ucl.ac.uk/id/eprint/1446515/1/U602440.pdf
Voir aussi Substact de The Librarian pour oeuvres du sus nommé Gulaïev

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Textes de Valery Tishkov proposés ici - de 2004 à 2013 et de Alexander Nepogodin

lundi 6 février 2023

dimanche 8 janvier 2023

Canada - Ukraine - Un même mépris des réalités nationales

La parenté entre la question de l'Ukraine et celle du Canada

[m-à-j 8-01-23-17:07] 

Comme le Canada, l'Ukraine compte plusieurs communautés nationales dans ses frontières. C'est une donnée ethno-démographique de base que personne ne devrait négliger pour comprendre la situation

samedi 27 août 2022

Élections - Lionel Groulx voterait-il le 3 octobre prochain ?




Dans le dernier tome de ses mémoires, Lionel Groulx confesse que dans toute sa vie (mort à 89 ans, en 1967) il n’aura voté que deux fois.

lundi 30 mai 2022

Canada et Ukraine - Un même refus de reconnaître la diversité nationale

[Dernière m-à-j le 31 mai 2022, 11:47]
Le statut de la nation canadienne-française est celui d'une nation française en Amérique ( Conseil souverain - constitution de 1663 )

mercredi 30 juin 2021

Répudier le vol de notre identité et pousser le Canada à se trouver un autre nom

 Notre histoire est une épopée !


À l'occasion de la fête du Canada, ...mais lequel ?





J'en vois déjà plusieurs, incrédules, sourciller à la lecture de ce titre qui peut paraître des plus invraisemblable. Dans ce qui suit, je soutiens toutefois que si l'idée semble à ce point

mardi 22 juin 2021

Vive la Saint-Jean Baptiste ! Vive les Canadiens-Français !


Le 24 juin, Saint-Jean-Baptiste et fête des Canadiens-Français 

«En 1977, le gouvernement dirigé par René Lévesque proclame le 24 juin jour de la Fête nationale du Québec. Cette journée sera désormais ... la fête de toutes les personnes habitant le Québec » 

Cet extrait tiré du site de la Fête nationale reste silencieux sur le passage d'une fête populaire à une fête d'État. En omettant de rappeler les origines catholiques et canadienne-françaises de cette célébration, en négligeant de l'inscrire dans la continuité des fondateurs du pays, la proclamation de Québec s'appropriait une part du patrimoine charnel d'une nation antérieure à l'existence d'une province, crée en 1867.

vendredi 11 juin 2021

Les États généraux du Canada-Français, 1967-69 Vs le Sommet des francophonies, 2021

INTRODUCTION


Le sens du Sommet sur le rapprochement des francophonies canadiennes, du 12 au 17 juin 
Une perspective canadienne-française

Commençons par noter : il y a cinquante ans c’était le Canada-Français et ses États généraux, aujourd’hui ce sont les "francophonies provinciales".