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samedi 17 novembre 2018

Québec devrait réviser le financement des universités anglophones et réclamer des négociations constitutionnelles

L'Ontario vient de couper dans les services à sa communauté minoritaire de langue française. L'université de l'Ontario francophone écope. Sa création imminente, attendue depuis des décennies, est désormais abandonnée, voire compromise à jamais. Il s'agit encore d'une autre injustice.
[m-à-j le 18-11-2018 à 13:20]

Comment le Québec, foyer principal de la nation canadienne-française, devrait-il réagir ?


Québec devrait annoncer une révision du budget alloué à sa minorité de langue anglaise pour que ses efforts se situent dans la moyenne des efforts consentis par les neuf autres provinces pour l'éducation dans les langues minoritaires. Il est clair qu'un tel énoncé de principe conduirait à une baisse substantielle du financement des institutions d'enseignement anglophones au Québec. Selon le dossier du Mouvement Québec français, un financement universitaire selon le poids démographique représenterait le transfert d'un millard de dollars du secteur anglophone vers le secteur francophone, sans parler du secteur collégial. Les correctifs pourraient être échelonnées sur un certain nombre d'années pour en atténuer l'impact. De plus, ils n'entreraient en vigueur qu'après une mise à jour des études sur la question par les législateurs, de manière à couper court à toute accusation d'improvisation ou de parti pris. Un processus rigoureux qui tranche avec la désinvolture du gouvernement de Doug Ford, dont les mesures annoncées n'échappent pas aux soupçons d'improvisation et de parti pris.

Les Anglais accepteront-ils d'être traités en égaux ? 

Comme on peut s'y attendre, à l'annonce des intentions gouvernementales à cet égard, les anglos monteront au créneau et feront mauvaise presse au Québec jusqu'aux confins de la planète. Même s'il s'agit d'une égalité de traitement qui leur est proposée, les anglos s'y opposeront pour conserver le généreux traitement qui leur est accordé depuis 1763. Pour rappel, lors de l'opération « Mc Gill français » de 1969 il avait même été question de faire intervenir l'armée contre 10 000 manifestants.



Devant l'appréhension d'une telle levée de boucliers, le gouvernement sera certes fortement tenté de s'écraser. Et il le ferait probablement selon la tradition de l'État profond du Québec. Mais advenant qu'il soit vraiment déterminé, il pourrait riposter de manière originale à ce qui deviendrait vite une nouvelle crise des deux légitimités, en réclamant l'ouverture immédiate de négociations constitutionnelles sur la base de l'égalité politique des nations socio-historiques du Canada. Le scénario propulserait la question des nations au Canada au sommet de l'actualité nationale et internationale. 

Mais c'est devenu comme un interdit de soulever les injustices constitutionnelles du Canada. Pour le faire, il faudrait, grâce au PQ, le dire par le détour d'un référendum gagnant ! C'est donc quasiment une certitude de dire que le scénario évoqué plus haut ne se produira pas. Creusons un peu plus la question et voyons pourquoi les colonisés sont plus colonisés que jamais. 

Comment le Québec s'est rendu impuissant à réclamer des négociations constitutionnelles ?


Le gouvernement du Québec s'est rendu lui-même impuissant à surgir sur la scène constitutionnelle, le talon d'Achille du Canada. Mis à part les deux référendums et les négociations de 1981, dirigées par deux clowns, le Québec a gaspillé son rapport de force par la doctrine des gouvernements successifs du Parti québécois qui ont toujours insisté sur deux choses.
1) Le gouvernement du Québec représente TOUS les Québécois et ne doit pas se permettre de représenter les intérêts de la majorité francophone, même si il est élu par elle.
2) La deuxième considère que les droits exceptionnellement généreux, en fait les privilèges, accordés à la minorité anglophone constituent des « droits consacrés ».
Il est pourtant clair que les droits des anglophones au Québec apparaissent comme la reconduction dans le temps des droits des vainqueurs d'une guerre de pirates. Inversement, les droits des francophones dans les autres provinces prennent l'allure d'une maigre pitance accordée aux vaincus. La « québécitude » a décidé de fermer les yeux là-dessus. Elle a fermé les yeux sur les survivances du colonialisme en affirmant, notamment dans le cadre de la Loi 99, que les privilèges coloniaux constituent des « droits consacrés », ne tenant aucun compte du fait que ces « droits » ont été imposés par la violence.

Ce sont là deux aspects particulièrement délétères de la québécitude qui a fait du Québec un prisonnier impuissant de la constitution de 1982. C'est le résultat d'une dérive péquiste de cinquante ans. Le Québec se trouve désormais sans munitions quand vient le temps de défendre les droits nationaux de la nation canadienne-française.

En s'efforçant de représenter TOUS les Québécois, le Parti québécois, et les gouvernements qu'il a formés, sacrifiaient un droit fondamental, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. En accréditant la thèse des « droits consacrés », il renonçait à la lutte contre les survivances du colonialisme. Voilà les causes profondes de l'effondrement du mouvement national depuis cinquante ans. 


*   *   *  

POURSUIVRE LA RÉFLEXION 


L'Opération McGill ou Mc Gill français, en mars 1969

La manifestation est un succès mais les résultats sont un échec. Les gouvernements successifs du Québec ne corrigeront pas les injustices du colonialisme qui sont enracinées dans notre histoire. 
Rappelons que, pour qui en douterait, le PQ s'était complètement dissocié de la manifestation Mc Gill français. L'apparat démocratique de « gouverner pour TOUS les Québécois » a toujours été l'annonce d'une gouvernance vouée à la préservation du déséquilibre entre les nations du Québec. C'est pour cette raison que le PQ a toujours écarté de ses rangs ceux qui voulaient toucher au statu quo de l'État profond. Les premiers noms qui me viennent à l'esprit sont ceux de Pierre Bourgault, Yves Michaud, Patrick Bourgeois, etc. 

Quarante ans après la fameuse manifestation, dans un article du Devoir, un commentateur, écrira :  
  • Raymond Saint-Arnaud - Abonné 29 mars 2009 14 h 17


    Une aberration
    Il existe au Québec un scandale systémique et récurrent : alors que la population anglophone du Québec est de moins de 10 % de la population totale, les collèges et universités anglophones du Québec reçoivent 26 % des subventions gouvernement du Québec et 40% des subventions gouvernement du Canada . Ce qui revient à dire que les universités francophones ne reçoivent pas la juste part qu'elles devraient avoir. Le Québec finance lui-même son assimilation à l'anglais.
    Et au collégial, plus de la moitié des allophones vont au Cégep anglais.
    Pour une question de justice envers la majorité, il est grand temps que le réseau
    d'enseignement anglophone au Québec ne soit subventionné qu'au prorata de la proportion de véritables anglophones au Québec, et ce à tous les niveaux : primaire, secondaire, et surtout aux niveaux collégial et universitaire.
    À quand une action concertée des souverainistes et des nationalistes québécois pour contrer cette aberration?
    Et maintenant, cinquante ans après la manif, Jean-Paul Pereault du mouvement Impératif français s'oppose contre l'enseignement de la médecine en Outaouais se fasse sous l'autorité de l'Université Mc Gill.
    Le président d’Impératif français espère que le nouveau gouvernement de la Coalition avenir Québec réagira afin que « les francophones qui veulent étudier uniquement en français » puissent le faire à la faculté satellite de médecine de l’Outaouais, qu’ils arrivent du cégep ou non.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Reste que un déficit de 14 milliards $ en Ontario. Qu’est-ce qui ce passe la, dans la province moteur?
Et que cette province retourne aux sources et s’en prenne aux canadiens français, cela insulte autant que ça ne s’explique pas. Je serais curieux de savoir le budget consacré aux réfugiés et immigrants.