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La stratégie machiavélique du fédéral pour mettre en échec la menace des Canadiens-Français : référendum et langues officielles

Le 16 novembre 1974, il y 50 ans, l'accession de la souveraineté par la voie référendaire était adoptée. Disons qu'il y a 50 ans ça...

mercredi 10 mars 2021

Notes pour l'émission - En 60 minutes avec Céline Lebel - 11 mars 2021 19h30 - Radio Infocité sur le WEB

[Première édition 12h50, m-à-j  20h23 et 22h22]

Les Canadiens-Français et la géopolitique des grandes puissances

Le présent texte traitera de la rivalité entre la Chine et les États-Unis. Il mettra dans ce contexte la place du Canada et le conflit intérieur qui l'oppose à la nation canadienne-française. 
Avant d'être communiste, la Chine est un état constitué depuis plus de 3000 ans. Par rapport à la Grèce ou l’Égypte modernes, qui n’assument souvent leur riche passé que pour des motifs touristiques, c’est un trait nettement plus visible en Chine d’actualiser les grandes figures de son armature nationale. La Chine serait donc un État-civilisation de longue évolution, dont il existe peu d’autres exemples sur la planète. Confucius, Mencius, Sun Tzu y sont toujours étudiés.
 
La chine compte 55 sites inscrits au patrimoine mondial de l'humanité alors que le Canada en compte 20. Mais ce qui est plus intéressant c’est que le Canada refuse de signer la Convention sur le patrimoine immatériel de l’humanité. C'est, on s'en doute, pour des raisons politiques puisque cela pourrait, entre autres inconvénients, mettre à nu le chauvinisme d’Ottawa qui refuse la reconnaissance officielle de la nation minoritaire canadienne-française. Du coté de la Chine, on compte 47 inscriptions à ce titre, dont l’acupuncture et le Taichi. Mais, fait remarquable, plusieurs des inscriptions se rapportent au patrimoine culturel des minorités nationales reconnues, dont, incidemment, le peuple Ouïghour.
En 1400, la Chine avait construit des bateaux plus grands que ceux dont disposeront les Européens 200 ans plus tard. Elle était matériellement capable de parcourir le monde et possiblement de s’installer en Amérique. Elle a certes fait du commerce avec les pays environnants (les Chinois sont des commerçants) et fréquenté le littoral de contrées plus éloignées comme l'Inde, sans toutefois y établir de colonies. Elle a toutefois mis fin à ces explorations au grand large assez vite. La Chine s’est plutôt consacrée à la construction de 20 000 km de murailles sur sa frontière nord, travaux poursuivis sur environ deux millénaires. Qu’est-ce que cela montre de la nature chinoise ? Essentiellement un manque d’appétit pour l’expansionnisme mais un souci constant de protéger son intérieur contre les invasions. 
En revanche, nous savons que ceux qui ont parcouru les sept mers pour y établir des colonies sur tout le littoral océanique sont les Européens, parmi lesquels les anglo-saxons remportent certainement la palme. Ce qui m’amène à expliquer une chose qu’il devient en même temps facile de déduire. Si le Parti communiste a tant d'ascendance en Chine c'est d'abord parce qu'il était nationaliste et anti-colonialiste. Il a débarrassé la Chine de l'envahisseur japonais et de l'emprise des puissances européennes. La même chose s'applique d’ailleurs pour les partis communistes du Vietnam et de Corée, qui ont fait leur marque en repoussant les envahisseurs étrangers, français, japonais, américains... 
Donc, en Chine, le communisme est d’abord chinois et depuis Deng Tsiao Ping un régime d’économie mixte. Le capitalisme peut y prospérer mais la fortune, même celle d’un milliardaire comme Jack Ma (Alibaba), ne procure aucun tremplin pour influencer la vie politique du pays. Jack Ma a même été mis en résidence récemment pour s’être mêlé de ce qui ne le regarde pas aux yeux du système chinois. Ceci contraste avec un Bill Gates dont la fortune donne accès à toutes les tribunes médiatiques pour influencer les politiques nationales et globales. Le communisme chinois est soudé à un patriotisme enraciné, mais il veille également à une stricte séparation des pouvoirs économiques et politiques. Pendant ce temps-là, chez-nous, on veille à la séparation des pouvoirs politiques et religieux. Ici, on se soucie nettement moins qu'en Chine de la collusion entre le capital et la politique... 
On l’a vu, la Chine est un pays qui ne renie pas ses traditions sauf, toutefois, avec l'intermède dramatique et sanglant de la révolution culturelle prolétarienne, qui, de 1966 à 1976, a été en quelque sorte le moment gauchiste ou «woke» de la Chine, avec le renversement des monuments et des oeuvres historiques, dans une quête de création idéaliste d’un homme nouveau. 
De manière générale, le Parti communiste chinois, et du reste ceux d’Asie, a différé des partis communistes d'Europe et de Russie du XXè siècle, dont la très importante composante juive, parfois majoritaire à la direction, en faisait des partis nettement plus internationalistes, exportateurs de la révolution sur tous les continents. 

De manière plus particulière, la Chine d’aujourd’hui diffère beaucoup des pays jeunes. Elle diffère singulièrement du Québec où l’on a rejeté ce qu’on appelle notre « mémoire longue » d’à peine trois cents ans, sous les incitations de Pierre Elliot Trudeau, pour qui les références à un passé traumatique et diviseurs devaient être mises derrière nous et oubliées pour accéder à la modernité. Des prescriptions que réalisa en quelque sorte la révolution tranquille. C’est un attrait pour l’amnésie collective qui ne semble pas sévir en Chine. Étudier Confucius ou Sun Tzu en Chine, pourrait pourtant avoir son équivalent au Québec. 

Toute proportion gardée, ne faudrait-il pas mettre entre les mains de nos écoliers des œuvres comme celles de Samuel de Champlain et de Lionel Groulx ? Mais on a statué que le Québec moderne, celui formé dans le creuset des référendums, était celui qui méritait notre plus grande attention.

Toute société organisée établit naturellement une forme de délégation de pouvoirs. Peu importe les continents et les époques. Ces constructions humaines sont toutes marquées par l’imperfection, mais l’histoire nous montre que des régimes de types différents peuvent bien fonctionner quand ils sont dirigés par des élites majoritairement vertueuses ou, si l’on préfère, non dépourvues de sagesse. 
Par exemple, la féodalité a connu des périodes enviables avec la tripartition des pouvoirs, une architecture pourtant coiffée par une couronne. En ce sens, ce n’est pas tant la monarchie qui pose problème que la qualité du monarque et de son entourage. 
Le Canada est perçu comme une démocratie mais on rappelle rarement que le premier ministre Justin Trudeau a été élu par le vote direct de seulement 25 900 électeurs aux élections de 2019. Il se concentre pourtant entre les mains de ce seul homme une rare quantité de pouvoirs et de prérogatives par rapport à ce que l’on voit dans les autres pays du monde. Le président des États-Unis lui-même ne dispose pas de tant de pouvoirs, une chose qui est devenue très évidente au cours du récent mandat de Donald Trump.
On pourrait qualifier les États-Unis, comme le Canada, de médiacraties. Martine Ouellet, Maxime Bernier, ou pour prendre une exemple plus ancien, un Réal Caouette ne pouvaient accéder au pouvoir car ils ne pouvaient avoir le soutien des médias. Et du reste, tout observateur sérieux a compris que les vagues électorales sont elles-mêmes poussées par des vagues médiatiques. 
La Chine est une méritocratie, une sorte d’aristocratie qui ne se transmet pas par le sang. Le système démocratique universel s’applique au niveau local et de la communauté. On monte sur le premier barreau de l’échelle par la délibération et l’élection. C’est à partir de là que l’ascension vers des responsabilités plus grandes et les sommets peut commencer. Nul ne peut percer en politique s’il n’est pas d’abord un leader reconnu par sa communauté. La méritocratie n’est pas basée sur l’argent et l’influence médiatique, même si, naturellement, on ne peut exclure totalement leur interférence. 
Je poursuivrai brièvement, si le temps le permet, au cours de l'émission "60 minutes avec Céline Lebel" sur la situation et les perspectives économiques comparées des États-Unis et de la Chine. Alors que la Chine a sorti 600 millions d’êtres humains de la pauvreté, les États-Unis voient les écarts économiques se creuser. L’érosion de la classe moyenne au profit des ultra riches se traduit par un accroissement préoccupant de la pauvreté. 
Trump était plutôt hostile à la Chine, Biden serait plus nuancé, mais les faucons du lobby militaro-industriel sont à la manœuvre pour continuer à justifier les milliards de dollars qu'ils ne veulent pas se faire enlever afin de poursuivre la militarisation du monde, dont l'encerclement de la Chine. Il n'est pas étonnant de voir une partie des soutiens de Donald Trump travailler à la détestation de la Chine (et de la Russie) en pourrissant tous les contentieux (réels ou fabriqués) pour empêcher l'apaisement des relations internationales. Un jeu très dangereux. Évidemment, on ne peut traiter correctement de tout ça sans aborder la guerre de l’information livrée contre la Chine sur les cinq dossiers qui concernent ses zones frontalières et sa périphérie : les Ouïghours, Hong Kong, le Tibet, Taïwan et la mer de Chine méridionale.

Il est aussi à considérer qu'il sera bien difficile à Klaus Schwab de boucler la boucle de la gouvernance mondiale unipolaire et centralisée sans mettre fin à l'indépendance de la Chine, de la Russie ou de pays comme l'Iran, qui représentent un monde multipolaire nettement plus générateur d'espoirs, modérés à ce stade, qu'un totalitarisme sans opposition. 

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