Premiers Canadiens issus de Nouvelle-France, nous réclamons un statut national avec les droits et les protections qui s'appliquent aux minorités en vertu du droit international. Comme nation historique et culturelle nous réclamons la reconnaissance nationale interne et le retour à l'unité politique, détruite par les politiques de division et de provincialisation mises en place ou ignorées par Ottawa. Abonnez-vous au blogue. Visitez notre site internet : https://canadiens-francais.com
Conformément à la demande de Notre-Seigneur à sainte Marguerite-Marie Alacoque, le Sacré-Cœur trône majestueusement au milieu de notre drapeau national.
Dans son Encyclique sur la consécration du genre humain au Sacré Cœur, publiée le 25 mai 1899, Léon XIII écrit ces remarquables paroles: « A l'époque où l'Église, toute proche de ses origines, était accablée sous le joug des Césars, un jeune empereur aperçut dans le ciel une croix qui annonçait et qui prépara une magnifique et prochaine victoire. Aujourd'hui, voici qu'un autre emblème béni et divin s'offre à nos yeux. C'est le Cœur très sacré de Jésus, sur lequel se dresse la croix, et qui brille d'un magnifique éclat au milieu des flammes. En lui nous devons placer toutes nos espérances; nous devons lui demander et attendre de lui le salut des hommes. »
Ce Labarum, il flottait, par un privilège tout spécial, sur le ciel du Canada, dès les premières années de notre colonie. De toutes les dévotions qu'on retrouve au berceau de la Nouvelle-France, celle qui a pour objet le Coeur de Jésus, compte parmi les plus solides et les plus populaires.
Quelques apôtres, envoyés par la Providence sur nos rives, s'étaient appliqués à la faire fleurir. Au premier rang, la Thérèse du Nouveau-Monde, Marie de l'Incarnation. Favorisée, bien avant l'humble Visitandine de Paray, des faveurs du Sacré Cœur, elle s'emploie ardemment à propager son culte. Puis, c'est le premier évêque de Québec, l'ami du vénérable Jean Eudes, Mgr de Montmorency-Laval; c'est la pieuse Hospitalière, Catherine de Saint-Augustin; ce sont les missionnaires et les martyrs de l'époque: Lejeune, Ragueneau, Brébeuf, Lalemant. Une note trouvée parmi les papiers de ce dernier, après sa mort, nous révèle les motifs qui l'avaient poussé à demander les missions canadiennes. Avant tout, c'est le « contentement », qu'il veut donner au « Cœur sacré de Jésus-Christ », de « faire adorer son nom et étendre son royaume ».
Sous l'impulsion de ces apôtres, la dévotion au Sacré Cœur s'introduit dans les familles. Plutôt privée, confinée au foyer durant le XVIIe siècle, elle s'étend et devient culte public dès le début du XVIIIe .
En 1716, une pieuse confrérie est fondée sous le nom d'Association du Sacré Cœur. Elle a son centre dans la petite chapelle du monastère des Ursulines. Le registre où s'inscrivent les noms des associés contient ceux de l'évêque, Mgr de Saint-Vallier, des membres du clergé séculier et régulier, des familles les plus distinguées du pays. Et chacun tient à prouver, par des actes, que son adhésion n'est pas un vain geste.
C'est ainsi que « chaque fête, écrit l'abbé Lindsay, avait un nombre choisi d'adorateurs. Dès le jour de l'an, arrivait au pied de l'autel Pierre de la Vérandrye, avec sa femme Anne-Louise Daudonneur du Sablé. A Pâques, venait à son tour le chevalier de Repentigny; à la Fête-Dieu, M. Thomas-Jacques Taschereau; le jour des Morts, M. de Rigaud, marquis de Vaudreuil; le jour de l'Immaculée Conception, M .Daniel Liénard de Beaujeu; le jour de Noël, M. Joseph-Henri de la Gorgendière. Quant à Mme Denys de la Ronde, ayant sans doute plus de loisir que son mari, elle s'engageait pour honorer le Sacré Cœur, à faire une heure d'adoration tous les premiers vendredis du mois. Souvent encore les mères venaient en compagnie de leurs filles: Mme Charlotte de Ramesay, avec ses filles Marguerite, Charlotte et Louise; Mme de Longueuil et ses trois filles, la baronne de Bécancour et ses enfants. Les jeunes filles formaient aussi des groupes choisis; Thérèse Hertel de Rouville, Thérèse Duchesnay, Thérèse de Beaujeu et Thérèse Hertel de la Fresnière consacraient à honorer le Sacré Cœur le jour de leur patronne sainte Thérèse. »
Accroissement de la dévotion
Le père Victor Lelièvre, ardent prédicateur du Sacré-Cœur.
Implantée dans le sol canadien par les constructeurs mêmes de la colonie, la dévotion au Sacré Cœur y est toujours demeurée enracinée. Un peu ébranlée durant les premières années qui suivirent la conquête, elle reprit peu à peu, sous l'action de différents événements, sa vigueur primitive.
En 1873, ce sont les évêques, qui, assemblés en concile, invitent les populations à se consacrer au Cœur du divin Maître. Leur mandement collectif détermine un magnifique mouvement.
En 1886, c'est un pieux religieux jésuite, le P. Jean-Baptiste Nolin, qui entreprend par tout le Canada une véritable croisade. Sa parole originale et ardente enrôle, en moins de trois ans, 166 348 fidèles dans l'Apostolat de la Prière. Fort de ce premier succès, il lance, en 1889, le projet de la consécration des familles au Sacré Cœur: 41 000 lui répondent. Les signatures de leurs chefs respectifs, inscrites dans un livre d'or, sont envoyées à Toulouse et de là à Paray-le-Monial.
Dès lors le culte cher à nos pères ne fait que se développer et s'organiser. Il a bientôt ses confréries, ses ligues, ses organes, il a ses apôtres et ses chefs de groupe, il a ses manifestations et ses victoires.
Depuis quinze à vingt ans principalement — tout observateur attentif de notre vie religieuse a pu le constater — il pénètre dans les différents domaines où se meut notre existence, il les assainit et les vivifie.
Aucun ne lui échappe. C'est d'abord le foyer. Le Cœur de Jésus en devient le Protecteur officiel, le Maître, le Roi unanimement reconnu. Son image est mise à une place d'honneur ordinairement à l'entrée de la maison, au-dessus de la porte. Souvent aussi une statue orne l'une des pièces intérieures. C'est à ses pieds que la famille se réunit pour la prière du soir.
En même temps qu'au foyer, le Sacré Cœur règne à l'école. Quelle maison d'éducation, quelle classe même ne lui rend pas un culte spécial ? Le matin, les élèves lui consacrent ensemble leur journée, puis, d'heure en heure, ils lui offrent leurs différentes actions: messe, communion, chapelet, travaux, actes de charité, lecture de piété, mortifications, visites au saint Sacrement, oeuvres de zèle, souffrances, récréations, victoires sur leurs défauts; ils les marquent assidûment sur une feuille qu'ils déposent, à la fin du mois, dans une corbeille: c'est la pratique salutaire du Trésor du Cœur de Jésus. Elle tient l'âme unie intimement à Notre-Seigneur, fidèle à ses devoirs de chaque instant.
Culte social et national
De la famille et de l'école, la dévotion au Sacré Cœur a pénétré dans l'usine, l'atelier, le magasin. Elle a débordé naturellement de la vie privée dans la vie professionnelle. Ce furent d'abord quelques cas isolés. Nous connaissons un industriel, ancien ministre fédéral et ancien maire de Montréal qui, en 1901, consacrait solennellement sa manufacture au Sacré Cœur et y installait sa statue. Le mouvement, cependant, ne commença à se généraliser qu'en 1905. Un apôtre au cœur de feu, le P. Lelièvre, oblat de Marie-Immaculée, en fut l'initiateur. Il visita, cette année-là, comme prélude de son action, vingt-huit manufactures, et gagna à sa cause huit cents ouvriers, premières recrues du magnifique bataillon chrétien que tout le Canada connaît maintenant sous le nom d'ouvriers du Sacré Cœur. Enrôlés sous la bannière du divin Maître, ils ne voulurent plus travailler que sous son regard protecteur. Et c'est ainsi que sa statue fut mise à une place d'honneur dans un grand nombre d'usines et d'ateliers.
D'autres paroisses suivirent l'exemple de Saint-Sauveur. Le geste plût à des hommes qui n'y étaient pas d'abord disposés, quand ils connurent son heureuse influence sur les travailleurs. Des protestants mêmes le favorisèrent dans leurs usines. Ils ne se comptent plus actuellement, à Québec, à Montréal, aux Trois-Rivières, à Chicoutimi, à Lévis, dans tous les centres industriels de la province, les établissements où le Sacré Cœur est publiquement honoré.
Comme son culte avait passé naturellement de la vie de famille à la vie professionnelle, ainsi passa-t-il de celle-ci à notre vie sociale et nationale. Que d'actes, depuis quelques années, témoignent de cette pénétration profonde et sûre. C'est le mouvement en faveur du drapeau Carillon Sacré-Cœur; c'est la consécration à ce Cœur divin de plusieurs associations, parmi les plus représentatives de la race et d'un grand nombre de villages et de villes, fiers de se donner à lui par la voix de leurs chefs civils, et d'élever en son honneur, sur une de leurs places principales, un superbe monument.
On dirait vraiment que le culte du Sacré Cœur a presque atteint chez nous son apogée. Il est bon, cependant, quand une occasion nous y invite, de revenir sur telle ou telle étape d'un chemin victorieusement parcouru, afin d'élargir et de fortifier les bases que nous y avons établies. Ainsi l'exige la stratégie spirituelle aussi bien que la stratégie militaire.
Cette occasion, des événements extérieurs nous la fournissent actuellement. Notre devoir est d'en profiter.
Reprenons donc la mentalité et les traditions de nos aïeux, des constructeurs de notre nationalité. Considérons-nous d'autant plus tenus à servir Dieu que notre position est élevée et notre influence étendue. Quelques familles le comprendront d'instinct. Puisse leur empressement à se consacrer au Sacré Cœur entraîner les autres, et assurer ainsi le règne social de Notre-Seigneur Jésus-Christ en terre canadienne!
-R.P. Joseph-Papin Archambault, S.J. Les Familles au Sacré Cœur. Oeuvre des Tracts : l'Action paroissiale, n.12. 1924. Pp. 1–16.
Le Carillon-Sacré-Coeur : Qu’il flotte fièrement sur les Canadiens français
Extrait d’un document intitulé « Saint-Étienne de Bourges et le Fleurdelysé-Sacré-Coeur » envoyé par Guy Boulianne au Curé-Archiprêtre de Bourges Joël Massip le 11 novembre 1997. Le document intégral sera éventuellement publié avec des pièces justificatives.
« Car là où est ton trésor, là sera aussi ton coeur » (Matthieu VI, 21)
Sait-on aujourd’hui que le Québec réalisa ce que le Christ demanda au roi Louis XIV par l’intermédiaire de Sainte Marguerite-Marie Alcoque ? Sait-on que le Sacré-Cœur flotta sur le drapeau du Québec jusqu’en 1948 ?
Du traité de Paris jusqu’au début du XXe siècle, le drapeau britannique (Union Jack) flottait en vainqueur sur tout le Canada. Ce drapeau rappelait aux Canadiens français qu’ils étaient un peuple conquis. Mais ceux-ci n’oubliaient pas leurs origines. Des comités de citoyens actifs à Québec et à Montréal faisaient la promotion d’un drapeau national qui leur serait propre.
En 1902 le curé de Saint-Jude, Elphège Filiatrault, hissa pour la première fois sur son église un drapeau bleu portant une croix blanche et des fleurs de lys obliques pointant vers le centre.
Cette croix blanche apposée sur l’ancienne bannière de France ne constitue pas une modification aussi importante qu’on peut le croire généralement. En effet, lorsque Charles VII monta sur le trône de France¹, il ajouta au Fleurdelysé la croix blanche des Armagnacs défenseurs de la cause royale vis-à-vis des Anglais. Ces derniers avaient adopté cette croix blanche pour signe de ralliement, en opposition à leurs ennemis, en s’inspirant du lambel d’argent figurant dans les armes du duc d’Orléans. De leur côté, les Anglais arboraient la bannière de Saint-Georges, blanche avec une grande croix rouge.
La croix blanche demeura très longtemps sur les drapeaux, aussi bien sur le grand étendard des archers de Charles VII que sur celui des gardes françaises sous Louis XV. Une très curieuse ordonnance de Louis XIV en date du 9 octobre 1661 rappelle que « l’ancien pavillon de la nation française est la croix blanche dans un étendard d’étoffe bleue avec l’écu des armes de Sa Majesté sur le tout ». On voit donc par là que le drapeau de l’abbé Filiatrault ne rompait pas avec l’ancienne tradition française.
Dès l’année suivante, la société Saint-Jean-Baptiste adopta ce drapeau et ajouta en son centre l’image du Sacré-Cœur de Jésus. Il fut connu sous le nom de « Carillon-Sacré-Cœur », parce qu’il s’inspirait d’une vieille bannière présumément utilisée en 1758 à la bataille de Carillon.
Au milieu des années quarante, une campagne bien orchestrée par les sociétés Saint-Jean-Baptiste et l’Ordre de Jacques-Cartier s’amorce en vue de doter le Québec d’un drapeau distinctif. À l’Assemblée législative, le député René Chalout se fait le porte-parole du mouvement. Le 19 mars 1947, il présente une motion invitant le gouvernement à hisser au mât de son Hôtel un drapeau « qui symbolise les aspirations du peuple de cette province ». En janvier 1948, des échanges ont lieu entre Chalout et le premier ministre Maurice Duplessis. Ce dernier veut évaluer les réactions des nationalistes à l’ajout d’un emblème au centre du drapeau, là où se trouvait encore le Sacré-Cœur.
Finalement le drapeau sera adopté par le gouvernement québécois en tant qu’emblème national le 21 janvier 1948, date anniversaire de la décapitation du roi Louis XVI ! Le premier ministre annonça aux députés que le Conseil des ministres venait d’adopter un « arrêté en conseil » pour doter le Québec d’un drapeau « qui répond aux traditions, aux droits et aux prérogatives de la province ». L’arrêté décrète que le drapeau connu sous le nom de drapeau Fleurdelysé soit adopté comme emblème officiel de la province de Québec, et cela avec la modification ci-après, à savoir : que les lis soient placés en position verticale.
L’image du Sacré-Cœur fut retirée, mais le geste demeura gravé dans la mémoire des hommes et de Dieu. Ce que le roi n’avait su faire, les Canadiens français l’accomplirent avec une foi profonde : le Sacré-Cœur de Jésus régna durant 45 ans sur le peuple de la Nouvelle France ! En accomplissant ce geste, les Québécois signifièrent clairement qu’ils étaient les héritiers de la France et les gardiens de la foi chrétienne et du trésor sacré de Jérusalem. En adoptant le drapeau Fleurdelysé, la population
« exprima sa fidélité envers sa foi, sa langue et ses traditions ».²
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Sources et bibliographie : 1. Avant d’être sacré à Reims, Charles VII avait pris le titre de roi de Bourges. 2. Jacques Descheemaeker, La vérité sur le drapeau français, in : Mémoire de l’histoire, N°152, août 1962.
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