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Nous n'avons jamais eu besoin d'un pays !

Il faut réaliser qu'un référendum qui consulte deux peuples alors qu'il n'y en a qu'un seul qui revendique des droits est au...

mardi 19 août 2025

Nous n'avons jamais eu besoin d'un pays !

Il faut réaliser qu'un référendum qui consulte deux peuples alors qu'il n'y en a qu'un seul qui revendique des droits est au mieux une farce, au pire une fraude. La déclaration d'indépendance ou l'affirmation nationale du Québec, défendus par ailleurs comme des substituts au référendum, ne sont que d'autres diversions. On remarque d'ailleurs que toutes ces approches nantissent Québec de tous les espoirs d'une libération. Mais comment est-ce logiquement possible alors que le même État du Québec s'emploie à embrouiller les "droits des Québécois" avec les droits du peuple qui porte à lui seul des revendications nationales depuis deux siècles et demi ? Depuis la Révolution tranquille on a tout misé sur l'État du Québec, ignorant qu'il devenait de plus en plus plurinational par sa doctrine, comme l'illustre très bien la loi statutaire 99, adoptée en 2000. (1) En revanche, on a généralement ignoré qu'en droit international moderne c'est un peuple sans statut mais conscient de lui-même qui est porteur de droits, ce qui correspond au peuple canadien-français. Or, notre peuple sans statut au Canada, Québec compris, a cessé de revendiquer ses droits depuis que l'État du Québec s'est substitué à lui sans se soucier de reconnaître son existence.(2) En fait, Québec s'est employé (de concert avec Ottawa) à faire disparaître les Canadiens-Français pour construire un "peuple québécois" sur les ruines du peuple historique et fondateur. Entre temps les Canadiens anglais sont demeurés impassibles à la québécitude. La puissante minorité historique du Québec insiste, elle est d'abord et avant tout Canadian. Les Canadiens-Français sont donc les seuls à défendre l'identité québécoise qui les trahit. Ils ont été bâillonnés et mis en cage. Ils ont perdu toute autonomie politique. Pourquoi ? Pour l'amour des anglophones qu'il leur faut rallier. Il faut les rallier car les Québécois francophones ont besoin des "Québécois anglophones" pour rendre crédible l'identité québécoise en vue d'un pays dont les anglophones ne veulent pas entendre parler. Deux référendums ont verrouillé le statu quo constitutionnel. En réalité, au fil des décennies, les Canadiens-Français sont devenus les perpétuels dindons de la farce, entièrement manipulés, probablement le peuple le plus occulté d'Occident et le plus méprisé sur son propre sol. Son tort : il a refusé de défendre ses intérêts en tant que peuple. Ses élites ne l'aimait pas. (3)

Une trame sociologique crédible mais appauvrie par l'absence
de contexte politique éclairant.
Ainsi les défis sociologiques, considérables mais surmontables dans le cas
d'un minimum de bienveillance politique ou d'un sain conservatisme,
deviennent sous la plume de l'auteur une implacable fatalité.
Qui veut tuer son chien l'accuse de la rage !

Tout le paradigme de la question nationale issu de la Révolution tranquille est un échec objectif. Toute la stratégie et la politique étatique provinciale souverainiste est un vaste contournement de l'essentiel. Nous avons vécu un mélodrame qui a verrouillé le statu quo constitutionnel. Et on peut le voir plus clairement de nos jours : ce n'était jamais d'un pays dont nous avions besoin mais d'une reconnaissance statutaire robuste.
Nous avons besoin de droits constitutionnels pour garantir notre autodétermination interne avec des institutions dans des domaines de compétence à faire reconnaître Nous avons besoin d'institutions propres qui outrepassent les limites des provinces pour rétablir notre unité nationale et redonner du sens à la personnalité continentale de notre peuple. Nul besoin d'un séparatisme bi-national Made in Quebec pour être maître de nos institutions en éducation, en santé, en culture et partout dans nos champs de compétence essentiels et leur débordement naturel sur le plan international. C'est ce que réclamait à juste titre notre dernier grand premier ministre, Daniel Johnson : superposer au fédéralisme administratif des provinces un fédéralisme des peuples. Une formule où les Premières Nations ont déjà pris une confortable longueur d'avance sur nous. C'est donc que ça se fait !

S'il faut recommencer à formuler nos revendications auprès de Québec et d'Ottawa, il le faudrait certes, mais la cause de notre peuple doit se tourner davantage vers la scène internationale. C'est sous les projecteurs internationaux qu'il faut oser déployer nos énergies. Il faut s'adresser aux instances qui s'intéressent aux droits des peuples sans statut. Seuls des recours sur la scène internationale et, en particulier, devant les instances spécialisées de l'ONU, redonneront du tonus à une cause nationale héritée de la Conquête de 1760, un événement depuis lequel notre peuple souffre d'un déficit de moyens pour persister dans son être. C'est du sort de notre peuple dont il faut s'inquiéter et pas du Québec d'abord.

Nous sommes mûrs pour une prise de conscience adaptée à notre époque. Notre principal obstacle est le conformisme politique issu de la Révolution tranquille qui a eu tout faux sur la question nationale. La Révolution tranquille est responsable de la substitution des droits légitimes d'un peuple (sans oublier qu'elle a fait la promotion de son mépris !) au profit d'une imposture du tout à l'État, la québécitude.

Il faut se rendre compte que, de nos jours, le droit à l'autodétermination se traduit rarement par la formation d'un nouveau pays. Si c'était le cas, nous aurions bientôt 500 et peut-être même1000 pays de plus. En général, quand de nouveaux pays sont formés ce n'est pas à l'issue de processus démocratiques ou de référendums mais le résultat des manoeuvres de grandes puissances. Ce qui est effectivement vérifié dans les cas de la création du Kosovo et de la partition du Soudan. Chez nous, il faut plutôt se demander ce qui conviendrait le mieux pour rétablir la santé du peuple qu'on ne peut même plus nommer. Et pour cause, il est disparu sous le poids d'une ré-assignation identitaire générale réussie, orchestrée conjointement par Québec et Ottawa, découpée sur les contours de dix provinces. Ce dont nous avons besoin c'est d'une formule de fédéralisme qui réserve une place aux peuples comme l'avait justement revendiqué Daniel Johnson en octobre 1967.(4) Il faut voir les exemples de constitutions fédérales qui prennent entièrement ou partiellement les peuples pour assises, comme les cas de la Bolivie, de la Russie, de l'Allemagne, etc, par opposition au fédéralisme administratif doctrinaire du Canada. Il est vrai qu'une revendication d'indépendance s'accommode plus facilement de romantisme, même quand elle est reportée d'une génération à l'autre, même quand elle se passe de revendiquer la reconnaissance statutaire du peuple fondateur du Canada. Selon plusieurs, dont je suis, la cause du "Québec pays" ne se qualifie pas en droit international. En revanche, une réforme du fédéralisme prenant pour assises les Canadiens et les Acadiens est vraisemblablement recevable. Les Premières Nations pourraient être partie prenante. Nous avons là une approche moins clivante, plus pragmatique et plus prometteuse de résultats.

[Édition finale, le 20 août 2025 - 12:39]
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Le mouvement pour la reconnaissance des Canadiens et Acadiens est nationaliste, mais il se garde de tout chauvinisme. Ce mouvement n’est pas l’exclusivité de la Fédération des Canadiens-Français (FCF), mais il s’accorde avec tous ceux qui considèrent que les Canadiens-Français et Acadiens, peuples frères issus de Nouvelle-France, forment une minorité ethnique (sociologique et culturelle) privée de droits et d’institutions propres depuis le Traité de Paris de 1763. Pour la FCF, il y a un engagement à faire reconnaître cette minorité par la voie des revendications constitutionnelles, à lui garantir les protections qui s’appliquent aux minorités, et possiblement obtenir des réparations transitoires pour les injustices et les discriminations du passé, rejetant toute inclinaison revancharde.

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1. On s'attardera surtout au préambule de la loi pour la définition du peuple plurinational du Québec https://www.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/fileadmin/Fichiers_client/lois_et_reglements/LoisAnnuelles/fr/2000/2000C46F.PDF
2.  S'est substitué à lui tout en signant la fin de son existence propre, ne s'y référant plus que par le recours à des néologismes qui rappellent la province ou des périphrases : « Québécois francophones ».  
3. Au premier rang, les grands artisans de la Révolution tranquille et les deux hommes politiques les plus marquants du Canada et du Québec pendant quatre décennies (Pierre Elliot Trudeau et René Lévesque) détestaient les Canadiens-Français. C'est conjointement - mais pas forcément de manière délibérée - qu'ils vont travailler à la déchéance politique de leur peuple. 
4. Discours d'ouverture de Daniel Johnson, conférence constitutionnelle du 5 octobre 1967 https://www.sqrc.gouv.qc.ca/documents/positions-historiques/positions-du-qc/partie2/DanielJohnsonPere1968.pdf

lundi 11 août 2025

La cohésion sociale chez les animaux, le cas des singes et des loups

« Quand je travaillais au zoo, je n'appréciais pas beaucoup les singes. Ils étaient mignons, intelligents, mais souvent étonnamment méchants entre eux : trompeurs, sournois et destructeurs, voire violents.

« Pas TOUS les singes, bien sûr, mais certains.

C'est très humain.

Cages et culture

Les zoos reçoivent de nombreux singes de différentes sources et les mettent tous ensemble dans des cages – un peu comme nous mettons ensemble dans les villes des gens de tous horizons, brisant ainsi les liens sociaux et les cultures locales.

Chez les singes, les liens sociaux dans leurs tribus sont familiaux et une fois rompus, on obtient beaucoup de compétition et... euh... de méchanceté.

Les chimpanzés, avec qui nous partageons 98 % de notre ADN, suivent le même schéma. Euh… c'est l'évolution .

On observe le même phénomène chez d'autres animaux sociaux, comme les loups. Dans la nature, les meutes de loups sont des familles, mais dans les zoos, elles sont composées d'« individus » issus de milieux différents et subissent une forte concurrence pour le statut, ce qui conduit à la création de hiérarchies artificielles : « alpha », « bêta », « oméga ». La « famille » n'est pas une institution, ce sont des relations. »

Julian MacFarlane

À venir, comment la Hongrie a mis fin à l'immigration incontrôlée en dépit de son appartenance à l'Union européenne

La population de la Hongrie est comparable à celle du Québec, soit 9 500 000 habitants

Comment la Hongrie a mis en place des politiques d'immigration qui protègent l'intérêt national et le tissu social hongrois. 

À lire dans une prochaine publication.