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mardi 2 juin 2020

Belettes vibrantes 1 Politique du réel 0

Maintenant que le cinquième anniversaire de la mort de Jacques Parizeau est passé (1er juin), il redevient séant de parler du Monsieur sans en faire l'éloge. Pour réflexion, je vais laissé parler Christian Saint-Germain qui est à son meilleur pour décaper le veau d'or des
"belettes vibrantes" que sont les "souverainistes tranquilles". Dans L'avenir du bluff québécois, qu'il appelle un "livre de colère", "sans laquelle des vérités resteraient non dites", il déconstruit le culte à Parizeau. Cinq ans plus tard, la "légende dorée" du "nationalisme des perdants" se maintient à flot. Saint-Germain aura-t-il fait plus rire que réfléchir ? A-t-il lui-même voulu en flirtant avec le nihilisme qu'on ne le prenne pas trop au sérieux ? En tout cas, après la première manche : "belettes vibrantes" 1, politique du réel 0

Funérailles d'État 
(pp. 19,20,21)
« L'éloge funèbre n'en finit plus. On tâte du "grand serviteur de l'État" à toutes les trois phrases. [...] Cette exagération ne dénote pas seulement la dangereuse proximité entre le solennel et le ridicule, mais également et davantage l'incapacité des observateurs politiques à relier l'histoire récente du Québec aux conséquences désastreuses de l'action du célèbre machabée. »


« Chacun des commentateurs vante la finesse stratégique de Parizeau - l'homme manquait cruellement de jugement. Baudruche de la bourgeoisie canadienne-française [...] appuyant tour à tour la candidature d'un André Boisclair ou celle de l'intrigant Jean-Martin Aussant... Fin renard, on dit même qu'il avait prévu de soutenir les marchés financiers au lendemain de la victoire au référendum. Avant lui, on n'y avait jamais pensé au PQ ! Pas plus d'ailleurs que l'on avait songé à lui écrire un discours élégant pour la défaite de 1995. C'est d'ailleurs après le référendum perdu et dans un moment de sabotage caractériel typique des enfants gâtés qu'il décida de rentrer dans ses terres. »

« Bien qu'il ait lui-même dénoncé à grands cris le rôle "de l'argent et des votes ethniques" [...] personne ne prit sur le coup la mesure exacte des effets politiques incalculables de cette défection spontanée non plus que ses conséquences historiques permanentes. [...] moments de lucidité quant à la désignation des ennemis du peuple québécois, mais son pire geste face à l'Histoire. »

« Mais plutôt qu'à la manière de stratèges ou à celle de tacticiens, ils convièrent le peuple à rejoindre une démarche. Ils comptaient mimer la mise en mouvement du peuple dans l'histoire en se privant de toute tension dialectique et autres éléments indispensables à une dynamique d'émancipation. On ne reviendrait plus sur l'oppression économique ou l'humiliation linguistique. On se croyait déjà chez nous. Quarante ans après la loi 101, les ministres québécois de la Culture invitent encore les grandes chaînes commerciales à rester «courtoises» en ajoutant un ou deux mots français sous leur logo.»

« Souveraineté, « nouveau partenariat » allaient simplement ajouter quelque chose de plus à la Révolution tranquille. Il n'était déjà plus possible de faire comprendre au bon peuple que la Conquête l'avait privé de sa capacité de survie à long terme au sein du Canada. »

Addenda :
« de l'argent et des votes ethniques... »
Un lecteur demande : Combien d'années faudra-t-il aux multiculturaleux, pour reconnaitre que Parizeau parlant ''de l'argent et des votes ethniques’' disait simplement la vérité ?

Bien sût que Parizeau disait la vérité. Christian Saint-Germain le reconnaît. Mais, entre nous, vous vous souviendrez que la petite caste souverainiste s'est bousculée dans sa hâte pour prendre ses distances de Parizeau. C'est ça qui a fait mal : il n'a pas été défendu par les siens. Et Parizeau, lui, n'a pas jugé bon de rebondir pour se justifier et en remettre. Tenir tête. Après s'être démis d'un poste d'autorité d'où il pouvait encore agir avec envergure, il a fini par l'écriture de lettres au Globe and Mail et groupie d'Option nationale. 

Saint-Germain pointe du doigt le péché mortel des néo-nationalistes péquistes : 
"... rejoindre une démarche... en se privant de toute tension dialectique et autres éléments indispensables à une dynamique d'émancipation" (p. 21)

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