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mercredi 10 février 2021

Canadiens-Français : Sortir du commentaire politique et revendiquer notre existence statutaire

À Alexandre Cormier-Denis

Merci d’exprimer un accord global avec le portrait que je dresse. De plus en plus de gens s’accordent sur ce constat. Ceci dit je comprends bien les réserves et appréhensions que vous exprimez.

Vous avez sans doute raison de penser que le référendisme n’aurait jamais vu le jour sans la révolution tranquille. Il est aussi vrai qu’on ne peut réduire à une seule cause l’érosion continue du grand potentiel national qui arrivait à maturité vers 1967, un phénomène complexe qui s’étend maintenant sur plus d’un demi-siècle. 

Note au lecteur 
Voici mon commentaire paru sur le site Vigile.net en réponse à celui d'Alexandre Cormier-Denis - en réaction à l'article suivant  : 
https://vigile.quebec/articles/les-canadiens-francais-entre-independance-faussaire-et-deceptions-legislativ
Le même article se trouve sur ce blogue à l'adresse suivante : https://gilles-verrier.blogspot.com/2020/12/communique-la-federation-des-canadiens.html


Mais, à la fin du processus, une nation socioculturelle qui revendiquait le droit historique de maîtriser son destin s’est trouvée déplacée par une nation civique, plurinationale et multiculturaliste, jusqu’à exclure la première de toute reconnaissance statutaire. Une exclusion entérinée par la loi 99, je ne vous apprends rien.

Contrairement à la légende, l’État du Québec a toujours fait partie du dispositif de domination fédérale. Tenu par les griffes menaçantes du grand frère d’Ottawa, il s’est toujours arrangé pour éviter le conflit. C’est ce que le PQ a fait, à l’instar de tous les autres partis. L’identité québécoise devenue graduellement multiculturelle, plurinationale et chartiste, tout en se défendant de l’être, accuse sa subordination politique. Il faut se dire une chose, les gains que nous pourrions faire auprès de l’État du Québec seront toujours à son corps défendant, et ils ne se réaliseront que si nous l’assiégeons de l’extérieur comme s’il s’agissait d’un bastion à prendre. Autrement dit, les Canadiens-Français doivent se redonner du poids politique. 

D’apparence assez proche de la nation canadienne-française de 1960 à 1972, la nation québécoise, intrinsèquement plus ambiguë, car elle pouvait vouloir dire deux choses bien différentes, a fini par devenir ce qu’il fallait craindre : une nation dans laquelle se dissolvait la nation porteuse du projet de libération. Pour cette raison, on ne peut adhérer à l’idée qu’une existence politique distincte pour les Canadiens-Français est interchangeable avec l’identité québécoise. Il faut revenir à la clarté des enjeux.

Par ailleurs, la plupart des appréhensions que vous évoquez dans votre commentaire sont des obstacles surmontables ou, peut-être, un manque de compréhension de notre projet. 

Pourquoi dites-vous qu’un Africain ne pourrait pas devenir canadien-français après une ou deux générations ? Il ne faut pas prendre Canadien-Français comme figé dans le passé. Les Canadiens-Français ont pour bassin les Québécois francophones d’aujourd’hui, peu importe leur nation d’origine. Les premiers intéressés sont ceux qui réalisent que leur identité s’est perdue dans la construction d’une nation québécoise artificielle formatée sur des critères mondialistes. Il faut les rassembler en leur expliquant que nous demandons ce qui a été accordé à onze autres nations, en tenant compte bien entendu des différences qui s’appliquent. Nous avons encore le nombre qui nous évite un repli sur soi réactionnaire. Mais notre position est fragile. Et pour améliorer notre performance en tant que nation d’élection, nous devons accroître notre pouvoir d’attraction, ce qui ne peut se faire en définitive que par la puissance que nous projetons. Il faut donc s’affirmer. Et pour mieux le faire, il nous faut réclamer les protections accordées aux minorités, ceci tant que notre réalité politique sera d’abord configurée par notre appartenance au Canada. Ce type de revendication ne peut être mené à bien que par les Canadiens-Français organisés. J’y reviendrai d’ailleurs avec Céline Lebel à Radio Infocité, jeudi le 11 février à 19h30.

Selon moi, l’heure est venue de sortir du commentaire politique, autant que cesser de se constituer captif d’une allégeance partisane. En revanche, une action politique indépendante, authentiquement nationale et axée sur nos intérêts existentiels est très souhaitable. Notre proposition est claire et mobilisatrice. C’est une proposition qui pourrait devenir le poil à gratter de tous les acteurs politiques. Des élections sont prévues pour 2022 et d’autres échéances se présenteront, que ferez-vous ?

Extrait : 

« En l’état actuel, la poursuite de l’« expérience québécoise » mène ainsi à une totale assimilation. Il nous faut d’urgence exiger des changements statutaires majeurs. Au premier chef, obtenir une modification de la loi 99 (2000) de manière à ce que soit reconnue la nation canadienne-française, française de langue et de culture, et que lui soient accordés en conséquence droits, appuis et protection de la part de l’État du Québec.


Cette modification devrait prendre la forme d’un nouveau considérant :

CONSIDÉRANT l’existence de la nation canadienne-française, fondement du peuple québécois, nation de langue et de culture française, jouissant de droits consacrés issus du Canada de la Nouvelle-France, et notamment du droit d’aménager l’espace juridique, politique, institutionnel et public du Québec de manière à lui permettre de refléter son identité nationale, à pouvoir la transmettre et à la faire s’épanouir; »



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