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mardi 26 octobre 2021

Notre statut de peuple autochtone avant l'indépendance ? PET contre toute forme de nation...[citations]

Alors qu'un débat intéressé est habilement lancé pour savoir si Montréal a été dans le passé un territoire iroquois, même si la réponse est déjà connue, il n'est pas sans intérêt de revoir ce que pensait Pierre Elliott Trudeau des droits des peuples autochtones en 1969 : "Notre réponse est Non".

Le rejet des droits nationaux par Trudeau s'exprimera le plus souvent contre le nationalisme canadien-français, c'est connu, mais il s'exprima aussi avec beaucoup d'aplomb contre les droits collectifs des Indiens. Dans les deux cas, il s'est élevé avec véhémence contre le "chantage" en provenance des deux communautés. Doctrinaire, il aurait voulu que toutes les revendications en faveur de la reconnaissance statutaire et de droits collectifs (Canadiens-Français et Autochtones) se dissolvent dans une égalité de droits individuels. 

  

Ni autochtones ni Canadiens-Français.
"La réponse est Non !"

Dans un article de la revue L'Actualité d'octobre 1992, titré justement : Le chantage québécois, Trudeau lance dès le premier paragraphe :

Il y a 42 ans, commentant la politique au Québec dans le premier numéro de Cité libre, j'écrivais: "Le pays ne peut pas exister sans le Québec, pensons-nous. Donc, attention à nos susceptibilités... Nous nous fions à notre pouvoir de chantage pour affronter l'avenir... Nous sommes en voie de devenir un dégeulasse peuple de maîtres-chanteurs."

Pour ce qui est du "chantage" des Indiens, pas mieux, il s'exprimera sans détour le 8 août 1969 

... à Vancouver, il manifeste brutalement son impatience : « Les droits ancestraux, ça veut vraiment dire : "Nous étions ici avant vous, vous êtes arrivés et vous avez pris notre terre, et probablement vous nous avez roulés en nous donnant des choses insignifiantes en échange des immenses étendues de notre territoire, et nous voulons rediscuter tout cela !" et [...] notre réponse est Non ! » 

Trudeau était un inconditionnel des droits individuels. Une revendication fondée sur des droits collectifs lui faisait perdre patience. (1) 
Mais comme le lobbying des autochtones, commencé depuis l'Amérique méridionale dès 1968 était en pleine ascension (2), P.E. Trudeau n'avait pas d'autre choix que de céder partiellement aux revendications autochtones en 1982. 
Que se serait-il passé si les Canadiens-Français s'étaient déclarés eux-mêmes autochtones ? (3) Nul ne le sait ! Mais une Conquête allochtone s'est pourtant bien produite en 1759-1760.

Art. 35 (2), qui sont les autres ?

Le passé est le passé, mais l'article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982, donne, par le mot "notamment",  jamais expliqué, une chance aux Canadiens-Français de réclamer leur autochtonie avec les droits et protections considérables que ce statut accompagne. D'ailleurs, qui sont les autres après les trois peuples notés ?  Qui sont ces autres que le législateur n'a pas jugé bon de nommer explicitement ? Voilà une bonne question pour la Cour suprême ! (4)

Ne vaudrait-il pas mieux réclamer notre statut de minorité nationale autochtone si on veut avoir des droits collectifs un jour, avant qu'il ne soit trop tard.

___________

1. L'Impasse amérindienne Trois commissions d'enquête à l'origine d'une politique de tutelle et d'assimilation, Septentrion, 2010, p.481, Cité par René Fumoleau : Aussi longtemps que le fleuve coulera. La Nation dénèe au Canada, Septentrion, 1994, p. 407

2. Une première association scientifique internationale destinée à défendre les droits autochtones sur le terrain politique, l'International Working Group for Indigenous Affairs, fut fondée en 1968 par des anthropologues Scandinaves qui furent alors imités dans plusieurs pays occidentaux .

3. Autochtone veut dire gens d'ici, allochtone veut dire gens d'ailleurs.

4. En droit, on considère que le législateur n'ajoute pas de mots aux fins d'une esthétique purement stylistique.

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