Note au lecteur : Ce dossier est en cours de réalisation pour le site Les Canadiens-Français
à l'assaut du temps. Les dates des mises à jour successives seront indiquées au début. Un travail reste à faire pour établir les faits à partir de sources qui ne concordent pastoujours. Par exemple, dans le cinquième extrait, il est fait état de la fondation de dix collèges classiques entre 1765 et 1840, nous en avons trouvé six. Nous ne connaissons pas d'ouvrage qui retrace l'historique complet des collèges classiques et séminaires de l'Amérique française. Si vous avez des connaissances à ce sujet et que vous pouvez nous aider, l'appel est lancé.[M-à-j 30-10-2022] Ajout du Collège de Saint-Raphael de Montréal (1793) à la liste
[M-à-j 16-10-2022] Ouvrage trouvé https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/3035120
Une tradition qui a fait grandir la nation
Le Collège des Jésuites de Québec, 1635, détruit avec la Conquête (?)
Premier extrait :
Le Collège des Jésuites de Québec, fondé en 1635 et détruit lors du siège de Québec en 1759, constitue, de fait, le premier collège classique (Audet, 1971 : 373). Cependant, c'est le Séminaire de Québec, rebâti en 1765, avec son passionnat-externat de type séminaire-collège qui devient l'institution qui servira de modèle pendant près de deux siècles (Galarneau, 1978 : 16). Au début du XVIIIesiècle, on retrouve au Bas-Canada quatre collèges classiques : le Petit Séminaire de Québec, le Collège sulpicien de Montréal (1767), le Séminaire de Nicolet (1803) et le Séminaire de Saint-Hyacinthe (1811).
Source : http://www.1837.qc.ca/1837.pl?out=article&pno=n243&cherche=59
Deuxième extrait :
Inspiré de la philosophie humaniste de la Renaissance, le collège classique formera l’essentiel de l’élite canadienne-française, laïque et ecclésiastique, jusqu’au début des années 1970.
L’enseignement mettait l’accent sur le latin, le grec, les auteurs anciens, la philosophie, la religion catholique, les langues modernes et les mathématiques.
Source : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1171029/college-classique-education-quebec-histoire-archives
Troisième extrait :
Si l'on faisait une enquête dans les milieux de langue française du Québec, on verrait sans doute que la plupart de ceux qui détiennent le pouvoir, qu'il soit d'ordre politique, économique, religieux ou intellectuel — sont passés par le collège classique. On pourrait même dire de ceux qui sont nés avant 1950 qu'ils sont ou seront dans ce cas et que ce n'est que vers 1990 que la génération de ceux qui n'ont pas connu le collège ancienne manière sera au pouvoir. Il faudrait ensuite étendre cette hypothèse à tout le Canada français, c'est-à-dire à tous les groupes de Français canadiens de la Nouvelle-Ecosse aux Rocheuses.
Source : https://www.erudit.org/fr/revues/cdd/1979-n42-cdd0625/1016238ar.pdf
Quatrième extrait
Question de donner une profondeur historique
Il n'est pas inutile de rappeler que les « études classiques » ont été créées et mis au point par la Grèce hellénistique, acceptées et répandues ensuite par les Romains. Après s'être réfugiées dans les monastères chrétiens à la fin du monde antique, elles ont subi les étapes successives de la culture grammaticale et de la culture logique, avant que la renaissance ne les remette au premier plan de l'éducation.
Source : idem
Cinquième extrait :
Cette première période de 1635 à 1919 voit la fondation de 39 collèges. Ils sont répartis sur le territoire du Québec, de Chicoutimi et Rimouski à l'est, à Rigaud, Valleyfield et Aylmer à l'ouest. Les établissements se sont faits sans plan préconçu, au hasard des conjonctures et des volontés de ceux qui en ont pris l'initiative face aux besoins des populations. Durant cette période, on peut dire que chaque grande région, sauf la Gaspésie, a eu le sien. Les villes de Québec et de Montréal n'en ont eu respectivement qu'un et trois. Les régions les mieux pourvues sont celle qui va de Saint-Thérèse-de-Blainville à Saint-Jean-sur-Richelieu (13 collèges) et celle de Québec (7 collèges). Il s'agit toujours de collèges fondés durant cette première période. (...) Remarquons que 10 collèges ont vu le jour de 1765 à 1840, soit un à tous les sept ans et demi. Dé 1840 à 1919, il en naîtra un à tous les trois ans.
Source : idem
Sixième extrait :
La fondation des collèges en détail
... sur 38 collèges depuis la Conquête, 24 ont été fondés par le clergé séculier, un par les religieuses, un par les frères, les 12 autres par des communautés de religieux prêtres. Ces derniers venaient de France dans cinq cas et de Belgique dans un autre. Plusieurs institutions ont eu des laïques parmi leurs fondateurs, tel que celui de l'Assomption, qui a été créé par les docteurs Meilleur et Cazeneuve, aidés du curé François Labelle. Mais la direction effective en est restée au clergé. Certains collèges ont encore été fondés pout faire face à l'institution protestante qui venait ou qui était sur le point d'ouvrir. C'est le cas, par exemple, de Sainte-Thérèse-de-Blainville, de Chambly et de Chicoutimi. Enfin, 28 collèges sont des pensionnatsexternats et 10 des pensionnats seulement. Ce qui veut dite que, sauf à Québec et à Montréal, à peu près tous les élèves étaient pensionnaires. C'était la seule possibilité en province, puisque les moyens de transport et les conditions du climat ne permettaient pas qu'il en fût autrement.Source : idem
Septième extrait :
Entre 1920 et 1939, vingt neuf maisons d'enseignement sont fondées.
De ce nombre, dix-huit collèges s'ouvrent dans les deux grandes villes, dont 10 à Montréal et 8 à Québec. C'est donc un net redressement pour corriger la pauvreté qu'accusait jusque là les deux grandes villes. Autre aspect lié à ce phénomène, c'est que sept collèges sont des externats, tous ouverts à Montréal (5) et à Québec (2).
Source : idem
Quatorze des 19 collèges fondées durant la crise 1929 - 1939 sont des collèges de filles.
Huitième extrait :
Les Franco canadiens qui étaient déjà établis hors du Québec ou qui s'y sont installés ont voulu avoir leur collège classique. Les Acadiens de la Nouvelle-Ecosse et du Nouveau-Brunswick ont eu, entre 1854 et 1963, 13 collèges en tout, dont un en Nouvelle-Ecosse et 12 au Nouveau-Brunswick; l'Ontario en a compté 9, entre 1848 et 1953; les provinces de l'Ouest, 8 entre 1867 et 1953, dont 3 au Manitoba, 2 en Saskatchewan et 3 en Alberta. A l'instar du Québec, tous les collèges ont été l'oeuvre des clercs, surtout des religieux père, tels que les eudistes, les clercs de Sainte-Croix, les jésuites et les oblats. Il n'y eut que 4 collèges de filles, dont trois au Nouveau-Brunswick et un en Ontario. Aux Etats-Unis, où l'émigtation fut beaucoup plus forte et constante, à partit du deuxième tiers du XIXe siècle, qu'en Ontario ou dans les provinces de l'Ouest, les Ftanco américains auraient dû normalement fonder plusieurs collèges. Il n'y en eut pourtant que deux, dont un seul a été ouvert par des Canadiens français à Bourbonnais (Illinois), en 1867, l'autre étant une fondation de religieux venus de France. D'une part, on peut penser que les énormes efforts qu'il leur fallait déployer pour soutenir des écoles primaires à leurs propres frais, tout en payant pour les écoles publiques, ont empêché les parents d'avoir des collèges. D'autre part, la proximité du Québec, dont les villes étaient bien reliées par chemins de fer aux villes américaines du Nord ont poussé les Franco américains à envoyer leurs fils au pays d'origine, dans les collèges de Montréal, de Saint-Hyacinthe, de Nicolet et de Marieville notamment, où les curés de paroisses américaines avaient fait leurs études.
Source : idem
L'existence de collèges classiques dynamiques et bien soutenus, institutions d'enseignement de niveau supérieur, était indispensable pour assurer la pérennité des communautés canadiennes-françaises de la diaspora.
Neuvième extrait :
À Montréal, le collège SaintRaphaël est fondé en 1773. Il est détruit par un incendie en 1803. En 1806, les sulpiciens inaugurent un petit séminaire pour le remplacer.
Source : https://www.usherbrooke.ca/apprus/fileadmin/sites/apprus/documents/conferences/Conference_colleges_texte-ChristineHudon.pdf
Dixième extrait :
... au début du XIXe siècle, des collèges ruraux commencent à voir le jour. Le premier d'entre eux est fondé à Nicolet en 1803. En 1805, 1811 et 1827, les curés Cherrier, de Saint-Denis, Girouard, de Saint-Hyacinthe, et Painchaud, de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, ouvrent des écoles semblables à celle de Nicolet. En 1825, leurs confrères de Sainte-Thérèse et de Chambly font de même. Le curé de l’Assomption, appuyé par la notabilité locale, en particulier du médecin Jean-Baptiste Meilleur, met aussi sur pied un petit collège en 1832. Tous ces établissements sont fondés dans des paroisses relativement prospères. Les curés les financent grâce aux revenus confortables que génèrent leurs cures.
https://www.usherbrooke.ca/apprus/fileadmin/sites/apprus/documents/conferences/Conference_colleges_texte-ChristineHudon.pdf
Onzième extrait :
La vie quotidienne au fil du temps et, comme la vie tout court, au fil des progrès techniques et des tâtonnements de la science.
À bien des égards, le collège des années 1950 a peu à voir avec celui de 1810. Sur le plan architectural et sur celui des espaces de vie, de grandes transformations ont touché les collèges. Les premiers collèges du XIXe siècle voient en effet le jour dans de très modestes bâtiments. Ce sont par exemples des maisons de bois reconverties à un nouvel usage. Ces bâtiments rudimentaires sont bientôt remplacés par des constructions plus grandes et plus élaborées de briques ou de pierres grises. Les collèges de la seconde moitié du XIXe siècle et ceux du XXe siècle sont entourés de jardins, avec des sentiers et de grands arbres. Plusieurs sont ceinturés de murailles, de clôtures, de grilles ou de haies très denses qui protègent l'établissement et ses habitants des visites impromptues et des regards curieux. Ils ont aussi pour effet de limiter le territoire et l’horizon des pensionnaires. Ils ont des façades monumentales, des clochers, des tours ou des colonnes. À l’intérieur, les corridors sont souvent très larges, les escaliers, imposants. Certains comportent plusieurs ailes ou pavillons qui témoignent des agrandissements opérés au fil des années.
Les collèges du tournant du XXe siècle sont aussi plus confortables : l’éclairage au gaz puis à l’électricité enlumine désormais les pièces. Grâce au chauffage central, les dortoirs sont devenus plus tempérés, le réveil, au matin, un peu moins pénible, et le froid ne vient plus amoindrir la concentration des élèves dans les salles d’études et les classes. L’espace s’est organisé, s'est spécialisé, s'est compartimenté tout en révélant et en affirmant, notamment par le biais du mobilier et des ornements architecturaux, les hiérarchies internes. Dans les collèges, il y a en effet des lieux pour dormir et manger, d’autres pour prier, étudier et s’amuser; certains sont réservés au personnel enseignant, d’autres aux religieuses ou aux domestiques chargés des travaux d’entretien. Les entrées, les couloirs et les locaux sont organisés de façon à limiter le plus possible les contacts entre les pensionnaires et les élèves externes. 4 Au tournant du XXe siècle, l'influence du courant hygiéniste se fait aussi sentir dans les collèges. À cette époque, des médecins dénoncent les mauvaises conditions sanitaires dans lesquelles vivent plusieurs élèves et dessinent les préceptes de l’hygiène scolaire. Leur campagne de sensibilisation ne vise pas à faire disparaître l’internat, mais plutôt à le moderniser et à le rendre plus fonctionnel, d’une part, en pointant les dangers qu’il fait peser sur la santé et l’épanouissement physique et moral de la jeunesse, d’autre part, en suggérant toute une série d’aménagements susceptibles d’accroître la salubrité des lieux. L’hygiène au dortoir, à l’étude, au réfectoire et en récréation du Dr E.-F. Panneton contient par exemple diverses prescriptions. Il promeut le sport, la pratique mensuelle du bain en hiver, son usage hebdomadaire en été, le lavage des cheveux, des oreilles et des ongles, une bonne posture pour l’étude et une alimentation saine, du moins selon les critères de l’époque. Ainsi invite-t-il à consommer des desserts qui facilitent la digestion et à boire du café, « breuvage de ceux qui se livrent aux travaux intellectuels ». L’ouvrage incite également les directions à doter leurs établissements d’un éclairage efficace, d’un système de chauffage au bois, considéré comme particulièrement salubre. Il les exhorte à s’assurer que les lieux de travail et de repos soient bien aérés et que le mobilier scolaire soit confortable et adapté à la taille des élèves.
Source : idem
Douzième extrait :
Autre changement qui touche les collèges : tandis qu'au début du XIXe siècle, les classes sont assez hétérogènes sur le plan de l'âge des élèves, ce n'est plus le cas à la fin du XIXe siècle. Voyons l'exemple du collège de Montréal. Au début du XIXe siècle, l’amplitude des âges y est remarquablement étendue, comme l'a bien montré Ollivier Hubert. En 1826, le petit George F. Bigelow, élève à l’école française, n’a que 5 ans. À l’autre extrémité de la pyramide, Antoine Perrier, étudiante en philosophie, a 24 ans. À l'instar des institutions similaires qu'on retrouve alors en Europe, le collège de Montréal n’a pas en charge une étape de la formation scolaire, mais un groupe d’étudiants.
Source : https://www.usherbrooke.ca/apprus/fileadmin/sites/apprus/documents/conferences/Conference_colleges_texte-ChristineHudon.pdf
13e extrait :
Au XIXe siècle, Sainte-Marie, un collège jésuite fondé à Montréal en 1848, compte, en plus de ses pensionnaires, une bonne proportion d’externes; au XXe siècle, quelques institutions n’accueillent que des externes. Le premier d’entre eux, le collège André-Grasset, création sulpicienne, ouvre ses portes en 1927. Dans sa foulée, d’autres externats sont créés dans les années qui suivent.
Source : idem
14e extrait :
Un phénomène typiquement montréalais ?
Une autre caractéristique qui change avec le temps : la conception que l'on se fait du cours classique et la place que ce cours occupe dans ce que l'on appelle les collèges classiques. Ainsi, au tournant du XIXe siècle, le collège de Montréal des Sulpiciens qu'a étudié Ollivier Hubert offre trois types de formation : « école anglaise », « école française » et « école latine ». À l’école anglaise, on enseigne les matières suivantes : « lecture, écriture, orthographe, les règles de commerce, la tenue de livres »; il s’agit donc de ce qui sera appelé plus tard un « cours commercial ». L’école française, quant à elle, offre un programme constitué de « lecture en latin et en français, écriture, calcul, premiers éléments de la langue française ». Ce programme deviendra plus tard « préparatoire » au cours classique, mais durant la période étudiée, seule une minorité de ceux qui fréquentaient l’école française entrait effectivement par la suite à l’école latine.
Source : idem
15e extrait :
Le collège classique pour garçons constitue par ailleurs une expérience initiatique marquante qui contribue, notamment, à l'acquisition de la norme virile. Institution homosociale et catholique, le collège prépare les jeunes garçons à la vie adulte en les soumettant à un régime de vie et à une discipline stricts, quoique que cette discipline s'assouplisse un peu avec le temps, surtout après les années 1930. Le collège diffuse un discours sur la masculinité qui insiste tout particulièrement sur la quête de la pureté et sur le contrôle des pulsions. Les critiques de cette institution, de plus en plus nombreuses dans l'après-guerre, remettront en question le contenu des programmes, jugés mal adaptés aux besoins de la société d'accord. Des voix se feront aussi entendre pour souligner que le collège pensionnat est porteur d'une conception sexiste des rapports de genre.
Source : id.
16e extrait :
Dans le débat sur l'éducation, et plus précisément sur l'enseignement collégial, on fait souvent allusion aux collèges classiques. Certains en ont la nostalgie, d'autres semblent persuadés qu'il reste un ultime effort à faire pour en éliminer jusqu'au souvenir.
Ne faut-il pas plutôt se demander: que pouvons-nous, que devons-nous retenir de cette tradition pour le bien des étudiants d'aujourd'hui et de demain?
[...]
«À la Renaissance, les collèges des jésuites, qui inspirèrent plus tard l'école républicaine, et qui exerceront une si grande influence sur l'éducation en Occident, enseignent les humanités qui visent avant tout à donner à l'étudiant une formation intellectuelle humaniste. Montaigne, à la même époque, soutient qu'il faut former le gentilhomme, non l'homme d'aucun métier ni d'aucune époque. La Logique de Port-Royal, livre qui forma de grands savants, dont Pascal, reprend la même thèse: «On se sert de la raison comme d'un instrument pour acquérir les sciences, et on se devrait servir, au contraire, des sciences comme d'un instrument pour perfectionner sa raison... Les hommes ne sont pas nés pour employer leur temps à mesurer les lignes, à examiner les rapports des angles, à considérer les divers mouvements de la matière. Leur esprit est trop grand, leur vie trop courte, leur temps trop précieux pour l'occuper à de si petits objets; mais ils sont obligés d'être justes, équitables, judicieux dans leurs discours, dans toutes leurs actions.»
Source : http://agora.qc.ca/documents/college--les_colleges_classiques_par_helene_laberge
17e extrait :
La formation
Former et éduquer : deux mots que l'on considère généralement comme synonynes. L'étymologie nous suggère toutefois une distinction qui mérite considération. Éduquer vient du latin educare qui veut dire nourrir; dans le verbe former, l'idée de forme, par opposition à matière, est manifeste. Nourrir et donner une forme, ne sont-ce pas là les deux grands buts de l'école?
On retrouve ces deux buts dans les collèges classiques. La nourriture, sous sa forme symbolique, est d'abord assurée par le local; en classe, l'âme de l'enfant est nourrie par les modèles: les génies, les héros et les saints, de même que par les exemples de générosité et de courage.
Pur bien saisir l'importance de la notion de forme, il faut l'opposer au concret, au vécu, à l'immédiat. Dire d'un texte littéraire ou d'un raisonnement mathématique qu'il est beau, qu'il a une belle forme, qu'il est bien structuré, c'est dire la même chose. Vue sous cet angle, la forme est indépendante du contenu. Quant à ce dernier, s'il est actuel, sensationnel, près du vécu, il retiendra l'attention de l'élève, il la captivera même, mais en la détournant de la forme, qui est pourtant le but visé. D'où dans la grande pédagogie classique, le caractère peu accrocheur des contenus.
Voici à ce propos le témoignage de Victor Barbeau, l'auteur d'un délicieux petit livre qui raconte, entre autres scènes de la vie quotidienne montréalaise, la vie d'un collégien du début du siècle.
«Dans notre formation, il n'entrait rien de nos expériences d'enfant.[...] En classe, nos maîtres tiraient pudiquement le rideau sur les petitesses et les bassesses de ce monde.»
«Ils ne nous laissaient respirer que la vertu, l'héroïsme, les actions d'éclat, Le Cid, Polyeucte. Et c'est tant mieux. Nous habitions un univers où les crimes eux-mêmes avaient de la grandeur, de la puissance. Nous pleurions sur Antigone, Oedipe, Andromaque, Esther, sans soupçonner qu'une heure viendrait où nous sangloterions sur Yseut, Bérénice et Phèdre. En ménageant ainsi notre sensibilité, le cours classique en a, en définitive, étendu le champ et prolongé la fraîcheur. Tout le monde nous restait à découvrir, à palper, à savourer. La moindre brindille allait nous émerveiller.»(4)
Lionel Groulx, en 1914, alors qu'il était encore professeur au collège de Valleyfield, dira aux membres du congrès de l'enseignement secondaire qu'il faut donner «la vraie culture formelle de l'esprit et non pas la seule culture matérielle, si nous tenons aux têtes bien faites plutôt qu'aux têtes bien remplies.»
Les niveaux d'enseignement
Au Québec, le lien entre le secondaire et le collégial, puis entre le collégial et le secondaire, soulève des problèmes graves et complexes. Pourrions-nous nous inspirer du passé pour résoudre ces problèmes? Voici en tout cas comment Joseph Melançon évoque les solutions anciennes: «Le cours classique a toujours été un cours secondaire. Il n'a jamais eu la prétention, si ce n'est dans les dernières années, de préparer les élèves aux disciplines universitaires.» (5)
Le maître
Des textes anciens dont le contenu importait peu, des héros aux vertus surannées, une discipline rigoureuse, souvent austère; quant au reste, la forme, la forme, toujours la forme, jamais de vécu! Comment des adolescents pouvaient-ils s'épanouir dans un pareil climat ? En classe, il y avait des maîtres qui, souvent, surtout au cours de la première époque des collèges, étaient présents auprès de leurs élèves, même pendant les heures de récréation. Voici l'opinion de Joseph Melançon sur la question.
«Derrière cette structure, il y avait cette ancienne conception de la didactique qui était fondée sur l'apprentissage. L'élève commençait par imiter le maître en le regardant travailler et en répétant ses gestes. On formait ainsi des peintres, des musiciens, des maçons. Mais aussi des avocats, des notaires, des comédiens, des chirurgiens, des philosophes.» (6)
L'émulation
Le maître avait la responsabilité de l'émulation. Il était à la fois l'arbitre et l'entraîneur des équipes dans les joutes intellectuelles qui, selon Claude Galarneau, soutenaient l'ensemble du système classique.
«Les éducateurs de la Renaissance avaient trouvé le moyen de faire tenir ce système par l'émulation. Ils croyaient que cette conception valait mieux que la crainte, la menace ou les châtiments. Stimuler l'enfant, entretenir chez lui une tension perpétuelle, il n'y avait rien de mieux pour l'inciter au travail et pour contrôler l'acquisition des connaissances. Toute la vie au collège dans ses pratiques pédagogiques a donc été soutenue par ce puissant aiguillon. On divisait les classes en deux camps, romain et carthaginois, ou grec et romain, dont le premier du clan vainqueur était nommé imperator pour un mois, avec des consuls, des censeurs, des tribuns et des sénateurs. [...] Les premiers dans les humanités ou la philosophie avaient l'insigne honneur de copier leur version ou leur dissertation sur les registres de l'académie» (7).
Les Grecs employaient le mot Eris pour désigner ce que nous appelons émulation. Ils distinguaient la bonne Eris de la mauvaise. C'est la bonne Eris qui correspond précisément à ce que nous nommons émulation; la mauvaise Eris, à cause de la démesure qu'elle enferme, correspond à ce que nous appelons compétition, du moins lorsque nous donnons un sens péjoratif à ce terme. Ajoutons que dans l'émulation, c'est l'amour de la perfection qui importe, la comparaison avec les autres étant secondaire, tandis que dans la compétition, c'est la comparaison qui est au premier plan.
L'art d'écrire
Au début du siècle, l'enseignement du français dans les collèges a connu une métamorphose qui pourrait bien être l'explication ultime de certains problèmes actuels.
Jusqu'alors, apprendre à écrire avait toujours été le premier but de l'enseignement du français. D'où l'importance de l'imitation des grands maîtres et celle du par coeur; d'où aussi le peu d'importance du contenu des textes. Ces derniers n'étaient qu'un prétexte pour apprendre à écrire. Tout commença à changer à partir de 1920, comme le rappelle l'historien Claude Galarneau.
«Avec la dissertation s'achève la mutation de la rhétorique: il ne s'agit plus d'essais ou d'imitations d'oeuvres à faire, mais de commentaires. Cet exercice, désormais souverain, a troqué l'imitatif pour le descriptif et le critique. Ce n'est plus un discours littéraire mais un discours sur la littérature. La rhétorique scolaire est une rhétorique de la dissertation. C'est sans aucun doute le changement le plus radical et le plus important qui soit survenu dans l'enseignement des humanités, où la fonction critique de la littérature a remplacé sa fonction poétique.» (8)
La fonction critique a remplacé la fonction poétique! N'est-ce pas aussi ce qui s'est passé dans les arts et dans les moeurs? Et n'est-ce pas là, au coeur du cours classique, que s'est produit le changement qui, par ses conséquences heureuses et malheureuses, nous aide le mieux à comprendre l'école actuelle?
Notes
(1) Dires, Volume 11, Numéro 1, Printemps 1993.
Ce numéro de Dires, publié par un groupe de professeurs du Cégep de Saint-Laurent, est consacré entièrement à l'enseignement collégial et comporte trois articles très éclairants sur les collèges classiques.
(2) Mgr Wilfrid Lebon, Histoire du collège de Sainte-Anne-De-La-Pocatière, Charrier et Dugal Ltée, Québec, 1948.
(3) Ibidem
(4) Victor Barbeau, La Tentation du passé, Ressouvenirs, Montréal, Les Éditions La Presse, 1977.
(5)Dires, Volume 11, Numéro 1, Printemps 1993.
(6) Ibidem.
(7) Claude Galarneau, Les collèges classiques au Canada français, Montréal, Fides, 1978.
(8) Ibidem.
Source : id.
18e extrait :
Le collège classique est unique [...] il a préparé pendant des siècles l'élite sociale et intellectuelle du Québec aux études supérieures.
Collège des Jésuites
Bien que le collège n'ait pas survécu à la conquête britannique de 1760, son héritage est resté. À la fin du XIXe siècle, il y a 19 collèges classiques au Canada français, tous réservés aux garçons. Le premier collège classique pour les filles est fondé en 1908. En 1966-1967, il y a un nombre record de 98 collèges classiques au Québec. À peine quelques années plus tard, une grande réforme du système d'éducation fait disparaître la quasi-totalité de ces écoles...
Elles sont remplacées par les CEGEPS
Jusqu'à leur disparition, les collèges classiques demeurent, pour les étudiants canadiens-français, la seule porte d'entrée aux études universitaires.
La voie royale vers des études supérieures.
[...]
Puisque la direction et le personnel enseignant des collèges sont des membres du clergé catholique, le programme s'inspire beaucoup de religion et de littérature. À l'instar des premiers collèges de tradition jésuite, les étudiants y apprennent le latin, le grec, les auteurs anciens, les langues modernes, la philosophie, les mathématiques et la religion. On considère que ces disciplines favorisent le développement intellectuel et spirituel de l'étudiant.
Source : https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/college-classique
19e extrait : (Christian Rioux) (commenté)
Lorsque fut levée la première pelletée de terre du pavillon Casault de l'Université Laval, on prévoyait y accueillir des centaines de séminaristes. [...] Lors de son inauguration en 1960, il n'y avait pourtant plus assez de vocations pour remplir le premier étage de cet imposant bâtiment en forme d'église conçu par l'architecte Ernest Cormier.
Avec si peu de vocations, comment les institutions religieuses pourraient-elles faire face à l'arrivée des baby-boomers à l'école? La question taraudait alors tous les responsables religieux du Québec qui régnaient en maîtres sur les écoles et les hôpitaux. «Dans les années 60, on recrutait encore, mais c'était trop peu trop tard, explique E. Martin Meunier, sociologue des religions à l'université d'Ottawa. Le clergé lui-même s'apercevait qu'il ne pourrait pas répondre à la demande. Il n'y avait ni assez d'argent ni assez de ressources.»
Fallait-il pour autant faire moins en qualité avec plus de ressources ?
Depuis une décennie, les écoles de rangs, les collèges professionnels, les écoles de métiers et même le cours classique débordaient de partout. Personne ne suffisait plus à la tâche même si Duplessis avait construit plus de 3000 écoles, même si les budgets venaient déjà à 80 % de l'État et malgré la professionnalisation des 60 000 religieux québécois qui avaient souvent étudié à l'étranger. [...]
L'explosion était inévitable, dit Meunier. «Dans les années 50, on critiqua d'abord l'ordre clérical. Il s'agissait d'une charge générationnelle. Ensuite, on créa de nouvelles institutions. Mais, il y avait de la continuité dans cette rupture. On a assisté à une réappropriation des valeurs catholiques au service de la nation québécoise. C'est pourquoi la révolution a été tranquille. La plupart des pays qui ont vécu une transition aussi radicale ont connu une guerre civile.»
Pas trop clair...
Un concordat implicite
Au Québec, le clergé laisse aller ses institutions sans trop résister en échange de la préservation des écoles confessionnelles. Tel est le concordat implicite qui unit le clergé au nouvel État québécois.
Nouvel en quoi ?
La transition est d'autant plus douce qu'une partie du clergé est influencée par les thèses personnalistes venues de France et défendues notamment par le philosophe Emmanuel Mounier. Celles-ci mettent l'accent sur l'individu plus que sur l'institution. Ces idées influencent aussi bien Pierre Elliott Trudeau que Camille Laurin en passant par Pierre Vadeboncoeur, Claude Ryan ou Guy Rocher. Elles auront un effet majeur sur le concile Vatican II qui s'ouvre en 1962.
Emmanuel Mounier, intéressant, mais est-ce complet à titre d'influence ?
«On ne comprend pas la Révolution tranquille si on ne comprend pas que le personnalisme fut une sorte de visa idéologique permettant de renverser le cours des choses, dit M. Meunier. Si la critique était venue de l'extérieur, le combat aurait été plus long, plus dur et plus féroce. Le corps clérical devient alors un aidant, un animateur... un peu comme les enseignants d'aujourd'hui!»
Pour l'historienne Lucia Ferretti, l'héritage personnaliste compte beaucoup moins que le nationalisme traditionnel de l'Église et son profond engagement communautaire. «L'Église a épousé la société de type communautaire, dit-elle. C'est pour ça que le nationalisme lui allait comme un gant. Ce n'est pas un hasard si la plupart des groupes communautaires nés dans les années 60 viennent de groupes paroissiaux et diocésains.»
S'agit-il des JEC et JOC, scoutisme, 4 H ?
Toujours est-il que de nombreux religieux se disent alors que l'essentiel est de s'engager, peu importe si ce n'est pas dans l'Église. La porte était ouverte à l'hémorragie des clercs qui commença véritablement en 1970. Nombre d'entre eux trouveront justement à s'engager dans les nouvelles polyvalentes et les cégeps qui les attendaient impatiemment.
L'aspect de la société de consommation n'est peut-être pas suffisamment pris en compte
Une réforme «à la hache»
On travaille dans l'urgence.
Quelle urgence ?
La réforme de l'éducation sera menée «à la hache», selon l'expression du frère mariste Jean-Paul Desbiens (le frère Untel). «En 1960, on ne sait pas trop ce que l'on veut. Il y a des volontés diverses et contradictoires», explique le sociologue Jean Gould qui est un des rares chercheurs à avoir systématiquement interviewé les réformateurs de cette époque. Membre de la commission Parent, Jeanne Lapointe est inspirée par l'école française. Elle veut un cours classique pour tous. Mgr Alphonse-Marie Parent, qui préside la commission, est un jésuite qui a dirigé l'École de pédagogie de l'Université Laval. Il admire plutôt les collèges américains. Jean-Paul Desbiens, qui participera à la création des polyvalentes et des cégeps, est un frère en révolte contre le monopole du cours classique. Spécialiste du psychologue Jean Piaget, il est particulièrement ulcéré par l'interdiction faite pendant longtemps aux frères d'enseigner la philosophie.
Depuis deux décennies, il se crée des écoles partout au Québec. Les clercs vont étudier aux États-Unis et en France d'où ils rapportent la pédagogie de «l'école active», fondée moins sur les notions que sur les habitudes acquises. Ces thèses sont diffusées au Québec dès la fin des années 1930. «Il ne faut pas seulement réfléchir, il faut vivre», écrivait en 1922 Adolphe Ferrière, l'un des théoriciens de cette école de pensée.
«Le rapport Parent fut la conclusion de 25 ans de pratiques réformistes, dit M. Gould. Il fallait rationaliser et tout repenser en fonction des besoins du Canada français qui gaspillait son capital humain.» M. Gould ne nie pas la nécessité d'en finir avec les écoles de rang, les 2000 commissions scolaires et l'université réservée aux seuls diplômés du cours classique. «C'est ce qui nous a permis d'éviter le drame américain où les écoles des centres-villes sont devenues des ghettos de pauvres et de Noirs», dit-il.
Il déplore néanmoins le triomphe d'une vision technocratique qui a fait disparaître dans ce malstrom de grandes institutions, comme l'École du meuble de Montréal, qui avait participé à la renaissance intellectuelle du Québec dans les années 1930 avec le peintre Paul-Émile Borduas. Au lieu des polyvalentes de 1500 élèves proposés dans le rapport Parent apparaissent des tours de Babel de 3000 ou 4000 élèves. Cinquante ans plus tard, la polyvalente de Saint-Jérôme compte toujours 3000 élèves. «Critiquer la Révolution tranquille, ce n'est pas s'opposer à l'assurance maladie, dit Gould. C'est s'opposer à un système technocratique qui impose les impératifs de la gestion partout.»
Artisan de ces réformes, Jean-Paul Desbiens fut paradoxalement un des premiers à critiquer certaines de leurs conséquences négatives, au premier rang desquelles il mettait la dégradation de l'apprentissage du français, de l'histoire et de la géographie, sans oublier l'absence d'évaluation et de sanction pédagogique des élèves. «Il y a plus de gens qui ont des diplômes, mais il n'y en a pas plus qui ont une culture humaniste, ajoute M. Gould. C'est même une culture qui n'existe plus, comme la culture scientifique qui a été noyée dans la culture technique.» Des critiques qui ressemblent à celles adressées à la dernière réforme des programmes, réalisée en 2000. Pour M. Gould, le ver était déjà dans la pomme en 1960.
Le procès d'une génération
«Je ne suis pas certain qu'il faille imputer les problèmes actuels de l'école à la dynamique de la Révolution tranquille, réplique le sociologue Jacques Beauchemin. Si la société québécoise est paresseuse sur le plan intellectuel, si on n'a pas beaucoup développé la culture de l'effort, ce n'est pas à cause de la Révolution tranquille, mais de ressorts collectifs et culturels plus profonds qui ne sont pas uniquement québécois. Il est nécessaire d'interroger ce qu'on a construit collectivement depuis 50 ans, mais il serait aberrant de ne pas voir le caractère principalement positif de ce qui a été fait. Je suis hostile à la thèse qui fait de la Révolution tranquille un phénomène de génération, comme si les baby-boomers s'étaient payé tout ce qu'ils voulaient et qu'ils laissaient derrière eux un champ de ruines. Ce genre de procès est futile.»
L'influence de la culture américaine de l'après guerre, incluant le cinéma d'Hollywood dominé par les Juifs n'est-il pas sous-estimé ici ?
Cinquante ans plus tard, l'école québécoise semble toujours en crise, et la pratique religieuse a presque disparu. Selon M. Meunier, contrairement à l'époque de la Révolution tranquille, on assisterait aujourd'hui à une véritable sortie du religieux. «Pendant la Révolution tranquille, la culture catholique a continué à faire partie de l'identité québécoise, dit-il. Aujourd'hui, la particularité catholique est de moins en moins une caractéristique identitaire.» Reste à savoir, se demande le chercheur, si le Québec est encore capable d'avoir une identité distincte sans la moindre référence catholique.
Difficilement, les Québécois attaché à une identité diversitaire sont des anglo-saxons qui parlent français.
Source : https://www.ledevoir.com/politique/quebec/296599/les-grands-mythes-de-la-revolution-tranquille-3-des-colleges-classiques-aux-polyvalentes
20e extrait :
Le collège classique au XIXe siècle demeure conforme au modèle de l'institution hybride qui voit le jour au lendemain de la conquête. C'est lorsque le séminaire de Québec prend la relève du collège des Jésuites en 1765 qu'est créé le type du «séminaire-collège», où sont admis aussi bien les candidats aux professions libérales que les vocations sacerdotales. Cette mesure dictée par les circonstances sera appliquée par la suite à chaque nouvelle fondation jusqu'à l'époque moderne. Même si elle déroge aux prescriptions du droit canonique3 , cette structure est préservée, car elle sert efficacement les vues de l'Église québécoise, qui entendait être bien présente à tous les niveaux de la société.
Tout comme les collèges latins de la France au XVIe siècle, les collèges classiques du Québec sont créés pour combattre l'hérésie protestante et pour former les tribuns qui défendront les intérêts de l'Église dans l'arène politique. Contrairement à ce qui se passe en France, toutefois, le nationalisme québécois aura à promouvoir et non à combattre l'influence de l'Église, puisque l'occupant britannique est l'adversaire commun. Cette intégration plus ou moins avouée du nationalisme à l'idéologie de l'enseignement classique demeurera une constante, comme l'a montré Nicole Gagnon4 .
Source : https://www.erudit.org/fr/revues/etudlitt/1981-v14-n3-etudlitt2217/500553ar.pdf
21e extrait :
Le Collège des Jésuites de Québec1 (aujourd'hui le Collège Saint-Charles-Garnier) fondé par les Jésuites en 1635 fut le premier à offrir, alors en Nouvelle-France, le cours classique. Il s'agissait du premier établissement d'enseignement français en Amérique du Nord2. Pendant cette période, le collège recevait principalement les fils des administrateurs et des militaires de la colonie. Après la cession du Canada aux Britanniques (Traité de Paris), le Collège des Jésuites fut fermé et son bâtiment transformé en caserne militaire ; tous les biens des Jésuites furent saisis par les conquérants et devinrent propriétés de l'Empire britannique. Les Jésuites, interdits de pratique et de recrutement, furent bannis. L'éducation des bourgeois français canadiens fut par la suite confiée au Séminaire de Québec. De 1765 et 1840, 10 collèges classiques furent fondés, leur nombre allant croissant jusqu'en 19193.Le Séminaire de Québec reprit une partie de la mission d'enseignement des Jésuites destinée à la formation des clercs et des laïcs et servi de modèle aux nombreux autres collèges fondés au xixe siècle au Québec, en Acadie et au Manitoba, comme l'Université de Saint-Boniface, entre autres4.
La réhabilitation des Jésuites, en 1814, et leur retour au Canada en 1842, donna l'impulsion à d'autres fondations de collèges classiques dont les Collège Sainte-Marie de Montréal en 1848 et le Collège Jean-de-Brébeuf en 1928.
À la fin de xixe siècle, les collèges classiques se multipliaient au Québec. Il se trouvaient partout sur le territoire de la province. Chaque région à part la Gaspésie avait son collège. Les villes de Québec et Montréal en avaient un et trois respectivement. Les régions avec le nombre de collège le plus élevé furent de Sainte-Thérèse-de-Blainville et Saint-Jean-sur-Richelieu (13 collèges). Étant à l'origine des institutions pour garçons, les collèges classiques admirent les filles en 1908, quand le premier collège classique pour les filles ouvrit ses portes.
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Coll%C3%A8ge_classique
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LISTE DES PREMIERS COLLÈGES ET SÉMINAIRES
(non définitive)
Séminaire de Québec (1663)
Le Séminaire de Québec, une société de prêtres diocésains, est fondé le 26 mars 1663 par Mgr François de Laval, vicaire apostolique de Nouvelle-France et futur premier évêque de Québec. L'ordonnance promulguant la création du Séminaire est émise à Paris et confirmée par le roi Louis XIV dans les semaines suivantes. Le mandement d'érection du Séminaire de Québec, enregistré à Québec le 10 octobre 1663, établit en même temps la dîme au Canada.
À son arrivée à Québec en 1659, Mgr de Laval, chargé d'organiser le clergé canadien, constate que les structures en place sont insuffisantes et qu'une institution permettant de renouveler efficacement le corps ecclésiastique manque à la colonie. Il conçoit alors le projet de fonder une société apostolique qui serait appelée à devenir le foyer de l'Église canadienne naissante. Le 9 octobre 1665, à la demande de Mgr de Laval, le Séminaire de Québec est rattaché au Séminaire des Missions étrangères de Paris. Cette affiliation lui assure des appuis métropolitains de taille et l'amène à adopter le monogramme S.M.E., encore utilisé aujourd'hui.
Source : https://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=26365&type=pge
Collège des Jésuites
Durant la contre-réforme, les Jésuites créent des collèges à la grandeur l'Europe, avant tout pour y attirer la jeunesse chrétienne. À leur arrivée au Canada en 1625, ils reçoivent un don du marquis de Gamaches pour fonder un collège à Québec. Ils ouvrent les portes du collège en 1635, et 30 ans plus tard, un premier cycle d'études y est en place. En 1668, l'évêque de Québec, Mgr de LAVAL, fonde le SÉMINAIRE DE QUÉBEC pour former de futurs prêtres pour son diocèse et envoie ces derniers étudier au Collège des Jésuites, situé tout près. Le Collège de Québec enseigne la théologie et les sciences, de même que les études classiques. En 1708, tout comme c'était déjà le cas dans plusieurs villes côtières de France, les Jésuites ouvrent une école d'hydrographie à Québec, où ils enseignent les mathématiques, l'astronomie et la physique, en vue de préparer les jeunes Canadiens à devenir des navigateurs et des géomètres.On estime qu'environ 1700 étudiants étudient au Collège de Québec, dont plus de la moitié vient du Petit Séminaire. Ces élèves sont surtout originaires de la région de Québec plutôt que de Montréal. Louis JOLLIET est un des plus célèbres parmi les anciens du collège. Les professeurs viennent tous de la France. Des scolastiques, étudiant en théologie et âgés dans la vingtaine, viennent pendant deux ou trois ans enseigner des cours de grammaire, puis rentrent en France. Les prêtres, eux, viennent quand ils sont dans la trentaine et passent au moins un quart de siècle en Nouvelle France. Leur rôle alterne entre celui de professeur et celui de missionnaire auprès des autochtones. Certains se consacrent entièrement à l'enseignement. Parmi ces professeurs, le collège compte le père Pierre-François-Xavier de CHARLEVOIX, ancien maître de Voltaire, qui publie à Paris en 1744 Histoire et description générale de la Nouvelle France.
Source : https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/college-des-jesuites
Collège de Saint-Raphaël
Le premier octobre 1773 une centaine d'élèves dont cinquante pensionnaires étaient admis dans le nouveau collège qui s'installa dans les locaux du Château Vaudreuil, acheté au coût de $95,000 par de généreux donateurs.
Source : 366 anniversaires canadiens, Élie de Salvail, pr. éd. 1929, éd. consul. 1949, p.469
Séminaire de Nicolet (1803)
Le Séminaire de Nicolet, parfois appelé le Collège de Nicolet, est une institution d'enseignement fondée en 1803, située à Nicolet au Centre-du-Québec. Il s'agit de la première institution du Québec à offrir le cours classique en région. Le séminaire de Nicolet a été fondé en 1803. Wikipedia
Séminaire de Saint-Hyacinthe (1811)
Une histoire de cette institution (408 pages) du Chanoine C-P Choquette, publiée en 1911 pour le centième anniversaire de l'institution est disponible en accès libre à BanQ
Lien : https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2021973?docref=kZzg02K7uCUCPxvdV85G7w
Séminaire de Sainte-Thérèse (1825)
Le curé Charles-Joseph Ducharme fonda le Séminaire de Sainte-Thérèse en 1825 pour protester contre l'Institution Royale, régime instauré par la métropole anglaise pour encadrer la vie scolaire dans la colonie.Collège de Joliette
Le Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière (CSA) est un établissement privé d'enseignement secondaire fondé en 1827 à La Pocatière1.
Créé pour donner le cours classique traditionnel de huit ans (réduit à sept dans les années 1960), le collège se départit en 1969 de la partie collégiale pour se concentrer sur le secondaire.
Une école d'agriculture voit le jour en 1859.
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Coll%C3%A8ge_de_Sainte-Anne-de-la-Pocati%C3%A8re
Grand séminaire de Montréal (1840)
Le Grand Séminaire de Montréal (GSM) est le centre de formation sacerdotale du diocèse de Montréal jusqu'en 2020, date à laquelle une nouvelle corporation a été fondée, le Grand Séminaire de l'Archidiocèse de Montréal (GSAM). Ce faisant, le GSAM a acquis sa pleine autonomie de gestion et financière, une responsabilité qui incombait autrefois à la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice.
Fondé en 1840 par les sulpiciens sur demande de Mgr Ignace Bourget, a accueilli plusieurs séminaristes provenant du Canada et des États-Unis. Depuis 2020, c'est le GSAM qui accueille les séminaristes.
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_s%C3%A9minaire_de_Montr%C3%A9al
Collège de Joliette (1846)
Les classes du Collège Joliette sont inaugurées pour le début de l’année scolaire de 1846 et près de 40 élèves y sont inscrits. C’est Monseigneur Ignace Bourget qui se rend en France, pendant l’année 1846, afin de négocier la venue des clercs pour l’enseignement. Il annonce en décembre 1846 que quatre frères seront envoyés à Joliette. Les trois premiers arriveront à la fin du mois de mai 1847. En 1850, Barthélemy Joliette cède le collège ainsi que le terrain à la congrégation religieuse.Collège de St-Hyacinthe
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9gep_r%C3%A9gional_de_Lanaudi%C3%A8re_%C3%A0_JolietteCollège de Sainte-Thérèse
Collège de Saint-Boniface (1855 ?)
Les humbles débuts : 1818-1880
Esquisse du premier Collège de Saint-Boniface (1818)
Les origines du Collège universitaire de Saint-Boniface remontent à 1818 avec l'arrivée de l'abbé Norbert Provencher, qui vient s'occuper de la mission de Saint-Boniface dans le but d'ouvrir le territoire à la colonisation, d'instruire et d'évangéliser les Métis et les Amérindiens de la Rivière-Rouge. Dès sa première année dans la colonie, l'abbé Provencher enseigne la lecture, la grammaire, le catéchisme et les prières à deux jeunes métis (NOTE 1), et les cours ont lieu dans sa résidence qui sert également de chapelle et de presbytère. L'objectif principal de cette humble institution qui deviendra le Collège de Saint-Boniface est le même que celui des quelques collèges du Québec de la même époque : il s'agit de recruter des jeunes gens que l'on destine au sacerdoce. L'enseignement est sporadique en raison du manque d'élèves et des absences répétées de Provencher qui est surtout occupé à fonder des missions dans le vaste territoire des prairies. De 1837 à 1854, l'enseignement est donné par des prêtres séculiers et les cours se donnent dans le presbytère de la paroisse et quelques classes pour les jeunes garçons sont offertes au couvent des Sœurs grises.
C'est en 1855 que le Collège est officiellement fondé par Mgr Alexandre Taché qui remplace Mgr Provencher comme évêque de Saint-Boniface. Mgr. Taché fait bâtir un édifice dont il cède la direction aux Frères des écoles chrétiennes qui seront ensuite remplacés par les Oblats de 1860 à 1866 et de 1870 à 1878. C'est durant cette période que le père Georges Dugas o.m.i. organise l'enseignement classique qui sera offert au Collège jusqu'à la fin des années 1960, en mettant notamment l'emphase sur l'enseignement du latin, du grec et de la philosophie. Mgr Taché croyait beaucoup à l'importance du Collège et c'est en 1871, un an après la création de la province du Manitoba que l'institution reçoit son incorporation. « Étant ‘incorporé', ce collège est donc en mesure d'adopter ses propres règlements quant à la langue d'enseignement et de travail, laquelle est bien sûr le français » (NOTE 2).
Colonie de la rivière Rouge à Saint-Boniface (Manitoba), 1858
Le Collège de Saint-Boniface devient donc le premier établissement d'enseignement collégial de l'Ouest canadien et occupe rapidement le centre de la vie française de la province. Les rencontres culturelles et sociales se déroulent dans cet établissement. En 1877, le Collège s'associe à deux autres collèges de Winnipeg, le St. John's College et le Manitoba College, pour fonder la University of Manitoba. Deux conditions sont exigées par le Collège : que tous les droits, obligations et privilèges du Collège comme institution catholique soient maintenus et que le Collège, en s'affiliant à la nouvelle université, puisse conserver son entière autonomie (NOTE 3). Quelques années plus tard, le Conseil universitaire va créer un programme spécial pour les élèves du Collège, le diplôme de baccalauréat ès arts en philosophie latine. Le Collège devient ainsi une faculté à part entière dans l'ensemble de la University of Manitoba (NOTE 4). Il est intéressant de noter que la Loi The University of Manitoba Act ne contient aucune disposition quant à l'usage du français comme langue d'enseignement. La seule mention se trouve dans « la possibilité pour un(e) étudiant(e) de rédiger un examen soit en français, soit en anglais » (NOTE 5).
Source : http://www.ameriquefrancaise.org/fr/article-185/Coll%C3%A8ge_universitaire_de_Saint-Boniface_au_Manitoba.html#.Y0VmSawZndoCollège de Montréal
Collège de Saint-Laurent (1847)
L'enseignement au collège a débuté en 1847, l'année même de l'arrivée à Saint-Laurent des premiers religieux de Sainte-Croix. En 1852, les pères de la Congrégation de Sainte-Croix font ériger en face du bâtiment qu'ils occupent depuis leur arrivée une première construction. Appelée tout d'abord l'Académie industrielle puisqu'on y offre l'enseignement des métiers, elle obtient une nouvelle charte en 1861 et devient le collège de Saint-Laurent, une institution d'enseignement classique et bilingue dont le père Gastineau dresse le programme d'étude.
Institution dont la construction et l'ajout de bâtiments connexes se sont étalés sur plus d'un siècle, le collège a été pendant une grande période autosuffisant de par les nombreux services dont il disposa (boulangerie, boucherie, cordonnerie, ébénisterie, menuiserie, forge, buanderie et salle de couture).
http://www2.ville.montreal.qc.ca/arrondissements/sla/historique/fr/intro/histvsl/chrono/histquel/collsl/collsl.html
Le séminaire a été fondé en 1873 par Dominique Racine, premier évêque du diocèse de Chicoutimi.
La devise, en latin, de l'établissement est « Spes messis in semine » (« L'espoir de la récolte est dans la semence. »).
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9minaire_de_Chicoutimi
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