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lundi 6 février 2023

Le Canada et la Russie : des traitements opposés des minorités nationales historiques

Dans un autre registre, voici ce qu'a dit Poutine dans son discours traditionnel du 9 mai dernier, jour de la Victoire, très largement célébré en Russie. 

« Nous nous souvenons comment les ennemis de la Russie ont essayé d'utiliser des gangs terroristes internationaux contre nous, comment ils ont essayé de semer des conflits interethniques et religieux afin de nous affaiblir de l'intérieur et de nous diviser. Ils ont complètement échoué.

Aujourd'hui, nos guerriers de différentes ethnies se battent ensemble, se protégeant mutuellement des balles et des éclats d'obus comme des frères.

C'est là que réside la puissance de la Russie, une grande puissance invincible de notre nation multiethnique unie. »

Malgré des mots qui nous semblent familiers ici au Canada, Poutine réfère à des réalités humaines et politiques fort différentes. La "multi-ethnicité" n'est pas en Russie la promotion d'un multiculturalisme effréné pour faire disparaître, atténuer le rôle des nations historiques. C'est, à l'inverse, une reconnaissance constitutionnalisée des différents éléments ethniques qui composent la Fédération de Russie. Le découpage politique de la Russie ne vise pas à masquer les réalités nationales mais veut, au contraire, en tenir pleinement compte. Le ministre de défense Shoïgu est un Tuva de la République des Tuvas, les Tchétchènes disposent de leurs institutions et ainsi de suite. Autrement dit, c'est un modèle de Fédération des nations. Il ne date pas de l'époque de l'après 1991, mais il serait fortement imprégné dans la tradition russe depuis l'Empire. On dit que la Russie ne fait pas disparaître les langues et les cultures de ses minorités. Même que cet effort en faveur des plus petites composantes du pays a joué en défaveur de la Russie, notamment la formation d'une Grande Ukraine, agglomérée par bonds, largement à l'époque soviétique.  

Le lien qui suit donne une liste exhaustive des régions de Russie et témoigne de l'importance que la Fédération accord à ses constituants.https://fr.rbth.com/tourisme/84062-russie-liste-regions

La comparaison entre la Russie et le Canada tient sur les principes mais pas sur les particularités. Voici le différences : 

En Russie L'élément rassembleur est explicitement reconnu comme étant l'élément russe et la foi orthodoxe. Ce qui a du sens compte tenu que la Russie a toujours été l'élément le plus peuplé, le plus civilisé et le plus fédérateur au sein de l'ensemble. En Russie, les peuples et nations minoritares jouissent de la reconnaissance constitutionnelle qui leur assure la pérennité nationale. Au Canada, Les Acadiens et les Canadiens-Français ne jouissent d'aucune reconnaissance nationale.

Dans le cas du Canada, la nation qui revendique des droits nationaux est la nation fondatrice, dans le sens européen.  depuis les années 1608, depuis la fondation de Québec.  Bien que conquise militairement depuis 1763 (Traité de Paris qui met fin à la guerre de Sept ans) elle est demeurée la majorité numérique sur l'ensemble du territoire jusqu'en 1850. 

À partir de la Confédération le gouvernement fédéral a déployé beaucoup d'énergie pour isoler l'ancienne majorité du pays en provinces, soumettant les Canadiens-Français et Acadiens à des législatures anglaises régionales. Le phénomène  s'est accru avec la loi sur les langues officielles (1969), qui accorde des droits au français mais dans le cadre d'une dénationalisation générale, laissant des « francophones » confinés dans chaque province avec une identité provinciale, à l'exception près des Acadiens.  

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