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Les États-Unis devront accepter d'être un pays parmi les autres

m-à-j : 8 jan 22:34 C'est de l'ingérence étrangère ! Les rédacteurs de la dernière politique canadienne pour l’Arctique (6 déc. 2024...

mercredi 8 janvier 2025

Les États-Unis devront accepter d'être un pays parmi les autres

m-à-j : 8 jan 22:34

C'est de l'ingérence étrangère !

Les rédacteurs de la dernière politique canadienne pour l’Arctique (6 déc. 2024) savaient-ils que Trump était pour parler de l’annexion du Canada, du Groenland et de Panama ? En lisant cette mise à jour politique, on pourrait quasiment le penser. Le manque de compétitivité croissant des économies occidentales face à de nombreux concurrents asiatiques plus productifs et plus innovateurs est maintenant admis. Mais pour y répondre, est-on en train de planifier une militarisation accrue de la planète au lieu de faire face au défi de la performance économique ? Ne vaudrait-il pas mieux se questionner aux États-Unis sur ce qui plombe les économies occidentales dont la plus grande ?

Le lien caché entre le Canada, le Groenland et Panama
Vous êtes-vous demandé ce qui relie le Groenland, le Canada et Panama pour que Donald Trump identifie ces trois endroits comme ceux qu'il voudrait annexer ? Commençons par le Panama et son canal puisque seul le canal est un enjeu. Longtemps sous administration américaine il a une importance stratégique indéniable. Pour mieux situer son importance, si on ajoute à Panama le détroit d'Ormuz et celui de Malacca (le premier au monde en termes de trafic) on aurait là quelques uns d'une douzaine des goulots d’étranglements stratégiques du commerce maritime mondial.

Contrôler ces passages obligés pour contrôler le monde n’est pas forcément une bonne idée, mais le fait est qu'ils sont intensivement patrouillés par les puissances limitrophes, ce qui est prévisible, mais s'ajoutent à elles des puissances venues de loin comme d'autres continents. À cet égard, le droit international n'est pas unanime et les États-Unis, pour un, ont des prétentions assez libérales qui justifieraient leur présence permanente partout dans ces eaux.

Un corridor maritime moins connu est le corridor arctique qui est exploité par la Russie. Il est si peu connu qu'il ne figure pas encore sur les listes que j'ai pu consulter sur le web, ce qui n'enlève rien à l'accroissement du volume qui y transite année après année. Pour aller au fait, la réunion de l'Alaska, du Canada et du Groenland annexés permettrait aux États-Unis de plaider d'une seule voix en faveur de sa vision du droit maritime, une vision qu'il applique du reste de manière assez unilatérale. Avec un immense territoire contigu à la Russie, les É-U pourraient en revendiquer la patrouille et naturellement son utilisation en invoquant le caractère international du territoire maritime, même si celui-ci est plutôt enfoncé dans la Russie qu'au centre de la mer polaire. Ce n'est que spéculation pour le moment, mais l'on voit très bien la possibilité qu'apparaisse un nombre important de contentieux et de frictions.

Voici un échantillon de ce qu'on pouvait lire à ce sujet dès 2005.
Ces « Routes [arctiques] beaucoup plus courtes que Suez ou Panama, ...offriraient des possibilités commerciales et industrielles notables, tout en permettant l’exploitation de gisements de pétrole et de minerais considérables. Mais ces routes constituent aussi des enjeux stratégiques majeurs pour les trois acteurs arctiques que sont la Russie, le Canada et les États-Unis. Pour ces derniers, la liberté de navigation de la marine américaine est fondamentale; pour les deux autres, les eaux des détroits font partie des eaux intérieures, relèveraient de leur seule souveraineté et ne seraient pas soumises aux droits de passage inoffensif et de transit. Des enjeux géopolitiques constituent le fondement des litiges entre ces pays.
Avec son annexion, les objections du Canada quant au respect des eaux intérieures tomberaient. Dès lors, la Russie ferait face à un concurrent qui prétendrait haut et fort au statut international du corridor arctique russe, du moins dans toutes les zones où il y aurait matière à l'invoquer. Outre des objectifs géostratégiques, dont on vient de voir l'importance plus haut, quel autre intérêt pourraient avoir les États-Unis à dominer le Canada plus qu'ils ne le font déjà ? La question est ouverte, mais j'avancerais d'en retirer davantage de plus value...



De nos jours, le commerce maritime international devrait être garanti pour tous et interdire la militarisation des goulots d'étranglement qui sont une menace. Éprouvant des difficultés à faire face à une concurrence internationale vigoureuse, mais légitime, l’Occident avec les États-Unis en tête va-t-il persister à démoniser la concurrence au risque d'être éventuellement tenté de la détruite militairement ? Avec un manque de responsabilité dangereux, la presse occidentale cultive allègrement une rhétorique anti-Chine. A-t-on si vite oublié que ce sont des capitaux américains et occidentaux qui ont soutenu le miracle chinois ? Depuis 1970 ces capitaux ont transformé la Chine en puissance industrielle telle que nous la connaissons. C’est même à Shanghai que se trouve ironiquement la plus grande usine de Tesla au monde. Elon Musk travaille pour ses intérêts. Dans les années 1970, on enseignait dans les écoles de commerce américaines que la façon de faire beaucoup d’argent était d’investir là où se trouve une main-d’œuvre abondante et un marché en expansion. À partir de là, l’industrie américaine s’est relocalisée massivement en Chine. Était-ce un complot chinois ? Indirectement, les États-Unis auront contribué à sortir 50 millions de Chinois de la pauvreté. Mais l’élève a finalement dépassé le maître. La Chine étant devenue la plus grande puissance économique mondiale. Était-ce encore un complot chinois ?

« Un point de passage obligé, en anglais « choke point » est un passage stratégique en matière de transport maritime. Les passages clés pour le transport maritime sont les goulets d’étranglement, étroits, peu profonds, talons d’Achille de l’économie mondialisée (Rodrigue et Notteboom, 2017). Ce sont principalement des détroits ou des canaux, parfois des caps, qui s’accompagnent souvent d’une limite de capacité des navires (désignér par le suffixe —max comme dans panamax ou suezmax).

Sur 150 à 180 passages maritimes internationaux retenant l'attention, on relève 28 passages de rang mondial dont 12 majeurs : détroit de Malacca, de Taïwan, Pas de Calais, détroit de Gibraltar, Bosphore, Dardanelles, détroit de Bab-el-Mandeb, canal de Suez, détroit de Macassar, d'Ormuz, cap de Bonne Espérance, canal de Panama (par ordre de fréquentation, Biaggi et Carroué, 2024). Ces passages représentent les quatre plus importants passages maritimes stratégiques du monde, d’une part du fait de l’étranglement qu'ils imposent à la circulation mondiale du fret et d’autre part à cause des activités et des ressources économiques auxquelles ils donnent accès aujourd’hui. En 2019, on estimait à 24 718 milliards de dollars la valeur des marchandises transitant par les grands passages maritimes stratégiques (ibid.). » (source : https://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/choke-point )

Je n’ai jamais pensé qu’un pays "malade" comme les États-Unis pouvait élire un président libre et sain d’esprit compte tenu du système électoral notamment.

Biden ne brille pas par sa présence d’esprit. Trump est un boutefeu mal dégrossi dont on ne sait jamais si les propos doivent être pris au sérieux ou pas, c’est dangereux. Avec sa personnalité qui fait peu de cas de la mesure et de la diplomatie, il n'est pas acceptable, c'est même du chauvinisme de grande puissance qu'il déclare ouvertement vouloir annexer des pays étrangers indépendants. C'est faire peu de cas de leur souveraineté. Ceux qui sont attachés à leur pays peuvent prendre ça comme une grossière insulte. Avec ça, ses qualités et ses défauts, il est quand même arrivé au pouvoir. 

L'impérialisme a connu de meilleurs représentants. Arrivé à cette décadence, ce sera peut-être son dernier tour de piste. Après s’être cru longtemps la seule puissance indispensable de la planète, ce grand pays devra accepter d’être un pays parmi les autres. Ce ne sera pas facile mais c'est la condition d'un apaisement général. En cours de route, il faudra revoir la Charte des Nations unies et reconsidérer le "droit de veto" dont on a trop souvent abusé pour bloquer l'expression de la volonté internationale. Visiblement, Trump n’est pas prêt à réaliser des réformes d’envergure qui feraient consensus. Mais chose certaine, son Make America Great Again ne pourra pas se faire aux dépens des autres peuples sans créer des remous.

Pour approfondir le sujet :

https://www.revueconflits.com/la-route-maritime-du-nord-une-solution-dapprovisionnement-complementaire-pour-la-chine/

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