Ces « Routes beaucoup plus courtes que Suez ou Panama, ...offriraient des possibilités commerciales et industrielles notables, tout en permettant l’exploitation de gisements de pétrole et de minerais considérables. Mais ces routes constituent aussi des enjeux stratégiques majeurs pour les trois acteurs arctiques que sont la Russie, le Canada et les États-Unis. Pour ces derniers, la liberté de navigation de la marine américaine est fondamentale; pour les deux autres, les eaux des détroits font partie des eaux intérieures, relèveraient de leur seule souveraineté et ne seraient pas soumises aux droits de passage inoffensif et de transit. Des enjeux géopolitiques constituent le fondement des litiges entre ces pays.
« Un point de passage obligé, en anglais « choke point » est un passage stratégique en matière de transport maritime. Les passages clés pour le transport maritime sont les goulets d’étranglement, étroits, peu profonds, talons d’Achille de l’économie mondialisée (Rodrigue et Notteboom, 2017). Ce sont principalement des détroits ou des canaux, parfois des caps, qui s’accompagnent souvent d’une limite de capacité des navires (désignér par le suffixe —max comme dans panamax ou suezmax)
Sur 150 à 180 passages maritimes internationaux retenant l'attention, on relève 28 passages de rang mondial dont 12 majeurs : détroit de Malacca, de Taïwan, Pas de Calais, détroit de Gibraltar, Bosphore, Dardanelles, détroit de Bab-el-Mandeb, canal de Suez, détroit de Macassar, d'Ormuz, cap de Bonne Espérance, canal de Panama (par ordre de fréquentation, Biaggi et Carroué, 2024). Ces passages représentent les quatre plus importants passages maritimes stratégiques du monde, d’une part du fait de l’étranglement qu'ils imposent à la circulation mondiale du fret et d’autre part à cause des activités et des ressources économiques auxquelles ils donnent accès aujourd’hui. En 2019, on estimait à 24 718 milliards de dollars la valeur des marchandises transitant par les grands passages maritimes stratégiques (ibid.). » (source : https://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/choke-point )
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Il n'est pas fait mention dans cet article de la route arctique canadienne, la fameuse route historique du Nord-Ouest tant cherchée par les explorateurs anglais dans les territoires arctiques côtiers du Canada, territoires la première fois revendiqués par un Canadien-Français, le capitaine Joseph-Elzéar Bernier (1852-1934). De plus, les routes canadienne et russe sont séparées par plus que les 200 (km ou miles ?) statutaires en droit maritime international, sauf bien sûr dans le détroit de Béring. C'est sur la route revendiquée par le Canada qu'à répétition Washington - en fait son Département d'État sous influence néo-conservatrice - a exprimé un souci, qui aurait pu être calmé par une attitude pro-active de la part d'Ottawa.
Par ailleurs, si l'industrialisation de la Chine n'aurait pas eu lieu sans une politique commerciale américaine motivée par l'appât du gain, politique dont le peuple américain paie le prix depuis des décennies, force est de constater que la Chine, pays complexe précipité dans 50 ans de communisme par les mêmes qui avaient soufflé sur ces braises en Russie au début du XXe siècle, a su tirer à son avantage les marons du feu et brillament compenser le retard qui lui avait été imposé. Tant mieux pour elle. L'"Empire du milieu" est maintenant à même d'avoir des visées mondiales et utilise les bénéfices de son prospère commerce internationale pour étendre son influence, non seulement dans son voisinage, mais partout ailleurs, que ce soit en Afrique ou en Amérique latine, Caraïbes inclues. Peut-on reprocher à la puissance américaine de tiquer à la vue de deux ports chinois à l'entrée et à la sortie du Canal de Panama qui lui permettraient d'en interdire le passage à la marine de guerre américaine ? Si on se mettait à faire la liste de tels points de friction, elle risquerait d'être longue. Nous assistons à des frictions entre deux empires, l'un montant, l'autre déclinant. Il y aurait beaucoup à dire sur les causes réelles du déclin du second. Reconnaissons simplement que la Chine a des visées mondiales et ne ménage aucun moyen d'influence à l'Ouest, en particulier aux États-Unis et au Canada. Reconnaissons aussi que ses dirigeants sont humains, donc susceptibles des mêmes errances sous l'intoxication du pouvoir, qui s'exerce chez eux sans démocratie. Au moins, aux États-Unis, nous venons d'assister à un revirement spectaculaire, dont il est difficile d'apprécier dans l'immédiat les ultimes conséquences. L'épuisante démonisation du nouveau président américain par les médias occidentaux sous influence de l'ordre qu'il semble vouloir renverser devrait nous informer. Soyons donc circonspects à tous égards, surtout face à une nouvelle puissance dont nous ne comprenons pas vraiment la culture et à laquelle les maîtres qui ont dominé notre petit peuple ont imposé dans le passé "Cent ans d'humiliation". Comment ne pas actuellement faire le parallèle entre l'opium d'antant et le fentalyn d'aujourd'hui, surtout quand le chef d'État chinois annonce qu'il ne fera rien pour arrêter l'acheminement illégal des produits précurseurs de cette dangereuse drogue vers nos rivages. Au vu des dommages causés, peut-on reprocher à Trump "le tonitruant" de déclarer un état d'urgence face à cette crise, ce que ses prédécesseurs mieux 'policés' n'ont pas fait ? Finalement, autant à l'Ouest qu'à l'Est, faisont la distinction entre les peuples et leurs maîtres.
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