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mercredi 8 janvier 2025

Les États-Unis devront accepter d'être un pays parmi les autres

m-à-j : 8 jan 22:34
dernière m-à-j 10 jan 00:05

L'ingérence étrangère américaine alimente l'insécurité
Les rédacteurs de la dernière politique canadienne pour l’Arctique (6 déc. 2024) savaient-ils que Trump était pour parler de l’annexion du Canada, du Groenland et de Panama ? En lisant cette mise à jour politique, on pourrait quasiment le penser.
Le perte de concurrence des économies occidentales face à de nombreux marchés émergents, dont les marchés asiatiques plus productifs et plus innovateurs est maintenant admis. Mais pour y répondre, est-on en train de planifier une militarisation accrue de la planète au lieu de faire face au défi de la performance économique ? Ne vaudrait-il pas mieux se questionner aux États-Unis sur ce qui plombe les économies occidentales dont celle des États-Unis ?

Le lien caché entre le Canada, le Groenland et Panama
Vous êtes-vous demandé ce qui relie le Groenland, le Canada et Panama. Pourquoi Donald Trump a-t-il identifié ces endroits comme ceux qu'il voudrait annexer ? Commençons par le Panama et son canal puisque seul le canal est un enjeu. Longtemps sous administration américaine il a une importance stratégique indéniable. Pour mieux situer son importance, si on ajoute à Panama le détroit d'Ormuz et celui de Malacca (ce dernier étant le premier au monde en termes de trafic) on commence alors à nommer les premiers d'une douzaine des goulots d’étranglements stratégiques du commerce maritime mondial.

Contrôler ces passages obligés pour contrôler le monde n’est pas forcément une bonne idée, mais le fait est qu'ils sont intensivement patrouillés par les puissances limitrophes, ce qui est prévisible, mais s'ajoutent à elles des puissances venues de loin comme d'autres continents et en particulier des États-Unis. À cet égard, le droit international n'est pas unanime et les États-Unis, pour un, ont des prétentions assez libérales qui justifieraient leur présence permanente partout dans ces détroits, canaux, passages.

Un corridor maritime moins connu gagne en importance. C'est le corridor arctique qui est exploité par la Russie. Il est si peu connu qu'il ne figure pas encore sur les listes que j'ai pu consulter sur le web, ce qui n'enlève rien à l'accroissement du volume qui transite par cette voie année après année. Pour aller au fait, la réunion de l'Alaska, du Canada et du Groenland annexés par Trump permettrait aux États-Unis de plaider d'une seule voix en faveur de la version américaine du droit maritime, une vision qui permet aux É-U de jouer au gendarme autoproclamé, imposant unilatéralement sa marine dans toutes les zones stratégiques. Avec l'acquisition d'un immense territoire contigu à la Russie, les É-U pourraient en revendiquer la patrouille en invoquant le caractère international du territoire maritime, même si le tracé du corridor est plutôt enfoncé dans la Russie qu'au milieu de la mer polaire. Ce n'est que spéculation pour le moment, mais l'on voit très bien la possibilité qu'apparaisse un nombre important de contentieux, des frictions et de voir s'éloigner l'appaisement international.
Voici un échantillon de ce qu'on pouvait lire dès 2005 au sujet du corridor maritime arctique.
Ces « Routes beaucoup plus courtes que Suez ou Panama, ...offriraient des possibilités commerciales et industrielles notables, tout en permettant l’exploitation de gisements de pétrole et de minerais considérables. Mais ces routes constituent aussi des enjeux stratégiques majeurs pour les trois acteurs arctiques que sont la Russie, le Canada et les États-Unis. Pour ces derniers, la liberté de navigation de la marine américaine est fondamentale; pour les deux autres, les eaux des détroits font partie des eaux intérieures, relèveraient de leur seule souveraineté et ne seraient pas soumises aux droits de passage inoffensif et de transit. Des enjeux géopolitiques constituent le fondement des litiges entre ces pays.
Avec son annexion, l'interprétation du Canada à l'égard du droit maritime tomberait en faveur de celle des États-Unis. Dès lors, la Russie ferait face à un concurrent qui plaiderait haut et fort pour un statut international du corridor arctique russe, du moins dans toutes les zones où il y aurait matière à l'invoquer. Outre des objectifs géostratégiques, dont on vient de voir l'importance plus haut, quel autre intérêt pourraient avoir les États-Unis à dominer le Canada plus qu'ils ne le font déjà ? La question est ouverte, mais j'avancerais que le but est de retirer davantage de plus value du Canada... les États-Unis étant exagérément endettés. Mais c'est là une autre question.



De nos jours, le commerce maritime international devrait être garanti pour tous les pays et la militarisation des goulots d'étranglement interdites. Or, éprouvant des difficultés à faire face à une concurrence internationale vigoureuse, mais légitime, l’Occident avec les États-Unis en tête va-t-il persister à démoniser la concurrence au risque d'être éventuellement tenté de la détruite militairement ?

Avec un manque de responsabilité dangereux, la presse occidentale cultive allègrement une rhétorique anti-Chine, anti tout pays gagnant dans le jeu des marchés. A-t-on si vite oublié que ce sont des capitaux américains et occidentaux qui ont soutenu le miracle chinois ? Depuis 1970 ces capitaux ont transformé la Chine en puissance industrielle telle que nous la connaissons. C’est même à Shanghai que se trouve ironiquement la plus grande usine de Tesla au monde. Elon Musk travaille pour ses intérêts. Dans les années 1970, on enseignait dans les écoles de commerce américaines que la façon de faire beaucoup d’argent était d’investir là où se trouve une main-d’œuvre abondante et un marché en expansion. À partir de là, l’industrie américaine s’est relocalisée massivement en Chine. Était-ce un complot chinois ? Clairement pas, les É. U. se tiraient dans le pied. Appâté par un gain à court terme, les capitalistes américains vont contribuer à sortir 50 millions de Chinois de la pauvreté. Mais l’élève va finalement dépasser le maître. La Chine est devenue la plus grande puissance économique mondiale. Peut-on qualifier cette évolution de complot chinois ?

« Un point de passage obligé, en anglais « choke point » est un passage stratégique en matière de transport maritime. Les passages clés pour le transport maritime sont les goulets d’étranglement, étroits, peu profonds, talons d’Achille de l’économie mondialisée (Rodrigue et Notteboom, 2017). Ce sont principalement des détroits ou des canaux, parfois des caps, qui s’accompagnent souvent d’une limite de capacité des navires (désignér par le suffixe —max comme dans panamax ou suezmax)

Sur 150 à 180 passages maritimes internationaux retenant l'attention, on relève 28 passages de rang mondial dont 12 majeurs : détroit de Malacca, de Taïwan, Pas de Calais, détroit de Gibraltar, Bosphore, Dardanelles, détroit de Bab-el-Mandeb, canal de Suez, détroit de Macassar, d'Ormuz, cap de Bonne Espérance, canal de Panama (par ordre de fréquentation, Biaggi et Carroué, 2024). Ces passages représentent les quatre plus importants passages maritimes stratégiques du monde, d’une part du fait de l’étranglement qu'ils imposent à la circulation mondiale du fret et d’autre part à cause des activités et des ressources économiques auxquelles ils donnent accès aujourd’hui. En 2019, on estimait à 24 718 milliards de dollars la valeur des marchandises transitant par les grands passages maritimes stratégiques (ibid.). » (source : https://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/choke-point )

Je n’ai jamais pensé qu’un pays "malade" et très divisé comme les États-Unis pouvait élire un président libre et sain d’esprit compte tenu de son système électoral notamment.

Biden ne brille pas par sa présence d’esprit. Trump est un boutefeu mal dégrossi dont on ne sait jamais si ses paroles doivent être prises au sérieux ou pas, c’est dangereux. Avec sa personnalité qui fait peu de cas de la mesure et de la diplomatie, il n'est pas acceptable et c'est même du chauvinisme de grande puissance qu'il déclare ouvertement vouloir annexer des pays étrangers indépendants. C'est faire peu de cas de leur souveraineté. Ceux qui sont attachés à leur pays peuvent prendre ça comme une grossière insulte. Avec ça, avec cette attitude, il est quand même arrivé au pouvoir. 

L'impérialisme a connu de meilleurs représentants. Arrivé à cette décadence, ce sera peut-être son dernier tour de piste. Après s’être cru longtemps la seule puissance indispensable de la planète, ce grand pays devra accepter d’être un pays parmi les autres. Ce ne sera pas facile mais c'est une condition indispensable pour un apaisement général. En cours de route, il faudra revoir la Charte des Nations unies et reconsidérer le fameux "droit de veto" dont on a trop souvent abusé pour bloquer l'expression de la majorité internationale. Visiblement, Trump n’est pas prêt à réaliser des réformes d’envergure qui feraient consensus. Mais chose certaine, son Make America Great Again ne pourra pas se faire aux dépens des autres peuples sans créer de gros remous.

Pour approfondir le sujet :

https://www.revueconflits.com/la-route-maritime-du-nord-une-solution-dapprovisionnement-complementaire-pour-la-chine/

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Il n'est pas fait mention dans cet article de la route arctique canadienne, la fameuse route historique du Nord-Ouest tant cherchée par les explorateurs anglais dans les territoires arctiques côtiers du Canada, territoires la première fois revendiqués par un Canadien-Français, le capitaine Joseph-Elzéar Bernier (1852-1934). De plus, les routes canadienne et russe sont séparées par plus que les 200 (km ou miles ?) statutaires en droit maritime international, sauf bien sûr dans le détroit de Béring. C'est sur la route revendiquée par le Canada qu'à répétition Washington - en fait son Département d'État sous influence néo-conservatrice - a exprimé un souci, qui aurait pu être calmé par une attitude pro-active de la part d'Ottawa.
Par ailleurs, si l'industrialisation de la Chine n'aurait pas eu lieu sans une politique commerciale américaine motivée par l'appât du gain, politique dont le peuple américain paie le prix depuis des décennies, force est de constater que la Chine, pays complexe précipité dans 50 ans de communisme par les mêmes qui avaient soufflé sur ces braises en Russie au début du XXe siècle, a su tirer à son avantage les marons du feu et brillament compenser le retard qui lui avait été imposé. Tant mieux pour elle. L'"Empire du milieu" est maintenant à même d'avoir des visées mondiales et utilise les bénéfices de son prospère commerce internationale pour étendre son influence, non seulement dans son voisinage, mais partout ailleurs, que ce soit en Afrique ou en Amérique latine, Caraïbes inclues. Peut-on reprocher à la puissance américaine de tiquer à la vue de deux ports chinois à l'entrée et à la sortie du Canal de Panama qui lui permettraient d'en interdire le passage à la marine de guerre américaine ? Si on se mettait à faire la liste de tels points de friction, elle risquerait d'être longue. Nous assistons à des frictions entre deux empires, l'un montant, l'autre déclinant. Il y aurait beaucoup à dire sur les causes réelles du déclin du second. Reconnaissons simplement que la Chine a des visées mondiales et ne ménage aucun moyen d'influence à l'Ouest, en particulier aux États-Unis et au Canada. Reconnaissons aussi que ses dirigeants sont humains, donc susceptibles des mêmes errances sous l'intoxication du pouvoir, qui s'exerce chez eux sans démocratie. Au moins, aux États-Unis, nous venons d'assister à un revirement spectaculaire, dont il est difficile d'apprécier dans l'immédiat les ultimes conséquences. L'épuisante démonisation du nouveau président américain par les médias occidentaux sous influence de l'ordre qu'il semble vouloir renverser devrait nous informer. Soyons donc circonspects à tous égards, surtout face à une nouvelle puissance dont nous ne comprenons pas vraiment la culture et à laquelle les maîtres qui ont dominé notre petit peuple ont imposé dans le passé "Cent ans d'humiliation". Comment ne pas actuellement faire le parallèle entre l'opium d'antant et le fentalyn d'aujourd'hui, surtout quand le chef d'État chinois annonce qu'il ne fera rien pour arrêter l'acheminement illégal des produits précurseurs de cette dangereuse drogue vers nos rivages. Au vu des dommages causés, peut-on reprocher à Trump "le tonitruant" de déclarer un état d'urgence face à cette crise, ce que ses prédécesseurs mieux 'policés' n'ont pas fait ? Finalement, autant à l'Ouest qu'à l'Est, faisont la distinction entre les peuples et leurs maîtres.