Au cours de sa visite en Inde, Vladimir Poutine a déclaré : «Beaucoup de temps a passé et l'Inde a considérablement changé... mais ce qui reste est l'amitié et l'intérêt mutuel.» Parmi les 27 pays fédéraux dans le monde, l'Inde et la Russie sont les deux plus grands par leur population. De façon encore plus marquée que les fédéralismes allemand (avec ses landers) et suisse (avec ses cantons), les fédéralismes indiens et russes ont des assises ethniques indéniables.
Ces quatre pays nous montrent qu'un fédéralisme adapté aux réalités propres au pays peut-être un succès. Le fédéralisme américain est aussi un succès, mais c'est un modèle de fédéralisme différent, la découpe du territoire des États ne possède aucune dimension ethnique. C'est un fédéralisme territorial et administratif.
Au Canada, au Québec en fait, on entend condamner le fédéralisme en tant que tel, mais ce n'est pas tant le fédéralisme qui pose problème que sa mésadaptation aux réalités humaines.
La dimension ethnique du fédéralisme canadien semblait pourtant acquise lors des débats constitutionnels de 1865 sur la Confédération. Or, les années qui suivirent l'adoption de l'AANB démentirent cette perception et un long débat à savoir si le Canada était un "pacte" entre deux peuples ou une "loi" (v. notamment, Richard Arès, s.j.) s'est poursuivi pour se clore avec la Loi constitutionnelle de 1982, laquelle rejette toute dimension ethnique du fédéralisme canadien. Elle reconnaît deux langues officielles, des "anglophones" et des "francophones", mais aucun peuple.
Au Québec, on a adopté la même terminologie.
Les réalités du Canada pouvaient faire de lui un modèle de fédéralisme avec ses deux peuples fondateurs auxquels s'ajouteraient aujourd'hui les Premières Nations. Or le Canada a évolué vers un modèle fédéral plus proche de celui des États-Unis, avec une découpe de territoires administratifs, alors qu'un modèle basé sur l'existence des Canadiens-Français, des Canadiens anglais et des peuples autochtones, tous trois disposant de leur autonomie interne, aurait mieux rendu compte de la réalité.
Quand on discute de l'avenir du Québec dans une perspective de souveraineté, la même formule fédérale qui conviendrait au Canada, bien que systématiquement ignorée, pourrait également convenir au Québec à lui seul. Si j'ai bien compté, à l'instar du Canada dans son ensemble, il existe bien trois peuples historiquement enracinés au Québec.

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