Une
révolution tranquille «à l'envers»
en Russie - les étonnantes proximités de Lionel Groulx et de Vladimir Poutine
en Russie - les étonnantes proximités de Lionel Groulx et de Vladimir Poutine
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Une
volonté marquée d'ancrer la société dans le meilleur de son
passé, que j'appelle la révolution tranquille à l'envers, s'opère
en Russie depuis 2010. Cette révolution du bon sens suscite un intérêt inquiet de la part des pays
occidentaux en perte de repères. Pour ces derniers, le nationalisme est mort, sinon il doit mourir.
La Russie est le joueur qu'on attendait pas pour mettre à mal l'idée d'une nation sans histoire et sans transcendance. Comme cette nation "défuntisée" devenue la nôtre, soutenue dans cette dérive par une majorité de souverainistes qui ne cessent de lorgner pour l'inclusif au sacrifice de tout ce qui subsiste à nous distinguer. En revanche, en Russie, on a une nation qui plonge ses racines dans l'histoire, elle ne tourne pas le dos à son identité. C'est de notre proche voisin du Nord que nous vient une vision qui valorise la tradition sans se refuser à la modernité, cette nation n'est pourtant pas une utopie du XXè siècle. Selon plusieurs sources, ce serait cette vision revigorée du national qui a cours en Russie. Une "russitude" qui reconnaît aussi de nombreuses nations en son sein sans capoter ! Mais cette réalité n'est pas celle dont nos médias nous abreuvent. Les oppositions légitimes de Russie passant inaperçues dans nos feuilles de chou, pour se forger une opinion il ne reste plus au lecteur du dimanche que les affres des minorités téléguidées de l'Ouest, tels les Navalny, avec les louanges du sempiternel culte victimaire. Mais qu'arrive-t-il du goulag dans lequel est enfermé Julian Assange dont le seul crime est d'avoir révélé quelques vérités ? Le pauvre lecteur qui tire sa seule information de Radio-Canada ou d'autres médias lourdement subventionnés comme Le Monde, Le Devoir, etc. est devenu un handicapé de l'information. L'internet existe, mais il n'en exploite pas les possibilités. Il sera peut-être surpris un jour d'avoir été tenu dans une réalité parallèle, s'il lui arrivait de percer le dôme médiatique sous lequel son cerveau bombardé est, pour toute unité qu'il soit, un part de l'enjeu stratégique mondial.
La Russie est le joueur qu'on attendait pas pour mettre à mal l'idée d'une nation sans histoire et sans transcendance. Comme cette nation "défuntisée" devenue la nôtre, soutenue dans cette dérive par une majorité de souverainistes qui ne cessent de lorgner pour l'inclusif au sacrifice de tout ce qui subsiste à nous distinguer. En revanche, en Russie, on a une nation qui plonge ses racines dans l'histoire, elle ne tourne pas le dos à son identité. C'est de notre proche voisin du Nord que nous vient une vision qui valorise la tradition sans se refuser à la modernité, cette nation n'est pourtant pas une utopie du XXè siècle. Selon plusieurs sources, ce serait cette vision revigorée du national qui a cours en Russie. Une "russitude" qui reconnaît aussi de nombreuses nations en son sein sans capoter ! Mais cette réalité n'est pas celle dont nos médias nous abreuvent. Les oppositions légitimes de Russie passant inaperçues dans nos feuilles de chou, pour se forger une opinion il ne reste plus au lecteur du dimanche que les affres des minorités téléguidées de l'Ouest, tels les Navalny, avec les louanges du sempiternel culte victimaire. Mais qu'arrive-t-il du goulag dans lequel est enfermé Julian Assange dont le seul crime est d'avoir révélé quelques vérités ? Le pauvre lecteur qui tire sa seule information de Radio-Canada ou d'autres médias lourdement subventionnés comme Le Monde, Le Devoir, etc. est devenu un handicapé de l'information. L'internet existe, mais il n'en exploite pas les possibilités. Il sera peut-être surpris un jour d'avoir été tenu dans une réalité parallèle, s'il lui arrivait de percer le dôme médiatique sous lequel son cerveau bombardé est, pour toute unité qu'il soit, un part de l'enjeu stratégique mondial.
Inversement, en gros, l'autre moitié du monde, moins idéologisée, a déjà pris l'habitude de s'alimenter à des sources d'information relativement plus diversifiées. Chez-nous, il est à peine exagéré de parler d'un "rideau de fer" mental fermé par les tenailles médiatiques des pays de l'OTAN. Une autre partie de l'humanité est informée plus diversement sans l'être bien. Les masses qui sont moins dans la certitude d'être libres sont forcément plus critiques. Mais parfois, entre la liberté et l'asservissement la ligne est fine. N'était-ce pas de la Boétie qui écrivait De la servitude volontaire. Je suis témoin de gens qui préfèrent ne pas se poser de questions et suivre la voie qu'on leur intime de suivre. Se poser des questions les obligerait à l'inconfort d'y répondre, ce qui peut être au-delà de la capacité physique de ceux qui ne vivent que pour leur confort immédiat. N'est-ce pas le fruit de la société de consommation et des slogans de mai 1968 et du printemps des Cegeps de 1969 : Jouir sans entraves. Mais c'est aussi le problème de tous les goulags, le désir de se conformer.
* * *
Selon l'Institut français des relations internationales (ifri)i, le tournant conservateur russe plairait aux pays d'Asie. Ces pays seraient pour la Fédération de Russie (FR) les partenaires de l'avenir parmi
lesquels elle se sent respectée dans ses différences et surtout
traitée en égal. Elle est en bonne compagnie avec ces pays qui
s'efforcent de conjuguer la modernité avec leur attachement aux
traditions ii.
Cette
révolution tranquille à l'envers que rien n'annonçait est d'autant
plus anachronique qu'elle survient après 70 ans de socialisme
«scientifique», qui s'est traduit par une dénationalisation menée de main de fer par les bolchéviques, dont la composition ethnique au sommet était plus juive que russe, selon l'oeuvre jamais démentie d'Alexandre Soljenitsyne. Une idéologie basée sur le matérialisme, la
primauté de l'économie, le dirigisme culturel, le remplacement de
la religion et de la tradition par l'éducation laïque et la volonté
de construire un «homme nouveau» débarrassé des «préjugés». Pas étonnant qu'inspiration importante des révolutionnaires russes coulait de la révolution française.
Ce qui est encore plus étonnant c'est que le renforcement du national en Fédération de Russie n'avait rien de prévisible du fait que ce pays possède une diversité
ethnique qui n'est dépassée que par l'Inde. Or, la grande
diversité ethnique et linguistique de la Russie ne semble pas être un poids pour elle mais une richesse. À preuve, elle n'aurait pas freiné un consensus social conservateur qui ne fait que s'affirmer autour de valeurs patriotiques partagées. Le respect des minorités nationales, une tradition russe qui remonterait à la tradition tsariste, contraste d'ailleurs fortement avec la tradition anglo-saxonne subie par les Canadiens-Français. Deux mondes. Il est vrai, faut-il le rappeler, que 260 ans après la Conquête, le Canada d'Ottawa ne reconnaît pas la nation canadienne-française qui a pourtant bien servie l'empire britannique dans des tournants difficiles.
La popularité de
Vladimir Poutine, jamais démentie, incarne le phénomène de relative unité que vit présentement la Fédération de Russie. La presse le qualifie de dictateur mais les 70 % d'appuis qu'il recueille chez lui contrastent avec les maigres appuis de Justin Trudeau. Le
conservatisme social et le pragmatisme conservateur de Poutine, appellations consacrées, forment donc un socle politique de rassemblement qui semble là pour rester.
Dans
sa lettre «La question russe», en janvier 2012, au cours de la
campagne électorale, Poutine écrivait :
« L'auto-identification du peuple russe, c'est une civilisation multiethnique unie par le noyau culturel russe».iiiUne citation transmise par Léonid Poliakov, qui enchaîne avec ce commentaire à propos de Poutine :
«Au fond, il formule ainsi une "troisième voie", située entre le projet multiculturel occidental, dont Poutine estime qu'il a échoué, et le défi alternatif d'un "État national" qui serait fondé "exclusivement sur l'identité ethnique".»ivPour Poliakov, Vladimir Poutine considère son conservatisme
«comme une vision politique et morale du monde, cohérente et pleine de bon sens. C'est sur cette base qu'il a fondé sa campagne électorale de 2011-2012 et sa stratégie de développement jusqu'en 2025...»
Lors
des rencontres annuelles du Club Valdaï, en 2014, Poutine
poursuivait de la façon suivante :
«Pour que la société existe, il convient de soutenir des choses élémentaires que l'humanité a élaborées au cours des siècles : c'est le respect de la maternité et de l'enfance, le respect de notre histoire et de ses accomplissements, le respect de nos traditions et des religions traditionnelles»v
À
la lumière de tout ceci, en viendra-t-on à considérer Lionel
Groulx comme un visionnaire dont l'heure n'était pas encore venue ?
Il a certes combattu une forme de modernité aguicheuse et illusoire, une menace dont il nous entretenait notamment dans sa lettre à Jean Éthier-Blais «Sur les dangers de l'influence américaine».vi Un filet dans lequel se sont pris plusieurs intellectuels d'avant-garde, vantant comme un progrès indépassable de faire table rase, jugeant à jamais dépassé l'héritage spirituel de Lionel Groulx sur le petit peuple français d'Amérique.
Il a certes combattu une forme de modernité aguicheuse et illusoire, une menace dont il nous entretenait notamment dans sa lettre à Jean Éthier-Blais «Sur les dangers de l'influence américaine».vi Un filet dans lequel se sont pris plusieurs intellectuels d'avant-garde, vantant comme un progrès indépassable de faire table rase, jugeant à jamais dépassé l'héritage spirituel de Lionel Groulx sur le petit peuple français d'Amérique.
Dans
la présentation du dossier Lionel Groulx, publié par les Cahiers
d'histoire du Québec au XXè sièclevii,
Benoit Lacroix et Stéphane Stapinsky expliquent :
«Les citélibristes et certains nationalistes (notamment ceux d'extrême gauche) allaient prendre le relais au cours des années 1950 et 1960. Pour plusieurs souverainistes des années 1990, la figure de Groulx fait problème. Il leur semble que, en réponse aux accusations de «racisme» et de «fascisme» qu'on adresse tant de l'intérieur que de l'extérieur à la société québécoise (et en particulier au mouvement nationaliste), il leur faille prouver à tout prix à la face du monde qu'ils ne sont pas coupables, eux «modernes», de ce qui leur est reproché; pour ce faire, ils insisteront donc sur une rupture radicale entre la société d'autrefois et la nôtre et s'en prendront publiquement à ce Québec obscurantiste d'avant 1960 et au symbole du racisme et du fascisme de l'ancien régime que serait à leurs yeux Lionel Groulx. Une manifestation récente de ce nouveau rituel peut être relevée chez Gérard Bouchard.»
Plus
loin, les auteurs nuancent en citant quelques noms, parmi eux, à
gauche, Pierre Falardeau, Gaston Miron, Andrée Ferrettiviii,
qui ont accepté
«de nouer un dialogue avec Groulx».Ils finissent par demander avec raison qu'on tourne la page à cet infantilisme
«qui fait que, pour certains, il paraît impossible de se reconnaître dans une continuité à moins d'y trouver la trace d'une pureté conforme à nos valeurs actuelles.»ix
Comme c'est bien dit.
On
pourrait épiloguer longuement sur l'héritage de Lionel Groulx, mais
l'affaire est entendue. On en reviendra donc à ceci. Les
arguments de ses pourfendeurs, lorsqu'il s'agissait d'arguments et
non de demi-vérités et de falsifications, ont été réfutés avec
patience et avec plus d'explicitations que la plupart des objections n'en
méritaient x.
Depuis une trentaine d'années, grâce à des intellectuels
courageux xi,
tous les arguments pour discréditer Groulx et son oeuvre ont été
répudiés d'une façon ou d'une autre; si bien que le dossier Groulx
est clair et net. Alors pourquoi parler de réhabilitation de Groulx
par Poutine ?
La
réhabilitation de Lionel Groulx par Poutine est bien sûr une figure de
style. Elle met en évidence le fait que si la joute intellectuelle a
été remportée par les nôtres, ils n'ont pas prévalu. La société civile n'a pas
répercutée la victoire intellectuelle par des changements fondamentaux comme en Russie. Le tropisme des médias de masse, grassement y est certes pour quelque chose. En outre, le
discours politique et le projet d'indépendance, toujours restés sur la défensive, ont
continué à freiner des quatre fers pour empêcher que vole en éclats la mauvaise
conscience de notre passé. Feu la libération.
On refuse de faire à Lionel Groulx une
place au panthéon de notre histoire parce que notre élite nationale
dite «moderne» a rejeté tout ce qu'il représentait. Il était
prêtre catholique et défenseur de la tradition. Et, cocasserie de
l'histoire, c'est encore le prêtre catholique qui, depuis la grande
noirceur de 1943, leur fera la leçon :
«D'où nous vient, qui nous a donné ce goût morbide de nous accuser de tous les péchés, et plus particulièrement de ceux que nous n'avons pas commis.(sic)» xii
Après
60 ans de lutte souverainiste-indépendantiste infructueuse, on aura tout de même réussi à racornir la «civilisation française en Amérique» au point où
l'argumentaire des figures montantes ne semble plus que, outre l'enrichissement personnel et l'ouverture aux autres, aucun autre motif ne justifie la cause. Ceci
après avoir épuré au fil des ans, modernité oblige, toute référence à ce que nous
sommes et d'où nous venons. Le phénomène de retour aux sources, qui a amené les Russes au succès après 70 ans de dénationalisation violente (clin d'oeil à la dénationalisation tranquille), surtout avant Staline, à recouvrer leur patriotisme, prouve qu'il est possible pour une nation, singulièrement une nation fondatrice, de recouvrer ses droits fondés sur la continuité historique.
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i www.ifri.org/sites/default/files/atoms/files/ifri_rnv_90_fr_poliakov_protege.pdf Le « conservatisme » en Russie : instrument politique
ou
choix historique ? , déc. 2015
ii Japon,
Corée du Sud, Taïwan, Singapour, selon ifri
iii Que penserait-on d'une nation multiethnique unie par le noyau culturel néo-français, canadien français et Québécois?
iv Ifri,
p.18
vi Les
Cahiers d'histoire du Québec au XXè siècle, No 8, automne 1997.
Sur les dangers de l'influence américaine, 7 décembre 1964, p.175
vii Les Cahiers d'histoire du Québec au XXè siècle
http://agora.qc.ca/Documents/Lionel_Groulx--Lionel_Groulx___actualite_et_relecture_par_Stephane_Stapinsky_et_Benoit_Lacroix
viii
Il faudrait rajouter Michel Chartrand et Simone Monet-Chartrand dont
le mariage dut béni par Lionel Groulx
ix Cahiers
p.10 ou lien ici
x Pensons
ici à la réfutation détaillée par notre sociologue québécois
anglo-protestant Garry Caldwell, de la thèse de doctorat d'Esther
Delisle
http://agora.qc.ca/Documents/Antisemitisme--Le_discours_sur_lantisemitisme_au_Quebec_par_Gary_Caldwell
Thèse effectivement couronnée d'un doctorat, à la courte honte de
l'Université Laval.
xi Stéphane
Stapinsky, Garry Caldwell, Fernand Dumont, Serge Cantin, Nicole
Gagnon et bien d'autres
xii «Notre
force...» Groulx, Lionel, 1943; cité dans la présentation des
Cahiers... No 8
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