Frontières, mondialisation, souveraineté
On parle beaucoup aujourd’hui, du fait de la crise des réfugiés en Europe et au Proche-Orient, d’un « retour des frontières ». Ceci est assez étonnant, tout en décrivant bien, en creux, l’idéologie dominante dans une partie de la presse et chez certains commentateurs. Il faut en effet constater que les frontières existent aujourd’hui. C’est une évidence mais cela relève de la « découverte » pour certain. De ces frontières, certaines sont plus étanches que d’autres, mais elles sont une réalité générale. Par ailleurs, même au sein de l’Union Européenne l’accord de Schengen est aujourd’hui ouvertement remis en cause. Signe des temps : nous voici bien ramené à la question des frontières. Mais, cette question pose en filigrane celle de la mondialisation et celle de la souveraineté.
Individualisme, holisme et souveraineté
Il faut revenir à ce problème évoqué à propos de l’œuvre de Jean Bodin : l’articulation entre des sphères publiques et privées nettement séparées. Ne nous y trompons pas ; si Bodin, à la suite de la tradition du catholicisme née au Moyen-âge, et en particulier le nominalisme, reconnaît l’existence et le droit d’un individu d’exister par lui-même, cela ne veut nullement dire qu’il considère que cet individu est l’origine de la société. Cette reconnaissance ne vaut donc pas adhésion à l’individualisme méthodologique, qui s’est développé à la suite de la fétichisation de l’individu dans la théorie économique néo-classique. Cela implique, dans les faits, une adhésion à ce que l’on appelle le « holisme méthodologique ». Mais, ceci n’a rien d’évident, du moins en apparence.
https://russeurope.hypotheses.org/4402
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Fédéralisme?
Les déclarations d’Emmanuel Macron sur l’avenir de la zone Euro, déclarations qu’il a faites dans le journal allemand, le Süddeutsche Zeitung, ont été largement commentées[1]. Ces déclarations ne sont pas nouvelles. Néanmoins, venant après la crise qu’a connue la zone Euro avec la Grèce au début de l’été 2015, elles prennent une signification particulière. Ces déclarations sont un plaidoyer pour une fédéralisation accentuée de la Zone Euro. L’option fédérale est fréquemment présentée comme la seule permettant une survie de l’Euro[2]. En fait, la question des transferts budgétaires a été largement discutée quant à la viabilité de la zone Euro[3]. Cette question est au centre des discussions sur un possible « fédéralisme ». Si le fédéralisme implique des institutions politiques, il implique aussi des transferts budgétaires entre pays membres de cette « fédération », tout comme ces transferts existent de fait entre les régions d’un même pays[4]. Ce sont ces transferts qui permettent l’existence d’une monnaie nationale alors que le niveau d’activité, et que les structures économiques peuvent être très différents entre les régions. On comprend donc que la question des transferts est une question centrale pour une Union monétaire qui fonctionne réellement.
https://russeurope.hypotheses.org/4347
Souverainisme
Je publie, comme contribution au débat, ici le texte de l’introduction du livre sur le “Moment souverainiste” que je suis en train de terminer et qui sera publié en janvier 2016 aux éditions Michalon. Ce texte reprend un certains nombres de textes précédents qui ont été publiés sur ce carnet.
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Nous vivons un moment souverainiste.
Dans l’agora, qu’elle soit électronique ou non, le souverainisme fait débat. C’est une question qui dérange, et à juste titre. Car le souverainisme est ce spectre qui hante notre monde ; il est ce qui à présent fait clivage. On s’oppose parfois à cette notion dans les rangs de la gauche, où, pourtant, on n’hésite pas à parler de souveraineté alimentaire…Ainsi il y aurait un « bon » souverainisme comme un « mauvais ». Cette incohérence rend ceux qui la tiennent illisibles et, par conséquence, inaudibles. Si la notion de souverainisme a pris une telle place dans le débat c’est bien le symptôme que ce terme touche à quelque chose d’essentiel : la liberté. Celle de faire et de décider, en son nom personnel comme de manière collective, et non la simple liberté formelle.
https://russeurope.hypotheses.org/4312
Erreurs et impasses de l’européisme
Le texte ci-dessous fut publié en juin 2006 dans la revue Perspectives Républicaines dans son n°2. Neuf années nous en sépare. Ce texte est souvent cité, mais il est difficile à obtenir. Ceci militait pour une nouvelle publication. Il contient aussi l’essentiel de mes réflexions sur l’Euro et ses contradictions, que j’ai affinées avec la crise financière de 2007-2009. On pourra constater à la lecture de ce texte que j’ai assez peu varié, même si certaines de mes positions se sont radicalisées. Je le re-publie donc pour que l’on puisse voir que les arguments que j’avais utilisés à l’époque ont été largement validés par l’expérience.
https://russeurope.hypotheses.org/4306
Mélenchon, la Souveraineté et la cohérence
La crise d’orientation s’approfondit au Parti de Gauche. La réunion du samedi 12 septembre à la Fête de l’Humanité en a fourni une nouvelle, et décisive illustration. Le point central de cette crise n’est pas le temps politicien. Que le PG cherche des alliances pour un scrutin comme les élections régionales où il faut atteindre une barre des 10% pour accéder au second tour est normal. Mais, dans cette recherche d’alliance, le PG est conduit à sacrifier sa cohérence dans le temps Politique. On peut y voir, non sans raison, l’un des effets des règles électorales. Mais, ces règles s’imposent – bonnes ou mauvaises – à tous. En réalité, les incohérences dans le temps politicien tirent leur origine d’incohérences dans le temps politique.
https://russeurope.hypotheses.org/4304
Peuple, religion et ethnie
La question des représentations, des mythes fondateurs sur lesquels s’appuie une société, se pose alors. Il faut comprendre ce qui « fait peuple » ou du moins permet à une communauté de fonctionner. Les réponses potentielles sont multiples, mais elles sont toutes problématiques. On va ici s’intéresser plus particulièrement à la question du « lien religieux » et du « lien ethnique ».
https://russeurope.hypotheses.org/4293
Souveraineté et état d’exception
Certains désordres économiques, en particulier mais pas uniquement dans la sphère financière, confrontent le décideur au choix soit de respecter le cadre des normes habituelles, et de se trouver alors dans l’impossibilité d’agir en temps utile et/ou de manière efficace, ou de privilégier l’efficacité de son action mais en contrevenant délibérément aux normes. L’action « hors normes » est la condition alors pour le rétablissement de ces normes. Ce problème a été concrètement posé par les mesures prises de la BCE contre la Grèce à la fin du mois de juin dernier, mesures qui ont abouti à étrangler l’économie de la Grèce et qui ont compromis le bon fonctionnement des institutions de ce pays.
https://russeurope.hypotheses.org/4287
Décision souveraine et questions sur l’Etat
La prise en compte d’une incertitude radicale comme menace potentielle, mais non comme caractéristique permanente, dans l’économie décentralisée conduit alors à rechercher les procédures permettant de favoriser le déploiement des routines cognitives. La question de la stabilisation des lignes informationnelles qui nous permettent de gérer l’afflux d’informations[1], fait de l’objectif de construction d’espaces de stabilité une démarche méthodologiquement légitime, scientifiquement réaliste et politiquement opératoire. C’est le problème de la convergence, même temporaire, des représentations[2]. On voit immédiatement l’importance de ceci pour la constitution des Res Publicae. De la même manière, ceci justifie des démarches conscientes et délibérées visant à mettre en œuvre des cadres de coordination répondant aux contraintes cognitives et environnementales auxquelles les agents sont confrontés.
https://russeurope.hypotheses.org/4283
Souveraineté limitée ou souveraineté absolue.
Il faut ici reprendre le débat sur la notion de souveraineté qui est mal-aimée tant des économistes que des bureaucrates bruxellois. Ils y voient une intrusion de la discrétion dans l’optimisation, et plus fondamentalement quelque chose qu’ils ne peuvent appréhender avec les instruments de l’économie standard. La critique de la souveraineté, comme concept vide de sens ou dépassé, devient alors un point de passage obligé des argumentations. Dans ce débat, on constate la confusion extrême qui existe entre les différents niveaux d’abstraction. Il y a une confusion immédiate entre l’existence du principe de Souveraineté et les formes matérielles par lesquelles il peut s’exprimer dans une société donnée. Mais il y a aussi une confusion sous-jacente entre le niveau des principes et des faits matériels particuliers. En fait, ces confusions expliquent largement certaines positions des acteurs dans ce débat, encore qu’il faille comprendre que ces confusions sont surtout des justifications à des projets politiques particuliers. En réalité, l’ordre démocratique dérange toujours les possédants et les dominants par la radicalité de ses implications. C’est sur ce terrain que l’on constate tout le pouvoir révolutionnaire de l’œuvre de Jean Bodin.
https://russeurope.hypotheses.org/4276
Souveraineté et ordre démocratique
Si l’on ne peut faire l’économie du principe de légitimité, il faut savoir sur quoi sera-t-il fondé. La Souveraineté peut être déléguée à un individu comme elle peut être exercée par le peuple. Mais, dans le premier cas, le « souverain » n’est en réalité que le dépositaire de la Souveraineté. En réalité, la Souveraineté est toujours une caractéristique d’un ensemble collectif que l’on nomme « peuple ». Encore faut-il savoir comment s’organise ce « peuple », dont on rappelle qu’il est une communauté politique, pour articuler le principe de liberté et celui de responsabilité.
https://russeurope.hypotheses.org/4274
Souveraineté de gauche et de droite
Il y a clairement en France et ailleurs une tradition de la Nation transcendante qui refuse de considérer la Nation dans sa construction historique. On connaît la formule de Charles de Gaulle parlant d’un pacte de près de deux mille ans entre la France et la liberté. La formule est certes belle, mais elle fait fi de l’histoire de la construction sociale et politique de la Nation. Reconnaître cette histoire, ce qui fut le fait des grands historiens du XIXè siècle, de Guizot à Michelet, ancre plutôt le concept de Nation à « gauche ». Ceci étant dit, il faut immédiatement reconnaître qu’un processus d’une telle durée tend en réalité à se représenter aux yeux de ses héritiers comme son résultat[1]. Comme l’a écrit d’ailleurs fort bien un grand historien que j’ai eu l’insigne honneur de côtoyer, Bernard Lepetit : “Le poids du passé devient d’autant plus extrême qu’il tire sa force de son oubli.”[2] Il prend alors la dimension d’un fait transcendant parce que les acteurs ont perdu de vue les conditions historiques d’un procès de longue durée pour n’en envisager que le résultat. On peut donc admettre une congruence entre la thèse d’une Nation transcendante et celle de la construction historique de la Nation, tout simplement parce que cette construction historique est une œuvre d’une telle ampleur qu’elle ne peut se représenter que sous la forme d’un résultat « mythique », exactement comme s’il était le produit d’une transcendance.
https://russeurope.hypotheses.org/4272
Souveraineté ou barbarie?
La question de la souveraineté est aujourd’hui posée en France. Ce n’est pas un hasard. Cette dernière traverse donc aujourd’hui une crise généralisée, qui est bien entendu économique et sociale à l’origine mais qui investit désormais d’autres terrains. Les français le ressentent et le traduisent dans un grand pessimisme[1].
https://russeurope.hypotheses.org/4261
La société au risque de la souveraineté
L’une des erreurs les plus fréquemment commises est de penser qu’il pourrait y avoir une « société de marché » dérivant d’une « économie de marché ». En réalité, ces deux termes – société et marché – sont antinomiques. Le marché est l’espace des contrats, et les contrats ne sauraient fonder une société, quoi qu’en disent certains.
https://russeurope.hypotheses.org/4263
Souveraineté, laïcité et histoire
Alors que les projets de nouveaux programmes d’Histoire prétendent déconstruire en collège la question d’un récit (et non « roman ») national, il faut aujourd’hui revenir sur les conditions de construction de l’Etat moderne. Elles montrent l’importance des conflits, mais aussi des solutions historiques à ces conflits, solutions qui – une fois agglomérées les unes aux autres – ont construit l’identité politique du peuple français. Parmi ces solutions, la question de la laïcité occupe une place prépondérante.
https://russeurope.hypotheses.org/3828
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