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mardi 3 avril 2018

La cohabitation forcée de deux nations peut-elle les fondre dans une seule nation civique ?

La cohabitation forcée de deux nations peut-elle les fondre dans une seule nation civique ? Ne serait-ce pas plus tôt le signe d'une volonté d'annexion et d'assimilation coloniale ? Comme partout ailleurs au Canada où une telle cohabitation a pris forme ?

Pièce no. 1  
Pièce d'anthologie du nationalisme civique cher à Duceppe et Landry ?

Alexandre Cormier-DenisDe qui se moque-t-on?
Joyeuses Pâques à vous également ! Bref, vous reprochez principalement au nationalisme québécois des années 1960 de ne pas avoir conservé un caractère ethnique. Pierre Bourgault affirmait que la question du « nationalisme civique » revendiquée par la gauche souverainiste à partir des années 2000 avait été réglée par le R.I.N. dès les années 1960. Il avait entièrement raison sur ce point. Comme vous le savez, le néonationalisme québécois est calqué sur les républicanismes américain et français qui refusent toute dimension ethnique dans la définition de l’appartenance nationale. Je crains que le rétropédalage des Québécois vers une identité canadienne française ne se fasse pas de sitôt, bien que cela ne soit pas entièrement impossible vu l’éclatement actuel du mouvement souverainiste. Soulignons que la construction d'un État français sera, de facto, discriminatoire envers les droits linguistiques actuels des anglophones qui deviendront, dans les faits, une minorité linguistique. Par ailleurs, de quels « droits nationaux » des Canadiens français parlez-vous lorsque vous affirmez qu'ils ne sont pas actuellement défendu ? Parlez-vous uniquement des droits linguistiques ? De toute façon, je l'ai dit ailleurs, les anglophones ont compris depuis longtemps que le souverainisme québécois signifiait la création d'un État souverain où les descendants des Canadiens français seraient majoritaires. D'où leur hostilité fondamentale à toute revendication nationale québécoise. Je crains que le problème de fond ne soit pas la « québécitude », mais bien le marxisme culturel et le progressisme libéral-libertaire qui ont été confondu avec la construction d’un État national. Nous pourrions faire pendant des pages entières le procès de ce nationalisme de gauche qui voulait reproduire les schémas de la décolonisation du Tiers-Monde en oubliant le caractère profondément occidental du Québec. Ce nationalisme tiers-mondiste du R.I.N, du FLQ ou de Pierre Falardeau qui voyait dans la lutte des Black Panthers, du FLN ou de l'OLP des causes sœurs. Et tout cela sans parler de la confusion entre féminisme, social-démocratie et lutte pour la construction d'un État souverain. Mais la réelle question qui doit nous préoccuper, et je suppose que nous nous retrouvons sur ce point, c’est celle de la démographie. D’où l’importance de réduire substantiellement le volume de l’immigration qui nous est imposée. Lisée a déjà évoqué le chiffre de 30 000 et Legault parle de 40 000. C’est beaucoup trop, mais c’est infiniment mieux que les 60 000 immigrants prévus par Couillard s’il est réélu.
Pièce no 2


















Commentaire de Gilles Verrier 
Une chose me frappe c'est la confusion qui est faite entre nation civique, nation ethnique et la cohabitation forcée de deux nations.

La nation ethnique est celle (ou celles ?) dont se réclament les Premières nations pour lesquelles il n'existe pas de formule permettant de rejoindre ces nations pour qui n'en est pas membre.

La nation civique est la nation qui permet à tout étranger d'adhérer, de devenir citoyen de cette nation à part entière. Elle est par ailleurs toujours formée d'un noyau ethnique qui en fonde la réalité socio-historique et culturelle, qui forme un récit national.

La cohabitation, est le cas où deux nations civiques occupent le même territoire - de facto - sans que leur réalité soit reconnue explicitement, mais néanmoins deux nations qui se font une âpre concurrence pour la prépondérance. Nous sommes ici dans le cas du Québec et du Canada. Absence d'égalité entre les deux nations. Une constitution qui donne le pouvoir colonial à la minorité au Québec en dépit de la majorité démographique, à demi-annexée et éprouvant plus que jamais de la difficulté à s'affirmer. C'est le cas de ACD.

La nation civique telle que définie après le référendum de 1995, notamment par Gilles Duceppe et Bernard Landry est l'aboutissement de la confusion de la québécitude. Par la vertu du civisme - ou de sa magie - il nous faut reconnaître les membres d'une autre nation comme faisant partie de la nôtre. Comme si la nation canadienne anglaise était une vraie « minorité » au Québec. Mais la puissance ne vient pas que du nombre. Il s'avère que la nation minoritaire est la nation dominante car la constitution est écrite et interprétée à son avantage.

La nation civique des Canadaiens-français veut l'égalité et le pouvoir d'intégrer à elle, d'assimiler à 100 % les immigrants, ce qui écarte toute possibilité qu'elle soit une nation ethnique, terme que ACD emploie pour dire repliée sur elle-même, comme le prétend ACD. 
ACD répète les leçons apprises sur la nation civique et la nation ethnique, une explication qui aura servi d'instrument additionnel pour bien nous enfoncer dans le crâne un sentiment de culpabilité. La confusion dont fait état ACD nous montre que nous avons beaucoup de chemin à faire pour sortir de la paralyse politique.

Pièce no 3

Commentaire d'un autre correspondant 

... je ne récuserai pas l'accusation de nationalisme ethnique. Parce que c'est pour moi le nationalisme normal des nations, surtout des petites et en particulier de celles dépourvus d'État national. Seules font exceptions de grands États composites comme les États-Unis ou des États multiethniques issus des découpages coloniaux plutôt artificiels. Et c'est le seul nationalisme qui animait nos défenseurs avant 1968 (les civiques de naguère, comme les chefs patriotes, étaient en fait des fédéralistes ou des annexionnistes). 
Ceci dit, nos défenseurs n'étaient pas pour autant partisans d'une nation ethnique ou plus exactement d'un État ethnique, proche d'une Première Nation. N'eût été du néo-nationalisme, nous aurions vraisemblablement réussi à faire du Québec un Canada-Français qui aurait pu, comme tout État-nation moderne, offrir à quiconque le souhaite (et se conforme à certaines conditions imposées par l'État) une citoyenneté. Le problème du néo-nationalisme, de la québécitude, serait plutôt d'avoir promu un nationalisme civique, un non nationalisme en fait puisqu'il ne réfère à aucun héritage identitaire en particulier, à aucune ethnie précise, mais bien plutôt une idéologie : c'est une posture morale pour justifier une souveraineté qui ne pouvait, ni ne devait advenir pour la nation canadienne-française illégitime du fait de son ethnicité. Je distingue deux écoles de la québécitude, celle moins influente maintenant, qui vise à éteindre les caractéristiques ethniques de tous comme on a appauvri celles des Canadiens-Français (appelons-les les champions du laïcisme), et celle toujours de plus en plus assumée de l'inter/multiculturalisme. Quoiqu'il en soit, nous nous trouvons avec des nationalistes qui n'en sont pas. 
La nouvelle équipe de Vigile semble de moins en moins faire exception, en dépit de certains référents aux Canadiens-Français. La réponse d'ACD laisse clairement entendre que le seul véritable problème de la québécitude est d'avoir fermé la porte au conservatisme. Vigile ferait partie d'une faction qui chercherait ainsi à structurer une troisième école de pensée en québécitude, plus conservatrice celle-là, qui se réclamerait de valeurs occidentales, et plus vaguement de l'Union nationale ou du RN, une école plus à même de tromper les derniers espoirs de la majorité dite historique, afin de recharger un PQ passablement discrédité. Ce serait assez moche en fait. On chercherait à reconduire l'imposture pour une génération encore en neutralisant un réveil potentiel du nationalisme canadien-français. 



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