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mercredi 26 septembre 2018

Pour qui voter ? L'historien Jean-Claude Dupuis s'exprime

J'ai repris quelques citations tirées du texte de Jean-Claude Dupuis, qu'on peut retrouver intégralement ici : 

https://www.cqv.qc.ca/l_historien_jean_claude_dupuis_pour_qui_voter_lors_cette_lection

Je n'ai pas retenu ce qui a rapport avec ses positions bien connues sur le droit à la vie, de la conception de l'enfant à la mort. J'ai plutôt choisi les extraits les plus pointus de son analyse des partis politiques. Je reprends aussi - cette fois au complet - sa position sur l'immigration, à la fin.

Se faisant peu d'illusions, il commence avec cette phrase :

Quoi qu’il en soit, jouons pendant un instant le jeu biaisé de la démocratie, ne serait-ce que pour parler d’autre chose que de la météo, et examinons les diverses options.
Sur le Parti libéral, il est curieusement relativement élogieux, parmi les points positifs, il écrit :
Un point positif : il a laissé tomber le redoutable projet de Charte de la Laïcité de Pauline Marois. Les enseignants ne sont donc pas encore obligés de camoufler leur appartenance religieuse. Mais je me demande s’il l’a fait pour défendre la liberté de conscience ou pour plaire aux minorités ethniques, qui constituent la base électorale de son parti.

Sur la CAQ

Mais la « droite » de François Legault est exclusivement économique. C’est le simpliste discours antiétatique des chambres de commerce. Aucune valeur conservatrice sur le plan social ou national.
Legault présente la maternelle à quatre ans comme une panacée éducative. Il est même prêt à mettre sa carrière politique en jeu sur cette question. Allons donc. Les pédagogues savent qu’il n’y a pas beaucoup de différences concrètes entre un groupe d’enfants de quatre ans, qu’il soit en maternelle ou en CPE. On peut faire le même travail d’éducation dans une ou l’autre institution. Pas besoin de dépenser des sommes faramineuses pour agrandir les écoles primaires. Mieux vaut investir cet argent dans la formation et l’équipement des éducatrices des CPE. François Legault semble dire n’importe quoi, dans le domaine de l’éducation comme en matière d’immigration.

Sur le PQ de Jean-François Lisée

Historiquement, le PQ a fait beaucoup de dommage au Québec en dissociant l’indépendantisme du nationalisme canadien-français. Le prétendu « nationalisme territorial » qu’il oppose au « nationalisme ethnique » est incohérent. Un nationalisme est ethnique ou il n’est pas. Pourquoi séparer le Québec du Canada si c’est pour construire une société tout aussi multiculturelle ? Pourquoi prôner l’indépendance quand on est mondialiste ? Le PQ actuel ne ressemble pas au PQ du temps de René Lévesque. Son faible discours souverainiste n’est plus qu’une sorte de costume folklorique que l’on sort dans les congrès péquistes pour distraire les vieux militants (moyenne d’âge des membres du PQ : 61 ans). La « mise en veilleuse » du projet d’indépendance est devenue permanente. Sur le plan socio-économique, le PQ a pris un virage néolibéral dans les années 1990, sous la direction de Lucien Bouchard et de Bernard Landry. En pratique, très peu de choses distinguent maintenant le PQ du PLQ, sinon un discours légèrement plus affirmé en faveur de la langue française et de l’autonomie provinciale.
Mais ne vous attendez pas à des miracles avec un gouvernement Lisée. Préparez-vous plutôt à certaines déceptions. Après avoir promis de réduire le nombre d’immigrants, Lisée a précisé qu’il suivrait, en ce domaine, les recommandations de la vérificatrice générale. C’est beau de voir un futur premier ministre qui abandonne à l’avance son autorité politique aux mains des comptables agréés. Toute une « vision » pour l’avenir du Québec.
Sur Québec solidaire
Le Parti communiste du Québec a même adhéré à QS à titre de « collectif interne et autonome » entre 2007 et 2014. Cela nous en dit long sur la « sensibilité politique » des solidaristes. Personne n’a encore demandé à Manon Massé de présenter des excuses pour s’être associée à une idéologie qui a fait plus de 100 millions de morts.
Les repentances publiques sont pourtant à la mode de nos jours. Si les journalistes avaient découvert un quelconque néonazi dans les rangs de la CAQ, j’imagine ce que l’on aurait exigé de François Legault. Deux poids, deux mesures. 
Sur la question migratoire
Nos politiciens osent à peine parler du principal problème qui se pose actuellement au Québec, comme dans tous les pays occidentaux : la question migratoire. Il ne s’agit plus d’une « immigration », avec les difficultés normales qu’elle peut soulever. Il s’agit d’un mouvement de migration massive qui menace la survie des pays d’accueil. C’est une opération planifiée de colonisation de l’Occident par les peuples du Tiers-Monde. Le Québec compte annuellement 82 000 naissances et 52 000 immigrants. Il n’est pas difficile de comprendre qu’à ce rythme, les Canadiens français ou, si vous préférez, les Québécois francophones, seront bientôt minoritaires dans la province.
Lorsque l’État colonial britannique voulait assimiler les Canadiens français, au XIXe siècle, il faisait venir une forte immigration du Royaume-Uni. La proportion des anglophones est passée de 7 % à 25 % dans le Bas-Canada entre 1820 et 1850. Il faut se rappeler que les Rébellions de 1837-1838 se situaient dans le contexte de cette politique d’assimilation. Les Canadiens français ont néanmoins tenu le coup grâce à la « revanche des berceaux ». Mais l’Angleterre a probablement déployé moins d’efforts pour éliminer la nation française de la vallée du Saint-Laurent que nos propres gouvernements ne le font présentement au nom de l’idéologie mondialiste. Justin Trudeau va peut-être réussir là où Lord Durham a échoué.
Curieusement, le mondialisme invoque un argument qui ressemble à celui de l’ancien impérialisme britannique : l’immigration, qu’elle soit britannique pour Durham ou multiculturelle pour Trudeau, favorisera le progrès économique du Québec. Philippe Couillard le répète constamment : « Nous avons besoin de l’immigration à cause de la pénurie de main-d’œuvre. » Mais cette pénurie est très conjoncturelle, et un immigrant qui ne parle ni français ni anglais ne peut pas intégrer rapidement le marché du travail. Plusieurs études économiques sérieuses ont démontré que l’immigration massive n’est pas rentable. Pensons à l’ouvrage de Benoît Dubreuil et Guillaume Marois, Le remède imaginaire : pourquoi l’immigration ne sauvera pas le Québec (2011). Qui oserait parler de ce livre dans la campagne électorale ?
Selon le sondage Léger-LCN (18-9-2018), 45 % des Québécois estiment qu’il faut réduire l’immigration, contre 38 % qui veulent maintenir le niveau actuel et 8 % qui voudraient l’augmenter. Les Québécois sont finalement divisés à 50/50 sur la question de l’immigration, et ce même s’il est moralement interdit de critiquer l’immigration sous peine d’être étiqueté « extrême-droite » et d’être ostracisé de l’espace public. Si les médias toléraient une certaine liberté d’expression sur ce sujet, on peut penser que les 2/3 des Québécois seraient plutôt défavorables à l’immigration massive. François Legault a essayé malhabilement d’exploiter le sentiment anti-migratoire des Québécois, mais c’est par opportunisme plutôt que par conviction. Il a perdu l’équilibre dès le premier ressac. Ce qu’il faut en retenir, c’est que le débat sur l’immigration devient incontournable, même si les politiciens essayent de l’éviter, et même si les médias multiplient les actes de censure.
Quel serait, à votre avis, le résultat d’un référendum sur la question suivante : « Souhaitez-vous que les Québécois de langue et d’origine française restent majoritaires au Québec ? » Là, on aurait un véritable enjeu électoral.

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