L'ancrage de la pensée dans l'histoire et la tradition
Qu’est-ce qu’une nation pour Minville ? C’est
« une réalité sociologique, une communauté de culture qui se forme et se renouvelle le long des années de la pratique en commun d’une même conception générale de la vie »
Esdras MINVILLE (1896-1975) |
Le Rapport de la Commission
Tremblay (1953-1956), testament politique de la pensée traditionaliste canadienne-française1
Dominique Foisy-Geoffroy
Département d’histoire Université Laval
Tremblay (1953-1956), testament politique de la pensée traditionaliste canadienne-française1
Dominique Foisy-Geoffroy
Département d’histoire Université Laval
GV : « la pensée traditionaliste » est certainement discutable. Comme en toute chose, il faut séparer le bon grain de l'ivraie. Ceci dit, pour le double motif du mondialisme multiculturaliste et de la fragilité de la nation canadiEnne, toute pensée nationale qui ne serait pas ancrée dans la tradition est destinée à disparaître. La trajectoire est déjà connue, c'est celle des francophones hors Québec. On aime se rappeler au Québec que les francos sont une majorité, mais on saisit mal que cette majorité est surtout une minorité sociologique. Le pouvoir public au service de notre prospérité nationale nous a toujours fait défaut.
Quelques citations (mes soulignements en jaune)
Qu'est-ce que la Commission Tremblay ?
« Au travers des analyses historiques et des propositions de réforme, nous trouvons en effet dans le Rapport Tremblay l’exposé le plus synthétique de la pensée politique canadienne-française d’inspiration traditionaliste (ou clérico-nationaliste) du xxe siècle. C’est cette pensée politique, l’âme du rapport, plutôt oubliée de nos jours, que nous remettons en lumière dans cet article (p.261)
Elle nous conduit au cœur de l’un des problèmes fondamentaux de la politique, soit celui des rapports entre politique et transcendance. À l’origine de ce problème, un choix primordial : ou Dieu existe, ou il n’existe pas. Les conséquences de ce choix, de cet acte de foi, sont immenses dans tous les domaines de la vie humaine. En politique, lieu où l’être humain donne une orientation rationnelle aux destinées de la société, ce choix a évidemment une grande portée. En effet, si Dieu existe, si le monde et l’homme sont sa création, ordonnés à une fin déterminée qu’ils doivent atteindre par divers moyens, la politique doit se conformer à cet ordre qui dépasse l’homme et lui fixe des balises. À l’inverse, si Dieu n’existe pas, l’homme est seul maître de son destin et la politique devient non pas moyen d’accomplir une fin déterminée par une entité supérieure, mais outil prométhéen permettant à l’homme de s’arracher à sa condition et de devenir à lui-même son propre dieu, de créer de toutes pièces un nouvel homme, une nouvelle société, une nouvelle morale, de nouvelles règles régissant les rapports entre les personnes. C’est la portée, symbolique sans doute, mais néanmoins révélatrice d’un enjeu de première importance, de la mention de Dieu en tête des constitutions ainsi que de la présence de signes religieux, tel un crucifix, dans les chambres d’assemblée. Bien ancrée dans la réalité canadienne-française comme il se doit pour une œuvre traditionaliste, c’est en définitive sur ce questionnement universel et fondamental, dont l’actualité nous rappelle la permanence presque quotidiennement, que le Rapport Tremblay débouche.»
L’ordre de la vie procède ainsi de normes transcendantes, permanentes et universelles, donc valables pour tous les hommes et à toutes les époques et dans tous les milieux. [...] Qu’il agisse sur le plan privé ou sur le plan public, l’homme est libre de choisir ses modes de vie, mais il est responsable de l’ordonnance de son action, à la fois à sa propre vocation et au bien de la société tout entière12.
L’antimodernisme de Minville est par le fait même, sur le plan philosophique, un antilibéralisme. Il faut garder cette perspective en tête, car elle est d’une importance capitale pour comprendre la philosophie politique du Rapport Tremblay. (p. 263)
Qu'est-ce que la nation dans l'esprit d'Esdras Minville ?
Sur le même sujet :
1- L'article de Pierre Trépanier sur Esdras Minville est probablement un des plus fouillé et des plus sérieux que l'on peut trouver sur la question du nationalisme traditionnel canadien-français. Traditionnel n'est pas traditionaliste, ce n'est pas de défendre indistinctement tout ce qui vient de la tradition.
Article donc fort instructif sur lequel j'attire votre attention. Faute d'en faire la lecture complète, je vous recommande la lecture des pages 273 et suivantes sur l'éclosion du néo-nationalisme québécois.
2- http://www.bulletinhistoirepolitique.org/le-bulletin/numeros-precedents/volume-16-numero-1/le-rapport-tremblay-et-l’institutionnalisation-du-politique-dans-une-perspective-nationaliste-au-quebec/
« C’est « une réalité sociologique, une communauté de culture – qui se forme et se renouvelle le long des années de la pratique en commun d’une même conception générale de la vie ». Une communauté humaine, donc, partageant une culture donnée, la culture nationale. Celle-ci est interprétation d’une philosophie universelle, c’est-à-dire une recherche «du bien, de la vérité, de la beauté, au service de l’homme en quête de réponse à ses plus hautes aspirations », particularisée par un milieu donné : histoire, géographie, « génie national », et transmise par un « milieu ethnique » (complexe d’institutions et de traditions nationales) où elle est d’usage courant. Elle constitue donc une certaine manière d’être humain, et, «sainement inspirée», est en ce sens un humanisme qui aspire à l’universel : « Toute culture nationale part donc de l’homme et du particulier pour déboucher dans l’humain et l’universel, conduire à l’un et à l’autre comme à un achèvement. »
GV : La pensée du Rapport Tremblay se situe à des années lumières de la nation codifiée dans la Loi 99 (2000) qui l'évoque comme Une communauté majoritairement de langue française. Incidemment, le mot nation n'apparait nulle part dans la Loi 99, sauf eu égard aux Premières nations ! On a retenu à la place le mot peuple, plus ambigu. Concession évidente à la rectitude politique et façon de faire passer en douce la disparition de la nation socio-historique-culturelle décrite plus bas par Minville. Son remplacement par un peuple pluri national, une évolution qu'on refuse encore d'assumer ouvertement, est pourtant en cours. Et tous les partis politiques se sont révélés unanimes par leur adoption de cette loi - la Loi 99 - à mettre le cap sur la disparition tranquille d'une nation.
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Sur le même sujet :
1- L'article de Pierre Trépanier sur Esdras Minville est probablement un des plus fouillé et des plus sérieux que l'on peut trouver sur la question du nationalisme traditionnel canadien-français. Traditionnel n'est pas traditionaliste, ce n'est pas de défendre indistinctement tout ce qui vient de la tradition.
Article donc fort instructif sur lequel j'attire votre attention. Faute d'en faire la lecture complète, je vous recommande la lecture des pages 273 et suivantes sur l'éclosion du néo-nationalisme québécois.
2- http://www.bulletinhistoirepolitique.org/le-bulletin/numeros-precedents/volume-16-numero-1/le-rapport-tremblay-et-l’institutionnalisation-du-politique-dans-une-perspective-nationaliste-au-quebec/
3- http://crc-canada.net/nationalisme-canadien-francais/esdras-minville/maitre-nationalisme-can-fr/
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Les liens 2 et 3 ne fonctionnent pas.
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