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lundi 28 décembre 2015

L'analyse politiquement incorrecte du féminisme par la sociologue Nicole Gagnon

La sociologue Nicole Gagnon, professeur retraitée (1999) de l'université Laval, donne une entrevue l'année de sa retraite dans laquelle elle exprime des vérités politiquement incorrectes. Continuatrice discrète du renommé Fernand Dumont, elle s'exprime sur la société québécoise, l'éducation et le féminisme.
Sur le féminisme, elle fait, par l'importance qu'elle accorde à la différence entre les femmes bourgeoises et les femmes de la classe ouvrière, une analyse qui n'est pas très différente de celle que fait Alain Soral sur la même question, à la différence que Nicole Gagnon colle son argument sur la réalité québécoise et ne réfère pas explicitement à la lutte des classes. Comme cette entrevue date de plus de 16 ans, cela en rehausse à mon sens l'intérêt car toujours pertinente.

Source : http://www.fss.ulaval.ca/cms_recherche/upload/aspectssociologiques/fichiers/ito2002.pdf

Quelques extraits de l'entrevue sur le féminisme :

A.S. Comment pensez-vous l’histoire du changement des droits des femmes au Québec?
N.G. Je pense que les mouvements sociaux se donnent beaucoup plus d’importance qu’ils en ont. Les choses changent, les mouvements sociaux ne font qu’exprimer des changements qui existent sans eux. Par exemple, quand on dit que le féminisme a gagné le droit de vote des femmes, c’est passablement faux. Pendant des années, les féministes réclamaient le droit de vote et les messieurs leur répondaient « merci mesdames » et s’en moquaient. Les femmes ont eu le droit de vote quand est arrivé un premier ministre libéral. Ce n’était pas à cause de pressions, il trouvait ça normal, c’est tout. Actuellement, il me semble que les femmes n’ont absolument rien à revendiquer. La société québécoise a toujours été à forte dominance féminine et, actuellement, c’est très clair que ce sont les femmes qui ont le bon bout du bâton. Elles n’ont rien à réclamer et inventent je ne sais trop quoi pour se justifier. J’ai une très mauvaise idée sur le féminisme. Je n’ai jamais été féministe, je me suis découverte antiféministe très jeune. Je le raconte dans mon petit livre. Quand j’étais dans l’assemblée des étudiantes, ils voulaient mettre un comité des activités féminines. Il n’y pas de raison d’avoir un comité, un ghetto pour les femmes. Les femmes sont comme tout le monde. Dès ce moment-là, j’ai été assez allergique à l’idée d’institutionnaliser un particularisme féminin.

A.S. Dans votre livre L’antiféministe, vous critiquez la féminisation de la langue française, par exemple.
N.G. C’est incroyable. Ils sabotent la langue. Ça n’a aucune utilité. Il faut qu’ils se donnent des missions parce qu’en réalité, l’égalité des femmes, ça fait longtemps qu’elle existe. Il y a la pauvreté des femmes, mais il n’y a pas seulement les femmes qui sont pauvres. Il y a des pauvres et ils ne sont pas plus femmes que mâles. C’est une calamité publique!

A.S. Vous critiquez également la politique de discrimination positive envers les femmes.
N.G. C’est épouvantable. On veut faire la même chose avec les « ethniques ». Ça, c’est une chose terrible. Par exemple, si on met une espèce de quota pour engager des « ethniques » dans la fonction publique, quand tu arrives avec ton quota, tu n’as pas besoin d’être bon, hein ? C’est de la perversion complète. D’ailleurs, à l’Université, il n’y a jamais eu le moindre préjugé contre les femmes. Au contraire, il y a eu préjugé favorable. Mes collègues veulent avoir des femmes. Ils sont moins exigeants pour un candidat femme que pour un candidat homme. Parce qu’ils veulent en avoir. C’est insultant pour la personne.

A.S. Le Québec n’a-t-il pas besoin du féminisme?
N.G. Ce n'est pas le féminisme qui a gagné des droits aux femmes, c’est un mouvement de société. C’est un mouvement très naturel pour une société moderne qui a une longue tradition de dominance féminine. Ça remonte à la Nouvelle-France. À l’époque, dans la société française, le système était peut-être patriarcal, mais transplante un jeune couple, mets- le dans le fond d’un champ : il y a une situation qui oblige à l’égalité. L’homme a besoin de la femme, la femme a besoin de l’homme. L’égalité s’est instaurée dans les familles paysannes à cause des conditions de vie. La famille ouvrière est devenue matriarcale, parce que chacun avait le pouvoir de ses fonctions. L’homme fait telle chose et la femme fait telle chose. Dans les grandes villes, le père perd toute fonction dans la famille. Sa seule fonction, c’est d’apporter le salaire. Alors c’est la femme qui prend le dessus. La famille ouvrière est devenue très matriarcale, la famille bourgeoise, non. Dans la famille bourgeoise, c’est le mari qui a gagné, alors ce sont les bourgeoises qui ont protesté. La famille bourgeoise était un petit peu à dominance mâle.
Le mouvement féministe est né chez les bourgeoises qui se sentaient un peu dévalorisées. Il y avait une loi très archaïque sur le mariage : la femme n’avait pas le droit de posséder des biens, mais dans les familles pauvres ça n’avait pas tant d'importance, vu qu'il n'y en avait pas de biens. La femme ne s’en rendait pas compte. La bourgeoise s’en apercevait. La loi a été changée. Il n’y a pas eu de débat. Il y avait une loi rétrograde, il fallait la changer, et elle s’est changée très facilement. Avant, la femme mariée était comme empêchée d’avoir des biens. Elle avait besoin de la permission de son mari pour faire toutes sortes d’affaires. Les femmes célibataires, non. C’était l'idée que la famille était la cellule de base. 

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