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Certains indépendantistes-souverainistes ne semblent pas avoir pris la mesure du recul moral que leur mouvement a subi dans l’opinion publique depuis au moins 1995. L’élite de ce mouvement, les élus au provincial comme au fédéral et ceux qui gravitent dans leur orbite portent une grande responsabilité dans l’érosion du prestige qu’a connu leur parti depuis les temps de l’incorruptible René Lévesque. Beaucoup de munitions gaspillés depuis, allumées en vains feux d’artifice, se soldent en perte de crédibilité morale et de foi en droiture politique. Sans rappeler tous le événements, d’un épisode à l’autre, d’opportunisme politique en slogans démagogiques, en passant doucement de petites compromissions en petites trahisons, le Parti québécois a perdu l’aura de crédibilité qui avait garanti la prise au sérieux de ses deux campagnes référendaires.
La décadence générale de la classe politique occidentale dont le Parti libéral est champion au Québec n’a pas épargnée le Parti québécois. Même sans les révélations de la Commission Charbonneau, exercice politicien crasse pour noyer le poisson payé par le cochon de contribuable, un exercice pour lequel la PQ a marché aveuglément ou hypocritement, c’est selon... Ne savions-nous pas déjà, observateurs avisés, que nous ne pourrions avoir accès qu’à des révélations tronquées et sans suite (témoignage de Marc Bibeau à huis-clos, etc.), le tout menant, au contraire de l’épuration des moeurs largement attendue, à une transition, hélas, vers le raffinement du système de la corruption sans y mettre fin, sacralisant au passage l’impunité des responsables politiques au sommet de l’État, du système Desmarais et autres puissances ?
Dans un tel contexte de corruption et d’impunité généralisées, le référendum réclamé par certains ne peut être qu’une farce. Le cadre organisationnel, qui suppose un État de droit dont la légitimité, l’autorité et la justice est a minima acceptée de bonne foi, est au mieux douteux et au pire absent. Il fait défaut.
Le redressement de l’État, la lutte pour le rétablissement de valeurs morales inspirées des heures les plus riches de notre tradition chrétienne est le premier pas que la situation exige. Il faut faire le ménage. On a besoin d’un parti d’incorruptibles. Un parti de patriotes et non d’un parti de petits ambitieux. Un parti de gens talentueux prêts à s’élever pour sacrifier quelques années de leur vie professionnelle sans rien attendre en retour, un parti de gens qui seront insensibles à la dictature de la mode et des marques, qui ne tomberont ni pour Harley Davidson ni pour une paire de jeans à 400$ ni intéressés à se faire mener en bateau sur un cruiser de luxe. Un parti dont les dirigeants disposent d’une armature morale, pour paraphraser Lionel Groulx, qui va au-delà de ces futilités. Un parti fait de gens droits dans leurs bottes, refusant tout pot de vin et toute hypocrisie, telle que celle que cautionna cet exercice à l’usage des naïfs (naïveté entretenue par les médias) que fut la théâtrale et impuissante Commission Charbonneau.
Sans cette épuration, sans cet exercice de salut national, sans cette revalorisation des pouvoirs politiques, administratifs et juridiques pour convaincre avec succès le cochon de contribuable et d’électeur, tout référendum apparaîtra comme une couche de m... sur un tas de fumier.
René Lévesque n’était pas sans défauts mais il apparaissait à l’instar d’un de Gaulle, quoique moindrement, et aujourd’hui d’un Poutine, comme un homme foncièrement honnête, patriote et voué sans faille au bien de sa patrie. Cet aura qui entourait le Parti québécois du temps de son fondateur, peu ou prou, ne s’est pas étendu, il s’est au contraire rabougri et finalement dissipé. Pour le PQ, il y fera face ou l’esquivera, le défi est immense. Il s’agit pour lui de faire un premier pas pour retrouver la confiance populaire, confiance qu’il a largement perdue. Beaucoup plus exigeant qu’il n’y paraît.
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