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dimanche 2 février 2025

En 1969, Pierre Elliot Trudeau et René Lévesque s’accordent pour mettre fin à l’existence des Canadiens-Français

L’histoire en revue
La question de droits nationaux pour les Canadiens-Français et Acadiens a toujours été perçue comme une nuisance ou une menace par les bigots du Canada anglais. Devant les préjugés de la majorité à l’égard des « French Pea Soups », le devoir d’un homme d’État pourvu de sens moral était de protéger la minorité, une minorité à laquelle il appartenait lui-même par son père. Au lieu de s’y employer, P.E. Trudeau va accomplir quelque chose d’odieux, il va mettre fin à l’unité territoriale de la minorité canadienne-française au sein du Canada.


Les Canadiens-Français étaient aux prises avec des défis considérables, c’est clair. Du reste, leurs inquiétudes existentielles communes, bien que perçues différemment par les uns et les autres, avaient été révélées dans toute leur étendue à l’occasion des États généraux qui venaient de prendre fin en mars 1969. Ces assises sont marquées par l’échec des Canadiens-Français et Acadiens à faire front commun en vue de négociations constitutionnelles qui s’entamaient. Trudeau va en profiter. En pratique, il va s’assurer que les Canadiens-Français n’auront plus jamais l’occasion de se rassembler pour surmonter et aplanir leurs défis. Plus jamais d’occasions pour eux de poursuivre, même dans l'imperfection, une vie nationale fondée sur des convergences naturelles.
À l’époque les souverainistes du Québec débordaient d’optimisme. Ils ne cachaient pas leur hâte de prendre congé de leurs compatriotes Canadiens-Français des autres provinces, un poids. Trouvez-moi une seule citation de René Lévesque où il manifeste quelque sympathie à leur égard ? Trudeau aura donc le champ libre pour adopter la Loi des langues officielles à l’automne 1969. Cette loi va instaurer un régime de communautés francophones séparées, plaquées sur les frontières provinciales.

Bien que pour des raisons différentes, ceci réjouissait au Québec et à l’extérieur. Pour les souverainistes "responsables" c’était un acompte sur la souveraineté que Québec prenne à sa charge et garantisse les droits déjà bien assurés des anglophones. Pour les autres, hors Québec, c’était la reconnaissance linguistique longuement revendiquée. Dans un verdict à la Salomon, il leur fallait renoncer en échange à toute appartenance nationale passé, présente et future. Des fonds publics importants en faveur des identités linguistiques provinciales serviront d’incitatifs. De nouveaux porte-paroles taillés à la dimension provinciale prendront les places.
Dès lors s’accomplit le démembrement en dix parties d’un peuple tricentenaire qu’on voulait voir renoncer à toute forme d’expression politique. Mais ce n’était pas que le manque de sens moral de Trudeau qui était ici en jeu ni son manque de fidélité envers son père et des ancêtres, qui avaient tout de même tenu jusque-là... 

Sous un éclairage plus politique, et peut-être plus conséquent pour l’avenir, le gouvernement fédéral manque aujourd’hui à l’article premier de la
Déclaration des droits des personnes appartenant à des minorités nationales des Nations Unies, adoptée en 1992 :
Article premier
1. Les États protègent l’existence et l’identité nationale ou ethnique, culturelle, religieuse ou linguistique des minorités, sur leurs territoires respectifs, et favorisent l’instauration des conditions propres à promouvoir cette identité. [notre soulignement]
2. Les États adoptent les mesures législatives ou autres qui sont nécessaires pour parvenir à ces fins. 
Lien : https://www.ohchr.org/fr/instruments-mechanisms/instruments/declaration-rights-persons-belonging-national-or-ethnic ↩︎
Il est connu et admis aujourd’hui que l’idée du référendum a été conçu à Ottawa en 1969. Le référendum permettait aux Canadiens anglais de trancher sur le sort des Canadiens-Français du Québec. La formule référendaire va toujours à l’encontre du principe de l’autonomie interne des peuples minoritaires et sans statut. L’autonomie interne est précisément ce que réclamait officiellement Daniel Johnson pour les Canadiens-Français et Acadiens, le 5 février 1968. Les autorités québécoises violent elles aussi, tout comme le fédéral, le sens de la Déclaration de l’ONU citée plus haut, dans leur rejet (parfois méprisant) de considérer la reconnaissance statutaire des Canadiens-Français.


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