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Les pays européens tiennent-ils encore à leur indépendance ?

En 1945, les É.U. et la Russie soviétique se divisent l'Europe. En 2025, rebelote ? Cette semaine, la conversation de 90 minutes entre V...

samedi 15 février 2025

Les pays européens tiennent-ils encore à leur indépendance ?

En 1945, les É.U. et la Russie soviétique se divisent l'Europe.
En 2025, rebelote ?
Cette semaine, la conversation de 90 minutes entre V. Poutine et D. Trump s’est tenue dans une atmosphère qualifiée de constructive. On rapporte que l’échange ne s’est pas limité à l’Ukraine, mais a porté sur l’ensemble de la situation en Europe et dans le monde, de même que sur l’amélioration des relations bilatérales entre les deux pays. Ceux qui s’intéressent à la question se souviendront qu’en décembre 2021, la Russie avait déposé des propositions formelles pour une nouvelle architecture de sécurité en Europe.

Ignorés dans son ensemble par les destinataires, l’OTAN et les États-Unis, on ne saura jamais hélas, si le dialogue proposé aurait pu prévenir que le grave différend de l’époque devienne le conflit meurtrier que l’on connaît aujourd'hui.


Malgré tout, on peut se réjouir qu’une suite soit déjà prévue aux pourparlers d’hier et nul doute que la Russie aille ramener à la surface ses propositions pour une sécurité européenne mutuelle et indivisible. Ce qui implique le déplacement de tout dispositif militaire de l’OTAN loin des frontières de la Russie, un contentieux non réglé, qui rebondit régulièrement depuis la dissolution de l’Union soviétique en 1991. Il semble donc finalement que tout soit sur la table.

Il faut tenter d’interpréter ce véritable revirement. Même si tout est loin d’être joué, les Européens devront s’ajuster au nouveau discours. Ils y seront pressés de le faire. Le duel verbal, le même jour, qui a opposé Pete Hegseth, Secrétaire à la Défense des États-Unis et Mark Rutte, sec. gén. de l’OTAN avait amplement matière à les secouer. Des vidéos sont en ligne. On a l’impression que l’Europe pourrait bientôt se diviser en deux zones d’influence, sans nécessairement en rester là. Des pays dont l’existence remonte à mille ans pourraient perdre la souveraineté à laquelle ils semblent si peu tenir.
Dans ce type de situation, on cite souvent Marx qui écrit dans Le 18 Brumaire de Louis-Bonaparte: « L’histoire se répète deux fois. La première comme une tragédie, la deuxième comme une farce. »

Les pays européens veulent-ils encore être indépendants ?
Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, l’Europe était détruite et sa prise en main temporaire par les vainqueurs se défendait. Aujourd’hui, le refus des pays européens de jouer un rôle indépendant, visible surtout à l’Ouest, est attribuable à tout autre chose. Je vais lier cette chute de la volonté nationale à l’idéologie compradore de la classe politique européenne. Ne faut-il pas être « Young Leader » pour accéder à la présidence en France ? En Allemagne ? Bref, en Europe de l’Ouest. Avec les pays baltes comme premières savates, on semble vouloir se détourner de toute participation à un monde multipolaire. L’Europe, à peu de pays près (Hongrie, Slovénie…), semble préférer exécuter les plans politiques décidés à Washington plutôt que de se dresser et de continuer son histoire vénérable. Ne me dites pas que des pays comme la France et l’Allemagne sont incapables de s’affirmer, mais le veulent-ils ?



Les pays de l’OTAN se font donc communiquer par Pete Hegseth le rôle qu’ils devront jouer. Dépenser plus pour se défendre contre Poutine qui, n’est-ce pas cocasse ! est en train de fixer la date de sa prochaine rencontre avec Trump. Nul doute que les intérêts de la Russie, qui réclame un voisinage de neutralité militaire, seront pris en compte. En revanche, les dindons de la farce, qui jouent à se faire peur en lançant des cris d’orfraie à tort et à travers, se font rappeler à leurs devoirs. Taxer leurs populations en voie d’appauvrissement pour hausser leurs dépenses militaires au niveau de 5% du PIB. Voilà une belle cagnotte pour satisfaire la gourmandise du complexe militaro-industriel américain.
La subordination pratiquement inévitable de l’Après-guerre était tragique, la subordination des pays qui ne veulent plus s’affirmer prend l’allure d’une farce. Quand on ajoute au compte les menaces d’annexion du Canada, du Groenland, du Mexique, etc., on est en droit de se demander si le monde westphalien, établi par le traité du même nom qui a fait naître les souverainetés modernes en 1648 est en train de périr.








C’est certes de mauvais augure pour ceux qui s’escriment encore pour l’indépendance du Québec. Et, de manière contre-intuitive, c’est bien l’indépendance dite civique, dont la valeur pour l’humanité est discutable, qui est plus que jamais menacée. Il semble bien que dans le profil anticipé du futur, seuls les peuples qui affirment une forte personnalité, enracinée dans une histoire revendiquée, pourront conserver une chance de tirer leur épingle du jeu.

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