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En 1969, Pierre Elliot Trudeau et René Lévesque s’accordent pour mettre fin à l’existence des Canadiens-Français L’histoire en revue La ques...

jeudi 17 décembre 2015

Référendum ou pas - quelle est la voie la plus fréquente pour accéder à l'indépendance ?

En réaction à cet article de M. Alain Raby

http://vigile.quebec/Le-mouvement-declarationniste#formulaire


Liste des pays ayant déclaré leur indépendance sans référendum :https://www.facebook.com/photo.php?fbid=1735364576691673&set=gm.627531357349381&type=3&theater

Vous pouvez ajouter à votre liste si on remonte un peu plus loin, les États-Unis, le Mexique et les pays d'Amérique du Sud; les pays africains et asiatiques comme les Philippines, le Vietnam, le Cambodge et la plupart des autres colonies. On peut ajouter les pays fabriqués par les puissances impérialistes anglo-saxonnes comme Israel, le Kosovo et les pays héritiers de frontières explosives, découpées arbitrairement par l'État colonial, comme l'Inde-Pakistan avec son Cachemire et son Bangla Desh, oeuvre britannique encore dans ce cas. Il n'y eut pas de référendums à ma connaissance dans tous ces cas, bien que les ententes  pour ce qui est du cas de l'Inde et du Pakistan, prévoyaient un référendum sur la question cachemérie deux ans plus tard, un référendum qui ne fut jamais tenu.

L'examen des processus d'accession à l'indépendance confirmerait que {{le référendum a été jusqu'ici un instrument rarement utilisé.}} La règle semble se partager en deux cas de figure. La DUI (déclaration unilatérale d'indépendance) avec derrière une volonté populaire suffisante, suffisante et indispensable pour que cède l'État colonial; ou, selon l'autre cas de figure, la volonté de l'État colonial de se départir d'un boulet de responsabilité tout en cherchant à préserver ce qu'il peut de ses intérêts. Ce dernier cas figurant souvent l'indépendance en tant que porte d'entrée au néo-colonialisme répandu en Afrique et ailleurs, lequel consiste à piller les ressources en faisant l'économie de la responsabilité coloniale qui obligeait a minima le maintien d'écoles, d'un système de santé et de l'ordre public copiés sur celui de la métropole.

En général, l'indépendance apparaît comme le résultat d'un rapport de force qui se joue tantôt sur les enjeux du moment à fort potentiel de mobilisation : une affaire litigieuse dont se saisit le parlement menée sans flancher et qui évolue pour atteindre le point de rupture. Ce qui fut le cas en 1834-1837-38, de nouveau le cas de l'échec de l'accord du lac Meech et, encore plus récemment l'épisode flash de la condamnation d'Yves Michaud, qui selon moi représentait un potentiel de mobilisation menant à la rupture. En d'autres cas, les circonstances extérieures peuvent avoir un effet catalytique sur les conditions internes : guerre, crise... Prenons ici les cas de la pendaison de Louis Riel en 1885 à Régina, qui fut l'occasion de soulèvements importants au Québec et la crise de la conscription...  Si un référendum peut constituer en temps opportun un instrument dans une panoplie de moyens, il n'apparaît pas comme comme un passage obligatoire dans l'accession de à l'indépendance de la plupart des pays. Naturellement, pour le cas du Québec, des attentes persistantes ont été forgées au Québec sous l'influence de Claude Morin. Cette influence avalisée par la direction du PQ qui ne disposait pas d'un plan clair d'accession à un changement de statut à l'époque fait que cette approche du référendum incontournable a été insuffisamment combattue de l'intérieur en temps opportun. Ces années Morin ont eu pour effet de ramener le large boulevard pas encore totalement exploré de l'accession à l'indépendance à un étroit sentier. Le Québec en a souffert et il reste  encore aujourd'hui trop largement captif de la «fixette» référendaire. D'ailleurs, le «référendisme» en 2015 n'est-il pas toujours la doctrine officielle du Parti Québécois ?

Il nous faut anticiper sur l'Institut de recherche scientifique sur l'indépendance promis par PKP, un institut qui tarde à voir le jour et à propos duquel à peu près rien ne filtre. Soeur Anne ne vois-tu rien venir ? Plus il tarde, plus les Québécois se prennent à s'interroger sur sa composition et sa pertinence. Sera-t-il une autre patente de professeurs d'universités habitués à penser dans le système (par opposition à penser sur le système) ? Sera-t-il pesamment plombé de membres triés sur le volet de ces nombreux retraités du PQ et du Bloc qui ont pu faire du bon boulot politicien mais qui sauf exception n'ont jamais produit le début d'un plan d'accession à l'indépendance  ? De journalistes provenant de la presse système ? De hauts fonctionnaires à la retraite ? De communicateurs ? Une flopée de bonnes âmes qui nous produiront un jour un rapport préliminaire mi-chair mi-poisson de x centaines de pages ? Exagéré ? Peut-être, mais cette figure de style n'a pour but que d'exprimer mon scepticisme grandissant.

Pourquoi je suis sceptique ?
Il y a deux problèmes.
La première question concerne la nécessité de réunir un état major fiable à la tête du grand parti souverainiste, une question qui n'est toujours pas réglée. On parle beaucoup d'unité des troupes ces temps-ci mais trop peu, pour ne pas dire rarement, de la confiance qu'il convient d'accorder à l'état major, à la direction et à l'élite souverainiste en fait. Or, cette question est cruciale et rejoint la question de l'unité des souverainistes. Pour ma part, il sera toujours prématuré de parler d'unité tant qu'un leadership de confiance ne se manifestera pas de manière convaincante. Malheureusement il n'est pas présent, en tout cas pas encore.

Le 6 décembre dernier je plaçais sur Vigile le commentaire suivant :

PKP avancera en terrain miné tant que son parti pourrait garder en son sein ceux qui, comptant sur l’impunité, sont prêts à poignarder dans le dos ses plus sincères membres-patriotes. Des excuses officielles du Parti québécois, qui réhabilitent entièrement Yves Michaud s’imposent avant le quinzième anniversaire et des blâmes avec sanctions devraient être adressées nommément à tout ceux qui ont participé à cette infamie. Voilà le premier geste à poser qui pourrait convaincre tout le monde que PKP a mangé ses croutes et qu’il a la stature d’un chef d’État. Soit la capacité de trancher. Il est impossible de faire l’économie de ce rétablissement de l’honneur, de ne pas « sauver » nos soldats, en ce cas le soldat Michaud, si l’on veut ouvrir avec un minimum de crédibilité le chemin pour d’autres chantiers. 

Or, j'étais tout à fait sérieux dans cette prise de position qui vise à interdire non seulement de se présenter aux élections mais également de priver d'accès aux postes clé de l'appareil du parti tous ceux et celles qui ont pris quatre ans avant d'exprimer mollement leurs premières excuses. Sans sortir les gros mots, que je ne veux pas employer, il est clair que le manque de discernement, le manque de sens patriotique, le manque de fidélité à la cause qu'ils prétendaient défendre ne leur permet plus d'occuper des fonctions décisionnelles. Agir fermement à cet égard serait une premier pas dans le processus de mise à l'ordre, de retour à la crédibilité et à la confiance.

La deuxième question concerne la volonté de défendre les frontières et les intérêts économiques de la patrie contre les prédateurs apatrides. PKP représente une bourgeoise nationale qui veut garder ici ses usines, ses centres de décision et son argent. Il faut que des positions plus explicites soient prises en regard de la défense des intérêts nationaux sur tous les plans, ce que le Parti québécois sous influence des idées et valeurs mondialistes a refusé de faire jusqu'ici, si bien que l'on se retrouve dans un projet de souveraineté dont on a peine à distinguer les contours. Patriote ou quisling ? Nous aurons l'occasion d'y revenir.

J'aurais souhaité que l'Institut surgisse comme une flèche. Comme en continuité de ce que fut un jour un poing fermé au bout d'un bras levé. À tout considérer, le retard qu'accuse le projet rappelle que l'institut ne sera jamais qu'un reflet de la volonté d'un partie de la population qui voudra bien s'armer sur les plans politiques, historiques et en toutes les matières utiles à l'accomplissement de son destin national. Pour un volet, la question se pose donc de développer ce que je viens d'évoquer plus haut.  Produire en quinze ou vingt pages des réponses rigoureuses, soutenues et bien étayés par trois à quatre pages de solides références, l'Institut aura déjà accompli quelque chose. Mais combien de temps faudra-t-il attendre pour que cela se matérialise ?

Les questions (provisoires) auxquelles il presse de répondre se résumeraient ainsi  :

1- L'occurrence des référendums dans les passages à l'indépendance
2- Le poids de la volonté populaire dans les basculements en faveur de l'indépendance
3- Qualifier l'importance des luttes parlementaires de préparation, de rupture et de dénouement portés par les États provinciaux et semi-indépendants
4- Un examen des États semi-coloniaux de tradition européenne (cas du Québec) afin de retracer leur processus d'accession à l'indépendance, Norvège, Catalogne, Écosse
5- Répertorier et comprendre les exemples de forcing, là où des États subordonnés deviennent des États de fait et ensuite des États de droit, cas des États-Unis, et les cas prégnants des États de facto d'aujourd'hui en ballottement : Palestine, Transnistrie, Haut Karabach, les républiques de Donest et de Lugansk.
6- Le droit international, ses ambiguïtés et ses failles en matière de droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.

Voilà quelques questions, un point de départ qui permettrait de tromper l'attente paralysante qui entoure la création du fameux institut que certains nous annoncent maintenant pour avril ou juin 2016. Ne vaudrait-il pas mieux démarrer de façon embryonnaire tout de suite que de  faire en «plus gros» et en «plus prestigieux» sous les feux des projecteurs pour aussitôt décevoir et risquer l'explosion en vol ? Je me pose la question.

La nécessité d'aérer la question référendaire apparaît claire. Il faut que les nouvelles études promises et dont rien ne justifie l'attente replacent les référendums dans un contexte élargi. Il faut en relativiser la portée en se fondant sur l'ensemble des expériences nationales à travers le monde. L'utilisation du référendum ne se situe pas dans le cadre d'une problématique du pour ou du contre. Au contraire, cet outil s'inscrit dans le cadre d'une lutte où tous les moyens sont possibles et aucun n'est exclu. Il suffit de redonner à l'esprit sa souplesse, la souplesse stratégique du combattant qui voudra doser les éléments de la lutte politique intégrale sans a-priori.




 

mardi 15 décembre 2015

Décadence politique et morale de l'Occident - le cas du Québec

Publié d'abord sur Vigile. Chronique no.1
http://vigile.quebec/L-independance-passe-par-le


Certains indépendantistes-souverainistes ne semblent pas avoir pris la mesure du recul moral que leur mouvement a subi dans l’opinion publique depuis au moins 1995. L’élite de ce mouvement, les élus au provincial comme au fédéral et ceux qui gravitent dans leur orbite portent une grande responsabilité dans l’érosion du prestige qu’a connu leur parti depuis les temps de l’incorruptible René Lévesque. Beaucoup de munitions gaspillés depuis, allumées en vains feux d’artifice, se soldent en perte de crédibilité morale et de foi en droiture politique. Sans rappeler tous le événements, d’un épisode à l’autre, d’opportunisme politique en slogans démagogiques, en passant doucement de petites compromissions en petites trahisons, le Parti québécois a perdu l’aura de crédibilité qui avait garanti la prise au sérieux de ses deux campagnes référendaires.
La décadence générale de la classe politique occidentale dont le Parti libéral est champion au Québec n’a pas épargnée le Parti québécois. Même sans les révélations de la Commission Charbonneau, exercice politicien crasse pour noyer le poisson payé par le cochon de contribuable, un exercice pour lequel la PQ a marché aveuglément ou hypocritement, c’est selon... Ne savions-nous pas déjà, observateurs avisés, que nous ne pourrions avoir accès qu’à des révélations tronquées et sans suite (témoignage de Marc Bibeau à huis-clos, etc.), le tout menant, au contraire de l’épuration des moeurs largement attendue, à une transition, hélas, vers le raffinement du système de la corruption sans y mettre fin, sacralisant au passage l’impunité des responsables politiques au sommet de l’État, du système Desmarais et autres puissances ?
Dans un tel contexte de corruption et d’impunité généralisées, le référendum réclamé par certains ne peut être qu’une farce. Le cadre organisationnel, qui suppose un État de droit dont la légitimité, l’autorité et la justice est a minima acceptée de bonne foi, est au mieux douteux et au pire absent. Il fait défaut.
Le redressement de l’État, la lutte pour le rétablissement de valeurs morales inspirées des heures les plus riches de notre tradition chrétienne est le premier pas que la situation exige. Il faut faire le ménage. On a besoin d’un parti d’incorruptibles. Un parti de patriotes et non d’un parti de petits ambitieux. Un parti de gens talentueux prêts à s’élever pour sacrifier quelques années de leur vie professionnelle sans rien attendre en retour, un parti de gens qui seront insensibles à la dictature de la mode et des marques, qui ne tomberont ni pour Harley Davidson ni pour une paire de jeans à 400$ ni intéressés à se faire mener en bateau sur un cruiser de luxe. Un parti dont les dirigeants disposent d’une armature morale, pour paraphraser Lionel Groulx, qui va au-delà de ces futilités. Un parti fait de gens droits dans leurs bottes, refusant tout pot de vin et toute hypocrisie, telle que celle que cautionna cet exercice à l’usage des naïfs (naïveté entretenue par les médias) que fut la théâtrale et impuissante Commission Charbonneau.
Sans cette épuration, sans cet exercice de salut national, sans cette revalorisation des pouvoirs politiques, administratifs et juridiques pour convaincre avec succès le cochon de contribuable et d’électeur, tout référendum apparaîtra comme une couche de m... sur un tas de fumier.
René Lévesque n’était pas sans défauts mais il apparaissait à l’instar d’un de Gaulle, quoique moindrement, et aujourd’hui d’un Poutine, comme un homme foncièrement honnête, patriote et voué sans faille au bien de sa patrie. Cet aura qui entourait le Parti québécois du temps de son fondateur, peu ou prou, ne s’est pas étendu, il s’est au contraire rabougri et finalement dissipé. Pour le PQ, il y fera face ou l’esquivera, le défi est immense. Il s’agit pour lui de faire un premier pas pour retrouver la confiance populaire, confiance qu’il a largement perdue. Beaucoup plus exigeant qu’il n’y paraît.

vendredi 11 décembre 2015

Réaction en rapport avec un article de Vigile sur l'islamisme radical



  • http://vigile.quebec/L-Islamisme-et-la-tenaille rapport avec cet article : 

    Gilles Verrier
    Monsieur Cloutier,
    Votre premier dérapage est ici :« des démocraties occidentales... »
    Ces « démocraties » sont les premiers soutiens de l’islamisme radical dans un billard à trois bandes qui a pour objectif de nier le droit à l’auto-détermination de pays comme la Libye, la Syrie et l’Iraq et tant d’autres. Le faites vous exprès ou vous avez un spectre de lectures à ce point étroit qu’une partie de la réalité vous échappe ? Votre démonstration peut être séduisante pour qui s’intéresse à la question sans s’y attarder, mais ne peut convaincre les internautes avisés.
    Ce qu’il faut dénoncer ce n’est pas l’islam indistinctement, mais la complicité de votre pays, le Canada, votre « démocratie occidentale », que vous ne cessez de ménager sur ce point, absolvant les relations privilégiées qu’il entretient avec l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie, ces monarchies ou semi-sultanats qui, alliés indéfectibles de l’OTAN, sont les premiers financiers et armateurs de l’islamisme radical. Inversement, je ne vous ai jamais entendu parler de l’islam russe (30 000 000 de musulmans) ou de l’islam chinois ou de l’islam iranien qui sont le fer de lance dans la lutte contre cette perversion de l’islam que constitue certaines déviations saoudiennes bien entretenues de chez nous, bien entretenues de ces « démocraties occidentales » qui à vous en croire lavent plus blanc que blanc, au point d’avoir javellisées pour vous le Canada, que de l’autre coté de la bouche vous n’aimez pas beaucoup. Votre indépendance consiste-t-elle à faire du Québec un clone du Canada sur le plan international ? Un siège des Nations-Unies à New York pour quoi faire ?
    Il y aurait matière à ce que le Québec se distingue ici par sa recherche de la vérité et par son refus de solutions toutes faites, qui ne sont généralement pas dans l’intérêt d’une petite puissance (le Québec indépendant) qui souhaite rester libre et respectée de tous.

lundi 7 décembre 2015

Réconciliation : Conjuguer notre continentalité néo-française avec notre territorialité québécoise



Etre issus d'ancêtres qui ont civilisé un continent, qui ont fondé les plus grandes villes américaines, et vivre à la remorque de toutes les minorités en leur propre province, quelle déchéance !
Hermas Bastien
Condition de notre destin national, 1935
(Cité par Christian Saint-Germain)

Il faut assumer en l'articulant le rapport entre notre continentalité et notre territorialité, lesquels ne sont pas mutuellement exclusifs mais s'inscrivent au contraire dans la singularité de notre histoire.

Se dire Québécois, comme marque d'appartenance nationale est récent, une cinquantaine d'années. Pour être «plus» Québécois on a beaucoup promu l'idée dans les milieux autonomistes qu'il fallait exclure de nos consciences une identité plus ancienne, l'identité canadienne francophone. Être Québécois, c'est une identité qui coïncide avec un territoire, le territoire de la province de Québec défini par la Constitution de 1867 et modifié ensuite par le rattachement de Terre-Neuve au Canada en 1949. L'identité territoriale québécoise a ceci de particulier qu'elle tend à gommer l'occupation du sol par deux nations.  Le Canada anglais, qui y domine toujours, et les «descendants des vaincus» qui peinent toujours à faire valoir leurs droits. En revanche, derrière l'appellation de Québécois se trouve la volonté de prépondérance politique des Canadiens francophones sur un territoire bien défini.

L'identité québécoise n'a donc pas que des qualités pour les descendants des vaincus, surtout si cette identité se coupe de ses sources. La source de l'identité québécoise francophone se trouve dans la Nouvelle France et le Canada francophone. On a beaucoup cru depuis cinquante ans que de délaisser ces identités était nécessaire pour être Québécois, entrer dans la «modernité» a été invoqué comme un mouvement de rupture nécessaire avec notre passé identitaire.

Si l'identité territoriale québécoise ne saurait être remise en cause, on constate aujourd'hui qu'elle n'est pas incompatible avec nos autres identités. Bien plus, se séparer de nos identités fondatrices ne constitue pas un enrichissement mais un appauvrissement considérable.

En ce sens, nous avons au même titre que les autochtones le droit de revendiquer une pré-existence continentale, antérieure à l'établissement des États successeurs modernes que sont le Canada et les États-Unis. Ce concept de réconciliation entre notre soif du grand large et des grands espaces, qui se retrouve dans notre héritage néo-français, n'enlève rien, bien au contraire, à notre volonté de maîtriser notre destinée par un État posé sur un territoire défini.

7 décembre 2015
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La renaissance de la Nouvelle-France, clé de l'américanité québécoise


Gilles Verrier
      17 juin 2002



Une minorité coupée en deux
On admet généralement que les États généraux du Canada-français, tenus en 1969, consacrèrent en quelque sorte le schisme historique du peuple canadien-français. C'est à cette occasion que les délégués du Québec affirmèrent leur identité québécoise alors que les autres, ceux des autres provinces, restèrent Canadiens dans le sens traditionnel du terme. Le sentiment d'appartenance à un seul et même peuple francophone, sentiment qui avait prévalu depuis toujours, commença alors à s'effriter. Simultanément, le déclin des institutions religieuses dont les œuvres dans les domaines de la culture, de l'éducation et de la santé suivaient les Canadiens-français partout, continua de saper les solidarités de jadis. Bref, ce fut le début de la fin d'une identité partagée, un changement majeur dans la dynamique francophone continentale(1). Toutefois, on ne peut expliquer de façon satisfaisante le renforcement de cette tendance au cours des trente dernières années sans prendre en compte le rôle structurant joué par le fédéral pour cristalliser l'opposition des intérêts entre ce qui devint désormais les deux portions de la minorité francophone du Canada. 
En effet, la politique fédérale de bilinguisme instaurée par P. E. Trudeau renforça le sentiment de séparation effective des francophones en créant deux zones distinctes, deux statuts opposés, au sein même de la minorité linguistique du Canada. Existe-t-il une politique machiavélique typiquement anglo-saxonne ?(2) En tout cas, ici, on s'appliqua à diviser pour régner. Il advint donc que les francophones ne pouvant espérer mieux qu'une sorte de survivance furent soutenus financièrement et parfois même artificiellement alors que ceux qui grâce à leur concentration territoriale pouvaient aspirer à dépasser la survivance, voire à souhaiter l'émancipation politique, furent minés par une politique fédérale d'appui systématique aux organisations qui représentent la majorité anglaise canadienne au Québec. Pour les fédéralistes purs et durs, il y a dix provinces égales en droit et en statut au Canada. Ils oublient toutefois que les lois linguistiques font exception à cette vertueuse égalité. Le Canada, l'État central, a bel et bien façonné deux zones linguistiques pour sa minorité francophone, lui réservant des traitements inégaux en raison de son importance. Cette division de la minorité en deux zones est apparemment un fait singulier. Le Canada est-il le seul pays qui est assez «tordu» pour édifier une politique nationale de deux langues officielles qui fait de chacune d'elles une langue majoritaire et une langue minoritaire à la fois? C'est comme si la Norvège considérait les Lapons comme une minorité là où ceux-ci sont peu nombreux et une majorité là où ils se trouvent concentrés. Absurde, dites-vous ? Faut croire qu'à force de côtoyer l'absurdité elle finit par passer inaperçue… 
Notre américanité
En dépit de tout, le resserrement des rapports entre les francophones d'Amérique devrait être une chose naturelle, hautement souhaitable. Dans un monde où la diversité linguistique et culturelle s'imposent comme des enjeux de première importance, la défense de cette diversité passe nécessairement par la constitution de solidarités nouvelles qu'il faut tisser, organiser et mettre en œuvre. Tout cela est indispensable si l'on veut constituer une solution de rechange viable sur le long terme à la culture et à la langue uniques.

 

Pour y arriver, il faudra dépasser l'obstacle dressé par une certaine rectitude civique qui atteint parfois des sommets dans la pudeur au point qu'il devient hasardeux de viser la superposition des appartenances, en l'occurrence le resserrement actif des liens francophones, sans être au mieux taxé de «passéisme canadien-français» et au pire d'«ethnicisme». Ceci dit, au-delà des politiques de division entretenues par Ottawa, il faut reconnaître que les fondements traditionnels de la cohésion francophone sont disparus et le combat d'aujourd'hui ne consiste pas à les ranimer. Il faut plutôt s'employer à trouver les nouveaux et puissants ressorts qui feront renaître une communauté américaine francophone dynamique. 
À l'ère des identités et des appartenances multiples, il ne faut pas hésiter à se saisir de l'esprit intrépide et avant-gardiste de la Nouvelle-France pour en faire le socle d'une nouvelle alliance continentale des francophones. 

 

L'américanité, ce concept un peu galvaudé et fétiche du professeur Gérard Bouchard, a plusieurs visages. Si l'américanité possède un visage étatsunien illustré jusqu'à plus soif par Hollywood sur les écrans du monde entier, elle a aussi un autre visage, occulté par la domination anglo-saxonne sur l'ensemble de l'imaginaire américain. Visage voilé par un colonialisme qui étouffe l'expression du meilleur de nous-mêmes, qui nie nos propres repères et nos plus légitimes fiertés, nous défend de brandir fièrement des faits et gestes historiques qui, pour un peuple libre, seraient tenus en haute estime, enseignés dans toutes les écoles et portés sur tous les écrans petits et grands. Car l'épopée de la Nouvelle-France n'est pas une petite affaire. En revendiquer l'esprit tient lieu d'acte novateur et libérateur. 
La Nouvelle-France est une formidable épopée, nourrie par un désir authentique de connaître l'autre, de lier les peuples davantage par le sang du métissage que par le sang versé. Les néo-français ont colonisé le Nouveau monde avec une ouverture d'esprit qui étonne. Ils sont allés à la découverte de réalités et de territoires nouveaux, en ont dressé les cartes, les ont décrits et les ont occupés avec une économie incroyable d'hommes et de ressources matérielles. 
Si la colonisation étatsunienne et plus généralement la tradition coloniale britannique sont caractérisées par une violente conquête de l'Ouest, l'écrasement des établissements métis, le refoulement des autochtones dans des réserves et la spoliation de leurs territoires, il existe un contre-exemple. Si les Étatsuniens peuvent trouver grandeur, inspiration, fierté dans leur américanité et en faire partager l'émoi à l'échelle planétaire, la renaissance de la Nouvelle-France devient impérieuse. Le discours de l'Amérique sur elle-même est tronqué. Il sera toujours incomplet sans la renaissance de la Nouvelle-France. Cette renaissance renferme les ressorts d'une autre face de l'américanité dont la valeur est au moins égale à la première. 
Bien sûr, il ne faut pas tomber dans la facilité. Il n'est pas question de se satisfaire de contrastes esquissés à grands traits. Les experts apporteront d'autres éclairages, préciseront les faits et feront toutes les nuances nécessaires. Tout n'est pas noir et blanc mais, en dernière analyse, les différences qui ont marqué la rencontre des peuples autochtones avec l'un ou l'autre peuple européen, rencontres qui inévitablement devaient prendre une forme coloniale n'en faisons pas mystère(3), sont d'une envergure insoupçonnée. Si on a étudié l'histoire sous le rapport des colonisations comparées, on l'a encore trop peu fait. L'historiographie générale, dominée par les anglo-saxons d'esprit protestant, n'a-t-elle pas naturellement tendance à aplanir les différences entre les expériences coloniales ? Il faut donc se méfier de l'autre facilité, hypocrite ou mensongère, qui voudrait que toute colonisation soit également condamnable.
Voyons quelques faits marquants. La citoyenneté accordée aux Amérindiens par Richelieu dès 1627 sous condition de prendre la foi catholique, la Grande paix de 1701, le respect des indigènes et l'égalité avec eux dans une vie souvent étroitement partagée, sont sans équivalents à l'échelle des deux Amériques. L'exploration de 70% du territoire nord-américain par moins de 6 % de la population (4) est un exploit  grandiose, peut-être sans équivalence dans toute l'histoire des exploits coloniaux. Toutes ces réalisations ne pouvaient être possibles sans une attitude pacifique mais audacieuse et un savoir-faire particulier permettant de nouer rapidement des relations de confiance avec tous les peuples rencontrés au passage.

 

Les Néo-français explorèrent l'Amérique. Ils ne le firent pas en guerroyant partout où ils mirent les pieds, ils le firent dans un esprit de partage et de coopération. C'est une autre Amérique qu'ils inventèrent. 
Pourquoi le socle nous permettant de recréer des relations étroites avec les francophones d'Amérique ne serait-il pas l'appartenance commune à cette merveilleuse saga néo-française, une américanité particulière qui, si elle a peu à voir avec un Hollywood biaisé, n'a, en revanche, rien à lui envier ?

 

L'histoire de la Nouvelle-France est une histoire glorieuse. Nous pouvons plonger dans cette épopée et nous l'approprier pleinement pour la traduire en films, romans, chansons, opéras et la faire revivre de toutes les manières. Les valeurs de coopération, le désir d'aller vers l'autre et la soif authentique de connaissances s'y trouvent partout, à l'état de traces ou de semences, de Cœur d'Alène à Dubuque en passant par Saint-Boniface et Rivière-la-Paix. Dans leur particularité ces valeurs sont intemporelles et universelles. Néo-français et Québécois. 
Comme Néo-français, nous sommes unis (comme un possible et un passé) à tous les Néo-français et aux Métis d'Amérique. Nous pouvons revendiquer la vue sur les Rocheuses (eh oui !), que La Vérendrye et ses fils furent les premiers Blancs à voir en spectacle et à décrire, comme étant la nôtre. Nous pouvons revendiquer les appellations françaises de centaines de lieux, villes et villages du Canada et des États-Unis; l'exploration du Mississipi et du Missouri par Louis Jolliet et le Père Marquette. Par notre identité néo-française nous réconcilions, comme Québécois, notre besoin d'un pays propre, forcément limité sur le plan du territoire, le Québec, avec notre attirance traditionnelle, voire notre amour des grands espaces et du grand large, notre ouverture sur l'Amérique et sur le monde.
EN COMPLÉMENT
Reproduction d'un texte paru sur Avant-Garde Québec Pierre Martin (Extraits) 
En défense de la Nouvelle-France 
(…) le projet indépendantiste (et tout projet de société) est d'abord d'ordre poétique avant d'être politique : seul le mythe peut donner un sens à la volonté des peuples, les Américains l'ont bien compris, eux qui imposent les leurs à toute la planète. Il importe donc de retrouver nos propres mythes en faisant revivre la Nouvelle-France qui, s'il n'eut été du désastre anglo-saxon, était en passe d'établir de nouveaux paradigmes pour l'humanité, et ce, avant la révolution française qui, d'ailleurs, doit beaucoup à l'expérience franco-amérindienne. 
Retrouver l'esprit de la Nouvelle-France est donc primordial si nous voulons véritablement nous libérer.
Sinon, l'indépendance du Kébèk ne voudra rien dire puisque nous serons devenus des anglo-saxons parlant français. 
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(1) Idée originale de Claude Rifat qu'il défend vivement, en particulier dans des forums internet 
(2) Avec les conflits qui perdurent au Cachemire, au Moyen-Orient, en Rhodésie-Zibbabwe, (pour ne nommer que ces endroits) dont l'existence découle largement des politiques coloniales britanniques, on est en droit de se le demander. 
(3) Se référer notamment à l'œuvre collective «Le monde vers 1492», paru en 1999 
(4) «On constate que c'est vers 1680 que le Canada atteint la meilleure proportion de rapport de voisinage avec les colonies anglaises.» (Histoire des deux nationalismes au Canada, Maurice Séguin, annoté par Bruno Deshaies, p. 14) En fait, en 1680 les Néo-français comptent pour 6 % de la population des colonies anglaises. À la Conquête (1760), le rapport est de 4 % seulement, soit 70 000 habitants contre 1 600 000.
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http://vigile.net/archives/ds-souv/docs3/02-6-17-verrier-americanite.html

«Replacer la pierre d'angle ou subir l'Armageddon» Citations

Mon soulignement (surbrillance)

Vouloir approcher la nature des problèmes majeurs que rencontre de nos jours l'Europe chrétienne, ne saurait se faire sans, au préalable, avoir une notion aussi exacte que possible du poids réel du Christianisme dans notre aire civilisationnelle. Aussi étonnant que cela puisse paraître, ce n'est pas un religieux qui en parle le mieux puisque, encore une fois, nous faut-il faire appel à Carl Gustav Jung qui paraît être le plus compétent pour décrire celui-ci,  comme il le fait dans son recueil d'articles 
« L'Ame et la Vie » :
« Nous nous figurons toujours que le christianisme consiste dans une certaine profession de foi et dans l'appartenance à une Église. En réalité le christianisme est notre monde. Tout ce que nous pensons est le fruit du Moyen Age et singulièrement du Moyen Age chrétien. Notre science elle-même et, en bref, tout ce qui se meut dans nos cerveaux est nécessairement façonné par cette ère historique, qui vit en nous, dont nous sommes à jamais imprégnés et qui constituera, jusque dans les époques les plus lointaines, une couche de notre psyché, de même que notre corps porte les traces de son développement phylogénétique. Notre mentalité tout entière, nos conceptions des choses sont nées du Moyen Age chrétien, qu'on le veuille ou non. Le « siècle des Lumières » n'a rien effacé ; l'empreinte du christianisme se retrouve jusque dans la façon dont l'homme voulut rationaliser le monde. La vision chrétienne du monde est, par suite, une donnée psychologique qui échappe aux explications intellectuelles. C'est un passé qui, dans ses traces et ses conséquences, sera comme tout passé, un éternel présent. Nous sommes une fois pour toutes marqués au coin du christianisme.
 
Bien que CG Jung n'ait pas pu développer, dans son analyse, la part cachée du potentiel métaphysique réel du Christianisme, le lecteur attentif en sait désormais assez pour comprendre qu'il ne saurait être question d'éradiquer la réalité chrétienne d'un simple trait de plume comme s'efforce de le faire, mais sans réel succès, un ensemble de forces coalisées au niveau mondial, conséquence de la situation de déséquilibre numérique évoquée plus haut, ensemble de forces qui, finissant par comprendre l'impossibilité de la tâche, semble malheureusement avoir choisi de supprimer le chrétien lui-même au lieu du Christianisme.
Source : Pierre Audabram, 7 déc. 2015
http://www.dedefensa.org/article/replacer-la-pierre-de-langle-ou-subir-larmageddon

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A partir de la voie de Maître Eckhart, de Silésius et de la voie jungienne, Mélanson nous donne une définition du mystique moderne :
« Le mystique moderne est celui qui réalise une unité de l’Esprit dans le détachement de ses tendances sensibles et images intellectives tout en demeurant actif au niveau de sa vie consciente incarnée dans la réalité terrestre ».
Source : Jean Lecanu, 23 fév. 2013
http://www.barbier-rd.nom.fr/journal/spip.php?article1699

dimanche 6 décembre 2015

Il faut restaurer l'honneur d'Yves Michaud, qui est l'honneur du Québec qui combat

En complément à mon message précédent :
(http://vigile.quebec/Lettre-aux-independantistes)
"Il me revient toujours en mémoire le spectacle dégradant de 109 députés se levLe 14 décembre prochain sera le 15è anniversaire de la motion de blâme unanime de l'Assemblée nationale à l'encontre de M. Yves Michaud.
er sur ordre comme des pantins pour m’exposer au mépris de mes concitoyens. Je revois Lucien Bouchard, feindre l’indignation pour me livrer en pâture à des chiens enragés qui m’accuseront d’antisémitisme. "
Yves Michaud, 13 décembre 2004.
PKP avancera en terrain miné tant que son parti pourrait garder en son sein ceux qui, comptant sur l’impunité, sont prêts à poignarder dans le dos ses plus sincères membres-patriotes. Des excuses officielles du Parti québécois, qui réhabilitent entièrement Yves Michaud s’imposent avant le quinzième anniversaire et des blâmes avec sanctions devraient être adressées nommément à tout ceux qui ont participé à cette infamie. Voilà le premier geste à poser qui pourrait convaincre tout le monde que PKP a mangé ses croutes et qu’il a la stature d’un chef d’État. Soit la capacité de trancher. Il est impossible de faire l’économie de ce rétablissement de l’honneur, de ne pas « sauver » nos soldats, en ce cas le soldat Michaud, si l’on veut ouvrir avec un minimum de crédibilité le chemin pour d’autres chantiers. Si le ménage n’est pas fait avant le 14 décembre prochain, chacun pourra tirer ses propres conclusions.
Je me souviens !
Et, petit rappel pour les oublieux : « Nous sommes en guerre », Charles (Chuck) Guité

samedi 5 décembre 2015

Laïcité et patriotisme Le Québec et la Syrie de Bachar Al Assad

Bachar al-Assad défend la laïcité syrienne - un modèle pour le Québec ? 


Dans cet extrait de l'entrevue accordée par le Président Bachar al-Assad à la télévision tchèque le 1er décembre 2015 (http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/syrie-la-laicite-est-la-chose-la-175019) on peut voir la différence de point de vue entre la laïcité syrienne et la laïcité occidentale dont la laïcité québécoise relève.  Selon moi, on verra plus loin, une laïcité qui ne trahit pas la nation est indispensable. 
Président al-Assad : Dans notre pays ?
Réponse : Oui.
Président al-Assad  : La laïcité, parce que la Syrie est un creuset où se mélangent plusieurs ethnies et religions. La laïcité en Syrie est bien sûr différente de celle comprise par certains en Occident et, peut-être, en France. Elle n’est pas antireligieuse, et implique la liberté des religions, des confessions et des cultes.* Sans cette laïcité, la Syrie telle qu’elle a été depuis des siècles n’existera plus. C’est donc la chose la plus précieuse que nous tentons de protéger.
La deuxième chose est la modération, issue justement de cette diversité vécue depuis des siècles. Sans cette modération, la tolérance née de cette richesse incomparable de la société syrienne ne sera plus. Et c’est justement ce à quoi travaillent les terroristes actuellement. Ils essayent d’élever une nouvelle génération qui ne connaîtra rien de cette notion. Une génération de tueurs, de fanatiques et d’extrémistes qui n’acceptent pas l’autre. Ce sera un vrai danger en quelques années. Je ne parle pas des jeunes de vingt ans et plus, mais des plus jeunes encore. C’est le réel défi auquel nous devrons faire face.
*Mon soulignement

La laïcité au Québec est une laïcité qui place tous les cultes religieux sur le même pied, elle est donc une injustice envers le catholicisme qui est le culte historique, culturel et patrimonial. Ce que veut dire Bachar Al Assad quand il parle de «laïcité différente», c'est que la laïcité syrienne reconnaît la place prépondérante de l'islam, reflet de la réalité historique et actuelle du pays, et cette réalité est enchâssée dans la constitution.  Au Québec, selon moi, le statut d'égalité mur à mur accordé à toutes les confessions est d'inspiration maçonnique car il a pour objet de dépouiller la nation de ses repères historiques et de la déraciner.  L'égalité statutaire en matière de culte religieux n'étant pas différente dans ses effets de ce que serait l'égalité statutaire sur le plan linguistique. Enfin, pour préciser ce que j'avançais dans un message précédent, contre les «mêmes droits» pour tous les cultes doit être compris en terme de «statut» et nullement comme une volonté de discrimination des autres confessions religieuses, lesquels doivent jouir de la liberté d'exercer leur culte en paix. La distinction importante que je défends  concerne le statut particulier du catholicisme québécois (qui n'est pas le catholicisme en général), lequel devrait jouir de la protection de l'État.  Ce qui peut très bien se conjuguer avec l'existence d'un État laïc, soit un État qui n'est pas sous l'influence des lobbys religieux. Comme le clergé a quitté depuis longtemps l'antichambre du pouvoir politique, il n'y a rien à craindre de ce coté. Ce qui gène ce n'est pas l'influence du clergé sur l'État mais le manque de séparation des pouvoirs politiques et des pouvoirs des puissants groupes d'intérêt économiques et financiers.

mercredi 2 décembre 2015

Comment la laïcité affaiblit le Québec


«Au lieu de dénier la magie qui nous lie au Québec, nous aurions à revenir sur elle pour examiner ses procédés et ses démarches. Non pas pour oublier que nous sommes de cette société, de cet objet qui nous enveloppe et nous angoisse, mais pour récupérer autant que faire se peut les démarches implicitement comprises dans notre adhésion à cette culture-ci. La mémoire serait le commencement de la méthode

Fernand Dumont