- gilles verrierMonsieur Thomson, vous écrivez :De même, il faut être d’une incroyable naïveté pour croire que les politiques d’accueil des émigrants que ce soit au Québec ou dans le reste du Canada resteront sans conséquence pour l’avenir de nos identités respectives, ou suffiront à assurer la survie des valeurs fondamentales qui font et forgent nos identités culturelles et identitaires tout en assurant leur continuité.Le problème est que nous venons d’élire un chef qui n’a pas eu besoin de se prononcer clairement sur ces questions, comme le fait remarquer justement M. Ricard. On a eu vite fait de transformer une rare occasion de faire un débat d’idées en concours de personnalités. Plusieurs ont prématurément choisi leur camp. Vigile en est. On n’a pas jugé utile de poser les questions difficiles, de cuisiner les candidats... pour connaître le fond de leur pensée. La politique spectacle étant par définition superficielle.Le message de M. Ricard m’a allumé tout de suite. J’ai voulu relire ce que j’écrivais le jour du lancement de la course à la chefferie du Parti québécois, ce parti qui après avoir élu des Pierre-Marc Johnson, André Boisclair et Lucien Bouchard (je vais m’arrêter là) devrait avoir appris le devoir de précaution. Mais il semble que l’espoir de remplacement des libéraux et la cause de la probité gouvernementale suffisent. Le reste est ce qui tient lieu de souverainisme, des paroles. On a rénové. Changé l’appellation de souverainisme par celle d’indépendantisme, priant pour qu’un ravalement de façade change tout l’édifice. Peine perdue, rien n’a changé.Nous en sommes à la quadrature du cercle. Le Parti québécois se meurt de vouloir demeurer un parti agréable aux yeux de l’establishment canadien et mondial, auxquels il donne des gages de soumission à répétition tout en croyant demeurer souverainiste. Le dilemme cornélien ne tient plus. Il devra choisir. Dans l’épisode que nous venons de vivre il a choisi pour l’establishment et contre nous. Fidèle à son habitude des petites trahisons, la rectitude politique l’a emportée sur l’indépendance, sur ce que j’appelle à tout le mois un « bon comportement » patriotique. Il n’a pas sauvé l’honneur. Il nous a renié comme l’apôtre Pierre le fit (« Je ne connais pas cet homme ») et c’est maintenant au moins la troisième fois. La coupe est pleine, l’affaire est entendue, ce parti ne fera jamais l’indépendance.Nous sommes seuls, affreusement seuls devant le spectre d’un gouvernement mondial-mondialiste qui viendra mettre de l’ordre dans nos affaires, qui nous rendra la sécurité contre le terrorisme en éliminant toutes les souverainetés nationales. Une femme venue d’ailleurs est venu donner une leçon de virilité aux indépendantistes du ravalement de façade. Ils ne l’ont pas reconnue. « Je ne connais pas cette femme », ont-ils dit, je ne connais rien de ce qu’elle dit. Les immigrationnistes-mondialistes auront bientôt plein de sang sur les mains chez nous, comme ils en ont en France et en Belgique. Le PQ est des leurs.Voir ma tribune libre (et le fil des messages) pour se rappeler combien nous coute notre naïveté politique collective. Mais plusieurs commencent à y voir clair et c’est encourageant.
Canadiens issus de Nouvelle-France, nous réclamons un statut national avec les droits et les protections qui s'appliquent aux peuples minoritaires non reconnus. Ceci en vertu du droit international. Peuple historique et fondateur, nous réclamons l'autonomie interne et la réparation des divisions politiques entretenues par des politiques de provincialisation mises en place par Ottawa et par Québec. Abonnez-vous. Visitez notre site internet : https://canadiens-francais.com
Dernière parution
En 1969, Pierre Elliot Trudeau et René Lévesque s’accordent pour mettre fin à l’existence des Canadiens-Français L’histoire en revue La ques...
mardi 22 mars 2016
samedi 19 mars 2016
Se distinguer de Claude Morin - et comment donc !
Ainsi, me pose-t-on la question de savoir si mes propositions ne sont pas une réédition de celles de Claude Morin. Naturellement, il n'en est rien et pour dissiper tout doute à ce sujet, je vais m'exprimer d'une manière plus directe, avec moins de précautions dans mon propos afin que chacun comprenne bien de quoi il s'agit.
Ce que propose Claude Morin c'est de
recourir à des référendums sectoriels et d'adopter une
constitution québécoise. Je ne suis pas du tout dans cette
dynamique. Par contre, je le suis davantage quand il s'exprime en
faveur de l'utilisation de la clause dérogatoire.
Ce que je propose c'est de monter à
l'assaut de l'État du Québec et d'en faire un bastion de la défense
de nos intérêts. Ce qui suppose une petite révolution à
l'intérieur du PQ, qui n'a jamais que mollement défendu nos
intérêts quand il ne les a pas tout simplement trahis. Comme dans
le cas de l'affaire Michaud où ce parti d'écervelés, censé être
de notre coté, est allé détruire la réputation d'un honnête
patriote, un des nôtres, dans une union déshonorante avec
l'engeance libérale. Il fallut ensuite quatre ans avant que les
auteurs commencent à s'en excuser, assez mollement d'ailleurs. Sans
la trahison péquiste il n'y aurait pas eu d'affaire Michaud. Et
cette affaire est importante parce qu'elle est révélatrice de la
profondeur des convictions au sein du Parti québécois, en tout cas de sa direction. Pas mieux : dans la foulée du référendum de 1995, le PQ s'est complètement
effondré sur la question nationale. Il a accepté béatement les
résultats, refusé absolument de les contester sous tout rapport et
a lâchement abandonné toute défense de notre cause pour se
réfugier dans le provincialisme le plus plat.
Et aujourd'hui, la trouille aux fesses,
le PQ prend d'avance ses distances avec la présidente du plus grand
parti politique de France. Il refuse de rencontrer pour ne pas se
faire diaboliser... du fait, ne serait-ce que de l'avoir rencontrée.
Mais quel courage! Pendant ce temps-là, le Canada reçoit avec les honneurs les ordures d'Arabie
saoudite et d'Ukraine. Comme dans le cas de l'affaire Michaud, le PQ cherche encore une fois à donner des gages à l'establishment. La prise de position de PKP, qui soulève une controverse jamais vu sur son Facebook n'est que la dernière en lice des petites trahisons du PQ, un parti qui ne cesse de décevoir.
Mon propos est simple. Il s'agit de
demander au PQ de cesser de nous trahir dans les moments critiques.
Dans ces moments difficiles où les parlementaires, qui sont les
premiers représentants du parti, devraient, au lieu d'aller se
cacher, redoubler d'ardeur et de courage et mettre leur tête sur le
billot. À la lumière de ses impostures, il est présentement
impossible pour une personne sensée de se fier sur le Parti
québécois pour faire l'indépendance du Québec, peu importe le
moyen, la façon ou la stratégie. Ce qu'il faut demander au Parti
québécois c'est qu'il fasse le ménage dans sa propre boutique,
dans sa propre politique. Et ensuite, pour commencer, on ne mettra
pas la barre trop haute, on va simplement lui demander de bien se
comporter.
D'autres objections semblent venir du fait de prétendre à l'exclusivité mutuelle entre la lutte pour l'indépendance et de faire de l'État le bastion de la défense de nos intérêts. Comme je l'ai expliqué ailleurs, il n'en est rien.
http://vigile.quebec/L-independance-passe-par-le
lundi 14 mars 2016
L'indispensable reconquête de l'État
L'indispensable
reconquête de l'État
LA
MONTÉE EN INDÉPENDANCE, POSSIBLE DÈS 2018
Les
errances de l'idéalisme philosophique en politique
Après
plus de cinquante ans de souverainisme, nous devrions aujourd'hui
avoir le coeur à la fête. Palper le succès de nos longs
investissements dans la cause avec satisfaction et arriver enfin au
bout de nos efforts. Hélas il n'en est rien. Bien au contraire, le
mot que les indépendantistes ont le plus souvent à la bouche depuis
vingt ans est le mot «relance», mot qui sous-entend une certaine
stagnation. En fait, l'incapacité de rebondir confine à
l'effondrement. Pour remède, on se fend donc à imaginer des
expédients pour «relancer» l'indépendance. La magie n'opérant
pas, on pourrait conclure à moindre frais que la cause ne se pose
plus du tout dans les mêmes termes. Un constat qui échappe à la
sagacité de fervents patriotes qui ne cessent de ranimer les cendres
de la stratégie passée pour y déchiffrer la formule de «la
relance», comme on lirait, avec plus d'ésotérisme, l'avenir dans
les feuilles de thé.
Dans
cette chronique, après un détour pour faire découvrir la
philosophie politique qui anime les plus ardents «référendistes»,
je plaiderai la cause de la reconquête de l'État, un objectif qui
peut unir les Québécois. Je terminerai en proposant un cadre
programmatique pour une victoire incontestable aux élections de
2018, passage obligé pour renouer avec de grandes ambitions.
Des
errances d'une philosophie politique
On
a commencé à parler timidement de l'échec du «référendisme».
En s'enhardissant dans l'analyse, ce qui est en train de se répandre,
on commence à comprendre de plus en plus qu'il s'agit de l'échec
d'une approche du tout ou rien, qu'illustre cet orgueil mal placé
qui consiste à refuser de diriger la province d'une main haute et
assurée, sous prétexte que l'indépendance serait à elle seule cet
événement révélateur, le moment quasiment mystique sans lequel
l'État du Québec ne pourrait agir de manière décisive.
L'approche
«référendiste», en fait ce qui la sous-tend sur le plan de la
conception du monde et des changements qui s'y opèrent, révèle la
prépondérance (consciente ou non) de la philosophie politique
idéaliste chez nos compatriotes et en particulier chez ceux qui ont
défini depuis longtemps l'orientation du mouvement, tels Claude
Morin, René Lévesque et Jacques Parizeau. La base du raisonnement
philosophique qui caractérise cette approche mérite d'être mieux
définie.
«En
philosophie, l'idéalisme est une doctrine qui accorde un rôle
prépondérant aux idées et pour laquelle il n'y a pas de réalité
indépendamment de la pensée. »(1)
Pour
le dire à ma façon, l'idéalisme c'est de croire que l'histoire
suivra la route qu'on lui trace parce que ma bonne idée est un
boulevard. Par conséquent, la prépondérance des idées sur la
dynamique propre aux phénomènes matériels en société
(économiques, sociologiques, de tout ordre...) (2) conduit à des
positions telles que tenait l'ancien premier ministre
Bernard Landry avec son fameux mot d'ordre des années 2000 (3) :
«Sortir, parler, convaincre». Suggérant que le manque d'efforts de
conviction expliquerait l'insuccès. C'est ce que reprend à son tour
Pierre Cloutier, qui estime que des milliers de militants sont
maintenus dans la passivité parce que le PQ ne donne pas le signal :
«quand on veut un pays, il faut avoir le courage minimal de le
mettre sur la table, le matin, le midi, le soir, la semaine et la fin
de semaine». Pour lui, deux ans d'assemblées de cuisine et de
tournées régionales devraient changer la donne. En d'autres mots,
même si l'état major ne donne aucun signe de cohésion sur le
message à passer une fois qu'on a répété les banalités d'usage,
les militants devraient sortir et convaincre.(4)
Pour
expliciter, l'idéalisme politique des «référendistes» se vérifie
par certains traits (le lecteur comprendra ici que je ne m'adresse à
personne en particulier, le «il» que j'emploie renvoie à
l'idéalisme politique) :
1-
Il néglige de faire une analyse concrète des rapports de force et
des conséquences à en tirer.
Par
exemple, de la division de la nation en plusieurs partis, de l'appui
à la souveraineté devenu anémique, etc.
2-
Il véhicule une idée fantasmée de l'indépendance, un nouvel
Eldorado, détachée, privée de rapport dynamique avec les
obligations actuelles de l'État.
3-
Il néglige de prendre en compte le caractère relatif et limitatif
de l'indépendance des pays, ce qui est particulièrement vrai pour
le Québec.
4-
Il se paie de mots ou abuse des mots, tel «indépendance»
Car,
ce qui est évoqué pour le Québec au final, est un pouvoir
politique limité, qui commence par la reconduction des
responsabilités provinciales actuelles, augmentées de pouvoirs en
matière socio-culturelle, de langue et d'immigration et d'une plus
grande autonomie économique. Parlons-nous toujours d'une
indépendance sans armée? sans monnaie et sans banque centrale? Sans
frontières avec le Canada? Or, dans ce cas, une souveraineté
limitée ne peut donner des relations extérieures indépendantes.
Est-ce que le siège à l'ONU serait un siège de complaisance avec
des positions calquées sur celles du Canada? D'ailleurs, pourquoi
insister? Le Québec n'a jamais vraiment revendiqué sa propre
politique internationale? Est-ce à dire, on jase, que le Québec
récolterait tous ses impôts mais que ceux-ci seraient en partie
retournés à Ottawa pour qu'il administre les responsabilités qui
lui seraient laissées, de toute évidence nombreuses, pour tout ce
qui est de l'avenir post-indépendance immédiat et prévisible?
C'est
donc dire que le Québec indépendant, esquissé dans
l'historiographie souverainiste, qui varie il est vrai, aura d'autres
responsabilités mais le noyau dur de la souveraineté continuerait
de lui échapper.
Donc,
même après une indépendance durement négociée en notre faveur,
devenue de
jure,
ne serions-nous pas encore un peu dans la petite politique
provinciale, soit dans la continuité de l'insuffisance
d'indépendance?
5-
Il dévalue l'État provincial et son potentiel, refusant de concéder
que sa montée en puissance et en effectivité permettrait de
construire l'assise d'une plus grande indépendance, jusqu'au statut
d'État indépendant. Autrement dit, il néglige l'intérêt qu'il y
a à accroître indépendance de
facto,
pour ne donner d'importance qu'à l'indépendance de
jure.
Faire
la fine bouche sur cette question est véritablement de l'idéalisme
de haut vol. Le «grand bond en avant» se produirait donc
subitement, spontanément. On sait très bien que les responsabilités
de l'État sont de tout temps. Refuser d'y faire face rejoint la
perspective même de l'anarchisme. On verra plus loin que l'État se
trouverait pour une part devant les mêmes défis, même si
l'indépendance se produisait demain matin.
De
nouveau sur l'analyse de la situation
À
l'idéalisme philosophique du courant «référendiste», j'oppose le
pragmatisme politique. (5) L'État
du Québec est notre instrument collectif pour l'émancipation. Il
s'avère que pour la première fois de son histoire moderne il est
investi par des forces ouvertement anti-patriotiques, pires que tous
les gouvernements québécois antérieurs qui, même velléitaires
adhéraient au nationalisme traditionnel. Marcel Haché a raison
quand il affirme que le Parti libéral a été intégré par le Parti
Égalité et non l'inverse. On tarde à en prendre acte, même si le
parti libéral d'aujourd'hui se situe à des années lumières de
celui de Robert Bourassa ou de Jean Lesage.
La
question que je pose à mes amis indépendantistes est de savoir
comment, alors que nos propres forces sont affaiblies par deux échecs
successifs qui nous ont beaucoup couté, que les forces patriotiques
sont divisées plus que jamais et que notre État est entre les mains
des ennemis de la nation, que ces derniers y ont placé partout leurs
agents, qu'ils s'y sont incrustés depuis des années, de sorte que
l'État du Québec serait un véritable champ de mines pour un
prochain gouvernement plus patriotique, comment peut-on dans ce
contexte en arriver à croire que la situation commande aujourd'hui
de nous lancer dans une troisième aventure référendaire, dans une
élection décisionnelle ou dans une constituante alors que nous ne
disposons d'aucune base pour s'y lancer ? Suffirait-il de répéter
le mantra assez souvent pour que la réalité daigne s'y conformer?
Selon
moi, la situation commande la reconquête de notre État. C'est
indispensable du fait que cette reconquête porte la possibilité de
constituer un dénominateur acceptable pour l'ensemble des forces
nationalistes. Donc, un objectif rassembleur à partir duquel peut
être reconstitué l'unité nationale. Dispersés au sein de
plusieurs partis, la reconnaissance mutuelle de la relance de l'État
donnerait la chance de former un consensus national nouveau, ayant le
potentiel d'aller au-delà du fédéralisme. Mais d'abord, l'idée de
ne plus jamais laisser passer l'État du Québec aux mains des
libéraux est centrale.
La
prise en charge ferme et assurée de l'État comme processus
constitutif de l'indépendance.
Il
nous presse de comprendre que la puissance de l'État provincial sert
à préparer l'indépendance et ne s'y oppose pas. De comprendre que
des petites victoires, ces changements quantitatifs, représentent la
meilleure chance de produire des changements qualitatifs plus tard,
comme le changement de statut politique. Il s'agit de mettre en
marche dès l'élection notre indépendance dans les domaines de
notre compétence, réaffirmer la puissance de l'État à l'encontre
des petites féodalités trop longtemps tolérées.
Dans
un esprit rassembleur, il importe de choisir des dossiers reconnus
d'intérêt universels pour en faire un programme en quelques points
et d'éviter impérativement le piège des causes minoritaires ou
communautaires à la mode qui braquent les uns contre les autres :
féminisme, laïcité, lgbt, constituante, constitution, référendum,
etc. En 2018, pour gagner, il ne s'agira pas de faire de la pédagogie
politique au profit de sensibilités particulières ou minoritaires,
mais de prêcher à des oreilles réceptives ce qu'elles veulent
entendre, et il y matière. Soit de dire à six millions d'honnêtes
gens ce qu'ils n'ont pas entendu depuis longtemps, ce que nous
voulons tous entendre. Et d'y aller férocement avec tout ce qui sert
le bien public le plus large. Voici neuf points (parmi d'autres)
qu'il faudrait certes reformuler en «langage électoral» et ramener
éventuellement à trois ou cinq points centraux tout au plus.
- Agir en santé, quitte à déplaire aux médecins et aux médecins spécialistes, ce qu'aucun gouvernement n'a voulu faire (le gouvernement du Québec indépendant le ferait-il? C'est le même problème!) pour en finir avec l'attente aux urgences et rendre accessibles pour tous les soins de santé. Impérativement, ne pas choisir un médecin à la tête de ce ministère, nommer une infirmière-chef familière avec les urgences.
- Assainir et donner les coudées franches à la direction des poursuites pénales, enrayer la criminalité d'État et la corruption.
- Mettre derrière les barreaux les criminels identifiés par la Commission Charbonneau et les autres enquêtes policières qui présentement n'aboutissent pas. (Le même problème avec les mêmes hésitations si le Québec était indépendant demain matin... idem pour la suite.)
- Modifier les politiques d'Hydro-Québec, une autre féodalité dans l'État, pour que notre électricité serve pour une part de levier au développement économique, notamment par l'accroissement de notre indépendance dans les transports et en alimentation (production serricole) et autres domaines.
- Caisse de dépôt et de placement. Modérer son inclusion dans le marché financier pour l'obliger à se doter d'un volet de ré-investissement national, visant l'accroissement du PIB et le soutien à la PME, segment d'activité le plus créateur d'emplois.
- En éducation, rétablir l'enseignement de l'histoire nationale. Redresser partout la qualité de l'enseignement du français.
- Revalorisation de la langue française par des mesures particulières dans tous les secteurs, ré-investir dans l'Office de la langue française. Utiliser au besoin, sur un sujet aussi existentiel que celui-là la clause dérogatoire (6), recours qui, à lui seul, symboliserait fortement la volonté d'indépendance.
- Intégration des immigrants. Interventions par l'intermédiaire d'agents appartenant aux communautés immigrantes pour relayer des messages qui imposent l'idée de l'importance de l'État québécois, son histoire, sa langue, sa culture religieuse, etc.
- Immigration. Réduire à des seuils qui permettent de garantir une intégration harmonieuse. Choisir les immigrants non seulement en fonction de critères linguistiques mais en fonction de critères culturels de compatibilité avec les valeurs de l'intégration plutôt que celles du multiculturalisme.
Pourquoi
cela ne s'est-il pas fait avant?
Les
raisons sont faciles à comprendre, des gouvernements aux ambitions
modérés par les fantasmes référendaires et des gouvernements
minoritaires ou formés de majorités peu convaincantes. Ces deux
causes expliquent en partie la panne de notre État. D'où
l'importance que le prochain gouvernement du Québec soit élu avec
une forte majorité.
Est-ce
la garantie qu'un programme de redressement vigoureux de l'État sera
mis en œuvre? Je n'en sais rien et, en réalité on ne peut rien
garantir. En fait, nous savons tous que pour différentes raisons le
courage des élus n'a guère impressionné dans le passé. Suffit de
mentionner l'affaire Michaud ou les reculs successifs de Lucien
Bouchard. Les candidats, nouveaux élus, seront-ils mieux formés,
plus entreprenants, plus audacieux, mieux dirigés? Seront-ils
capables de garder le cap et de résister aux fortes pressions de
l'oligarchie mondialiste des Bilderberg et autres puissants lobbies?
La question reste entièrement ouverte. À cette question, je réponds
donc par une autre : avons-nous le choix de ne pas essayer?
Les
petits gouvernements «provincialistes» sans envergure ont été
jusqu'ici la norme. Ils ne sont toutefois pas une fatalité. Quand il
y a eu des exceptions, tels les gouvernements de 1954 à 1965, pour
ce qui est de la fiscalité, et ceux de 1960 à 1980, pour ce qui est
de la fierté nationale, le Québec a progressé. Et c'est à ces
occasions que l'indépendance à connu ses moments les plus
enthousiasmants.
Selon
moi, il n'y a pas d'autre voie. C'est la reconquête de l'État,
réalisée avec l'appui massif de la population qui redonnera le goût
aux Québécois d'aller plus loin. Quand nous aurons obtenus des
gains, l'État québécois aura gagné en puissance et en prestige. À
partir de là, il serait trop facile de dire que la suite se devine
aisément, non pas. Ce dont il faut d'abord s'assurer c'est que les
ressorts de la nation ne soient pas irrémédiablement brisés.
1-
http://www.toupie.org/Dictionnaire/Idealisme.htm
2-
Ce que le philosophe allemand Hegel développa avec le concept de
l'analyse dialectique, reprise ensuite, notamment par Marx et
d'autres en philosophie politique, qui firent du caractère matériel
prépondérant des choses et des phénomènes la base de la
dialectique, qui s'impose toujours aujourd'hui comme un formidable
outil d'analyse, principalement dans la variante du matérialisme
historique.
3-
http://vigile.net/archives/01-3/verrier-landry.html
4-
En
comparaison, la gouvernance souverainiste de Pauline Marois, était
potentiellement beaucoup plus dangereuse. Dans ce cas, ce n'est pas
la formule qui fâche mais le fait qu'elle soit restée creuse.
Deuxièmement, même avec un contenu clair, on peut se questionner à
bon droit sur l'effectivité, le mot n'est pas choisi au hasard,
qu'aurait pu prendre la gouvernance souverainiste compte tenu du
statut minoritaire de ce gouvernement.
5-
http://www.toupie.org/Dictionnaire/Pragmatisme.htm
6-
Daniel Turp en faveur de l'utilisation de la clause dérogatoire.
samedi 5 mars 2016
Donner une chance à la prise du pouvoir - pour une mise en échec de la dénationalisation tranquille du Québec
Commentaire dur l'article suivant : http://vigile.quebec/Tout-miser-sur-le-Pouvoir
[Tribune de Marcel Haché]
________________
Tout miser sur le pouvoir
Tout miser sur le Pouvoir. Le titre de Marcel Haché est bon. Car la garantie de résultats, même dans le cas de l'élection d'un gouvernement majoritaire sur une ligne nationale - nationaliste est loin d'être acquise. Mais avons-nous d'autres paris plus prometteurs à part miser sur celui-là ?
________________________
Prendre le pouvoir pour ne plus jamais le perdre aux mains des libéraux. Prendre le pouvoir pour en chasser graduellement les ennemis de la nation. Ce pouvoir qu'ils ont fini par occuper mur à mur dans toutes les dimensions de l'État, dans la haute fonction publique, dans la magistrature, au Barreau, au Collège des médecins, dans le secteur public et para public, à la Caisse de dépôt et de placement, à la Commission des droits de la personne, à Hydro-Québec, dans les médias. Partout.
Il faut non seulement prendre le pouvoir sur une ligne nationale - nationaliste, mais le prendre avec une victoire convaincante. Une victoire à la Marois, à la Landry et autres gouvernements minoritaires ou légèrement majoritaires serait absolument insuffisante. Il en faut plus pour renverser le cours de la dénationalisation tranquille qui s'est enclenchée au Québec. Il faudra idéalement une coalition du PQ et de la CAQ, dont seuls les augures peuvent deviner les contours. Sans refaire l'union de la nation il ne sera pas possible de commencer à prétendre à quelque chose. Tout le reste, la rêverie républicaine, référendaire et constitutionnelle représentent ce qui nous a toujours nui depuis que nous avons perdu le bon coté du manche et, si nous n'y voyons pas, c'est ce qui nous gardera pour toujours à l'écart de notre indispensable ré-affirmation nationale. Condition préalable pour renouer avec de plus grandes espérances.
Le volontarisme politique est notre pire ennemi. Cette spécialité des cénacles indépendantistes, qui se tiennent chaudement à l'écart de la {realpolitik}, nous pond des plaidoiries poussives pour un autre référendum ou d'autres plans alambiqués. Quelle dispense à bon compte de l'analyse du rapport des forces dans le Québec actuel !
La situation, après des décennies de gouvernement libéral et quelques années de gouvernements péquistes minoritaires et faiblards, ou pas intéressés à gouverner une «méprisable» province, nous a conduit à cette déplaisante réalité : le recul. La question n'est plus de savoir par quels moyens faire l'indépendance, qui est aujourd'hui une question oiseuse, presque scolastique, une perte de temps; mais de savoir si la nation québécoise pourra prochainement se relever et se ressaisir suffisamment pour renverser le cours de sa dénationalisation, l'antichambre de sa disparition.
Ce n'est donc plus de l'indépendance dont il s'agit dans la conjoncture actuelle, mais de savoir si il y aura une nation avec suffisamment de vitalité pour qu'elle retrouve le goût de vivre, cette fierté qui pourra la lancer de nouveau dans la durée. «Les boeufs sont lents mais la terre est patiente», cette idée de Pierre Falardeau est plus actuelle que jamais. Elle devrait nous inspirer pour le temps présent : celui des grandes ambitions dans le sens provincial, un programme peu glorieux pour ceux qui refusent de décrocher du «grand soir». Voilà hélas où des décennies d'errances nous ont ramenés.
[Tribune de Marcel Haché]
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Tout miser sur le pouvoir
Tout miser sur le Pouvoir. Le titre de Marcel Haché est bon. Car la garantie de résultats, même dans le cas de l'élection d'un gouvernement majoritaire sur une ligne nationale - nationaliste est loin d'être acquise. Mais avons-nous d'autres paris plus prometteurs à part miser sur celui-là ?
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Prendre le pouvoir pour ne plus jamais le perdre aux mains des libéraux. Prendre le pouvoir pour en chasser graduellement les ennemis de la nation. Ce pouvoir qu'ils ont fini par occuper mur à mur dans toutes les dimensions de l'État, dans la haute fonction publique, dans la magistrature, au Barreau, au Collège des médecins, dans le secteur public et para public, à la Caisse de dépôt et de placement, à la Commission des droits de la personne, à Hydro-Québec, dans les médias. Partout.
Il faut non seulement prendre le pouvoir sur une ligne nationale - nationaliste, mais le prendre avec une victoire convaincante. Une victoire à la Marois, à la Landry et autres gouvernements minoritaires ou légèrement majoritaires serait absolument insuffisante. Il en faut plus pour renverser le cours de la dénationalisation tranquille qui s'est enclenchée au Québec. Il faudra idéalement une coalition du PQ et de la CAQ, dont seuls les augures peuvent deviner les contours. Sans refaire l'union de la nation il ne sera pas possible de commencer à prétendre à quelque chose. Tout le reste, la rêverie républicaine, référendaire et constitutionnelle représentent ce qui nous a toujours nui depuis que nous avons perdu le bon coté du manche et, si nous n'y voyons pas, c'est ce qui nous gardera pour toujours à l'écart de notre indispensable ré-affirmation nationale. Condition préalable pour renouer avec de plus grandes espérances.
Le volontarisme politique est notre pire ennemi. Cette spécialité des cénacles indépendantistes, qui se tiennent chaudement à l'écart de la {realpolitik}, nous pond des plaidoiries poussives pour un autre référendum ou d'autres plans alambiqués. Quelle dispense à bon compte de l'analyse du rapport des forces dans le Québec actuel !
La situation, après des décennies de gouvernement libéral et quelques années de gouvernements péquistes minoritaires et faiblards, ou pas intéressés à gouverner une «méprisable» province, nous a conduit à cette déplaisante réalité : le recul. La question n'est plus de savoir par quels moyens faire l'indépendance, qui est aujourd'hui une question oiseuse, presque scolastique, une perte de temps; mais de savoir si la nation québécoise pourra prochainement se relever et se ressaisir suffisamment pour renverser le cours de sa dénationalisation, l'antichambre de sa disparition.
Ce n'est donc plus de l'indépendance dont il s'agit dans la conjoncture actuelle, mais de savoir si il y aura une nation avec suffisamment de vitalité pour qu'elle retrouve le goût de vivre, cette fierté qui pourra la lancer de nouveau dans la durée. «Les boeufs sont lents mais la terre est patiente», cette idée de Pierre Falardeau est plus actuelle que jamais. Elle devrait nous inspirer pour le temps présent : celui des grandes ambitions dans le sens provincial, un programme peu glorieux pour ceux qui refusent de décrocher du «grand soir». Voilà hélas où des décennies d'errances nous ont ramenés.
samedi 27 février 2016
Anniversaire de la Déclaration d'indépendance du Bas-Canada - Quelle signification pour nous aujourd'hui ?
À la veille de l'anniversaire de la
Déclaration d'indépendance du Bas-Canada, je prends quelques
moments pour réfléchir à cet épisode de notre histoire qui à mes
yeux conserve une symbolique et une valeur politique insuffisamment
retenue dans notre Québec du «Je me souviens».
J'écrivais en 2002, un commentaire
peut-être trop élogieux sur l'événement, en tout cas
insuffisamment critique, il me semble aujourd'hui.(1) Mais, me
dis-je, il ne faut pas critiquer trop sévèrement les manifestations
d'indépendance ouvertement déclarées, surtout quand elles ont
cette virilité d'antan qui n'a plus court, soit celle de l'avoir
fait «les armes à la main». Car à ma connaissance, il n'y en eut
que trois. Celle des Canadiens et de Vaudreuil en 1759-60, celle de
Louis Riel et celle dont je parle, qui nous livra un message
politique encore d'une certaine pertinence, sur lequel il nous est
utile de méditer encore aujourd'hui. (2)
Mes sentiments aujourd'hui, si je
devais nuancer mon hommage à ceux de Noyan et à leur Déclaration
d'indépendance, seraient de dire que leur action fut teintée d'un
volontarisme poussif qui n'avait pas le poids de cet assentiment
populaire qui rend un mouvement irréversible. Le «mystère de
Québec» existait déjà en 1838! On passa outre. Au final, la
répression brutale des courageux sacrifiés et de leurs supporteurs
provoqua une sorte de «stupeur et tremblement», titre d'Amélie
Nothomb qui me semble convenir pour le cas, provoqua le black-out de
la mémoire collective pendant cent ans. Leur épopée ne regagna une
maigre place dans l'histoire que plus tard, petit à petit. Mais qui
chez nos républicains se formalise que notre république a déjà
été proclamée ?
Ces idées me sont inspirées par la
situation du moment, où la volonté d'avancer vers l'indépendance
ne représente plus, par certains aspects, que le volontarisme
poussif de ceux qui, désarmés, ne réalisent pas que la population
a déjà donné dans le «morinisme» qui l'a dépitée, et ne les
suit plus. Et je pense à l'État colonial qui s'obstinait à refuser
aux Canadiens de l'époque le pouvoir des élus et je me rends compte
qu'aujourd'hui, l'État du Québec est aux mains des prédateurs et
des imposteurs. Le pouvoir a muté dans ses formes mais les patriotes
d'une nation, plus forts sur les grands élans que rusés à mettre
l'adversaire échec et mat, en sont toujours les exclus.
Pour certains, ce que dit Jean-Claude
Pomerleau est du charabia, en vérité ce sont des vérités toutes
simples. Sans la construction graduelle d'un rapport de force en
notre faveur, et il nous faut repartir hélas du bas de l'échelle,
les grands projets seront systématiquement tenus en échec.
L'histoire future en pensera peut être autrement, mais en ce qui me
concerne aujourd'hui, la Déclaration d'indépendance du Bas-Canada,
autant qu'elle m'émeut, ne procédait pas d'un rapport de force
favorable, du moins à l'interne, car à l'externe les indépendances
dans les deux Amériques se succédaient alors dans la réussite. Le
rapport de force interne sera toujours déterminant sur les
conditions externes, même si ces dernières peuvent jouer dans un
sens favorable.
__________________
1.
http://vigile.net/archives/ds-patriotes/docs/02-2-26-verrier.html
2.
http://www.1837.qc.ca/1837.pl?out=article&pno=document62
mercredi 24 février 2016
Quinze textes de Jacques Sapir sur la souveraineté et le fédéralisme
Quinze textes de Jacques Sapir sur la souveraineté et le fédéralisme
vendredi 19 février 2016
De la guerre d'indépendance au Québec
Le
calvaire du Canada anglais : nous traiter en égaux
De la
guerre d'indépendance au Québec
Avec cette
sixième chronique, je poursuis les échanges entamés avec ceux qui
me suivent sur ce fil.
Tout
récemment M. Normand Paiement, appelait de ses voeux
«une
thérapie collective» qui «doublée d’une modification
radicale du message véhiculé jusqu’ici par les nationalistes
permettra de mettre définitivement le cap sur le pays du
Québec...»(1)
L'idée du
renouvellement du message refait périodiquement surface comme un
moyen d'exorciser le sentiment d'insuccès qui suit les nationalistes
comme leur ombre. Cette idée n'est pas sans séduire, mais le défi
se heurte toujours à l'incapacité de dépasser les vœux pieux.
Admettons que le «renouvellement» peut devenir angoissant pour un
mouvement peuplé de têtes grisonnantes, attachées à un récit
bien assimilé qu'ils peinent à reconsidérer. Mais tôt ou tard,
pour refaire de la cohérence, on se trouve forcé de poser un second
regard sur une tranche d'histoire à la lumière des résultats
obtenus. C'est un peu le «contrôle de la qualité» qui se pointe
pour comparer le devis des acteurs du passé avec le produit fini. Le
«révisionnisme» est le terme consacré qu'on emploie, un terme
sans connotation particulière au départ, pour désigner l'exercice
d'actualisation du récit. Or la «modification radicale du message»,
qu'on peut s'amuser à relier à la «saison des idées» de Bernard
Landry et à d'autres saillies du même genre, peut-elle vraiment
émerger sans retourner toutes les pierres de nos certitudes ?
Prenant au
mot M. Paiement, je mets la main à la pâte pour y aller de mon
petit essai révisionniste. Je vais tenter de montrer comment de
probables thérapeutes du collectif qui s'étaient présentés à
nous, néo-français du Québec, «doublé(s) d'une modification
radicale du message» ont été renvoyés aux oubliettes par ceux qui
«n'ont … eu de cesse de chercher à plaire (ou du moins à ne pas
déplaire) à l'envahisseur britannique», dans «l'espoir – vain –
que les ¨Anglais¨ vont un jour nous aimer et nous respecter. »(2)
De
Gaulle :ou quand l'État se présente là où on ne l'attend pas
Pour
ceux qui ont lu ma dernière chronique, on me permettra de revenir
sur l'Appel du général de Gaulle du 18 juin 1940, (3) on verra plus
loin que ce n'est pas sans intérêt. Aux alentours de cette date,
l'État français s'installait à Vichy sous l'autorité du Maréchal
Philippe Pétain qui avait demandé de signer l'armistice avec
l'Allemagne nazie. La déroute de l'armée française qui laissait
des pertes considérables en vies humaines avait provoqué la stupeur
générale. Il ne restait pour la France d'autre voie que de mettre
fin aux hostilités dans l'humiliation. Le gouvernement ne siégerait
plus à Paris ville occupée, mais à Vichy, dans le Sud, épargnée
de l'occupation par la Wehrmacht.
Charles De
Gaulle, un colonel qui avait fait sa marque comme officier de chars,
fraîchement promu général, n'avait ni l'autorité politique ni
l'effectivité sur la patrie qu'il quittait lorsqu'il franchit la
Manche, ne tenant ni Paris ni Vichy, au moment de livrer son fameux
Appel. Il usa de toute la force de sa notoriété et fit preuve d'une
grande ténacité pour obtenir une forme de reconnaissance officieuse
de la Grand-Bretagne qui l'autorisa à parler sur les ondes de la BBC
et à organiser la résistance.
En
dépit de toutes les circonstances décourageantes dont il héritait
et de la plus grande incertitude quant à l'avenir, Vichy l'avait
condamné à mort et déchu de sa nationalité, il réussit à
s'imposer comme le chef de la résistance et graduellement, avec les
Forces de la France libre, il finit par atteindre de
facto
le
statut de chef d'État concurrent de Vichy, puis de toute la France.
Il aura fallu cinq ans dans les aléas de la guerre pour que la
France insoumise qu'il avait choisi d'incarner s'impose. Par la
puissance de son message politique idoine, un geste téméraire
s'était trouvé transformé en légitimité et en effectivité
étatiques incontestables.
Même si
la comparaison a ses limites quand on la ramène au Québec,
l'exemple tient la route pour illustrer mon propos. Savoir que la
question de l'État, élément structurant par excellence de la
nation et qui lui donne son existence, ne se présente pas
nécessairement sous la forme qu'on l'attend. L'État du Québec,
qu'on présume à Québec, au parlement, constitué par l'autorité
et les actes de l'Assemblée nationale, pouvait-il se présenter
autrement en 1995? Selon moi, il aurait très bien pu se présenter
sous la forme incarnée de son premier ministre, chef du camp du oui
et première figure de l'État.
S'il est
indispensable de recentrer les efforts d'indépendance dans l'État
du Québec avec l'exercice de la souveraineté dont il dispose déjà
sans l'utiliser pleinement, il faut aussi admettre que celui-ci, dès
qu'il voudra étendre le domaine de son indépendance, ne pourra
jamais prétendre affronter l'État d'en face dix fois plus puissant
avec une égalité de moyens. Autrement dit, le combat du Québec ne
pourra jamais se faire à armes égales avec l'État fédéral. Le
Québec sera donc obligé de recourir aux moyens de la «guerre
asymétrique» pour avancer s'il veut un jour prévaloir. Prenons
garde aux termes. Guerre asymétrique ici ne peut être qu'une lutte
pacifique. Une lutte déterminée mais prudente, sachant que
pratiquement tous les épisodes de violence qui ont ponctué notre
histoire, incluant les événements de 1837-38, ne se produisirent
qu'à la suite de provocations, sous l'initiative et dans l'intérêt
de l'État d'en face et se soldèrent tous par des reculs
considérables en ce qui nous concerne. (4)
Entre le
Québec et le Canada, ce sera toujours une lutte de David contre
Goliath. Une lutte dont l'issue est incertaine, comme celle qu'entama
de Gaulle le 18 juin 1940. Une leçon de notre histoire c’est que
les coûts de l'échec sont toujours très lourds, la leçon demande
à un chef d'État d'apprendre à saisir toutes les occasions pour
faire rebondir le Québec sur ses pieds avec un sourire gavroche s'il
le peut, là où les circonstances sont contraires, comme là où le
fédéral ne l'attend pas. Des coups d'audace ne peuvent être
exclus, et il y a même des moments où ceux-ci apparaissent
incontournables. Dans certaines circonstances, les forces
d'émancipation politique du Québec ne peuvent échapper à la
résistance au prétexte que les formes dans lesquelles celle-ci les
convoque ne font pas l'affaire. Ce qui veut dire que toute autre
voie, incidemment celle de la démission spectaculaire de 1995, ne
pouvait que nous faire encaisser un recul supplémentaire après
celui qui nous avait déjà fortement ébranlé en 1980.
Du
politicien et de l'homme d'État
Quand il a
décidé de tenir le référendum de 1995, la préparation des forces
du oui en témoigne, il était clair pour le PQ qu'il ne partait pas
en guerre. Il partait en campagne pour que les Québécois se disent
oui à eux-mêmes; armé d'une formule référendaire vertueuse,
démocratique et sans tache... presque du «Sancho : mon épée,
mon armure...», pour aller dans le lyrique sinon le pathétique.
Certes, à
l'opposé, le Canada est en guerre larvée perpétuelle contre nous.
Mais il fallait qu'on continue de s'interdire d'en faire mention ou
d'en tenir compte. Mieux valait faire la guerre des «Nous contre les
nous», une sorte de guerre des tuques pour adultes. Bref, même s'il
ne le savait pas (ou ne voulait pas le savoir), le Parti québécois,
en déclenchant la campagne référendaire procédait à l'ouverture
de nouvelles hostilités avec notre ennemi séculaire. Or, dans une
quête d'indépendance qui s'inscrit dans un long fil d'opposition
entre adversaires de taille inégale, tout engagement, même si on
peut à juste titre aujourd'hui qualifier l'idée même de cet
engagement de mal avisée au départ, ne permet pas une fois le train
en marche de l'arrêter avant d'en être absolument contraint, avant
d'avoir épuisé toutes ses munitions sous peine de dommages
additionnels à notre fragile confiance nationale.
La
stratégie référendaire est dès lors apparue funeste dans cette
frivolité d'avoir misé le destin d'un peuple sur un événement
politique artificiel, sorti de nulle autre part que du pur et simple
volontarisme politique. D'ailleurs, n'est-il pas présomptueux de
croire que la nation dominée peut choisir délibérément et à son
avantage le théâtre de l'engagement? Il est permis d'en douter.
C'est pourquoi le référendum par son intention de trancher, par sa
solennité de l'irrémédiable, excusait d'avance les chefs
politiques de ne pas rebondir dans l'esprit de la guerre larvée
prolongée, asymétrique et d'intensité variable. En stratégie
militaire, faire dépendre toute la guerre de l'issue d'un seul
combat est une faute gravissime. Le résultat s'est soldé par le
renforcement de «la fatalité du destin» entériné par «notre»
passage au vote. Le combat référendaire était «égocentré»
dès le départ : «se dire oui à nous-mêmes» excluait
d'entrée de jeu de cibler le principal protagoniste et excluait
d’évoquer le poids du rapport de subordination de nation à
nation, comme le discours de clôture et la suite des événements
l'illustrèrent de nouveau.
Avec
son discours de clôture de 1995, Jacques Parizeau se situait dans la
politique, par contraste avec la possible mais rare grandeur de
l'homme d'État. Accidentellement, il révélait au monde comme à
nos adversaires que nous n'étions pas pour être les pitbulls de
notre indépendance. Entre 1961 et 1987, le nombre de psychologues en
pratique privée est passé de 179 à 680 par 1 000 000 habitants
(Pour remplacer 150 prêtres séculiers/ 100 000 en 1961 au plus fort
de leur présence, dans le «priest
ridden Quebec»),
sans que le taux de suicide ne prenne une courbe descendante. (5)
Avec ça, les Québécois, les hommes, saupoudrés d'un peu de
féminisme, ont appris le lâcher prise. Les Québécois, soyons
nous-mêmes, éprouvent beaucoup de difficulté à vivre une
situation politique tendue. Ils préfèrent même ne pas la voir
venir, espérant, toujours à tort, ne pas avoir à l'affronter.
Entre le «continuons le combat» et le «lâcher prise», ce dernier
aura prévalu.
Dans le
fil de la thérapie qui nous est ci-haut recommandée, j'en arrive à
croire qu'il nous faut méditer sur la cause de notre indulgence,
voire de notre admiration pour des chefs qui échouent alors que
d'autres nations ne vénèrent que les vainqueurs. Nous sommes
probablement très indulgents envers nos chefs car nous nous
identifions à leur défaite. Familière, elle suscite chez nous plus
de sympathie que de rage. Et comme Dollar des Ormeaux était un
vainqueur, depuis la Révolution tranquille on a chipoté, il n'est
plus montrable.
La
Révolution tranquille et le désenchantement
Les
chefs politiques du XXè siècle qui ont le plus contribué à donner
confiance à la nation québécoise sont Jean Lesage et Daniel
Johnson, auxquels il faut ajouter le mal-aimé Maurice Duplessis.(6)
Ces
trois chefs d'État, en partie sous l'influence d'une élite
intellectuelle à la tête de laquelle figurait Lionel Groulx, nous
ont fait graduellement évoluer vers une perception plus positive de
nous-mêmes. Ils nous ont donné le goût d'entreprendre grâce à
leurs francs succès aux commandes de l'État. Il faut dire en toute
justice que la situation économique de l'après guerre les
favorisait dans leur volonté de rénover et d'innover, sans parler
du consensus national qui convergeait en faveur de l’instrument
étatique. Mais ne le cachons pas, une partie de la mise à niveau de
ces années là et de celles qui suivirent a consisté dans
l'américanisation accélérée de nos mœurs, dans laquelle l'État
s'est vu lui-même transformé. On a assisté à la mise en place
d'une technocratie standardisée à l'aune des prescriptions
anglo-saxonnes, ce qui préparait le terrain pour l'intégration
continentale ultérieure (ALENA – NORAD) et mondiale (TAFTA –
OTAN) au son de la musique anglaise et du cinéma d'Hollywood. Cette
intégration culturalo-militaro-économique, qui s'appropriait au
passage une partie de la souveraineté nationale, ne pouvait
s'accomplir que par la destruction des résistances traditionnelles
au monde anglo-saxon, lesquelles étaient intégrées dans la
pratique religieuse catholique et son pouvoir conséquent. En partant
de sa base évangélique, il s'agissait d'une doctrine du partage,
réservée sur le mercantiliste à tout crin, plus en harmonie dans
ses fondements avec ce qu'on appellerait aujourd'hui le «monde
durable», noircie à gros traits, cette «infamie» devait
disparaître.
En fait,
la Révolution tranquille a été marquée par une double et
contradictoire influence. Celle de la prise en main nationale
préparée de longue date par Lionel Groulx, épurée peu à peu de
la foi religieuse; et celle de l'ouverture au renforcement de
l'influence anglo-saxonne, modérée par la faveur du Québec pour le
maintien des programmes sociaux (jusque là largement assumés par
les communautés religieuses) et pour des initiatives économiques
originales. Une partie de l'historiographie aura tenté de faire une
synthèse de la Révolution tranquille en la présentant sous la
forme d'un «rattrapage» et d'une «modernisation». Une
caractérisation qui reste trop générale car elle s'applique à
l'ensemble du monde occidental de l'après guerre. D'ailleurs, on
pourrait aussi bien caractériser l'époque comme celle de
l'américanisation du Canada, de l'Europe, du Japon, etc. Le Québec
ne peut se distinguer que par d'autres traits que sont des
affirmations telles que le «maîtres chez-nous» de Jean Lesage et
de Duplessis et «l'égalité ou l'indépendance» de Daniel Johnson.
L'ensemble est relativement contradictoire mais il a tenu grâce à
une augmentation importante des moyens de l'État à partir de 1954,
attribuables aux impôts récupérés du fédéral par Duplessis et à
sa prudence financière, maintenant la dette publique au plus bas, un
cadeau à ses successeurs. Mais en rétrospective, l'américanisation
culturelle du Québec aura mieux réussie, y compris pour la montée
de son influence dans l'appareil d'État, que pour accroître la
marge de notre indépendance. Mesurée à l'aune de l'indépendance,
la Révolution tranquille est un échec. La gloire à
l'individualisme forcené facilitée par la dévastation des
structures traditionnelles, la soumission générale aux effets de
mode et au dieu de la consommation, à quoi s'ajoute plus récemment
la «dictature des minorités», ébranlent la cohésion même de la
nation. Mais à l'époque des années 1955 à 1965-70, les plus
importantes de la Révolution tranquille, l'opinion publique suivait
ses chefs, c'est incontestable. Et toutes ces transformations, qu'on
aime ou pas, auront été vécues par la jeunesse comme un appel
d'air assez irrésistible.
Le
contexte économique des années Lévesque, Bourassa, Parizeau était
déjà moins favorable. Sur le plan politique c'est le déclin de
l'optimisme. Bourassa qui nous aura amené à plus de 60% de soutien
en faveur de l'indépendance, dans le cadre d'une épreuve de force
d'État à État, il faut le rappeler, aura ensuite retourné sa
veste. C'était prévisible. Ce fut sa part du désenchantement. Mais
pour les palmes du désenchantement, ce sont les référendums des
gouvernements Lévesque et Parizeau qui les remportèrent. Risquer le
renversement d'une tendance positive patiemment élaborée, qui
prenait sa source dans les années 30, ne peut être attribué à nul
autres. Ils auront fabriqué le plus d'espoirs déçus. Ils nous
auront lancés dans deux aventures référendaires à courte vue,
exposant le Québec, qui avait commencé à connaître le goût du
succès, à l'humiliation dans deux défaites catastrophiques. Pour
aller chercher ça plus loin, à la façon Maurice Séguin, ils
auront renforcé les effets de la Conquête et de la subordination
sur place.
La
«nouvelle souveraineté» et le déni du rapport de domination –
ou comment avorta notre thérapie collective
Au
tournant des années soixante, l'idée de l'indépendance était en
plein essor. Cette idée progressait grâce à la synthèse originale
du rapport historique Canada-Québec rendu limpide par l'historien
Maurice Séguin. Mais l'idée était aussi inspirée par la
décolonisation en Afrique et en Asie, dont les succès étaient
d'actualité. Les livres de Frantz Fanon, Albert Memmi et autres
circulaient à Montréal. Sur le plan politique arrivent Marcel
Chaput, André d'Allemagne suivis de Pierre Bourgault avec un
discours décomplexé qui porte un regard jusque là inédit et sans
complaisance sur notre réalité qu'ils qualifient de coloniale. Ils
n'hésitent pas à faire le procès du Canada et en particulier celui
du fédéralisme.
Avec cette
nouvelle garde, jeune et articulée, le rapport de force entre deux
nations pour leur prépondérance au Québec est rendu explicite et
plus transparent que jamais. Dans ce sens, on peut dire que la vision
des choses qu'ils mettaient de l'avant, leur analyse du national, se
situait dans le prolongement naturel de l'esprit de la Révolution
tranquille phase 1, en poussant à ses aboutissements les espoirs
qu'avait commencé d'autoriser la période des Duplessis, Lesage et
Johnson, une aspiration à l'indépendance qui apparaissait déjà
dans des mémoires soumis à la commission Tremblay (1953-56) (7).
Or
qu'est-il advenu de cette tendance? Elle qui apparaissait un temps,
en fait jusqu'à l'arrivée du PQ, comme la plus porteuse et la plus
dynamique? Cette tendance qui amenait une «modification
radicale du message véhiculé jusqu’ici par les nationalistes»?
Elle
est disparue, renvoyée aux oubliettes, phagocytée par deux
courants. Le premier qu'on peut facilement situer à gauche, et
l'autre plus difficile à épingler et plus coriace, mais qu'on
pourrait qualifier de courant des souverainistes envoutés
psychologiquement par un Canada idyllique. Je m'abstiendrai
d'élaborer ici sur l'indépendance mise sous condition du
socialisme, me contentant d'en rappeler l'existence dès le
Rassemblement pour l'indépendance nationale (RIN).
Le
Canada idyllique ou lorsque le réel passe en jugement devant
l’irréel
Le
deuxième courant, le plus important pour mon propos, est apparu à
la faveur d'une scission au sein du parti libéral menée par René
Lévesque, à qui Jacques Parizeau se joignit plus tard. Ces nouveaux
venus s'imposeront rapidement par la notoriété de René Lévesque
qui rendait possible une percée, voire une victoire électorale.
Cette tendance sera vite prépondérante. Elle écartera comme des
brebis galeuses le courant représenté par les D'Allemagne,
Bourgault, etc. lesquels se laissèrent marginaliser après avoir
vainement tenté de figurer au sein de la coalition souverainiste
avec leur lecture de la problématique nationale, mais leur lecture
était interdite. En fait, Chaput est mort, D'Allemagne est retourné
à la vie privée et Bourgault a bataillé longtemps pour qu'on lui
reconnaisse une place, mais la porte lui a toujours été fermée.
Avec les
années Lévesque vient donc un grand malaise. C'est de faire la
souveraineté du Québec à l'intérieur du Canada, avec son
consentement, en comptant sur la bonne foi de «nos amis et
partenaires». Des partenaires difficiles, dirait-on, mais qui nous
donneront nos droits sur présentation d'une preuve de volonté
populaire. Pour qui aime les choses claires, le malaise tient au fait
que cet échafaudage est basé sur une grossière imposture. Le
Canada est pingre. Il refuse nos droits comme il les a toujours
refusés. L'histoire de sa relation avec les
néo-français-acadiens-canayens-québécois-indigènes en atteste.
Avec les années Lévesque, nous sombrons dans le déni élevé au
niveau de la doctrine. On ne veut pas savoir que la simple évocation
de la souveraineté du Québec provoque l'aversion de l'élite
anglo-saxonne suprémaciste. Ne sommes-nous pas ici en compagnie de
ceux auxquels fait allusion Monsieur Paiement, ceux qui «n'ont …
eu de cesse de chercher à plaire (ou du moins à ne pas déplaire) à
l'envahisseur britannique», dans «l'espoir – vain – que les
¨Anglais¨ vont un jour nous aimer et nous respecter. »
Nous
touchons là les fondements politiques et idéologiques du
«référendisme» : une méprise entretenue sur la nature du
Canada. Le refus dans l'idée des «souverainistes envoutés» de
tenir compte du rapport de domination, de la volonté du Canada de
garder, éventuellement par la force, le Québec dans le Canada
jusqu'à l'achèvement de sa «canadianisation» complète. Disparaît
donc non seulement du décor, si ce n'était que ça! mais pire, du
sous bassement analytique, tout le dispositif intellectuel permettant
de faire le procès du fédéralisme. Ceci se produira en faisant
disparaître du vocabulaire tous les mots qui servaient à décrire
le rapport de domination, en commençant par le mot «indépendance»
lui-même. Ainsi, toute référence la moindrement soutenue au
rapport de force et de domination, à la libération, au
colonialisme, au combat contre un adversaire redoutable et à la
nécessité de s'y préparer, ne serait-ce que psychologiquement,
sera désormais malvenue. Tout réel qui pourrait déplaire est
évacué pour plaire à l'Anglais. Dans ce Québec rêvé,
l'antagonisme de nation à nation n'existe plus. Il fait place à la
souveraineté positive : convaincre les Québécois quant
à «l'aspiration normale d'un peuple normal», les convaincre en
faisant un pas de coté, soit par «la preuve de la viabilité
économique du Québec souverain», représenté comme le plus gros
obstacle. Les années Lévesque-Parizeau sont des années de déni et
j'ose le dire, de censure et d'auto-censure, afin de garder silence
sur les aspects les plus dangereux du Canada en ce qui nous concerne.
Il s'agit d'un système (le système du souverainisme envouté par la
prétendue supériorité morale et démocratique du Canada) taillé
sur mesure pour blâmer le peuple québécois de
se dire non à lui-même pendant qu'il excuse le Canada de l'avoir
menacé et de l'avoir triché. André D'Allemagne écrira «La
lutte de libération prend l'air d'une querelle intestine de la
société dominée, querelle dont le dominateur reste apparemment
absent...» (8) Ce
courant agira donc politiquement de manière à préserver une image
idyllique du Canada.
J'ignore
si les indépendantistes décomplexés (Chaput, D'Allemagne,
Bourgault) auraient fait preuve de plus de sagesse si ils avaient
prévalus contre René Lévesque, je n'en sais rien. Certains aspects
de ce qu'ils ont laissé a vieilli, mais il faut leur reconnaître le
mérite d'avoir défendu l'indépendance avec un soucis nettement
plus grand de la vérité du rapport Canada-Québec que leurs
successeurs. Ils disposaient d'un atout majeur, une analyse qui colle
au réel quand vient le temps d'élaborer la stratégie. Un atout
dont on constate douloureusement l'absence avec l'échec historique
du Parti québécois. Pour revenir puissamment aux affaires de l'État
avec une crédibilité retrouvée le Parti québécois devra prendre
ses distances avec son passé.
_________________________
2.
ibid.
4. J.-C. Pomerleau résume avec
beaucoup d'à-propos, les troubles de 1837-38 nous valurent l'Acte
d'Union. Le référendum de 1980 la Constitution de 1982. On pourrait
rajouter que la défaite de 1995 nous donna la campagne de propagande
des commandites et une morosité dont on peine encore à surmonter.
5.
http://gilles-verrier.blogspot.ca/2016/02/duplessis-et-la-revolution-tranquille.html
Voir le doc. 2 en particulier
6. ibid.
7. ibid. Voir le document 6
8. Le colonialisme au Québec
https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Colonialisme_au_Québec
mardi 16 février 2016
Duplessis et la révolution tranquille
À propos du duplessisme et de la révolution tranquille
http://www.tradition-quebec.ca/2015/06/le-mythe-de-la-revolution-tranquille.html
_______________________________
Document 2
Sur l'évolution des budgets et des dépenses publiques au Québec dans le contexte de la Révolution tranquille.
Titre : Le processus budgétaire au Québec
Guy Lachapelle, et al.
«...la progression fulgurante des dépenses de l'État québécois après 1960. En dollars courants, de 1960 à 1999, les revenus et les dépenses ont été multipliés par 76.» «... la capacité d'agir de l'État s'est grandement accrue. Duplessis avait pris sept ans, de 1945 à 1952, pour doubler son budget total alors que dès 1965, le gouvernement Lesage a plus que doublé son premier budget, celui de 1961.» (p. 13)
«L'essence de la modernisation c'est le transfert de pouvoir de la société civile vers l'État»
«Le nombre d'ordinations de prêtres est passé de 117 en 1961 à 17 en 1987, le nombre de psychologues en pratique privée a, pour sa part augmenté en passant de 179 à 680 pour 100 000 habitants.»
«De 1961 à 1987, le taux de suicide par 100 000 habitants a bondi de 6,6 chez les hommes à 28,2» (p.19)
https://books.google.ca/books?id=DlKgxicE7UkC&pg=PA11&lpg=PA11&dq=budgets+r%C3%A9volution+tranquille&source=bl&ots=Jb3scnU6kF&sig=eg_1u4QmdWDPLiXX7GGj6B9W3mE&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjggamtwfzKAhUIej4KHXRDAfwQ6AEIODAE#v=onepage&q=budgets%20r%C3%A9volution%20tranquille&f=false
Document 3
Le nationalisme autonomiste hostile à toute intervention fédérale de Duplessis ne trouvera pas grâce auprès de ceux qui le suivirent dans la Révolution tranquille. Pourtant leur nationalisme s'inscrivait dans la même lignée, avec peut-être moins d'intransigeance dans l'interventionnisme fédéral. Pierre Fortin, se refuse à l'idée que le faible endettement du Québec par rapport à l'Ontario constituait un cadeau que Duplessis laissait à ses successeurs pour faciliter les investissements majeurs qui suivirent.
http://www.economistesquebecois.com/files/documents/at/35/txt-membres-du-cpp-pierre-fortin-11-mai-2010.pdf
_________________
La Révolution tranquille et l’économie : où étions-nous, qu’avons-nous accompli,
que nous reste-t-il à faire ?
Conférence présentée dans la série « La Révolution tranquille, 50 ans d’héritages »
à la Grande Bibliothèque, Montréal, 11 mai 2010
Pierre Fortin
Université du Québec à Montréal
« J’ai confiance que les Canadiens français rateront encore une fois le tournant. »
Pierre Trudeau (janvier 1960)
En 1960, après avoir pris si longtemps à se remplir, les écluses ont sauté. La Révolution tranquille a frappé le Québec comme un torrent. La citation qui apparaît ci-dessus indique que tous ne s’y attendaient pas. Où étions-nous ? On perçoit habituellement l’avènement de la Révolution tranquille comme sonnant le réveil économique du Canada français. (...) Mais l’idée que ça n’allait pas bien avant ne fait pas l’unanimité. Où étions-nous avant 1960 ? Mon confrère et ami Jean-Luc Migué a écrit, il y a 12 ans :
« De toute son histoire moderne, depuis la fin du 19e siècle, le Québec a vécu une croissance forte, parallèle à celle de l’Ontario. La période immédiatement antérieure à la Révolution tranquille se distingue même comme l’une des plus prospères de toute l’histoire. »
La figure 1 expose les deux inexactitudes que contient cette affirmation de Migué, qui n’a sans doute pas eu accès aux données aujourd’hui disponibles. La courbe trace l’évolution du rapport entre le revenu réel par habitant d’âge actif du Québec et celui de l’Ontario de 1926 à 1961. Quand ça baisse, le Québec fait moins bien que l’Ontario; quand ça monte, c’est le contraire. Premièrement, on y observe que, loin d’être parallèle à celle de l’Ontario, la croissance du Québec a subi une dégringolade magistrale pendant la Crise et la Guerre. En 1929, le Québec tirait de l’arrière de 10 % sur l’Ontario; en 1946, le retard du Québec avait grimpé à 21 %. Deuxièmement, il est vrai que, de 1946 à 1960, l’économie québécoise progressait bien dans l’ensemble, étant portée par l’expansion nord-américaine. Mais l’Ontario avançait aussi vite, de sorte que, sous le régime Duplessis, le Québec n’a jamais réussi à regagner le terrain perdu avant 1945.
La figure 2 indique que ce n’est pas la seule indication de la faiblesse comparative de l’économie québécoise de l’époque. En Ontario, le taux d’emploi global des 15-64 était passé de 59 % en 1931 à 63 % en 1961. Or, le Québec avait connu le mouvement 2 inverse : parti du même taux de 59 %, il avait au contraire chuté à 54 % en 1961. Cette baisse est considérable : en termes de 2010, cela équivaudrait à une perte de 160 000 emplois. La figure 3 complète le portrait de l’emploi en montrant que notre population active se féminisait, mais qu’elle le faisait plus lentement que l’Ontario, et avec un retard croissant à mesure que la décennie 1950 avançait. La pénurie d’emploi était flagrante. Elle fut par la suite l’une des grandes préoccupations du gouvernement Lesage. La sous scolarisation n’aidait pas.
Le tableau 1 établit qu’en 1960 seulement un tiers de nos jeunes adultes de 25 à 34 ans avaient un diplôme en poche, contre plus de la moitié en Ontario. Et seulement 5 % des jeunes de cet âge avaient un diplôme universitaire au Québec, soit moitié moins qu’en Ontario. Comme on sait – le tableau le confirme –, notre fréquentation scolaire avait commencé à augmenter dans les années 1950. Mais on voit bien que le retard à combler était encore très grand.
Le tableau 2, lui, montre qu’en 1961 la situation économique des « Canadiens français du Québec » n’était guère différente de celle des Noirs américains. Les hommes noirs complétaient 11 années à l’école, les « Canadiens français », 10 années, soit une de moins. Le salaire moyen des hommes noirs américains équivalait à 54 % de celui des hommes blancs américains; au Québec, le salaire moyen des hommes francophones unilingues équivalait à seulement 52 % de celui des hommes anglophones, bilingues ou unilingues. Lorsque l’écrivain Pierre Vallières nous a appelés « nègres blancs d’Amérique » en 1968, on l’a évidemment accusé d’exagérer. Mais, en fait, il clamait l’exacte vérité. La position relative des nôtres n’était pas meilleure que celle des Noirs américains. Il faut, de toute urgence, réhabiliter Vallières.
Comment les finances publiques du Québec se comparaient-elles à celles de l’Ontario à l’aube de la Révolution tranquille ? Le tableau 3 aide à y voir clair. Si on consolide les budgets provincial et municipaux – ce qui est nécessaire parce que les compétences n’ont jamais été exactement les mêmes dans les deux provinces –, on arrive à la conclusion, qui sera sans doute surprenante pour plusieurs, que l’État québécois taxait et dépensait un peu plus que son pendant ontarien en 1961. La dette accumulée par la province était cependant beaucoup moins lourde chez nous chez notre voisin. Fin 1961, elle équivalait à 14 % du revenu intérieur au Québec et à 21 % en Ontario. La conséquence au Québec était des infrastructures provinciales honteusement déficientes en santé, en éducation, en culture et en transport. On fait parfois valoir que le faible niveau d’endettement de la province serait une sorte de cadeau que Maurice Duplessis aurait fait aux révolutionnaires tranquilles. Il s’agit évidemment d’un sophisme. [mon surlignement]
Le cadeau de Duplessis fut le retard à investir dans ces infrastructures et les conséquences négatives que cela entraînait pour notre développement. Cadeau de Grec.
[Ma question : si la taxation était légèrement plus élevée au Québec qu'en Ontario, le taux d'endettement de l'État la moitié de celui de l'Ontario (avant 1961), le seul reproche que l'on peut faire à Duplessis c'est de ne pas avoir suffisamment ouvert le Québec aux marchés de l'emprunt, d'avoir été conservateur en gérant le Québec selon ses moyens. Dans ce cas, la confirmation de la mise au diapason du Québec aux marchés financiers nord-américains est implicite.Or, l'obsession d'aujourd'hui n'est-elle pas que le fardeau de la dette entrave le développement du Québec ? Que le fardeau fiscal sur la population est presque de moitié au service de la dette ? Qu.on nous oblige à une austérité plus ou moins sévère ? Le Québec est-il plus ou moins indépendant qu'il ne l'était sous Duplessis ?]
Résumé
En résumé, dans les années 1950, l’économie québécoise était portée par l’expansion nord-américaine et progressait à peu près au même rythme par habitant que l’économie ontarienne. Mais nos salaires et notre niveau de vie, qui avaient dégringolé antérieurement, restaient bien inférieurs et ne manifestaient aucun signe de rétablissement. Le taux d’emploi de nos hommes se détériorait et celui de nos femmes accusait un retard croissant sur celui des femmes ontariennes. Nos jeunes étaient terriblement sous-scolarisés. Le sort des francophones du Québec était comparable à celui des Noirs américains. L’État québécois n’était pas inactif, mais il sous-investissait gravement dans les infrastructures.
Document 5
On lira ici le point de vue de Jacques Beauchemin
http://www.ledevoir.com/culture/livres/334156/essais-quebecois-faut-il-en-finir-avec-la-revolution-tranquille
Document 6
«Face à l'étranglement financier dont le gouvernement du Québec fut victime en 1939, Duplessis, à son retour en politique en 1944, fit de l'autonomie fiscale une priorité. Il refusa en 1951 que le fédéral finance les universités québécoises et mit en place la commission Tremblay en 1953 pour dénoncer les ingérences fédérales dans le domaine des compétences du Québec.
Il y a 50 ans, face au déséquilibre fiscal, le gouvernement de Maurice Duplessis, à la surprise générale, faisait voter le 24 février 1954 un impôt provincial sur le revenu des particuliers de 15 % et exigeait d'Ottawa que cet impôt soit déductible de l'impôt fédéral.»
«Grâce à ce nouvel impôt créé en 1954, les grandes réformes de la Révolution tranquille furent rendues possibles.»
http://www.ledevoir.com/non-classe/60843/duplessis-face-au-desequilibre-fiscal-l-impot-quebecois-de-1954
Document 1
Jean-Claude Dupuis la Révolution tranquille a eu plus d'effet sur notre identité que la Conquête»
«La Révolution tranquille (1960-1970) est le mythe fondateur du Québec contemporain. Le terme «mythe» doit s’entendre ici au sens d’un récit symbolique, fondé sur une certaine réalité, mais qui porte une vision du monde et des valeurs universelles. Selon l’historiographie dominante, la Révolution tranquille aurait été un mouvement de modernisation et de démocratisation de la société québécoise. Le Québec serait alors sorti de la Grande Noirceur duplessiste pour s’ouvrir au monde. C’est l’acte de naissance d’un nouveau peuple, les Québécois : un peuple nord-américain, libéral et francophone, qui aspirait à l’indépendance au nom du nationalisme territorial. Rien à voir avec les anciens Canadiens français, qui fondaient leur nationalisme ethnique sur la foi catholique et la culture française classique. La Révolution tranquille a changé l’âme de la nation qui habitait la vallée du Saint-Laurent depuis le XVIIe siècle. Du point de vue identitaire, elle a eu un impact plus considérable que la Conquête anglaise de 1760.
Pour saisir la nature de ce changement, il suffit de comparer la description de la culture canadienne-française dans le Rapport Tremblay (1956) avec celle de l’espace identitaire québécois dans le Rapport Bouchard-Taylor (2008). Le Québec était, en 1956, un peuple français fondé sur la foi chrétienne; il était devenu, en 2008, un espace interculturel fondé sur les droits de la personne.
«La culture canadienne-française est, en effet, une forme particulière de l’universelle conception chrétienne de l’ordre et de l’homme. La France de tous les temps, surtout celle des débuts du Canada, est une des réalisations les plus authentiques de la conception chrétienne de la vie et de la civilisation. C’est pourquoi né français, le peuple canadien est né chrétien, et c’est pourquoi dans la mesure où, au long de l’histoire, il a vécu en profondeur sa culture d’origine, il s’est affirmé peuple d’esprit chrétien. Quant au génie français (…), on reconnaît généralement qu’il est du type rationnel, enclin au raisonnement. (…) La culture canadienne-française, variante américaine du type originel [français], est [qualitative, spiritualiste, personnaliste et communautaire].» – Rapport Tremblay (1956)
«L’identité héritée du passé canadien-français est parfaitement légitime et doit survivre, mais elle ne peut plus occuper à elle seule l’espace identitaire québécois. Elle doit s’articuler aux autres identités présentes dans l’esprit de l’interculturalisme, afin de prévenir la fragmentation et l’exclusion. Il s’agit, en somme, de nourrir de symbolique et d’imaginaire la culture publique commune, qui est faite de valeurs et de droits universels, mais sans la défigurer. (…) C’est un apprentissage difficile qui a commencé dans les années 1960 et qui, visiblement, n’est pas encore achevé.» - Rapport Bouchard-Taylor (2008)»
* * *
«Selon l’historiographie officielle, le Québec de 1960 accusait un retard sur l’Ontario en matière d’éducation. Plusieurs auteurs affirment ou laissent entendre que c’était à cause de «l’obscurantisme» du clergé catholique, qui dirigeait alors le système scolaire, tant public que privé. Ce fait est contestable et il devrait être réétudié par des historiens moins biaisés par les préjugés anticléricaux issus de la Révolution tranquille. Si le Québec avait un retard éducationnel en comparaison de l’Ontario (et ce fait reste à prouver), c’était probablement à cause de son retard économique par rapport à une province qui a toujours été l’enfant chéri du gouvernement fédéral, et non pas à cause du caractère catholique de son système d’éducation. D’ailleurs, le Québec avait fait d’énormes progrès éducatifs sous le régime Duplessis. En 1959, les écoles primaires étaient de bonne qualité et largement accessibles, ce qui n’était le cas en 1936. Les Allemands venaient étudier le fonctionnement de nos écoles de métiers pour réformer leur propre système scolaire. Nos collèges classiques suscitaient l’admiration des Américains pour leur haut niveau culturel. Les universités étaient en pleine croissance. L’Université Laval a ouvert son nouveau campus à Sainte-Foy en 1952; l’Université de Sherbrooke a été fondée en 1954; l’Université de Montréal a créé un grand nombre de facultés et de départements nouveaux dans l’après-guerre. Les écoles normales de ce temps formaient sans doute de meilleurs enseignants que les prétentieuses facultés des sciences de l’éducation d’aujourd’hui.»
* * *
«Le bilan de la Révolution tranquille est largement négatif, même du point de vue des idéaux qui l’animaient. Les Québécois francophones contrôlent-ils davantage leur économie? Non, et le mondialisme est en train de balayer les maigres succès du Québec Inc. Le Québec a-t-il réalisé son indépendance? Non, et les jeunes sont de moins en moins nationalistes. Le Québec a-t-il obtenu plus d’autonomie dans la Confédération canadienne? Non, et les Canadiens anglais ne se donnent même plus la peine de se demander «What does Quebec want?» La langue française est-elle en meilleure posture? Non, le visage linguistique de Montréal est aussi anglophone qu’en 1920, bien que ce soit désormais au nom de l’ouverture sur le monde plutôt qu’au nom de l’empire britannique. Les Québécois sont-ils plus instruits? Non, ils sont plus diplômés, mais le niveau des études s’est effondré. Les Québécois sont-ils mieux soignés qu’à l’époque où les religieuses géraient les hôpitaux? Non, et le Dr Barrette n’améliorera pas les choses. La culture québécoise est-elle plus riche? C’est une question de goût, mais je préfère la Bolduc à Céline Dion et Soirée canadienne à Star Académie. Dans leur vie personnelle et familiale, les Québécois sont-ils plus heureux aujourd’hui qu’avant 1960? J’en doute.»
http://www.tradition-quebec.ca/2015/06/le-mythe-de-la-revolution-tranquille.html
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Document 2
Sur l'évolution des budgets et des dépenses publiques au Québec dans le contexte de la Révolution tranquille.
Titre : Le processus budgétaire au Québec
Guy Lachapelle, et al.
«...la progression fulgurante des dépenses de l'État québécois après 1960. En dollars courants, de 1960 à 1999, les revenus et les dépenses ont été multipliés par 76.» «... la capacité d'agir de l'État s'est grandement accrue. Duplessis avait pris sept ans, de 1945 à 1952, pour doubler son budget total alors que dès 1965, le gouvernement Lesage a plus que doublé son premier budget, celui de 1961.» (p. 13)
«L'essence de la modernisation c'est le transfert de pouvoir de la société civile vers l'État»
«Le nombre d'ordinations de prêtres est passé de 117 en 1961 à 17 en 1987, le nombre de psychologues en pratique privée a, pour sa part augmenté en passant de 179 à 680 pour 100 000 habitants.»
«De 1961 à 1987, le taux de suicide par 100 000 habitants a bondi de 6,6 chez les hommes à 28,2» (p.19)
https://books.google.ca/books?id=DlKgxicE7UkC&pg=PA11&lpg=PA11&dq=budgets+r%C3%A9volution+tranquille&source=bl&ots=Jb3scnU6kF&sig=eg_1u4QmdWDPLiXX7GGj6B9W3mE&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjggamtwfzKAhUIej4KHXRDAfwQ6AEIODAE#v=onepage&q=budgets%20r%C3%A9volution%20tranquille&f=false
Document 3
Le nationalisme autonomiste hostile à toute intervention fédérale de Duplessis ne trouvera pas grâce auprès de ceux qui le suivirent dans la Révolution tranquille. Pourtant leur nationalisme s'inscrivait dans la même lignée, avec peut-être moins d'intransigeance dans l'interventionnisme fédéral. Pierre Fortin, se refuse à l'idée que le faible endettement du Québec par rapport à l'Ontario constituait un cadeau que Duplessis laissait à ses successeurs pour faciliter les investissements majeurs qui suivirent.
http://www.economistesquebecois.com/files/documents/at/35/txt-membres-du-cpp-pierre-fortin-11-mai-2010.pdf
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La Révolution tranquille et l’économie : où étions-nous, qu’avons-nous accompli,
que nous reste-t-il à faire ?
Conférence présentée dans la série « La Révolution tranquille, 50 ans d’héritages »
à la Grande Bibliothèque, Montréal, 11 mai 2010
Pierre Fortin
Université du Québec à Montréal
« J’ai confiance que les Canadiens français rateront encore une fois le tournant. »
Pierre Trudeau (janvier 1960)
En 1960, après avoir pris si longtemps à se remplir, les écluses ont sauté. La Révolution tranquille a frappé le Québec comme un torrent. La citation qui apparaît ci-dessus indique que tous ne s’y attendaient pas. Où étions-nous ? On perçoit habituellement l’avènement de la Révolution tranquille comme sonnant le réveil économique du Canada français. (...) Mais l’idée que ça n’allait pas bien avant ne fait pas l’unanimité. Où étions-nous avant 1960 ? Mon confrère et ami Jean-Luc Migué a écrit, il y a 12 ans :
« De toute son histoire moderne, depuis la fin du 19e siècle, le Québec a vécu une croissance forte, parallèle à celle de l’Ontario. La période immédiatement antérieure à la Révolution tranquille se distingue même comme l’une des plus prospères de toute l’histoire. »
La figure 1 expose les deux inexactitudes que contient cette affirmation de Migué, qui n’a sans doute pas eu accès aux données aujourd’hui disponibles. La courbe trace l’évolution du rapport entre le revenu réel par habitant d’âge actif du Québec et celui de l’Ontario de 1926 à 1961. Quand ça baisse, le Québec fait moins bien que l’Ontario; quand ça monte, c’est le contraire. Premièrement, on y observe que, loin d’être parallèle à celle de l’Ontario, la croissance du Québec a subi une dégringolade magistrale pendant la Crise et la Guerre. En 1929, le Québec tirait de l’arrière de 10 % sur l’Ontario; en 1946, le retard du Québec avait grimpé à 21 %. Deuxièmement, il est vrai que, de 1946 à 1960, l’économie québécoise progressait bien dans l’ensemble, étant portée par l’expansion nord-américaine. Mais l’Ontario avançait aussi vite, de sorte que, sous le régime Duplessis, le Québec n’a jamais réussi à regagner le terrain perdu avant 1945.
La figure 2 indique que ce n’est pas la seule indication de la faiblesse comparative de l’économie québécoise de l’époque. En Ontario, le taux d’emploi global des 15-64 était passé de 59 % en 1931 à 63 % en 1961. Or, le Québec avait connu le mouvement 2 inverse : parti du même taux de 59 %, il avait au contraire chuté à 54 % en 1961. Cette baisse est considérable : en termes de 2010, cela équivaudrait à une perte de 160 000 emplois. La figure 3 complète le portrait de l’emploi en montrant que notre population active se féminisait, mais qu’elle le faisait plus lentement que l’Ontario, et avec un retard croissant à mesure que la décennie 1950 avançait. La pénurie d’emploi était flagrante. Elle fut par la suite l’une des grandes préoccupations du gouvernement Lesage. La sous scolarisation n’aidait pas.
Le tableau 1 établit qu’en 1960 seulement un tiers de nos jeunes adultes de 25 à 34 ans avaient un diplôme en poche, contre plus de la moitié en Ontario. Et seulement 5 % des jeunes de cet âge avaient un diplôme universitaire au Québec, soit moitié moins qu’en Ontario. Comme on sait – le tableau le confirme –, notre fréquentation scolaire avait commencé à augmenter dans les années 1950. Mais on voit bien que le retard à combler était encore très grand.
Le tableau 2, lui, montre qu’en 1961 la situation économique des « Canadiens français du Québec » n’était guère différente de celle des Noirs américains. Les hommes noirs complétaient 11 années à l’école, les « Canadiens français », 10 années, soit une de moins. Le salaire moyen des hommes noirs américains équivalait à 54 % de celui des hommes blancs américains; au Québec, le salaire moyen des hommes francophones unilingues équivalait à seulement 52 % de celui des hommes anglophones, bilingues ou unilingues. Lorsque l’écrivain Pierre Vallières nous a appelés « nègres blancs d’Amérique » en 1968, on l’a évidemment accusé d’exagérer. Mais, en fait, il clamait l’exacte vérité. La position relative des nôtres n’était pas meilleure que celle des Noirs américains. Il faut, de toute urgence, réhabiliter Vallières.
Comment les finances publiques du Québec se comparaient-elles à celles de l’Ontario à l’aube de la Révolution tranquille ? Le tableau 3 aide à y voir clair. Si on consolide les budgets provincial et municipaux – ce qui est nécessaire parce que les compétences n’ont jamais été exactement les mêmes dans les deux provinces –, on arrive à la conclusion, qui sera sans doute surprenante pour plusieurs, que l’État québécois taxait et dépensait un peu plus que son pendant ontarien en 1961. La dette accumulée par la province était cependant beaucoup moins lourde chez nous chez notre voisin. Fin 1961, elle équivalait à 14 % du revenu intérieur au Québec et à 21 % en Ontario. La conséquence au Québec était des infrastructures provinciales honteusement déficientes en santé, en éducation, en culture et en transport. On fait parfois valoir que le faible niveau d’endettement de la province serait une sorte de cadeau que Maurice Duplessis aurait fait aux révolutionnaires tranquilles. Il s’agit évidemment d’un sophisme. [mon surlignement]
Le cadeau de Duplessis fut le retard à investir dans ces infrastructures et les conséquences négatives que cela entraînait pour notre développement. Cadeau de Grec.
[Ma question : si la taxation était légèrement plus élevée au Québec qu'en Ontario, le taux d'endettement de l'État la moitié de celui de l'Ontario (avant 1961), le seul reproche que l'on peut faire à Duplessis c'est de ne pas avoir suffisamment ouvert le Québec aux marchés de l'emprunt, d'avoir été conservateur en gérant le Québec selon ses moyens. Dans ce cas, la confirmation de la mise au diapason du Québec aux marchés financiers nord-américains est implicite.Or, l'obsession d'aujourd'hui n'est-elle pas que le fardeau de la dette entrave le développement du Québec ? Que le fardeau fiscal sur la population est presque de moitié au service de la dette ? Qu.on nous oblige à une austérité plus ou moins sévère ? Le Québec est-il plus ou moins indépendant qu'il ne l'était sous Duplessis ?]
Résumé
En résumé, dans les années 1950, l’économie québécoise était portée par l’expansion nord-américaine et progressait à peu près au même rythme par habitant que l’économie ontarienne. Mais nos salaires et notre niveau de vie, qui avaient dégringolé antérieurement, restaient bien inférieurs et ne manifestaient aucun signe de rétablissement. Le taux d’emploi de nos hommes se détériorait et celui de nos femmes accusait un retard croissant sur celui des femmes ontariennes. Nos jeunes étaient terriblement sous-scolarisés. Le sort des francophones du Québec était comparable à celui des Noirs américains. L’État québécois n’était pas inactif, mais il sous-investissait gravement dans les infrastructures.
Document 5
On lira ici le point de vue de Jacques Beauchemin
http://www.ledevoir.com/culture/livres/334156/essais-quebecois-faut-il-en-finir-avec-la-revolution-tranquille
Document 6
«Face à l'étranglement financier dont le gouvernement du Québec fut victime en 1939, Duplessis, à son retour en politique en 1944, fit de l'autonomie fiscale une priorité. Il refusa en 1951 que le fédéral finance les universités québécoises et mit en place la commission Tremblay en 1953 pour dénoncer les ingérences fédérales dans le domaine des compétences du Québec.
Il y a 50 ans, face au déséquilibre fiscal, le gouvernement de Maurice Duplessis, à la surprise générale, faisait voter le 24 février 1954 un impôt provincial sur le revenu des particuliers de 15 % et exigeait d'Ottawa que cet impôt soit déductible de l'impôt fédéral.»
«Grâce à ce nouvel impôt créé en 1954, les grandes réformes de la Révolution tranquille furent rendues possibles.»
http://www.ledevoir.com/non-classe/60843/duplessis-face-au-desequilibre-fiscal-l-impot-quebecois-de-1954
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