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lundi 1 janvier 2024

L’année 2023, bilan et perspectives

Édition du 1er janvier 2024, 13:54

L’essor économique de l’Eurasie se poursuit désormais d’une façon plus autonome. Ces pays qu’on disait pauvres maîtrisent les technologies de pointe et leur industrie recouvre tous les domaines. Des régions entières du monde sont désormais sevrées de leur dépendance des pays occidentaux. L’Inde envoie des engins sur la lune, la Chine s’impose comme premier exportateur mondial d’automobiles, la Corée du Sud et Taïwan excellent en nanotechnologies. Pendant ce temps, l’Occident, avec les États-Unis pour chef de file, se paie une révolution culturelle et autres fantaisies dont on ne veut pas mesurer les conséquences.


On l’a vu, l’intelligence artificielle (IA) a fait son entrée dans les médias, ça devient un grand sujet. J’ai eu l’occasion de tester cet outil redoutable qui est appelé, dit-on, à remplacer les Google de ce monde. Ses possibilités sont apparemment sans limites. Mis au profit de l’humanité, l’outil accepte qu’on lui pose des questions dans un langage de tous les jours sur tous les sujets. Les applications fines se multiplient, notamment dans l’enseignement… et, en fait, partout. Entre des mains malfaisantes, l’IA pourrait mener l’humanité à l’esclavage avec, à la carte, la fin de la liberté humaine telle que nous la connaissons. Avec des élites politiques souvent accusées de manquer de transparence dans la conduite des affaires publiques, on peut comprendre que de tels scénarios sont amplement évoqués. Sans conclure au pire, il est cependant impossible de penser que l’intelligence artificielle soit sans biais. Questionné par exemple sur la question nationale au Canada, l’IA se défend bien, mais échoue. 

Il apparaît qu’après les clivages entre bourgeois et prolétaires, nés dans le terreau de la révolution industrielle, d’autres clivages apparaissent. Il y a ceux qui savent accéder au monde du numérique et de la réalité virtuelle et les autres habitants du « village global. » Ces derniers sont menacés d’une perpétuelle dépendance envers ceux qui savent. Le clivage pourrait également s’approfondir entre ceux qui sont littéralement aux manettes de l’intelligence artificielle et les utilisateurs. Par ailleurs, le fait que l’intelligence artificielle se développe en parallèle dans plusieurs pays et sur plusieurs continents pourrait être positif. Au-delà de la rivalité que cela suppose à la base, avec un peu de bonne foi, la concurrence pourrait aussi conduire à une multipolarité de l'intelligence artificielle. 2023 nous laisse ici avec beaucoup de questions et peu de réponses. 

On dira avec raison que l’ordre international est largement identifié à l’ONU. On entend de nombreux reproches envers l’institution et non sans raison. J’en suis pour dénoncer ses biais, sa bureaucratie, voire ses préjugés. On le sait, l’ONU est une institution de compromis établie par les vainqueurs de la Deuxième Guerre mondiale. Dans sa forme actuelle de trophée de guerre, elle ne peut durer. Le droit de veto accordé à cinq pays (Royaume-Uni, États-Unis, France, Union soviétique, Chine) correspondait à un état du monde qui n’existe plus. C’est peut-être là qu’on touche au plus grave dysfonctionnement de l’organisme. Les États-Unis profitent plus que tout autre de leur veto pour contrer des résolutions majoritaires, mais qui ne leur conviennent pas. Nous l’avons vu encore récemment quand ils ont mis dans la balance leur veto sur un cessez-le-feu à Gaza, pour citer un seul exemple. 

Dans l’attente d’une réforme et en dépit de tout, l’ONU demeure à ce jour le seul mécanisme de création de droit international au sens large. L’ONU reste préférable au vide et mérite même d’être renforcée face à un « ordre international basé sur des règles » que les États-Unis voudraient imposer. Il s’agit d’une invention récente. Elle est concurrente et sape en fait l’autorité de l’ONU comme seule institution habilitée par ce qu’on appelle la communauté internationale. 

Une grande puissance, même quand elle se croit destinée à l’hégémonie globale, devra tôt ou tard taire ses prétentions. Au même titre que tous les pays, les États-Unis devront éventuellement s’en tenir à occuper une place parmi les autres. Va pour Make America Great Again (MAGA) chez soi, mais pas chez les autres. Encore en 2023, faute de moyens de négociations suffisamment imprégnés dans les mœurs de la diplomatie internationale, notre monde a continué d’être trop marqué par le bruit des bottes et la puissance du feu. Et notre presse populaire n’aide pas toujours à la formation d’un jugement équilibré. Elle n’est jamais à court d’allusions défavorables envers des pays ciblés ou les pays indépendants de l’OTAN, par exemple. La peur de l’étranger existe toujours. Des remèdes existent. Il s’en trouve en partie dans la recherche d’une information plus proche des sources primaires au lieu de dépendre d’interprétations journalistiques simplifiées, unanimistes, sinon tendancieuses.

Avec les moyens d’échange dont nous disposons aujourd’hui, la planète s’est couverte d’un réseau de communication en temps réel. Il y a 150 ans à peine, il pouvait s’écouler plusieurs heures, voire plusieurs jours, avant que les nouvelles passent d’un village à l’autre. Dans notre monde moderne, tout s’est rapproché. L’indépendance et la souveraineté ne peuvent plus guère exister que dans un cadre régulé d’interdépendances. Pour l’avenir, cela pose d’immenses défis. Une régulation équitable de l’interdépendance pourrait être la meilleure garantie des marges de souveraineté et d’indépendance. D’abord pour gérer le patrimoine commun : l’espace lointain, l’air, la mer, le cours des fleuves, etc. ne peut plus être à qui les prend, comme au temps de la découverte des Amériques. Ensuite, protéger le patrimoine particulier et indivisible, comme celui des petites nations constituées au fil des tribulations de l’histoire. Dans le nouveau contexte planétaire, les défis posés au patrimoine collectif de l’humanité ne pourront être surmontés sans des médiations et des mécanismes bien établis et mutuellement acceptés. C’est une condition de la paix qui, l’espérons-nous, fera des progrès en 2024.

Pour des raisons bien à eux, que ne partagent pas les Anglo-saxons, les Canadiens-Français ont intérêt à défendre une institution aussi imparfaite que l’ONU. C’est à eux de miser sur les probabilités que des réformes rendent compte éventuellement des nouveaux équilibres, qu’elles n’accordent à l’anglosphère pas davantage que ce qui lui revient en regard de son poids géoéconomique et politique net. La lucidité permet de croire qu’en cas d’éventuelles représentations internationales, en appui à notre propre cause, des sympathies nouvelles apparaissent sur d’autres horizons, venant de pays plus neutres, plutôt que de ces pays qu’on désigne un peu machinalement comme nos alliés de l’OTAN, tous menés par l’anglosphère. Reconnaissons que de n’avoir jamais misé sur l’internationalisation du conflit national au Canada est une erreur incompréhensible, que je laisse à chacun la liberté d’interpréter. 

Il faut le rappeler, car les partis du souverainisme institutionnel l’ont oublié : le problème de la nation canadienne-française n’a jamais été celui d’une élection ou d’un référendum gagnant. Il tient du manque d’aménité (ponctuée d’arrogance) que perpétue le Canada anglais envers un peuple conquis en 1760. 

Toujours raisonnables et d’une modération exemplaire, nos revendications historiques, peu importe qui les formulait et comment elles étaient formulées, n’ont jamais ému et encore moins convaincu la classe dirigeante anglo-saxonne du Canada. Elles se sont toutes fracassées sur un mur de refus. Les maîtres du jeu politique, de George Brown à P. E. Trudeau, n’ont jamais consenti à nous reconnaître comme peuple ayant droit à des institutions politiques propres et représentatives d’une plénitude nationale. Y compris dans le cadre d’un arrangement avec le Canada anglais, nous avons vécu la fermeture des esprits. À la différence, bien des pays d’Afrique et d’Asie ont réalisé leur indépendance par voie de paisibles négociations. Pourquoi cette obstination agissante contre notre émancipation ? Parce que l’Amérique du Nord anglo-saxonne tolère mal la différence ? Parce qu’elle veut se projeter comme exclusivement anglophone ?

Et les choses ne s’arrangent pas. Avec la loi 99, ce sont les nôtres, ceux du Parti québécois, qui acceptent désormais que notre existence de nation issue de Nouvelle-France soit terminée. Pour eux, et ils tâcheront de vous en convaincre, il est superflu et même inconvenant de nommer la nation, de la décrire dans sa continuité historique ou de la célébrer, sauf dans un cadre folklorique. La revendication d’une langue commune leur suffit, insérée dans la célébration d’un Québec plurinational statutaire, à la manière trudeauiste, mais vidée des Canadiens-Français.

Il faut bien l’admettre, la nation patrimoniale dont nous disposons aujourd’hui a été constituée à une autre époque. Cette nation socioculturelle et historique du Canada de Nouvelle-France ne pouvait émerger que dans un environnement territorial partagé, occupé en commun et relativement stable. À cela, il faut ajouter un élément géopolitique décisif: la guerre entre les Anglais pour le contrôle de l’Amérique du Nord nous donna un sursis, le temps de refaire nos maigres forces. 

Bien que comptant des effectifs limités, l’originalité de notre nation d’Amérique constitue un bien immatériel et matériel à préserver et à transmettre, une richesse pour l’humanité. Certes, la jeunesse d’aujourd’hui ne dépend plus de la culture de la terre pour vivre, ce qui modifie forcément son rapport avec le sol par rapport aux ancêtres. Certes, les déplacements des jeunes pour se rendre dans les collèges classiques dépassaient rarement quelques centaines de kilomètres, avec des exceptions, comme Louis Riel, élève au Collège de Montréal. Et si les Jacques Parizeau et les Robert Bourassa étaient un peu des précurseurs avec leurs études à Londres, ils avaient été devancés en Europe par plusieurs autres. Aujourd’hui, les voyages à l’étranger sont monnaie courante. Il y a une évolution de la nation que l’on ne peut récuser. 

Avec la faible natalité et l’immigration massive, le poids électoral des Canadiens-Français a fondu. En 1958, Diefenbaker, et plus tard P. E. Trudeau devaient au vote canadien-français leur confortable majorité. C’est un électorat qu’aucun parti de pouvoir ne pouvait ignorer. Ce n’est plus le cas. Maxime Bernier, dont j’apprécie plusieurs des propositions du Parti populaire du Canada, peut se permettre de passer entièrement sous silence la question nationale. Il prend plutôt la défense d’un Canada uni, indépendant et moins centralisé, avec une seule nation (apparemment) la nation canadienne bilingue, fondée par PET. Si la décentralisation a son mérite, Maxime Bernier voit bien que le poids démographique a fondu et que l’empressement des premiers intéressés à défendre leur propre cause s’est émoussé. Le p’tit gars de la Beauce a compris que la question nationale pourrait le mettre mal à l’aise. En bon politicien, il restera discret sur l’épineux sujet, considérant qu’il n’en tirerait aucun bénéfice. Et, en réalité, le Parti québécois est aux yeux de plusieurs un simple parti d’alternance, porteur d’un « enjeu national » domestiqué, qui ne pose pas la question du régime

Fin

ANNONCES
Le premier janvier marque le début de la Fédération des Canadiens-Français, il y a quatre ans.

Suivez-nous le 5 février prochain pour la commémoration de l'allocution de Daniel Johnson à la conférence constitutionnelle tenue à Ottawa en 1968.

Bonne, heureuse et vertueuse année 2024
_______________

Commentaire reçu :

Si le principe d'une assemblée générale des nations est constructif dans l'optique d'un De Gaulle qui parlait de "concert des nations", force est de constater que sa bureaucratie est un instrument de l'oligarchie financière internationale à la source de nos maux qui n'est qu'un prolongement de la East India Company qui a longtemps contrôlé le quotidien de l'Empire britannique. Dans un nouvel ordre mondial multipolaire, probablement que seulement l'assemblée générale de l'ONU ne devrait être conservée.

1er janvier, 13:35

jeudi 7 décembre 2023

23e anniversaire de la loi 99 (2000)

Aujourd'hui, 7 décembre, 23e anniversaire de l'adoption de la loi 99 (2000). Cette loi vient confirmer le consensus entre le gouvernement fédéral, la Cour suprême du Canada et Québec à l'effet qu'un référendum est un moyen légitime d'obtenir des changements constitutionnels. Le fédéral aurait l'obligation de négocier. Il y a cependant des conditions et des modalités sur lesquelles on ne s'accorde pas : question claire, majorité claire, insiste le fédéral. Ces questions litigieuses sont repoussées pour être éventuellement débattues dans l'arène politique, le cas échéant.



Québec sur la défensive. La loi 99 répond à des préoccupations fédérales concernant le respect des droits des minorités dans le cadre d'un projet référendaire portant sur l'avenir du Québec. La loi 99 qui a pour titre : Loi sur les droits et les prérogatives du peuple et de l'État du Québec, définit en préambule le peuple Québécois comme un peuple de minorités particulières pourvues de droits garantis, comme, par exemple, une "communauté anglophone jouissant de droits consacrés", des immigrants pour qui on ouvre la porte à l'affermissement de leur communauté culturelle et des Premières Nations, dont les effectifs nationaux se chiffrent pour plusieurs d'entre elles à moins de 10 000 personnes. Fort bien. Par ailleurs, le peuple du Québec a pour caractéristique d'être "majoritairement francophone".



Cette définition, avec ses insistances et ses silences, est en harmonie avec la Charte des droits, la doctrine fédérale multiculturaliste et post-nationale et avec la loi fédérale sur les langues officielles, laquelle ne reconnaît que des langues officielles et aucune culture nationale.
La loi 99 tourne définitivement le dos à la convergence culturelle en faveur des canadiens-français, jusque là considérée comme prépondérante dans le projet souverainiste. Cette idée de convergence culturelle, élaborée notamment par le sociologue Fernand Dumont, avait largement dominé le nationalisme et le souverainisme depuis la fondation du Parti québécois. En revanche, la loi 99, donne raison à Gérard Bouchard et à Charles Taylor, pour qui le souverainisme n'est acceptable que dans le cadre d'une juxtaposition de différentes communautés possédant chacune une identité à valoriser. C'est le souverainisme trudeauiste de l'après 1995, dont l'historien Éric Bédard nous a fourni une étude magnifiquement bien documentée.

Malgré des prétentions qui ne manquent pas, la loi 99 est calquée sur les valeurs du fédéralisme canadian de Pierre Elliott Trudeau et de sa loi constitutionnelle de 1982. Avec la souveraineté, on conserverait tout l'appareil idéologique et doctrinaire du trudeauisme pour simplement substituer un État à un autre. Voilà !

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En complément : Vidéo du 6 novembre 2023 - à partir de 29 minutes 

Journal du soir avec Luc Paquin et François Saint-Louis

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Après 1995, il n'y avait que deux possibilités 

1) achever d'aligner le souverainisme sur les valeurs du fédéralisme canadiAn, ce que fit la loi 99 - ou 

2) ré-affirmer les idées d'émancipation du peuple canadien-français à la source du mouvement. Loin de réclamer la reconnaissance statutaire du peuple canadien-français et de ses droits nationaux, comme l'avait fait officiellement Daniel Johnson le 5 février 1968, la loi 99 a choisi d'être silencieuse sur l'enjeu existentiel. Les "souverainistes" seront désormais appelés à choisir entre un État trudeauiste à Québec et la dignité nationale des Canadiens issus de Nouvelle-France. Le rapport entre les deux causes, si l'on met de côté la stabilité d'une certaine imagination populaire et politique, est devenu extrêmement ténu.

vendredi 17 novembre 2023

Dans un an, les 50 ans de l'adoption de la voie référendaire par le PQ - Serons-nous toujours envoutés par les faux "libérateurs de peuple" ?

Le 16 novembre 1974, le Parti Québécois adoptait l'approche référendaire. C'était une réforme majeure de son programme apparue dans le décor quelques deux ans plus tôt. Claude Morin, haut fonctionnaire et conseiller de plusieurs premiers ministres du Québec, adhère au Parti québécois en 1972. Il apporte dans ses bagages la formule novatrice de la souveraineté par voie référendaire, une idée qui fait débat. En 1974, arrive l'heure de trancher sur le nouveau paradigme. Le Cinquième congrès du PQ passera l'affaire aux voix. C'est le référendum qui l'emporte. Bien que d'origines douteuses, l'origine fédérale du référendum est décrite par Claude Morin lui-même, et elle vient de haut niveau. L'approche référendaire va plonger le Québec dans une cage à homards pendant cinquante ans. 

Par son imprégnation au provincial, au fédéral et même à la Cour suprême du Canada, ( note - ce qui nous sera fourni par la loi sur la clarté et les jugements subséquents) la méthode référendaire est devenue quasi-constitutionnelle, une jurisprudence, un préalable à tout changement constitutionnel, un passage obligé pour ce qui concerne le statut politique du Québec. Une société libérale comme la nôtre, avec son image idyllique de la démocratie, laisse peu de place à d'autres options. Certes, dans certains milieux, on a constamment remis en question l'approche référendaire comme une arnaque fédérale. Le dossier du piège référendaire est étoffé, mais le mal est fait. En dépit de ses origines nébuleuses et des tricheries documentées de 1980 et de 1995, le référendum ne semble pas avoir perdu l'attrait d'une certaine supériorité morale pour mettre en oeuvre des changements constitutionnels. Mais considéré en regard du statu quo ante de 1974, est-ce bien vrai ?  S'en être tenu sans déroger à l'esprit et à la lettre de l'AANB, exploiter la flexibilité de la Confédération par une approche constitutionnelle classique, ce dont s'était habilement prévalu Daniel Johnson, n'était pas sans potentiel. Sans innover sur la forme, sans une redéfinition de la nation obligée par la voie référendaire, Daniel Johnson agissait résolument. Les outils nous les avions !    

Un virage pas si facile. 
Des membres influents de l'exécutif du Parti Québécois durent intervenir pour obtenir un vote favorable. Malgré tout, 30 % des délégués, fidèles à l'approche de la voie parlementaire, en vigueur depuis 1968, année de la fondation du PQ (et, de fait, en conformité avec l'AANB depuis 1867 !) persistèrent dans leur opposition jusqu'à la fin. 

Il faut le rappeler, la voie référendaire, lourde de conséquences, a façonné le Québec pendant cinq décennies... et la suite nous attend. 

Quand la petite politique s'en mêle 
La voie référendaire venait en quelque sorte compléter la transition amorcée depuis que René Lévesque s'était opposé sans délai et avait dénoncé avec des mots très durs les propositions audacieuses de Daniel Johnson, lancées à la conférence constitutionnelle de février 1968. Un aspect fort important de la transition vers l'approche référendaire, pilotée en tandem par René Lévesque et Claude Morin, était de faire passer les Canadiens-Français (et Acadiens), peuple fondateur du Canada, à autant de minorités linguistiques provinciales. Les conséquences du fédéralisme territorial s'affirmant dans toute leur dureté contre un fédéralisme des nations, dont les Canadiens-Français auraient été les seuls à croire, au point de se duper. Johnson tentera, alors que le contexte lui était relativement favorable, de jouer le tout pour le tout. Il mourra prématurément après le croc-en-jambe de Lévesque. Va pour la petite politique en milieu colonial. 

En 1974, le référendum devait consacrer la rétrogradation : il troquait les droits nationaux légitimes revendiqués jusque-là, contre un destin "national" nouveau, dont la réalité devait apparaître dans tout son éclat à l'issue d'un référendum gagnant. Le pari était double. 
1- Il supposait la rupture du destin des Canadiens-Français du Québec avec ceux des autres provinces de l'AANB et des Acadiens. 
2- Il supposait aussi un ralliement tangible des Canadiens anglais du Québec à la québécitude, qu'il devenait impératif de rallier, de rassurer, voire de courtiser "pour la cause". Les Anglais du Québec devenaient nos co-nationaux québécois. Et un fédéralisme des nations au Québec, pourquoi n'y a-t-on jamais pensé ? 

Avait-on bien pesé la transaction ? Avait-on bien réfléchi au fait que nous choisissions les Anglais contre les C-F et les Acadiens ? Que le faire était de se conformer à la vision de P.E.Trudeau, soit de reléguer les C-F et les Acadiens au rang peu glorieux de francophones en situation minoritaire. 

Chez les souverainistes on se félicitait d'avoir réalisé le no. 1 (avec Trudeau aux commandes !), mais le no. 2 ne vit jamais le jour. Néanmoins, malgré deux échecs référendaires, qui démontrent le caractère fictif et purement déclaratoire d'une "nation québécoise", elle est entrée dans l'ordre du "politiquement correct", au rythme de l'exclusion, en marche inverse, de la nation historique, dont il est mal vu de prononcer le nom dans les médias.

* * * 


Pour prolonger la réflexion :

Notre approche réaliste pour sortir du marais
https://gilles-verrier.blogspot.com/2023/07/la-federation-des-canadiens-francais.html

Le référendum de 1995, une analyse canadienne-française
https://gilles-verrier.blogspot.com/2021/01/il-y-25-ans-le-26-septembre-1994.html

Pour un fédéralisme des nations au Canada 
https://canadiens-francais.com/pour-un-federalisme-des-nations-au-canada/


Affiche souvenir des 45 ans de l'étapisme.
En 2024, les 50 ans, où en serons-nous ? 


Robert Bryce, Al Johnson et Gordon Robertson, les trois fonctionnaires 
de haut rang à la racine de l'étapisme, entourent Claude Morin.
Ces
 hautes personnalités de l'entourage de P. E. Trudeau feront tout bonnement
leur devoir en suggérant à "au moins trois reprises" l'idée du référendum à
Claude Morin. Ce dernier s'en voudra de ne pas y avoir pensé lui-même. 




vendredi 27 octobre 2023

Premières Nations population

Qu'est-ce qu'une nation ?

Effectifs et langue parlée pour cinq des 11 nations autochtones du Québec

« Le Québec est riche de onze nations autochtones, qui ont une identité distincte : une histoire, une langue et une culture qui leur sont propres. »

Source : https://www.quebec.ca/gouvernement/portrait-quebec/premieres-nations-inuits/profil-des-nations/a-propos-nations

1- Naskapis  

Population et territoire

La nation naskapie compte environ 1 450 personnes, dont plus de 930 vivent dans le seul village naskapi du Québec, Kawawachikamach, situé dans le nord du Québec, à environ 15 kilomètres de Schefferville.

Langue

Le naskapi est parlé par toute la population et l’anglais est la langue seconde.


2- Abénaquis

Population et territoire

Odanak et Wôlinak, les deux communautés abénaquises du Québec, sont situées sur la rive sud du Saint-Laurent, près de Trois-Rivières, entre Sorel et Bécancour. On compte plus de 3 000 Abénaquis au Québec, dont 400, au moins, demeurent à Odanak et à Wôlinak. Des centaines d’Abénaquis vivent en dehors de leur communauté, un peu partout en Amérique du Nord.

Langue

Les Abénaquis appartiennent à la grande famille linguistique et culturelle algonquienne. Au Québec, ils parlent français, et plusieurs d’entre eux connaissent aussi l’anglais. La langue abénaquise est toujours parlée par certaines personnes aînées.


3- Wolastoqiyik (Malécites)

Population et territoire

Environ 780 Wolastoqiyik habitent au Québec. Ils ne sont pas regroupés en communauté, mais vivent dispersés sur le territoire québécois. La Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk dispose néanmoins d’un territoire de réserve, désigné Kataskomiq, qui est situé dans le canton de Whitworth, près de Rivière-du-Loup, et d’un petit lot à Cacouna. 

Langue

Les membres de la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk vivant au Québec parlent français et plusieurs connaissent aussi l’anglais. La langue wolastoqey est encore parlée par certains locuteurs du Maine et du Nouveau-Brunswick.

4- Micmacs

Population et territoire

Le Québec abrite plus de 5 000 Micmacs constitués en trois groupes. En Gaspésie, la communauté de Listuguj dispose d’un territoire à l’embouchure de la rivière Ristigouche, tandis que celle de Gesgapegiag en possède un à l’embouchure de la rivière Cascapédia, près de la municipalité de Maria. Quant aux quelque 510 Micmacs qui forment la bande de Gespeg, ils n’ont pas de territoire de réserve et vivent principalement à Gaspé et à Montréal.

Langue

La langue micmaque est enseignée à l’école et parlée par plusieurs membres des communautés de Listuguj et de Gesgapegiag. L’anglais est la langue seconde. Les Micmacs de Gespeg parlent surtout français et de plus en plus de jeunes Micmacs connaissent aussi bien le français que l’anglais.


5- Hurons-Wendats

Population et territoire

Les Hurons-Wendats constituent l’une des nations les plus urbanisées du Québec. Leur unique communauté, Wendake, est adjacente à la ville de Québec. Quelque 1 500 Hurons-Wendats y habitent.

Langue

Les Hurons-Wendats parlent français. La langue huronne est considérée comme éteinte, mais un projet de recherche est en cours afin d’en assurer la revitalisation.

jeudi 26 octobre 2023

Dossier (le Devoir 1968) États généraux du Canada français - influence du RIN

 12 février 1968 

Lettre d'un lecteur sur l'influence des indépendantistes

et l'absence de ceux qui venaient pour discuter de l'avenir du Canada-Français 









dimanche 1 octobre 2023

Ce que l’identité québécoise a coûté aux Canadiens-Français

Il y a 28 ans, se mettait en branle la campagne référendaire de 1995. Tous ceux qui étaient en âge de vivre ces moments s’en souviennent. Pour aller tout de suite dans le vif du sujet, j’ai toujours cru que Parizeau a eu tort de ne pas rebondir sur le vote favorable exprimé par 60 % des Canadiens-Français. Passons sur les allégations de tricheries pour nous rappeler un autre moment important. En 1969, Jacques Parizeau s’était joint au Parti Québécois. Dans son allocution d’adhésion au parti, le 19 septembre, il dit : « ...les Canadiens français ne veulent pas que leur gouvernement véritable soit à Ottawa ». 





Dans tous les cas de figure, le oui de 1995 était l’expression d’une claire majorité de Canadiens-Français. Ce oui avait toute la valeur d’un désaveu du fédéralisme. Il était le résultat bien compté d’une crise de confiance envers les institutions fédérales. Comme le verdict était celui de la nation porteuse de la cause, Parizeau aurait été parfaitement justifié de surprendre l’adversaire par une volte-face à la Sun Tzu. Au lieu de se démettre, il aurait dû en remettre, réclamer sur le champ des négociations constitutionnelles. Se faisant mandataire du peuple canadien-français, usant d’une intrépidité mesurée, il aurait pu être un Pierre Le Moyne d’Iberville des temps modernes. Et qui oserait dire que dans une fédération des négociations ne peuvent pas être réclamées en tout temps ? Qui pourrait prétendre que le peuple fondateur du Canada n’a pas droit aux pouvoirs nécessaires pour assurer son avenir ? En fait, il aurait pu reprendre mot pour mot les revendications de Daniel Johnson du 6 février 1968, lancées en pleine conférence constitutionnelle. Donc, rien de nouveau ! Que du solide, que des revendications validées ! 



Il est temps de réaliser que l’échec du référendum n’est pas là où l’on pense. Il n’est pas dans le résultat numérique global, mais dans l’encerclement des Canadiens-Français. L’identité québécoise a interdit aux Canadiens-Français de s’exprimer en leur nom, d’avoir, comme ils l’avaient avant, une personnalité politique bien à eux. On a perdu à cause de « l’argent et des votes ethniques », certes, mais il en manque un bout. On a perdu à cause d’une identité québécoise qui a transformé les Canadians du Québec en compatriotes des Canadiens-Français. Cette identité fabriquée accorde depuis, en pratique, aux Canadiens anglais un droit de veto sur la définition de notre avenir. Le 30 octobre 1995, une fausse « nation », échafaudée sur l’existence forcée d’un destin commun entre deux communautés historiques concurrentes et de poids inégal, a sacrifié les Canadiens-Français. 


Dans son discours de fin de soirée, Jacques Parizeau semble être venu tout près de dire ce qui aurait été le véritable coup de théâtre du demi-siècle. Il aurait suffi de quelques mots pour qu’il nous épargne l’amer sentiment de la défaite. À partir de la vingtième seconde du vidéo, il dit : « … on va cesser de parler des francophones du Québec, on va parler de nous à 60 %… et nous… », suit un moment d’hésitation.  



https://youtu.be/Y61a2Vh-NdY 


Si nous ne sommes pas des Québécois francophones, qui sommes-nous ? 


Il ne faut pas voir dans ce qui précède une charge contre Jacques Parizeau. Dans une certaine mesure, il était lui-même le rouage de phénomènes plus complexes et pas toujours discernables dans le feu de l’action. Une conscience renouvelée ne se produit pas du jour au lendemain, cela demande du temps, de l'énergie et des efforts. 


Les aléas de l’histoire mettent parfois sur la même route des voyageurs qui ont des destinations différentes. Pour Trudeau, qui en avait contre toute nation, la loi sur les langues officielles de 1969 soutenait son projet de provincialisation du Canada français. Prirent alors naissance des Ontarois, des Fransaskois et ainsi de suite, avec au Québec des Québécois francophones. Quant à l’État du Québec, il se voyait confier la mission de protéger une minorité anglophone déjà choyée. Et le nationalisme québécois tomba dans le piège, fier de se penser en majorité provinciale, subordonnée et illusoire. Faute des pouvoirs, on joue bien la comédie.


Dans ce mouvement de démembrement du Canada français enclenché par Trudeau père, le souverainisme jouera le rôle de l’allié circonstanciel. Après avoir divisé les États généraux du Canada français (1967-1969), il prendra tout son relief avec l’approche référendaire dont l’ambition était de créer une nouvelle communauté nationale. C’est là qu’on a commencé à dire que les Canadiens-Français du Québec étaient devenus des Québécois, à l’instar du mouvement parallèle de provincialisation des autres provinces. Mais pour le cas du Québec, cependant, l’allégation est un peu forcée puisque les Canadiens-Français étaient Québécois depuis qu’ils payaient des taxes à Québec, soit depuis 1867. Mais ils savaient qu’ils n’étaient pas les seuls Québécois et leur identité confédérale n’était jamais entrée en concurrence avec l’attachement qu’ils conservaient pour leur identité historique. La nouvelle identité québécoise, quant à elle, promue par un souverainisme trudeauiste, voudra se substituer aux Canadiens-Français et ne cachera pas sa détermination à les faire disparaître.  


mercredi 13 septembre 2023

La question linguistique en Ukraine - 10 juin 2022






10 Jun, 2022 17:41

Un chauvinisme linguistique ultra-nationaliste en Ukraine 
La langue russe dans l'Ukraine post-soviétique : 30 ans de discrimination contre la langue la plus populaire du pays
Comment restreindre l’usage de cette langue, originaire dans grande partie du pays, est devenue l’une des principales priorités du gouvernement ukrainien.

The Russian language in post-Soviet Ukraine: 30 years of discrimination against the country'smost popular tongue
How restricting use of the language, native to a large part of the country, has become one of the top priorities of the Ukrainian government

The Russian language in post-Soviet Ukraine: 30 years of discrimination against the country's most popular tongue

If you go to Ukraine and walk through the streets of Kiev, Vinnitsa, Chernigov, or Kharkov, it may seem like you’re in Moscow or Rostov-on-Don, as the majority of the people in these cities speak Russian.

At the same time, Ukraine is a country with one of the harshest language law regimes in the world. Russian, which is spoken by the vast, vast majority of the country’s population, is almost de jure banned there. How did this happen? 

Si vous allez en Ukraine et marchez dans les rues de Kiev, Vinnitsa, Tchernigov ou Kharkov, vous aurez peut-être l’impression d’être à Moscou ou à Rostov-sur-le-Don, car la majorité des habitants de ces villes parlent russe.

Dans le même temps, l’Ukraine est un pays doté de l’un des régimes juridiques linguistiques les plus sévères au monde. Le russe, parlé par la très grande majorité de la population du pays, y est presque de jure interdit. 

Comment est-ce arrivé?

You can, but you can’t

One of the favorite phrases of Ukrainian nationalists is the sarcastic: ‘Who says you can’t speak Russian?’

Until 2019, when the law ‘On Ensuring the Functioning of Ukrainian as the State Language’ was adopted, this sarcasm was partially justified. Officially, Ukrainians were obliged to speak Ukrainian, but, in fact, they spoke whatever was convenient for them. And no one paid much attention, at least in the first couple of decades of independence.

In 1991, in order to secure support for Ukraine’s independence, the country’s first president, Leonid Kravchuk, signed an appeal to his ethnic Russian compatriots, stating: “I will do everything in my power to ensure that the government protects the legitimate political, economic, social, and spiritual interests of the Russian population. In no case will forcible Ukrainization of Russians be allowed. Any attempts to discriminate on the basis of nationality will be resolutely suppressed.”

L’une des phrases préférées des nationalistes ukrainiens est le sarcastique : « Qui a dit que vous ne pouvez pas parler russe ? »

Jusqu’en 2019, date à laquelle la loi « Garantissant le fonctionnement de l’ukrainien comme langue officielle » a été adoptée, ce sarcasme était en partie justifié. Officiellement, les Ukrainiens étaient obligés de parler ukrainien, mais en réalité, ils parlaient ce qui leur convenait. Et personne n’y a prêté beaucoup d’attention, du moins au cours des deux premières décennies de l’indépendance.

En 1991, afin d'obtenir le soutien à l'indépendance de l'Ukraine, le premier président du pays, Leonid Kravchuk, a signé un appel à ses compatriotes de souche russe, déclarant : « Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour garantir que le gouvernement protège les intérêts politiques, économiques légitimes. , sociaux et spirituels de la population russe. En aucun cas l’ukrainisation forcée des Russes ne sera autorisée. Toute tentative de discrimination fondée sur la nationalité sera résolument réprimée.»

At that time, and up until 2012, the law ‘On the Languages of the Ukrainian SSR’ was in force in Ukraine, according to which the Russian language had legal status on a par with Ukrainian, and Kiev guaranteed the free use of Russian in all spheres of life.

Nevertheless, discriminatory norms began to be introduced to the law immediately after the country declared independence. Contrary to the aforementioned law on languages, the Ukrainian state began to reduce the use of Russian at the legislative level from the first days of its independent existence by adopting various by-laws and orders.

As People’s Deputy of Ukraine Vadim Kolesnichenko pointed out in the ‘Second Periodic Public Report on the Implementation of the Provisions of the European Charter of Regional or Minority Languages in Ukraine’: “As of the time of writing this report, the status of regional and minority languages in Ukraine is completely undefined in Ukraine’s Constitution, as well as more than 80 procedural codes and laws, and thousands of by-laws (Decrees, Resolutions, Orders, etc.) following from it.” This is important when assessing the legal status of the Russian language and its native speakers.

In other words, the sectoral laws adopted after Ukraine’s independence did not provide for the free use of Russian, despite the requirements of the Ukrainian SSR’s law on languages, which they should have complied with. Restrictions on the use of Russian began long before the adoption of Ukraine’s Constitution in 1996, in which discrimination against Russian was enshrined at the highest legal level.

An example of this is the law ‘On National Minorities in Ukraine’ of 1992, in which the ability for national minorities to exercise most linguistic rights is limited to territories where a specific national minority makes up the majority of the population. Another is the law ‘On Television and Radio Broadcasting’ of 1993, which prohibits the use of Russian and other ‘regional languages’ in national broadcasting.

Comme l'a souligné le député du peuple ukrainien Vadim Kolesnichenko dans le « Deuxième rapport public périodique sur la mise en œuvre des dispositions de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires en Ukraine » : « Au moment de la rédaction de ce rapport, le statut des langues régionales et minoritaires Les langues minoritaires en Ukraine ne sont absolument pas définies dans la Constitution ukrainienne, ainsi que dans plus de 80 codes de procédure et lois, ainsi que des milliers de règlements (décrets, résolutions, ordonnances, etc.) qui en découlent. Ceci est important lors de l’évaluation du statut juridique de la langue russe et de ses locuteurs natifs.

En d’autres termes, les lois sectorielles adoptées après l’indépendance de l’Ukraine ne prévoyaient pas le libre usage du russe, malgré les exigences de la loi sur les langues de la RSS d’Ukraine, auxquelles elles auraient dû se conformer. Les restrictions sur l’usage du russe ont commencé bien avant l’adoption de la Constitution ukrainienne en 1996, dans laquelle la discrimination à l’égard du russe était inscrite au plus haut niveau juridique.

Un exemple en est la loi « Sur les minorités nationales en Ukraine » de 1992, dans laquelle la capacité des minorités nationales à exercer la plupart de leurs droits linguistiques est limitée aux territoires où une minorité nationale spécifique constitue la majorité de la population. Une autre loi est la loi « Sur la radiodiffusion télévisuelle et radiophonique » de 1993, qui interdit l’utilisation du russe et d’autres « langues régionales » dans la radiodiffusion nationale.

The Constitution of 1996 only consolidated the already established practice of discriminating against speakers of the Russian language: Article 10 recognizes Ukrainian as the country’s only official state language, while the second part of the article, which states that “the free development, use, and protection of the Russian language and other languages of national minorities in Ukraine are guaranteed,” only existed on paper.

RT

While it’s commonly believed that the pressure on the Russian language began under former President Viktor Yushchenko after the Orange Revolution, this is not the case. For example, former President Leonid Kuchma attempted to enact ‘punitive philology’ when his government submitted a bill to the Verkhovna Rada on July 1, 1997, entitled ‘On the Development and Use of Languages in Ukraine’, which introduced fines and license revocations for media outlets that did not broadcast in the state’s official language. There were even plans to levy fines on ordinary citizens and officials for non-use of the state language.

The last nail in the coffin for the legal status of Russian was hammered in by Ukraine’s Constitutional Court in 1999, when it recognized Ukrainian as “an obligatory means of communication throughout the territory of Ukraine in the exercise of powers by local authorities, as well as in other spheres of public life.”

Thus, almost all of the odious legal norms discriminating against Russian speakers were in force even before the Maidan coup of 2014. People who couldn’t speak Ukrainian were banned from practicing law or serving as members of election commissions and as assistants for MPs. The only difference then was that there were no language patrols forcing waiters and salespeople to speak Ukrainian with customers, although, from a legal point of view, they were obliged to do so even then.

Même s’il est communément admis que la pression exercée sur la langue russe a commencé sous l’ancien président Viktor Iouchtchenko, après la Révolution orange, ce n’est pas le cas. Par exemple, l'ancien président Leonid Koutchma a tenté d'adopter une « philologie punitive » lorsque son gouvernement a soumis un projet de loi à la Verkhovna Rada le 1er juillet 1997, intitulé « Sur le développement et l'usage des langues en Ukraine », qui prévoyait des amendes et des révocations de licences pour médias qui n'émettaient pas dans la langue officielle de l'État. Il était même prévu d'imposer des amendes aux citoyens ordinaires et aux fonctionnaires pour non-utilisation de la langue officielle.

Le dernier clou du cercueil du statut juridique du russe a été enfoncé par la Cour constitutionnelle ukrainienne en 1999, lorsqu'elle a reconnu l'ukrainien comme « un moyen de communication obligatoire sur tout le territoire de l'Ukraine dans l'exercice des pouvoirs des autorités locales, ainsi que dans d’autres sphères de la vie publique.

Ainsi, presque toutes les normes juridiques odieuses discriminatoires à l’égard des russophones étaient en vigueur avant même le coup d’État de Maïdan en 2014. Les personnes qui ne parlaient pas ukrainien n’avaient pas le droit d’exercer le droit, de servir en tant que membres de commissions électorales ou d’assistants de parlementaires. La seule différence était qu'il n'y avait pas de patrouilles linguistiques obligeant les serveurs et les vendeurs à parler ukrainien avec les clients, même si, d'un point de vue juridique, ils étaient déjà obligés de le faire.

No language, no problem

The greatest move against Russian took place in the field of education. In 1992, a letter signed by Ukraine’s former first deputy minister of education, Anatoly Pogrebny, appeared, which granted schools the right to teach foreign languages other than Russian. Thus, the language that was native for many acquired the status of a foreign language.

Meanwhile, the number of Russian schools was steadily decreasing. In 1990, there were 4,633 schools in Ukraine in which Russian was the main language of instruction. By the beginning of the 2010-11 academic year, there were only 1,149 left. While about 3.5 million students were taught in regional or minority languages in 1990, just 703,609 were by the beginning of 2011. Of these, 685,806 were using Russian. This means the number of Russian schools decreased by 62%, and the number of students by seven times. More than 57% of the liquidated schools were schools in which instruction had been conducted in Russian, which were closed eight times more often than Ukrainian-speaking schools. Now, there are no Russian schools left in Ukraine at all, but more on that later.

Pas de langue, pas de problème

Le plus grand mouvement contre le russe a eu lieu dans le domaine de l’éducation. En 1992, est apparue une lettre signée par l’ancien premier vice-ministre ukrainien de l’Éducation, Anatoly Pogrebny, qui accordait aux écoles le droit d’enseigner des langues étrangères autres que le russe. Ainsi, la langue maternelle de beaucoup a acquis le statut de langue étrangère.

Pendant ce temps, le nombre d’écoles russes diminuait régulièrement. En 1990, il y avait en Ukraine 4 633 écoles dans lesquelles le russe était la principale langue d'enseignement. Au début de l’année universitaire 2010-2011, il n’en restait plus que 1 149. Alors qu’environ 3,5 millions d’élèves recevaient un enseignement dans des langues régionales ou minoritaires en 1990, ils n’étaient plus que 703 609 au début de 2011. Parmi eux, 685 806 utilisaient le russe. Cela signifie que le nombre d'écoles russes a diminué de 62 % et le nombre d'élèves de sept fois. Plus de 57 % des écoles liquidées étaient des écoles où l'enseignement était dispensé en russe, et elles étaient fermées huit fois plus souvent que les écoles de langue ukrainienne. Aujourd’hui, il n’y a plus aucune école russe en Ukraine, mais nous y reviendrons plus tard.

Ukraine to seize assets of alleged Russia sympathizers

This situation does not correspond at all to the linguistic preferences of the population. According to Ukraine’s last census, which (amazingly) took place in 2001, many citizens did not have the ability to study in their native language, as the share of Russian-speaking secondary educational institutions was lower than the share of the Russian-speaking population. In the Donetsk Region, there were 518 Russian schools (41.6% of the total); in Zaporozhye Region, 180 (26.9%); in Lugansk Region, 451 (55.1%), in Odessa Region, 184 (19.7%); and in Kharkov Region, 157 (16.1%). In 1998, Odessa had 46 schools (32%) in which Russian was the language of instruction, despite the fact that Russian-speaking residents made up 73% of the city’s population. In Gorlovka, in Donetsk Region, 82% of respondents called Russian their native language in 2006.

Even in the ‘Ukrainian’ regions, the situation is far from ambiguous. For example, in Rivne, where 3% of the population speaks minority languages, all Russian schools were closed in 1996. In Kiev, there were only seven Russian schools (2.04%) left by 2011, despite the fact that, even according to official statistics, 27.9% of the capital’s residents use minority languages (in fact, Russian). In general, 30% of Ukraine’s population uses minority languages, but secondary education was only available in languages other than Ukrainian in 7.57% of its schools by 2011.

Cette situation ne correspond pas du tout aux préférences linguistiques de la population. Selon le dernier recensement ukrainien, qui (étonnamment) a eu lieu en 2001, de nombreux citoyens n'avaient pas la possibilité d'étudier dans leur langue maternelle, car la part des établissements d'enseignement secondaire russophones était inférieure à la part de la population russophone. . Dans la région de Donetsk, il y avait 518 écoles russes (41,6 % du total) ; dans la région de Zaporojie, 180 (26,9 %) ; dans la région de Lougansk, 451 (55,1 %), dans la région d'Odessa, 184 (19,7 %) ; et dans la région de Kharkov, 157 (16,1 %). En 1998, Odessa comptait 46 écoles (32 %) dans lesquelles le russe était la langue d’enseignement, alors que les résidents russophones représentaient 73 % de la population de la ville. À Gorlovka, dans la région de Donetsk, 82 % des personnes interrogées considéraient le russe comme leur langue maternelle en 2006.

Même dans les régions « ukrainiennes », la situation est loin d’être ambiguë. Par exemple, à Rivne, où 3 % de la population parle des langues minoritaires, toutes les écoles russes ont été fermées en 1996. À Kiev, il ne restait plus que sept écoles russes (2,04 %) en 2011, malgré le fait que, même selon les autorités, Selon les statistiques, 27,9 % des habitants de la capitale parlent des langues minoritaires (en fait le russe). En général, 30 % de la population ukrainienne parle des langues minoritaires, mais l’enseignement secondaire n’était disponible que dans des langues autres que l’ukrainien dans 7,57 % des écoles en 2011.

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In reality, the official statistics do not correspond to the languages people actually speak. In responding to a survey conducted by the American Gallup Institute, 83% of Ukrainians chose to fill in the forms in Russian, which, according to sociologists, indicates that this is their native language (Fig.2). This is confirmed by a 2015 study of languages used on the internet, which found that 59.6% of Ukrainian sites are in Russian. Even more interesting are statistics concerning web searches. Only government websites are read in Ukrainian. People prefer to read about ‘everyday’ things (travel, services, media, weather, etc.) in Russian. This situation has changed little over the years. According to Google, queries from Ukraine were submitted in Russian eight times more often than in Ukrainian in 2020. So, in all cases, around 80% of Ukrainians prefer Russian.

Italian researcher Nicola Porro has drawn attention to falsifications in official data concerning the language situation in Ukraine. According to EuroMaidan Press, in 2012, Ukrainian was the native language of 57% of the country’s residents, while Russian was native for 42%. However, by 2021, it was claimed to be 77% and 21%, respectively. “Is it possible that, in some 10 years, 20 percent of the population suddenly changed their native language? On this occasion, EuroMaidan Press was proud to announce: ‘In the period from 2012 to 2016, there were significant changes in terms of language self-identification.’ I mean, what ‘methods of persuasion’ were used? A native language is absorbed with our mother’s milk, listening to her voice. A mother speaks to her children in the language of her heart. Your native language cannot be changed,” the author said.

In 2012, representatives of then-President Viktor Yanukovych’s Party of the Regions tried to raise the status of the Russian language. The law ‘On the Fundamentals of State Language Policy’ was passed, which established the ability to use regional languages as official state languages if the number of native speakers in a region amounted to 10% of the population. Though some of Ukraine’s Russian-speaking regions took advantage of this, it did not help many of the nation’s Russian speakers. For example, the mayor of the capital, Alexander Popov, declared that “there can be no discussions in Kiev about the recognition of Russian as a regional language.” Moreover, this law reduced Russian from the status of a language used in interethnic communication to an ordinary minority language, in accordance with the European Charter of Regional or Minority Languages.

En réalité, les statistiques officielles ne correspondent pas aux langues réellement parlées. En répondant à une enquête menée par l'Institut américain Gallup, 83 % des Ukrainiens ont choisi de remplir les formulaires en russe, ce qui, selon les sociologues, indique qu'il s'agit de leur langue maternelle (Fig.2). Ceci est confirmé par une étude de 2015 sur les langues utilisées sur Internet, qui a révélé que 59,6 % des sites ukrainiens sont en russe. Les statistiques concernant les recherches sur le Web sont encore plus intéressantes. Seuls les sites Web gouvernementaux sont lus en ukrainien. Les gens préfèrent lire sur des sujets du « quotidien » (voyages, services, médias, météo, etc.) en russe. Cette situation a peu changé au fil des années. Selon Google, les requêtes en provenance d'Ukraine ont été soumises en russe huit fois plus souvent qu'en ukrainien en 2020. Ainsi, dans tous les cas, environ 80 % des Ukrainiens préfèrent le russe.

Le chercheur italien Nicola Porro a attiré l'attention sur la falsification des données officielles concernant la situation linguistique en Ukraine. Selon EuroMaidan Press, en 2012, l’ukrainien était la langue maternelle de 57 % des habitants du pays, tandis que le russe était la langue maternelle de 42 %. Cependant, en 2021, ce chiffre serait respectivement de 77 % et 21 %. « Est-il possible qu’en dix ans environ, 20 pour cent de la population change soudainement de langue maternelle ? A cette occasion, EuroMaidan Press était fier d’annoncer : « Entre 2012 et 2016, il y a eu des changements significatifs en termes d’auto-identification linguistique. » Je veux dire, quelles « méthodes de persuasion » ont été utilisées ? Une langue maternelle est absorbée par le lait de notre mère, en écoutant sa voix. Une mère parle à ses enfants dans le langage de son cœur. Votre langue maternelle ne peut pas être modifiée », a déclaré l'auteur.

Balalaika comparée à la croix gamméeLIRE LA SUITE : Balalaika comparée à la croix gammée

En 2012, des représentants du Parti des régions du président Viktor Ianoukovitch ont tenté de rehausser le statut de la langue russe. La loi « Sur les principes fondamentaux de la politique linguistique de l’État » a été adoptée, établissant la possibilité d’utiliser les langues régionales comme langues officielles de l’État si le nombre de locuteurs natifs dans une région s’élève à 10 % de la population. Même si certaines régions russophones d’Ukraine en ont profité, cela n’a pas aidé de nombreux russophones du pays. Par exemple, le maire de la capitale, Alexandre Popov, a déclaré qu'« il ne peut y avoir de discussions à Kiev sur la reconnaissance du russe comme langue régionale ». De plus, cette loi a réduit le russe du statut de langue utilisée dans la communication interethnique à celui de langue minoritaire ordinaire, conformément à la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires.

The history of the European Charter with respect to Russian deserves special mention. The adoption of the document, which is one of the conditions for Ukraine’s membership of the Council of Europe, faced unprecedented resistance from neo-Nazi forces. The Verkhovna Rada first ratified the charter in 1999, but then-President Kuchma refused to sign the ratification law, and it was consequently struck down by the Constitutional Court as invalid. The charter was re-ratified on May 15, 2003, albeit only its declarative provisions. Nonetheless, Ukraine’s Ministry of Foreign Affairs refused to issue the instruments of ratification for two years. As a result, it only entered into force on January 1, 2006. According to the text of the ratified document, Russian received the same status as languages spoken by just several thousand people. At the same time, the Ukrainian far-right constantly tried to distort the meaning of the charter, insisting that it should only protect endangered languages.

But even this watered-down law could not survive the Maidan. In 2018, Ukraine’s Constitutional Court found that it did not conform to the provisions of the country’s constitution.

Wipe off the face of the Earth

All of this was just the prelude to systematically banning the use of Russian in all spheres of life and forcing citizens to communicate exclusively in the official state language.

The law currently in force in Ukraine, ‘On Ensuring the Functioning of Ukrainian as the Official State Language’, was passed in 2019 under then-President Petro Poroshenko’s government. It has a number of punitive features.

Firstly, mandatory use of the state language was incorporated into Ukraine’s constitutional system. Consequently, people can be held civilly and criminally accountable for “intentional distortion of the Ukrainian language in official documents and texts, in particular, intentionally using it in violation of the requirements of Ukrainian orthography and standards of the state language, as well as creating obstacles and restrictions in the use of the Ukrainian language.” The text of the law specifies fines for state authorities, the media, political parties, and public organizations, as well as private businesses, for spelling errors and the use of other languages.

Secondly, special governmental authorities have been created to develop standards for the state language and carry out checks on their use in practice. Any Ukrainian citizen who has been addressed in a language other than Ukrainian can file a complaint with the commissioner for the protection of the state language, who Ukrainians aptly call the ‘Sprechenfuhrer’. This ‘language cop’ can call in the police, the consumer protection agency, the courts, the prosecutor’s office, and other law enforcement agencies to forcibly ensure that communication only takes place in Ukrainian.

L’histoire de la Charte européenne concernant la Russie mérite une mention particulière. L’adoption de ce document, qui est l’une des conditions de l’adhésion de l’Ukraine au Conseil de l’Europe, s’est heurtée à une résistance sans précédent de la part des forces néonazies. La Verkhovna Rada a ratifié la charte pour la première fois en 1999, mais le président Koutchma de l'époque a refusé de signer la loi de ratification, et celle-ci a par conséquent été invalidée par la Cour constitutionnelle comme invalide. La charte a été ratifiée à nouveau le 15 mai 2003, mais uniquement dans ses dispositions déclaratives. Néanmoins, le ministère ukrainien des Affaires étrangères a refusé de délivrer les instruments de ratification pendant deux ans. En conséquence, il n’est entré en vigueur que le 1er janvier 2006. Selon le texte du document ratifié, le russe a le même statut que les langues parlées par quelques milliers de personnes seulement. Dans le même temps, l’extrême droite ukrainienne a constamment tenté de déformer le sens de la charte, insistant sur le fait qu’elle ne devait protéger que les langues en danger.

Mais même cette loi édulcorée ne pourrait pas survivre au Maïdan. En 2018, la Cour constitutionnelle ukrainienne a jugé que cette mesure n’était pas conforme aux dispositions de la constitution du pays.

Effacer la surface de la Terre

Tout cela n’était qu’un prélude à l’interdiction systématique de l’usage du russe dans tous les domaines de la vie et à l’obligation pour les citoyens de communiquer exclusivement dans la langue officielle de l’État.

La loi actuellement en vigueur en Ukraine, « Garantissant le fonctionnement de l’ukrainien en tant que langue officielle de l’État », a été adoptée en 2019 sous le gouvernement du président Petro Porochenko. Il comporte un certain nombre de caractéristiques punitives.

Premièrement, l’usage obligatoire de la langue officielle a été intégré au système constitutionnel ukrainien. Par conséquent, les personnes peuvent être tenues civilement et pénalement responsables de « la déformation intentionnelle de la langue ukrainienne dans les documents et textes officiels, en particulier son utilisation intentionnelle en violation des exigences de l'orthographe ukrainienne et des normes de la langue officielle, ainsi que la création d'obstacles ». et des restrictions dans l’utilisation de la langue ukrainienne. Le texte de la loi prévoit des amendes pour les autorités de l'État, les médias, les partis politiques et les organisations publiques, ainsi que les entreprises privées, pour fautes d'orthographe et utilisation d'autres langues.

Alexandre Nepogodine : Quel avenir pour les régions d’Ukraine désormais contrôlées par la Russie ?

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Deuxièmement, des autorités gouvernementales spéciales ont été créées pour élaborer des normes pour la langue officielle et contrôler leur utilisation dans la pratique. Tout citoyen ukrainien qui a été interpellé dans une langue autre que l’ukrainien peut déposer une plainte auprès du commissaire à la protection de la langue officielle, que les Ukrainiens appellent à juste titre le « Sprechenführer ». Ce « flic de la langue » peut faire appel à la police, à l’agence de protection des consommateurs, aux tribunaux, au bureau du procureur et à d’autres organismes chargés de l’application des lois pour garantir par la force que les communications se font uniquement en ukrainien.

Thirdly, the text of the law expresses outright intent to discriminate against Russian speakers. The Venice Commission has also drawn attention to this. In its conclusions on the laws of Ukraine pertaining to education and language, the European Commission on Democracy Through Law found four ‘sorts’ of languages: indigenous languages, English, languages of national minorities that are official languages in the EU, and languages of national minorities that are not official languages in the EU.

According to the commission, inequality is already being created at the secondary school level – a hierarchy in which indigenous peoples are potentially treated more favorably than national minorities who speak an official EU language, and national minorities who speak an EU language are treated more favorably than other national minorities. Russian deserves special mention. According to the Venice Commission, Article 10 of the Ukrainian Constitution is a key provision in terms of protecting language rights and freedoms, which separately highlights Russian. In addition, as a signee of the European Charter for Regional or Minority Languages, which, as an international document, takes precedence over the Constitution of Ukraine, Kiev has pledged to protect the Russian language.

Other harsh Ukrainization measures have also met with criticism, such as quotas on television and radio that require at least 75% of broadcasting and all cultural and mass events to be conducted only in Ukrainian. Meanwhile, a requirement to publish and sell at least 50% of books and printed media in the state language came into force on January 16, 2022, threatening to destroy publishing business and print media.

The commissioner for the protection of the state language closely monitors compliance with the language law by everyone, including salespeople and waiters. In April 2021, his office published its first report, which clearly shows that pressure is being exerted on ordinary citizens. The document complains that “even in Ukrainian-speaking pre-schools, children are often addressed in Russian or other languages.” In schools, this ‘problem’ is even more acute. In the southeast of the country, teaching is often actually conducted in Russian, while students and teachers refuse to speak Ukrainian outside of lessons. In Kiev, 55% of teachers switch to Russian from time to time, and 4% constantly use it in lessons.

Stolitsa radio station was fined 54,000 hryvnias (around $1,800) on May 11, 2020, because only 32% of the songs it broadcast were in Ukrainian. Radio Chanson has been fined twice – 86,000 hryvnias ($2,900) in each case. Regional radio stations have also been fined. Mayak in Alexandria for 2,865 hryvnia ($95), Chernovtsy 6,242 hryvnia ($210).

Troisièmement, le texte de la loi exprime clairement une intention de discriminer les russophones. La Commission de Venise a également attiré l'attention sur ce point. Dans ses conclusions sur les lois ukrainiennes relatives à l'éducation et à la langue, la Commission européenne pour la démocratie par le droit a identifié quatre « sortes » de langues : les langues autochtones, l'anglais, les langues des minorités nationales qui sont des langues officielles de l'UE et les langues nationales. minorités qui ne sont pas des langues officielles dans l’UE.

Selon la commission, des inégalités sont déjà créées au niveau de l'enseignement secondaire – une hiérarchie dans laquelle les peuples autochtones sont potentiellement traités plus favorablement que les minorités nationales qui parlent une langue officielle de l'UE, et les minorités nationales qui parlent une langue de l'UE sont traitées plus favorablement que les autres. d'autres minorités nationales. Le russe mérite une mention particulière. Selon la Commission de Venise, l'article 10 de la Constitution ukrainienne est une disposition clé en termes de protection des droits et libertés linguistiques, qui met séparément en avant le russe. En outre, en tant que signataire de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, qui, en tant que document international, prévaut sur la Constitution ukrainienne, Kiev s'est engagée à protéger la langue russe.

D'autres mesures sévères d'ukrainisation ont également suscité des critiques, comme les quotas à la télévision et à la radio qui exigent qu'au moins 75 % des émissions et que tous les événements culturels et de masse se déroulent uniquement en ukrainien. Parallèlement, l’obligation de publier et de vendre au moins 50 % des livres et des médias imprimés dans la langue officielle est entrée en vigueur le 16 janvier 2022, menaçant de détruire le secteur de l’édition et de la presse écrite.

Le commissaire à la protection de la langue officielle surveille de près le respect de la loi linguistique par tous, y compris les vendeurs et les serveurs. En avril 2021, son bureau a publié son premier rapport, qui montre clairement que des pressions sont exercées sur les citoyens ordinaires. Le document déplore que « même dans les écoles maternelles ukrainiennes, les enfants sont souvent adressés en russe ou dans d’autres langues ». Dans les écoles, ce « problème » est encore plus aigu. Dans le sud-est du pays, l'enseignement est souvent dispensé en russe, tandis que les étudiants et les enseignants refusent de parler ukrainien en dehors des cours. A Kiev, 55 % des enseignants passent de temps en temps au russe et 4 % l'utilisent constamment en cours.

Alexandre Nepogodine : L’Ukraine moderne a été construite sur une base anti-russe, mais une grande partie du pays a refusé de jouer le jeu.

La station de radio Stolitsa a été condamnée à une amende de 54 000 hryvnias (environ 1 800 dollars) le 11 mai 2020, car seulement 32 % des chansons qu'elle diffusait étaient en ukrainien. Radio Chanson a été condamnée à deux amendes – 86 000 hryvnias (2 900 dollars) dans chaque cas. Les radios régionales ont également été condamnées à des amendes. Mayak à Alexandrie pour 2 865 hryvnia (95 dollars), Tchernovtsy 6 242 hryvnia (210 dollars).

The report shows how quickly and strictly Ukrainian is being imposed. According to the language ombudsman, 98% of preschool children, 99.8% of students in vocational schools and junior colleges, and 98.5% of students in universities, academies, and institutes study in Ukrainian. In 2020, the number of Ukrainian schools increased by 272, while the number of children studying in the Ukrainian language increased by 200,000, of whom 150,000 had been studying in Russian. In Kiev alone, 94 classes were switched to Ukrainian, while the number of Russian classes decreased from 11,563 to 5,421 across the country. Around 78% of theater performances are staged in Ukrainian. Nonetheless, the Odessa Regional Academic Theater, the Kharkov Pushkin Drama Theater, the Odessa Musical Comedy Theater, the ‘Academy of Movement’ Academic Theater in Krivoy Rog, and the Transcarpathian Regional Hungarian Drama Theater have been hit with violations.

According to the ‘Sprechenfuhrer’, even before the quota came into force requiring that 50% of the books for sale in Ukrainian stores be in Ukrainian, 74% of readers of printed books, 65% of e-book consumers, and 67% of audiobook listeners used Ukrainian. However, the Ukrainian government does not control the internet, and sales of books in Ukrainian are falling, while the number of films in Ukrainian has plummeted from 159 in 2019 to 34 in 2020. It is obvious that nowadays, readers and viewers go online instead. 

But the Ukrainian authorities have not stopped there and are trying to completely eradicate Russian in the country. Though a ban on Russian TV channels, radio stations, mass media, and social media networks has already been in place for a long time, as well as on importing books from Russia, the campaign has now reached Russian literature in libraries. The director of the Ukrainian Institute of Books, Alexandra Koval, believes that more than 100 million books containing “anti-Ukrainian content with imperial narratives; literature propagating violence; books with pro-Russian and chauvinistic politics” should be removed from public libraries. And, in the second stage, books in Russian published in Russia after 1991 will also be destroyed. “This should include various genres, including children’s books, romance novels, and detective stories. Although I understand they may be in demand, this is an obvious requirement of the times,” Koval said.

It is clear how this quiet confrontation between the 80% of the Ukrainian population that primarily speaks Russian and the fanatic Ukrainizers will end. The 30 years of intense pressure on the Russian language has not induced Ukrainians to speak it any less. The only thing that’s unclear is what Ukraine’s language policy has to do with human rights, democracy, and European values.