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dimanche 18 mars 2018

Nous nous sommes « québécisés » pour gagner les anglophones

Contribution d'Éric Bouchard

Le projet « cité libriste » du Parti québécois : renoncer à nos racines pour se rendre « présentable » au West Island 

Vos dernières réponses démontrent très bien mon point, M. Ricard. À l’évidence, vous avez parfaitement assimilé les préjugés colportés par les fédéralistes de Cité-libre afin de salir le nationalisme des Canadiens-Français. Faisant fi de leur esprit d’ouverture séculaire envers les Amérindiens, les Allemands ou les Irlandais- pour ne nommer que ceux-là- les Trudeau et consorts n’ont eu de cesse de dépeindre le nationalisme de leurs pères comme une doctrine tenant du racisme ou du fascisme pour mieux défendre leur vision pancanadienne et multiculturelle.
Les tenants du néonationalisme, variante du cité-librisme, les Lévesque et compagnie, les ont suivis unanimement dans cette diffamation, cette fois pour faire accepter un Québec souverain mais inclusif, détaché de son identité ethnique. C’était bien vil à l’époque et ça le reste toujours. Car renier ses ancêtres, se renier soi-même en somme, ça n’a jamais grandi personne. À votre âge M. Ricard, à moins bien sûr que vous ne soyez sorti de la cuisse de Jupiter, vous êtes et restez, comme une majorité de Québécois, de l’ethnie canadienne-française. Est-ce si grave? Pour ma part je ne vois rien de plus naturel et de plus humain. La plupart des gens appartiennent à une ethnie bien définie, pourquoi diable serions-nous les seuls sur cette planète à ne pouvoir nous en réclamer sereinement? Parce que cela trouble la quiétude du West-Island? Ou que cela ennuie M. Leitão? Un peu mince dirons-nous, et pourtant, c’est bien là que réside la raison première de la québécitude. Le nationalisme canadien-français gênait les élites du PQ (comme toutes celles libérales) pour qui notre droit à l’existence politique n’avait de légitimité qu’en partageant une même nationalité avec les anglophones. Trop typé, trop catholique et français d’esprit et de culture, pas assez moderne, trop « loser », notre identité séculaire se devait d’être mise au gout du jour, d’être « passée à la machine » pour paraphraser Souchon, afin d’être plus supportable aux Canadiens anglais du Québec. En somme, nous nous sommes québécisés pour nous gagner les anglophones. Et grâce à eux, faire ainsi partie des «winners» en Amérique. Think big stie! Comme dirait l’autre. Malheureusement, même en ayant relégué notre nationalité canadienne-française aux poubelles de l’histoire, la québécitude ne semble toujours pas convenir aux anglophones et aux allophones (pourquoi se gêneraient-ils si ce qu’on veut avant tout, c’est leur plaire?) : depuis lors, à chaque fois qu’un parti, qu’un groupement ou qu’un individu fait mine de prendre fait et cause pour la majorité francophone, chaque fois même qu’on rappelle qu’elle est fragile et menacée, les adversaires crient à l’ethnicité ou au racisme. Et à chaque fois, les groupements en question sont crucifiés par nos bien-pensants, alors que, mus par la peur d’être mal vus et par mauvaise conscience, les partis atténuent leur position et se fendent d’une déclaration solennelle envers la communauté anglo-québécoise ou envers les Néo-Québécois dont l’apport est reconnu toujours plus essentiel à notre identité commune. C’est ce que Bouchard a fait, ce que Marois a fait, et ce que Legault ferait. En québécitude, nous sommes d’emblée condamnés à reculer, sans défense aucune, car ce sont toujours les autres qui mènent le jeu. Mais j’arrête là. Je sais très bien que le premier obstacle à une discussion entre nous ne relève pas des faits ou des arguments. Pour les militants de votre génération, les premières années du PQ sont mythiques, fondatrices. Et s’il est aujourd’hui concevable de voir le « référendisme » comme une mesure dilatoire, c’est autre chose que d’admettre qu’il relevait en fait d’une imposture beaucoup plus vaste visant à éteindre les droits nationaux des Canadiens-Français. Admettre ça, signifierait reconnaître que la seule victoire dont peuvent se targuer les Boomers - être devenus Québécois (i.e. s’être autoproclamés d’une humanité supérieure aux pauvres Canayens) - n’aura été somme toute que sacrifier la proie pour l’ombre, que brader notre droit d’ainesse pour un plat de lentilles. Tout ce qui fonde leur sacro-sainte estime d’eux-mêmes s’effondrerait du même souffle. On pèterait leur bulle pour le dire crûment. Qu’ils gardent donc leurs chimères. Dites-vous cependant que leurs belles histoires, celles qu’ils entretiennent pour se donner le beau rôle, ne nous épatent plus. En vieillissant, on comprend à quel point elles nous plombent et nous condamnent à faire tapisserie. On sait maintenant qu’on nous a fait prendre des vessies pour des lanternes. On saisit à quel point un Duplessis était d’une autre trempe qu’un Lévesque ou qu’un Parizeau, qu’un Mercier surpassait mille fois un Bourassa, et qu’un Taschereau n’avait rien à voir avec un Charest ou un Couillard. Et pour ce qui est des accusations de racisme, je m’en moque. Elles ne reposent sur rien. La plupart des nations occidentales fondent leur identité sur l’héritage d’une ethnie donnée. L’Italie sur l’ethnie italienne, le Danemark sur l’ethnie danoise, la Slovénie sur l’ethnie slovène, l’Angleterre sur l’ethnie anglo-saxonne, etc., etc.... La liste serait longue. Est-ce que cela fait des Italiens, des Slovènes ou des Danois, des racistes? Est-ce que cela les empêche d’accueillir des étrangers ou même de reconnaître des minorités en leur sein? Eh bien non. Pourquoi en serait-il différent pour nous? Pourquoi un Canada-Français ne ferait pas de même? Parce que les maîtres à penser de la québécitude nous l’ont dit; parce que ce serait intolérable pour le Mount Royal Club, Québec solidaire ou le Parti libéral? Vous rendez-vous compte à quel point cela relevait et relève encore de la plus grossière manipulation, d’une très profonde aliénation coloniale en fait, une aliénation entretenue par ceux-là même qui nous dominent? Faire du Québec le Canada-Français, en faire l’État national des Canadiens-Français, est une des rares actions qui puisse mettre fin à la Conquête (ou, pour faire écho aux travaux de Me Néron et à ceux de Gilles Verrier, qui puisse mettre fin à notre statut de vaincus). Elle est la seule fondation légitime et pacifique qui puisse établir aux yeux du monde l’égalité des nations canadienne-française et canadienne-anglaise. C’était la grande visée politique de Daniel Johnson père (Canadien-Français d’origine irlandaise, notez-le) et celle des États généraux du Canada français, celle-là même appuyée par le Général de Gaulle, juste avant que le péquisme ne nous en détourne. Après 50 ans de faux-semblants et de reculs, je ne sais plus si c’est encore possible. Néanmoins, avant d’être totalement minorisés dans le Québec même, ne serait-il pas temps de refonder notre action sur les droits séculaires de notre nation et de reprendre ainsi le fil de notre émancipation politique? À tout le moins, on arrêterait peut-être de tourner en rond. Ce serait cela, M. Ricard, un changement de paradigme. 

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Mise à jour du 18 mars - 17:00

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Pour mise en contexte 

Message de François Ricard auquel répond plus haut Éric Bouchard


Vous me semblez prôner un nationalisme "ethnique" qui fait strictement référence à l'origine de ses membres. Un nationalisme qui se confine aux seuls descendants "canadiens-français" dont le taux de natalité, comme vous le notez, est déficient.Alors c'est donc dire que votre nationalisme est condamné inéluctablement à une disparition complète à plus ou moins brève échéance. Qui veut d'un tyel nationalisme.
Depuis sa fondation, le PQ a voulu d'un nationalisme inclusif qui veut intégrer les nouveaux arrivants et veut respecter les populations dèjà en place sur son territoire. C'est d'ailleurs une condition sine qua non à l'acceptation du Québec par l'ONU.
Ma définition de l'identité québécois:c'est une société qui parle français au travail,qui rappelle ses racines françaises et chrétiennes, qui favorise la laicité après s'être débarrassée du cléricalisme et qui croit en l'égalité homme-femme.Et cette société est prête à accueillir quiconque veut vivre et s'intégrer à ce contexte.Est donc québécoise toute personne qui accepte notre langue, notre culture, notre histoire, nos valeurs et noytre patrimoine.Il n'est neullement question ni de sang ni de couleur de peau.
Nous avons de fiers québécois qui nous le démontrent tous les jours: des Maka Kotto, des Boucar Diouf, des Robert Lalonde, des Amir Khadir, des Gregory Charles, des Djemila Benhabib, etc...
Un nationalisme strictement ethnique amputerait le Québec de 30% de sa population et , à terme, à sa dispartion totale.

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