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mercredi 14 mars 2018

Une nation québécoise unitaire et territoriale - Perdre son âme pour un rêve

Mis en ligne le 14 mars à 21h45
( Mis à jour le 15 mars à 6h18 )

Un échange intéressant sur Vigile. Des vérités devenues confortables - mais inapplicables - sont mises en question par Éric Bouchard dans un propos original.  La nature profonde de notre identité nationale est-elle celle adoptée au Québec depuis cinquante ans ?   


https://vigile.quebec/articles/la-souverainete-exige-un-nouveau-paradigme

François Ricard répond à Éric Bouchard :

"La nation est un corps de citoyens vivant sous une même loi et un même gouvernement." La nation québécoise, pour être actuelle et pour se projeter dans l'avenir, doit être inclusive. Jacques Parizeau insistait beaucoup sur cet aspect d'inclusion. C'est l'état-nation auquel aspire les souverainistes/ indépendantistes.
Le sens moderne de "nation" inclut donc la "nation en soi" qui est une communauté ayant conscience d'être unie par une identité historique, lingusitique, culturelle, et/ou religieuse. C'est le fait des Irlandais auxquels vous faites référence. Mais les Irlandais habitant aux USA sont d'origine irlandaise mais ils sont de nationalité américaine. Et fiers de l'être.
Le sens moderne de "nation" inclut donc une deuxième dimension: "la nation pour soi" qui, en tant qu'entité politique, est une communauté de tous ses citoyens caractérisée par un territoire propre et organisée en État. C'est, je crois, l'État auquel aspire les souverainistes/indépendantistes québécois.Autrement il faudrait demander à 20% de la population soit de renoncer à ce qu'ils sont ou soit de sacrer le camp.
Alors il n'est nullement question de brimer les droits de quiconque. Mais, par ailleurs, il demeure permis de nous donner les moyens de raffermir les aspects qui doivent l'être.
Lequel Bouchard avait écrit précédemment : 

14 mars 2018
Merci de me répondre M. Ricard. Je comprends ainsi un peu mieux la québécitude. Je constate que pour vous une nation est d’abord un concept idéologique tributaire du modèle politique auquel elle se rattache. Ainsi, si je vous comprends bien, cette conception nationale se modifierait au gré des changements de régime voire même, poussée à sa limite, cette notion varierait d’un individu à l’autre selon le régime politique défendu par celui-ci ou celui-là. Voilà pour moi l’antithèse parfaite du sentiment national. Chacun serait alors une nation à lui seul, dans sa tête et dans son cœur, sans espoir de partage ou même d’action concertée. Cela expliquerait sans doute pourquoi le mouvement souverainiste est en régression et que la notion de bien commun soit quasiment disparu chez-nous. 
Le sentiment national –la nation– transcende les régimes, elle est le fruit de l’histoire, de la culture et de la géographie, non pas celui d’une quelconque idéologie. Une nation, comme la nation canadienne-française, ne peut disparaître d’un trait de crayon. On peut bien l’appeler « québécoise-francophone » et croire que cela lui fut profitable, les 50 dernières années prouvent bien le contraire. Les Irlandais eux sont restés irlandais en dépit d’une domination séculaire des Anglais, ils le sont restés durant le régime de l’État libre même si le souverain britannique demeurait chef d’État, et ils le seraient toujours même s’ils relevaient l’antique royaume d’Irlande. De fait, la nation n’a rien à voir avec un État ou un régime, plusieurs nations baltes ou slaves ont passé l’essentiel de leur histoire sans État, elles n’en existèrent pas moins.
Ceci dit, l’État a toute son importance. En modernité, l’État national est crucial pour la survie d’une nation. C’est ce pourquoi les nationalistes canadiens-français ont combattu dès les années 1950. C’est pour donner un État national aux Canadiens-Français, pour qu’ils aient les moyens de projeter vers l’avenir leur génie propre, que les Barbeau, Chaput, Bourgeault, Jutras, Johnson père ont œuvré dans les années 1960. En somme nationaliser la province, la part du Canada qui nous revient de droit pour en faire notre pays, le Canada-Français, précisément ce que les servants de la québécitude nous ont empêché de faire depuis 1968 en nous imposant une identité provinciale et pluraliste.
M. Ricard, vous devez reconnaître que le peuple québécois (celui défini par la Loi 99) est formé de francophones et de non francophones. Dans ce contexte, comment l’État du Québec pourrait-il être plus francophone qu’il ne l’est déjà sans brimer les composantes non francophones du peuple qu’il représente, et alors même que le nombre de francophones diminue? 
Je ne reproduis pas tous les échanges mais on peut les trouver en commentaires en suivant le lien plus haut.
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À mon tour de m'exprimer sur le sujet.

Il peut être utile de retourner un peu en arrière pour se rappeler comment les premiers partisans de la nation québécoise, en pleine ascension il y a cinquante ans, voyaient leur relation avec les anglos du Québec. Je ne peux citer de sources pour le moment, mais je me souviens que la solution de notre rapport avec les anglos se trouvait soit dans leur assimilation graduelle - on voyait grand en 1970 - 1980 - soit dans un statut de minorité nationale à l'intérieur d'un Québec indépendant. Un statut évoqué, qui ne se rendit jamais au stade d'une claire définition.

Cependant, cet optimisme des années 1970, qui avait fait abandonner toute appartenance au Canada français par bien des nôtres, ne résistera pas à l'épreuve du temps. Les anglo Canadians du Québec ne se sont pas assimilés. Ils ne sont pas devenus non plus une minorité nationale destinée à occuper la place d'une minorité. On le voit bien par le nombre et le poids des institutions tenues par les anglos, notamment dans les domaines de la santé et de l'éducation. On le voit aussi dans les élections, où ceux que René Lévesque avait appelé un jour les « Rhodésiens », constitue une solide minorité de bloquage, forte d'une espèce de droit de veto, dont les frictions se résolvent à l'Assemblée nationale dans des compromis qui portent la marque des privilèges intouchables de la puissante minorité.  Il est désormais évident que la « minorité démographique rhodésienne » continue de s'imposer de plus belle comme une « majorité sociologique », puisqu'elle constitue au sein du Québec la portion de la majorité dominante canadian.

Que faut-il conclure de la présence de cette fausse minorité anglophone de plus de 1 million d'habitants dans les frontières du Québec ? Que faut-il en penser au moment où le projet d'une nation unitaire francophone dans les limites du Québec n'est plus qu'un mirage ?  Dans les termes de François Ricard dans le passage plus haut « l'état-nation auquel aspire les souverainistes/ indépendantistes. »  [mon soulignement]. Froidement, il apparaît que le Québec ( The Province of Quebec ) est un territoire canadien pluri-national. On peut s'en attrister, mais on ne peut le dénier. En revanche, il faut penser que le Canada ne forme pas lui non plus une nation unitaire. Il n'est pas inutile de le rappeler, la plupart des provinces canadiennes ( six pour être précis ) furent constituées sur les prolongements  de la Conquête militaire, bien après la fin de la Guerre de sept ans dans le Haut-Canada et dans l'Ouest; et dans ses préludes en Acadie. Ayant réduit à néant la vitalité politique et démographique des Canadiens-Français et Acadiens - vus comme une menace à leur prépondérance -  le Canada britannique ne réussira jamais à éteindre la nation fondatrice du Canada. Aujourd'hui, de fait, le Canada constitue un État pluri-national dont on cherche à couvrir la réalité sous les prétentions, tantôt d'un État qui ne reconnaît que des individus investis de droits ( la charte ), tantôt d'un État post-national. Dans les deux cas, il s'agit de formules de déni, qui ne servent qu'à perpétuer la domination des « descendants des vainqueurs ».
        
En abandonnant son caractère Canadien français, celui de la légitimité socio-historique, le Québec francophone est entré graduellement dans une dynamique de concessions au profit de la nation voisine, qui le domine plus facilement. Un marché de dupes justifié par l'ambition d'une indépendance territoriale pluri nationale camouflée dans « l'état-nation auquel - on - aspire... ».

  

2 commentaires:

Gilles Verrier a dit...

« Ce sont les Anglo-saxons qui font de la nation un synonyme de l'État.

La nation n'est pas l'État.

La nation est une communauté conscience à la recherche du bien commun ;

Elle est un état de fait ;

Une réalité objective ;

Une parenté spirituelle ;

Une réalisation de l'histoire ! »

Christian Néron

Anonyme a dit...

Contrairement à ce que tente de Nous faire croire Radio-Canada, ce n’est pas du tout un « vent de changement » qui souffle sur l’électorat québécois, ce serait plutôt un très grand vent d’impatience qui souffle sur le cœur de notre nation.

Ce n’est pas l’électorat québécois qui ne veut plus entendre parler de référendum, c’est toute la nation qui le veut. Maintenant que l’épouvantail des souverainistes n’est plus en enjeu électoral, c’est toute la nation (Nous) qui va bientôt cesser de se diviser, et qui va enfin-enfin pouvoir se rassembler, probablement autour d’un gouvernement de la C.A.Q.
On ne mesure pas encore assez bien-on n’a jamais-jamais pris toute la mesure- de la profonde division de la nation qu’a hélas opérer la tenue de deux référendums sur la souveraineté. Maintenant que cette hypothèque est levée- seulement temporairement, j’en conviens, puisque le P.Q. n’a pas encore renoncé à cet épouvantable épouvantail- l’électorat du Nous ne sera plus divisé, n’est déjà plus divisé …et pourra enfin-enfin voter librement, selon l’humeur conservatrice qui lui convient mieux.

La souveraineté, l’Indépendance, cela proviendra assurément, si évidemment cela doit advenir… cela proviendra comme partout et comme toujours, cela proviendra du conservatisme plutôt que du progressisme. Le P.Q. de JFL s’en va donc tout droit à l’abattoir.

Nous-Nous- aurons survécu au péquisme et maintenant à la péquisterie, dernier tour de piste de nos péquisteux.

Il faudra bientôt voir alors, eh oui, que l’électorat du West Island n’est pas du tout et n’a jamais-jamais-jamais été au diapason de l’électorat de la nation.

Marcel Haché