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vendredi 19 février 2016

De la guerre d'indépendance au Québec


Le calvaire du Canada anglais : nous traiter en égaux
De la guerre d'indépendance au Québec



Avec cette sixième chronique, je poursuis les échanges entamés avec ceux qui me suivent sur ce fil.



Tout récemment M. Normand Paiement, appelait de ses voeux «une thérapie collective» qui  «doublée d’une modification radicale du message véhiculé jusqu’ici par les nationalistes permettra de mettre définitivement le cap sur le pays du Québec...»(1)



L'idée du renouvellement du message refait périodiquement surface comme un moyen d'exorciser le sentiment d'insuccès qui suit les nationalistes comme leur ombre. Cette idée n'est pas sans séduire, mais le défi se heurte toujours à l'incapacité de dépasser les vœux pieux. Admettons que le «renouvellement» peut devenir angoissant pour un mouvement peuplé de têtes grisonnantes, attachées à un récit bien assimilé qu'ils peinent à reconsidérer. Mais tôt ou tard, pour refaire de la cohérence, on se trouve forcé de poser un second regard sur une tranche d'histoire à la lumière des résultats obtenus. C'est un peu le «contrôle de la qualité» qui se pointe pour comparer le devis des acteurs du passé avec le produit fini. Le «révisionnisme» est le terme consacré qu'on emploie, un terme sans connotation particulière au départ, pour désigner l'exercice d'actualisation du récit. Or la «modification radicale du message», qu'on peut s'amuser à relier à la «saison des idées» de Bernard Landry et à d'autres saillies du même genre, peut-elle vraiment émerger sans retourner toutes les pierres de nos certitudes ?

Prenant au mot M. Paiement, je mets la main à la pâte pour y aller de mon petit essai révisionniste. Je vais tenter de montrer comment de probables thérapeutes du collectif qui s'étaient présentés à nous, néo-français du Québec, «doublé(s) d'une modification radicale du message» ont été renvoyés aux oubliettes par ceux qui «n'ont … eu de cesse de chercher à plaire (ou du moins à ne pas déplaire) à l'envahisseur britannique», dans «l'espoir – vain – que les ¨Anglais¨ vont un jour nous aimer et nous respecter. »(2)



De Gaulle :ou quand l'État se présente là où on ne l'attend pas
Pour ceux qui ont lu ma dernière chronique, on me permettra de revenir sur l'Appel du général de Gaulle du 18 juin 1940, (3) on verra plus loin que ce n'est pas sans intérêt. Aux alentours de cette date, l'État français s'installait à Vichy sous l'autorité du Maréchal Philippe Pétain qui avait demandé de signer l'armistice avec l'Allemagne nazie. La déroute de l'armée française qui laissait des pertes considérables en vies humaines avait provoqué la stupeur générale. Il ne restait pour la France d'autre voie que de mettre fin aux hostilités dans l'humiliation. Le gouvernement ne siégerait plus à Paris ville occupée, mais à Vichy, dans le Sud, épargnée de l'occupation par la Wehrmacht.



Charles De Gaulle, un colonel qui avait fait sa marque comme officier de chars, fraîchement promu général, n'avait ni l'autorité politique ni l'effectivité sur la patrie qu'il quittait lorsqu'il franchit la Manche, ne tenant ni Paris ni Vichy, au moment de livrer son fameux Appel. Il usa de toute la force de sa notoriété et fit preuve d'une grande ténacité pour obtenir une forme de reconnaissance officieuse de la Grand-Bretagne qui l'autorisa à parler sur les ondes de la BBC et à organiser la résistance.



En dépit de toutes les circonstances décourageantes dont il héritait et de la plus grande incertitude quant à l'avenir, Vichy l'avait condamné à mort et déchu de sa nationalité, il réussit à s'imposer comme le chef de la résistance et graduellement, avec les Forces de la France libre, il finit par atteindre de facto le statut de chef d'État concurrent de Vichy, puis de toute la France. Il aura fallu cinq ans dans les aléas de la guerre pour que la France insoumise qu'il avait choisi d'incarner s'impose. Par la puissance de son message politique idoine, un geste téméraire s'était trouvé transformé en légitimité et en effectivité étatiques incontestables.



Même si la comparaison a ses limites quand on la ramène au Québec, l'exemple tient la route pour illustrer mon propos. Savoir que la question de l'État, élément structurant par excellence de la nation et qui lui donne son existence, ne se présente pas nécessairement sous la forme qu'on l'attend. L'État du Québec, qu'on présume à Québec, au parlement, constitué par l'autorité et les actes de l'Assemblée nationale, pouvait-il se présenter autrement en 1995? Selon moi, il aurait très bien pu se présenter sous la forme incarnée de son premier ministre, chef du camp du oui et première figure de l'État.



S'il est indispensable de recentrer les efforts d'indépendance dans l'État du Québec avec l'exercice de la souveraineté dont il dispose déjà sans l'utiliser pleinement, il faut aussi admettre que celui-ci, dès qu'il voudra étendre le domaine de son indépendance, ne pourra jamais prétendre affronter l'État d'en face dix fois plus puissant avec une égalité de moyens. Autrement dit, le combat du Québec ne pourra jamais se faire à armes égales avec l'État fédéral. Le Québec sera donc obligé de recourir aux moyens de la «guerre asymétrique» pour avancer s'il veut un jour prévaloir. Prenons garde aux termes. Guerre asymétrique ici ne peut être qu'une lutte pacifique. Une lutte déterminée mais prudente, sachant que pratiquement tous les épisodes de violence qui ont ponctué notre histoire, incluant les événements de 1837-38, ne se produisirent qu'à la suite de provocations, sous l'initiative et dans l'intérêt de l'État d'en face et se soldèrent tous par des reculs considérables en ce qui nous concerne. (4)
   
Entre le Québec et le Canada, ce sera toujours une lutte de David contre Goliath. Une lutte dont l'issue est incertaine, comme celle qu'entama de Gaulle le 18 juin 1940. Une leçon de notre histoire c’est que les coûts de l'échec sont toujours très lourds, la leçon demande à un chef d'État d'apprendre à saisir toutes les occasions pour faire rebondir le Québec sur ses pieds avec un sourire gavroche s'il le peut, là où les circonstances sont contraires, comme là où le fédéral ne l'attend pas. Des coups d'audace ne peuvent être exclus, et il y a même des moments où ceux-ci apparaissent incontournables. Dans certaines circonstances, les forces d'émancipation politique du Québec ne peuvent échapper à la résistance au prétexte que les formes dans lesquelles celle-ci les convoque ne font pas l'affaire. Ce qui veut dire que toute autre voie, incidemment celle de la démission spectaculaire de 1995, ne pouvait que nous faire encaisser un recul supplémentaire après celui qui nous avait déjà fortement ébranlé en 1980.



Du politicien et de l'homme d'État
Quand il a décidé de tenir le référendum de 1995, la préparation des forces du oui en témoigne, il était clair pour le PQ qu'il ne partait pas en guerre. Il partait en campagne pour que les Québécois se disent oui à eux-mêmes; armé d'une formule référendaire vertueuse, démocratique et sans tache... presque du «Sancho : mon épée, mon armure...», pour aller dans le lyrique sinon le pathétique.  



Certes, à l'opposé, le Canada est en guerre larvée perpétuelle contre nous. Mais il fallait qu'on continue de s'interdire d'en faire mention ou d'en tenir compte. Mieux valait faire la guerre des «Nous contre les nous», une sorte de guerre des tuques pour adultes. Bref, même s'il ne le savait pas (ou ne voulait pas le savoir), le Parti québécois, en déclenchant la campagne référendaire procédait à l'ouverture de nouvelles hostilités avec notre ennemi séculaire. Or, dans une quête d'indépendance qui s'inscrit dans un long fil d'opposition entre adversaires de taille inégale, tout engagement, même si on peut à juste titre aujourd'hui qualifier l'idée même de cet engagement de mal avisée au départ, ne permet pas une fois le train en marche de l'arrêter avant d'en être absolument contraint, avant d'avoir épuisé toutes ses munitions sous peine de dommages additionnels à notre fragile confiance nationale.



La stratégie référendaire est dès lors apparue funeste dans cette frivolité d'avoir misé le destin d'un peuple sur un événement politique artificiel, sorti de nulle autre part que du pur et simple volontarisme politique. D'ailleurs, n'est-il pas présomptueux de croire que la nation dominée peut choisir délibérément et à son avantage le théâtre de l'engagement? Il est permis d'en douter. C'est pourquoi le référendum par son intention de trancher, par sa solennité de l'irrémédiable, excusait d'avance les chefs politiques de ne pas rebondir dans l'esprit de la guerre larvée prolongée, asymétrique et d'intensité variable. En stratégie militaire, faire dépendre toute la guerre de l'issue d'un seul combat est une faute gravissime. Le résultat s'est soldé par le renforcement de «la fatalité du destin» entériné par «notre» passage au vote. Le combat référendaire était «égocentré» dès le départ : «se dire oui à nous-mêmes» excluait d'entrée de jeu de cibler le principal protagoniste et excluait d’évoquer le poids du rapport de subordination de nation à nation, comme le discours de clôture et la suite des événements l'illustrèrent de nouveau.   



Avec son discours de clôture de 1995, Jacques Parizeau se situait dans la politique, par contraste avec la possible mais rare grandeur de l'homme d'État. Accidentellement, il révélait au monde comme à nos adversaires que nous n'étions pas pour être les pitbulls de notre indépendance. Entre 1961 et 1987, le nombre de psychologues en pratique privée est passé de 179 à 680 par 1 000 000 habitants (Pour remplacer 150 prêtres séculiers/ 100 000 en 1961 au plus fort de leur présence, dans le «priest ridden Quebec»), sans que le taux de suicide ne prenne une courbe descendante. (5) Avec ça, les Québécois, les hommes, saupoudrés d'un peu de féminisme, ont appris le lâcher prise. Les Québécois, soyons nous-mêmes, éprouvent beaucoup de difficulté à vivre une situation politique tendue. Ils préfèrent même ne pas la voir venir, espérant, toujours à tort, ne pas avoir à l'affronter. Entre le «continuons le combat» et le «lâcher prise», ce dernier aura prévalu.

Dans le fil de la thérapie qui nous est ci-haut recommandée, j'en arrive à croire qu'il nous faut méditer sur la cause de notre indulgence, voire de notre admiration pour des chefs qui échouent alors que d'autres nations ne vénèrent que les vainqueurs. Nous sommes probablement très indulgents envers nos chefs car nous nous identifions à leur défaite. Familière, elle suscite chez nous plus de sympathie que de rage. Et comme Dollar des Ormeaux était un vainqueur, depuis la Révolution tranquille on a chipoté, il n'est plus montrable.  



La Révolution tranquille et le désenchantement
Les chefs politiques du XXè siècle qui ont le plus contribué à donner confiance à la nation québécoise sont Jean Lesage et Daniel Johnson, auxquels il faut ajouter le mal-aimé Maurice Duplessis.(6) Ces trois chefs d'État, en partie sous l'influence d'une élite intellectuelle à la tête de laquelle figurait Lionel Groulx, nous ont fait graduellement évoluer vers une perception plus positive de nous-mêmes. Ils nous ont donné le goût d'entreprendre grâce à leurs francs succès aux commandes de l'État. Il faut dire en toute justice que la situation économique de l'après guerre les favorisait dans leur volonté de rénover et d'innover, sans parler du consensus national qui convergeait en faveur de l’instrument étatique. Mais ne le cachons pas, une partie de la mise à niveau de ces années là et de celles qui suivirent a consisté dans l'américanisation accélérée de nos mœurs, dans laquelle l'État s'est vu lui-même transformé. On a assisté à la mise en place d'une technocratie standardisée à l'aune des prescriptions anglo-saxonnes, ce qui préparait le terrain pour l'intégration continentale ultérieure (ALENA – NORAD) et mondiale (TAFTA – OTAN) au son de la musique anglaise et du cinéma d'Hollywood. Cette intégration culturalo-militaro-économique, qui s'appropriait au passage une partie de la souveraineté nationale, ne pouvait s'accomplir que par la destruction des résistances traditionnelles au monde anglo-saxon, lesquelles étaient intégrées dans la pratique religieuse catholique et son pouvoir conséquent. En partant de sa base évangélique, il s'agissait d'une doctrine du partage, réservée sur le mercantiliste à tout crin, plus en harmonie dans ses fondements avec ce qu'on appellerait aujourd'hui le «monde durable», noircie à gros traits, cette «infamie» devait disparaître.



En fait, la Révolution tranquille a été marquée par une double et contradictoire influence. Celle de la prise en main nationale préparée de longue date par Lionel Groulx, épurée peu à peu de la foi religieuse; et celle de l'ouverture au renforcement de l'influence anglo-saxonne, modérée par la faveur du Québec pour le maintien des programmes sociaux (jusque là largement assumés par les communautés religieuses) et pour des initiatives économiques originales. Une partie de l'historiographie aura tenté de faire une synthèse de la Révolution tranquille en la présentant sous la forme d'un «rattrapage» et d'une «modernisation». Une caractérisation qui reste trop générale car elle s'applique à l'ensemble du monde occidental de l'après guerre. D'ailleurs, on pourrait aussi bien caractériser l'époque comme celle de l'américanisation du Canada, de l'Europe, du Japon, etc. Le Québec ne peut se distinguer que par d'autres traits que sont des affirmations telles que le «maîtres chez-nous» de Jean Lesage et de Duplessis et «l'égalité ou l'indépendance» de Daniel Johnson. L'ensemble est relativement contradictoire mais il a tenu grâce à une augmentation importante des moyens de l'État à partir de 1954, attribuables aux impôts récupérés du fédéral par Duplessis et à sa prudence financière, maintenant la dette publique au plus bas, un cadeau à ses successeurs. Mais en rétrospective, l'américanisation culturelle du Québec aura mieux réussie, y compris pour la montée de son influence dans l'appareil d'État, que pour accroître la marge de notre indépendance. Mesurée à l'aune de l'indépendance, la Révolution tranquille est un échec. La gloire à l'individualisme forcené facilitée par la dévastation des structures traditionnelles, la soumission générale aux effets de mode et au dieu de la consommation, à quoi s'ajoute plus récemment la «dictature des minorités», ébranlent la cohésion même de la nation. Mais à l'époque des années 1955 à 1965-70, les plus importantes de la Révolution tranquille, l'opinion publique suivait ses chefs, c'est incontestable. Et toutes ces transformations, qu'on aime ou pas, auront été vécues par la jeunesse comme un appel d'air assez irrésistible.   



Le contexte économique des années Lévesque, Bourassa, Parizeau était déjà moins favorable. Sur le plan politique c'est le déclin de l'optimisme. Bourassa qui nous aura amené à plus de 60% de soutien en faveur de l'indépendance, dans le cadre d'une épreuve de force d'État à État, il faut le rappeler, aura ensuite retourné sa veste. C'était prévisible. Ce fut sa part du désenchantement. Mais pour les palmes du désenchantement, ce sont les référendums des gouvernements Lévesque et Parizeau qui les remportèrent. Risquer le renversement d'une tendance positive patiemment élaborée, qui prenait sa source dans les années 30, ne peut être attribué à nul autres. Ils auront fabriqué le plus d'espoirs déçus. Ils nous auront lancés dans deux aventures référendaires à courte vue, exposant le Québec, qui avait commencé à connaître le goût du succès, à l'humiliation dans deux défaites catastrophiques. Pour aller chercher ça plus loin, à la façon Maurice Séguin, ils auront renforcé les effets de la Conquête et de la subordination sur place.



La «nouvelle souveraineté» et le déni du rapport de domination – ou comment avorta notre thérapie collective
Au tournant des années soixante, l'idée de l'indépendance était en plein essor. Cette idée progressait grâce à la synthèse originale du rapport historique Canada-Québec rendu limpide par l'historien Maurice Séguin. Mais l'idée était aussi inspirée par la décolonisation en Afrique et en Asie, dont les succès étaient d'actualité. Les livres de Frantz Fanon, Albert Memmi et autres circulaient à Montréal. Sur le plan politique arrivent Marcel Chaput, André d'Allemagne suivis de Pierre Bourgault avec un discours décomplexé qui porte un regard jusque là inédit et sans complaisance sur notre réalité qu'ils qualifient de coloniale. Ils n'hésitent pas à faire le procès du Canada et en particulier celui du fédéralisme.



Avec cette nouvelle garde, jeune et articulée, le rapport de force entre deux nations pour leur prépondérance au Québec est rendu explicite et plus transparent que jamais. Dans ce sens, on peut dire que la vision des choses qu'ils mettaient de l'avant, leur analyse du national, se situait dans le prolongement naturel de l'esprit de la Révolution tranquille phase 1, en poussant à ses aboutissements les espoirs qu'avait commencé d'autoriser la période des Duplessis, Lesage et Johnson, une aspiration à l'indépendance qui apparaissait déjà dans des mémoires soumis à la commission Tremblay (1953-56)  (7).



Or qu'est-il advenu de cette tendance? Elle qui apparaissait un temps, en fait jusqu'à l'arrivée du PQ, comme la plus porteuse et la plus dynamique? Cette tendance qui amenait une «modification radicale du message véhiculé jusqu’ici par les nationalistes»? Elle est disparue, renvoyée aux oubliettes, phagocytée par deux courants. Le premier qu'on peut facilement situer à gauche, et l'autre plus difficile à épingler et plus coriace, mais qu'on pourrait qualifier de courant des souverainistes envoutés psychologiquement par un Canada idyllique. Je m'abstiendrai d'élaborer ici sur l'indépendance mise sous condition du socialisme, me contentant d'en rappeler l'existence dès le Rassemblement pour l'indépendance nationale (RIN).
  
Le Canada idyllique ou lorsque le réel passe en jugement devant l’irréel
Le deuxième courant, le plus important pour mon propos, est apparu à la faveur d'une scission au sein du parti libéral menée par René Lévesque, à qui Jacques Parizeau se joignit plus tard. Ces nouveaux venus s'imposeront rapidement par la notoriété de René Lévesque qui rendait possible une percée, voire une victoire électorale. Cette tendance sera vite prépondérante. Elle écartera comme des brebis galeuses le courant représenté par les D'Allemagne, Bourgault, etc. lesquels se laissèrent marginaliser après avoir vainement tenté de figurer au sein de la coalition souverainiste avec leur lecture de la problématique nationale, mais leur lecture était interdite. En fait, Chaput est mort, D'Allemagne est retourné à la vie privée et Bourgault a bataillé longtemps pour qu'on lui reconnaisse une place, mais la porte lui a toujours été fermée.



Avec les années Lévesque vient donc un grand malaise. C'est de faire la souveraineté du Québec à l'intérieur du Canada, avec son consentement, en comptant sur la bonne foi de «nos amis et partenaires». Des partenaires difficiles, dirait-on, mais qui nous donneront nos droits sur présentation d'une preuve de volonté populaire. Pour qui aime les choses claires, le malaise tient au fait que cet échafaudage est basé sur une grossière imposture. Le Canada est pingre. Il refuse nos droits comme il les a toujours refusés. L'histoire de sa relation avec les néo-français-acadiens-canayens-québécois-indigènes en atteste. Avec les années Lévesque, nous sombrons dans le déni élevé au niveau de la doctrine. On ne veut pas savoir que la simple évocation de la souveraineté du Québec provoque l'aversion de l'élite anglo-saxonne suprémaciste. Ne sommes-nous pas ici en compagnie de ceux auxquels fait allusion Monsieur Paiement, ceux qui «n'ont … eu de cesse de chercher à plaire (ou du moins à ne pas déplaire) à l'envahisseur britannique», dans «l'espoir – vain – que les ¨Anglais¨ vont un jour nous aimer et nous respecter. »



Nous touchons là les fondements politiques et idéologiques du «référendisme» : une méprise entretenue sur la nature du Canada. Le refus dans l'idée des «souverainistes envoutés» de tenir compte du rapport de domination, de la volonté du Canada de garder, éventuellement par la force, le Québec dans le Canada jusqu'à l'achèvement de sa «canadianisation» complète. Disparaît donc non seulement du décor, si ce n'était que ça! mais pire, du sous bassement analytique, tout le dispositif intellectuel permettant de faire le procès du fédéralisme. Ceci se produira en faisant disparaître du vocabulaire tous les mots qui servaient à décrire le rapport de domination, en commençant par le mot «indépendance» lui-même. Ainsi, toute référence la moindrement soutenue au rapport de force et de domination, à la libération, au colonialisme, au combat contre un adversaire redoutable et à la nécessité de s'y préparer, ne serait-ce que psychologiquement, sera désormais malvenue. Tout réel qui pourrait déplaire est évacué pour plaire à l'Anglais. Dans ce Québec rêvé, l'antagonisme de nation à nation n'existe plus. Il fait place à la souveraineté positive :  convaincre les Québécois quant à «l'aspiration normale d'un peuple normal», les convaincre en faisant un pas de coté, soit par «la preuve de la viabilité économique du Québec souverain», représenté comme le plus gros obstacle. Les années Lévesque-Parizeau sont des années de déni et j'ose le dire, de censure et d'auto-censure, afin de garder silence sur les aspects les plus dangereux du Canada en ce qui nous concerne. Il s'agit d'un système (le système du souverainisme envouté par la prétendue supériorité morale et démocratique du Canada) taillé sur mesure pour blâmer le peuple québécois de se dire non à lui-même pendant qu'il excuse le Canada de l'avoir menacé et de l'avoir triché. André D'Allemagne écrira «La lutte de libération prend l'air d'une querelle intestine de la société dominée, querelle dont le dominateur reste apparemment absent...» (8) Ce courant agira donc politiquement de manière à préserver une image idyllique du Canada.

J'ignore si les indépendantistes décomplexés (Chaput, D'Allemagne, Bourgault) auraient fait preuve de plus de sagesse si ils avaient prévalus contre René Lévesque, je n'en sais rien. Certains aspects de ce qu'ils ont laissé a vieilli, mais il faut leur reconnaître le mérite d'avoir défendu l'indépendance avec un soucis nettement plus grand de la vérité du rapport Canada-Québec que leurs successeurs. Ils disposaient d'un atout majeur, une analyse qui colle au réel quand vient le temps d'élaborer la stratégie. Un atout dont on constate douloureusement l'absence avec l'échec historique du Parti québécois. Pour revenir puissamment aux affaires de l'État avec une crédibilité retrouvée le Parti québécois devra prendre ses distances avec son passé.
_________________________
2. ibid.
4. J.-C. Pomerleau résume avec beaucoup d'à-propos, les troubles de 1837-38 nous valurent l'Acte d'Union. Le référendum de 1980 la Constitution de 1982. On pourrait rajouter que la défaite de 1995 nous donna la campagne de propagande des commandites et une morosité dont on peine encore à surmonter.
6. ibid.
7. ibid. Voir le document 6


mardi 16 février 2016

Duplessis et la révolution tranquille

À propos du duplessisme et de la révolution tranquille


Document 1

Jean-Claude Dupuis la Révolution tranquille a eu plus d'effet sur notre identité que la Conquête» 

«La Révolution tranquille (1960-1970) est le mythe fondateur du Québec contemporain. Le terme «mythe» doit s’entendre ici au sens d’un récit symbolique, fondé sur une certaine réalité, mais qui porte une vision du monde et des valeurs universelles. Selon l’historiographie dominante, la Révolution tranquille aurait été un mouvement de modernisation et de démocratisation de la société québécoise. Le Québec serait alors sorti de la Grande Noirceur duplessiste pour s’ouvrir au monde. C’est l’acte de naissance d’un nouveau peuple, les Québécois : un peuple nord-américain, libéral et francophone, qui aspirait à l’indépendance au nom du nationalisme territorial. Rien à voir avec les anciens Canadiens français, qui fondaient leur nationalisme ethnique sur la foi catholique et la culture française classique. La Révolution tranquille a changé l’âme de la nation qui habitait la vallée du Saint-Laurent depuis le XVIIe siècle. Du point de vue identitaire, elle a eu un impact plus considérable que la Conquête anglaise de 1760.

Pour saisir la nature de ce changement, il suffit de comparer la description de la culture canadienne-française dans le Rapport Tremblay (1956) avec celle de l’espace identitaire québécois dans le Rapport Bouchard-Taylor (2008). Le Québec était, en 1956, un peuple français fondé sur la foi chrétienne; il était devenu, en 2008, un espace interculturel fondé sur les droits de la personne.
«La culture canadienne-française est, en effet, une forme particulière de l’universelle conception chrétienne de l’ordre et de l’homme. La France de tous les temps, surtout celle des débuts du Canada, est une des réalisations les plus authentiques de la conception chrétienne de la vie et de la civilisation. C’est pourquoi né français, le peuple canadien est né chrétien, et c’est pourquoi dans la mesure où, au long de l’histoire, il a vécu en profondeur sa culture d’origine, il s’est affirmé peuple d’esprit chrétien. Quant au génie français (…), on reconnaît généralement qu’il est du type rationnel, enclin au raisonnement. (…) La culture canadienne-française, variante américaine du type originel [français], est [qualitative, spiritualiste, personnaliste et communautaire].» – Rapport Tremblay (1956)

«L’identité héritée du passé canadien-français est parfaitement légitime et doit survivre, mais elle ne peut plus occuper à elle seule l’espace identitaire québécois. Elle doit s’articuler aux autres identités présentes dans l’esprit de l’interculturalisme, afin de prévenir la fragmentation et l’exclusion. Il s’agit, en somme, de nourrir de symbolique et d’imaginaire la culture publique commune, qui est faite de valeurs et de droits universels, mais sans la défigurer. (…) C’est un apprentissage difficile qui a commencé dans les années 1960 et qui, visiblement, n’est pas encore achevé.» - Rapport Bouchard-Taylor (2008)»

* * * 

«Selon l’historiographie officielle, le Québec de 1960 accusait un retard sur l’Ontario en matière d’éducation. Plusieurs auteurs affirment ou laissent entendre que c’était à cause de «l’obscurantisme» du clergé catholique, qui dirigeait alors le système scolaire, tant public que privé. Ce fait est contestable et il devrait être réétudié par des historiens moins biaisés par les préjugés anticléricaux issus de la Révolution tranquille. Si le Québec avait un retard éducationnel en comparaison de l’Ontario (et ce fait reste à prouver), c’était probablement à cause de son retard économique par rapport à une province qui a toujours été l’enfant chéri du gouvernement fédéral, et non pas à cause du caractère catholique de son système d’éducation. D’ailleurs, le Québec avait fait d’énormes progrès éducatifs sous le régime Duplessis. En 1959, les écoles primaires étaient de bonne qualité et largement accessibles, ce qui n’était le cas en 1936. Les Allemands venaient étudier le fonctionnement de nos écoles de métiers pour réformer leur propre système scolaire. Nos collèges classiques suscitaient l’admiration des Américains pour leur haut niveau culturel. Les universités étaient en pleine croissance. L’Université Laval a ouvert son nouveau campus à Sainte-Foy en 1952; l’Université de Sherbrooke a été fondée en 1954; l’Université de Montréal a créé un grand nombre de facultés et de départements nouveaux dans l’après-guerre. Les écoles normales de ce temps formaient sans doute de meilleurs enseignants que les prétentieuses facultés des sciences de l’éducation d’aujourd’hui.»

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«Le bilan de la Révolution tranquille est largement négatif, même du point de vue des idéaux qui l’animaient. Les Québécois francophones contrôlent-ils davantage leur économie? Non, et le mondialisme est en train de balayer les maigres succès du Québec Inc. Le Québec a-t-il réalisé son indépendance? Non, et les jeunes sont de moins en moins nationalistes. Le Québec a-t-il obtenu plus d’autonomie dans la Confédération canadienne? Non, et les Canadiens anglais ne se donnent même plus la peine de se demander «What does Quebec want?» La langue française est-elle en meilleure posture? Non, le visage linguistique de Montréal est aussi anglophone qu’en 1920, bien que ce soit désormais au nom de l’ouverture sur le monde plutôt qu’au nom de l’empire britannique. Les Québécois sont-ils plus instruits? Non, ils sont plus diplômés, mais le niveau des études s’est effondré. Les Québécois sont-ils mieux soignés qu’à l’époque où les religieuses géraient les hôpitaux? Non, et le Dr Barrette n’améliorera pas les choses. La culture québécoise est-elle plus riche? C’est une question de goût, mais je préfère la Bolduc à Céline Dion et Soirée canadienne à Star Académie. Dans leur vie personnelle et familiale, les Québécois sont-ils plus heureux aujourd’hui qu’avant 1960? J’en doute.»


http://www.tradition-quebec.ca/2015/06/le-mythe-de-la-revolution-tranquille.html

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Document 2

Sur l'évolution des budgets et des dépenses publiques au Québec dans le contexte de la Révolution tranquille.

Titre : Le processus budgétaire au Québec
Guy Lachapelle, et al.

«...la progression fulgurante des dépenses de l'État québécois après 1960. En dollars courants, de 1960 à 1999, les revenus et les dépenses ont été multipliés par 76.»  «... la capacité d'agir de l'État s'est grandement accrue. Duplessis avait pris sept ans, de 1945 à 1952, pour doubler son budget total alors que dès 1965, le gouvernement Lesage a plus que doublé son premier budget, celui de 1961.» (p. 13)

«L'essence de la modernisation c'est le transfert de pouvoir de la société civile vers l'État»

«Le nombre d'ordinations de prêtres est passé de 117 en 1961 à 17 en 1987, le nombre de psychologues en pratique privée a, pour sa part augmenté en passant de 179 à 680 pour 100 000 habitants.»

«De 1961 à 1987, le taux de suicide par 100 000 habitants a bondi de 6,6 chez les hommes à 28,2» (p.19)


https://books.google.ca/books?id=DlKgxicE7UkC&pg=PA11&lpg=PA11&dq=budgets+r%C3%A9volution+tranquille&source=bl&ots=Jb3scnU6kF&sig=eg_1u4QmdWDPLiXX7GGj6B9W3mE&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjggamtwfzKAhUIej4KHXRDAfwQ6AEIODAE#v=onepage&q=budgets%20r%C3%A9volution%20tranquille&f=false

Document 3

Le nationalisme autonomiste hostile à toute intervention fédérale de Duplessis ne trouvera pas grâce auprès de ceux qui le suivirent dans la Révolution tranquille. Pourtant leur nationalisme s'inscrivait dans la même lignée, avec peut-être moins d'intransigeance dans l'interventionnisme fédéral. Pierre Fortin, se refuse à l'idée que le faible endettement du Québec par rapport à l'Ontario constituait un cadeau que Duplessis laissait à ses successeurs pour faciliter les investissements majeurs qui suivirent.

http://www.economistesquebecois.com/files/documents/at/35/txt-membres-du-cpp-pierre-fortin-11-mai-2010.pdf
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La Révolution tranquille et l’économie : où étions-nous, qu’avons-nous accompli, 
que nous reste-t-il à faire ?
Conférence présentée dans la série « La Révolution tranquille, 50 ans d’héritages »
à la Grande Bibliothèque, Montréal, 11 mai 2010
Pierre Fortin
Université du Québec à Montréal

« J’ai confiance que les Canadiens français rateront encore une fois le tournant. »
Pierre Trudeau (janvier 1960)

En 1960, après avoir pris si longtemps à se remplir, les écluses ont sauté. La Révolution tranquille a frappé le Québec comme un torrent. La citation qui apparaît ci-dessus indique que tous ne s’y attendaient pas. Où étions-nous ? On perçoit habituellement l’avènement de la Révolution tranquille comme sonnant le réveil économique du Canada français. (...) Mais l’idée que ça n’allait pas bien avant ne fait pas l’unanimité. Où étions-nous avant 1960 ? Mon confrère et ami Jean-Luc Migué a écrit, il y a 12 ans :
« De toute son histoire moderne, depuis la fin du 19e siècle, le Québec a vécu une croissance forte, parallèle à celle de l’Ontario. La période immédiatement antérieure à la Révolution tranquille se distingue même comme l’une des plus prospères de toute l’histoire. »

La figure 1 expose les deux inexactitudes que contient cette affirmation de Migué, qui n’a sans doute pas eu accès aux données aujourd’hui disponibles. La courbe trace l’évolution du rapport entre le revenu réel par habitant d’âge actif du Québec et celui de l’Ontario de 1926 à 1961. Quand ça baisse, le Québec fait moins bien que l’Ontario; quand ça monte, c’est le contraire. Premièrement, on y observe que, loin d’être parallèle à celle de l’Ontario, la croissance du Québec a subi une dégringolade magistrale pendant la Crise et la Guerre. En 1929, le Québec tirait de l’arrière de 10 % sur l’Ontario; en 1946, le retard du Québec avait grimpé à 21 %. Deuxièmement, il est vrai que, de 1946 à 1960, l’économie québécoise progressait bien dans l’ensemble, étant portée par l’expansion nord-américaine. Mais l’Ontario avançait aussi vite, de sorte que, sous le régime Duplessis, le Québec n’a jamais réussi à regagner le terrain perdu avant 1945.

La figure 2 indique que ce n’est pas la seule indication de la faiblesse comparative de l’économie québécoise de l’époque. En Ontario, le taux d’emploi global des 15-64 était passé de 59 % en 1931 à 63 % en 1961. Or, le Québec avait connu le mouvement 2 inverse : parti du même taux de 59 %, il avait au contraire chuté à 54 % en 1961. Cette baisse est considérable : en termes de 2010, cela équivaudrait à une perte de 160 000 emplois. La figure 3 complète le portrait de l’emploi en montrant que notre population active se féminisait, mais qu’elle le faisait plus lentement que l’Ontario, et avec un retard croissant à mesure que la décennie 1950 avançait. La pénurie d’emploi était flagrante. Elle fut par la suite l’une des grandes préoccupations du gouvernement Lesage. La sous scolarisation n’aidait pas.

Le tableau 1 établit qu’en 1960 seulement un tiers de nos jeunes adultes de 25 à 34 ans avaient un diplôme en poche, contre plus de la moitié en Ontario. Et seulement 5 % des jeunes de cet âge avaient un diplôme universitaire au Québec, soit moitié moins qu’en Ontario. Comme on sait – le tableau le confirme –, notre fréquentation scolaire avait commencé à augmenter dans les années 1950. Mais on voit bien que le retard à combler était encore très grand.

Le tableau 2, lui, montre qu’en 1961 la situation économique des « Canadiens français du Québec » n’était guère différente de celle des Noirs américains. Les hommes noirs complétaient 11 années à l’école, les « Canadiens français », 10 années, soit une de moins. Le salaire moyen des hommes noirs américains équivalait à 54 % de celui des hommes blancs américains; au Québec, le salaire moyen des hommes francophones unilingues équivalait à seulement 52 % de celui des hommes anglophones, bilingues ou unilingues. Lorsque l’écrivain Pierre Vallières nous a appelés « nègres blancs d’Amérique » en 1968, on l’a évidemment accusé d’exagérer. Mais, en fait, il clamait l’exacte vérité. La position relative des nôtres n’était pas meilleure que celle des Noirs américains. Il faut, de toute urgence, réhabiliter Vallières.

Comment les finances publiques du Québec se comparaient-elles à celles de l’Ontario à l’aube de la Révolution tranquille ? Le tableau 3 aide à y voir clair. Si on consolide les budgets provincial et municipaux – ce qui est nécessaire parce que les compétences n’ont jamais été exactement les mêmes dans les deux provinces –, on arrive à la conclusion, qui sera sans doute surprenante pour plusieurs, que l’État québécois taxait et dépensait un peu plus que son pendant ontarien en 1961. La dette accumulée par la province était cependant beaucoup moins lourde chez nous chez notre voisin. Fin 1961, elle équivalait à 14 % du revenu intérieur au Québec et à 21 % en Ontario. La conséquence au Québec était des infrastructures provinciales honteusement déficientes en santé, en éducation, en culture et en transport. On fait parfois valoir que le faible niveau d’endettement de la province serait une sorte de cadeau que Maurice Duplessis aurait fait aux révolutionnaires tranquilles. Il s’agit évidemment d’un sophisme. [mon surlignement]

Le cadeau de Duplessis fut le retard à investir dans ces infrastructures et les conséquences négatives que cela entraînait pour notre développement. Cadeau de Grec.

[Ma question : si la taxation était légèrement plus élevée au Québec qu'en Ontario, le taux d'endettement de l'État la moitié de celui de l'Ontario (avant 1961), le seul reproche que l'on peut faire à Duplessis c'est de ne pas avoir suffisamment ouvert le Québec aux marchés de l'emprunt, d'avoir été conservateur en gérant le Québec selon ses moyens. Dans ce cas, la confirmation de la mise au diapason du Québec aux marchés financiers nord-américains est implicite.Or, l'obsession d'aujourd'hui n'est-elle pas que le fardeau de la dette entrave le développement du Québec ? Que le fardeau fiscal sur la population est presque de moitié au service de la dette ? Qu.on nous oblige à une austérité plus ou moins sévère ? Le Québec est-il plus ou moins indépendant qu'il ne l'était sous Duplessis ?]

Résumé
En résumé, dans les années 1950, l’économie québécoise était portée par l’expansion nord-américaine et progressait à peu près au même rythme par habitant que l’économie ontarienne. Mais nos salaires et notre niveau de vie, qui avaient dégringolé antérieurement, restaient bien inférieurs et ne manifestaient aucun signe de rétablissement. Le taux d’emploi de nos hommes se détériorait et celui de nos femmes accusait un retard croissant sur celui des femmes ontariennes. Nos jeunes étaient terriblement sous-scolarisés. Le sort des francophones du Québec était comparable à celui des Noirs américains. L’État québécois n’était pas inactif, mais il sous-investissait gravement dans les infrastructures.


Document 5

On lira ici le point de vue de Jacques Beauchemin

http://www.ledevoir.com/culture/livres/334156/essais-quebecois-faut-il-en-finir-avec-la-revolution-tranquille


Document 6

«Face à l'étranglement financier dont le gouvernement du Québec fut victime en 1939, Duplessis, à son retour en politique en 1944, fit de l'autonomie fiscale une priorité. Il refusa en 1951 que le fédéral finance les universités québécoises et mit en place la commission Tremblay en 1953 pour dénoncer les ingérences fédérales dans le domaine des compétences du Québec.

Il y a 50 ans, face au déséquilibre fiscal, le gouvernement de Maurice Duplessis, à la surprise générale, faisait voter le 24 février 1954 un impôt provincial sur le revenu des particuliers de 15 % et exigeait d'Ottawa que cet impôt soit déductible de l'impôt fédéral.»

«Grâce à ce nouvel impôt créé en 1954, les grandes réformes de la Révolution tranquille furent rendues possibles.»

http://www.ledevoir.com/non-classe/60843/duplessis-face-au-desequilibre-fiscal-l-impot-quebecois-de-1954

vendredi 5 février 2016

À propos du «suprémacisme» anglo-saxon dans la problématique néo-française-québécoise

Une révolution tranquille «à l'envers» 
en Russie - les étonnantes proximités de Lionel Groulx et de Vladimir Poutine

vendredi 29 janvier 2016

À propos des cas de mépris de la démocratie et de la loi - Jean Pelletier

Par ailleurs, dans le dernier entretien accordé par monsieur Pelletier au
chroniqueur de Soleil monsieur Gilbert Lavoie, rapporté dans le numéro du
14 janvier 2009, monsieur Pelletier fait des déclarations qui confirment
son rôle important et peu glorieux dans l’avant et l’après référendum de
1995.
Love-In de Montréal
Pour le financement du Love-In à Montréal dans les jours précédant le
référendum, il déclare que « Dans la guerre, on ne se demande pas si les
munitions sont payées, on les tire. » (Sic).
Loi référendaire du Québec
Quant au respect (mépris) de la Loi référendaire du Québec, monsieur
Pelletier ne s’est pas posé de questions. Il dit « Des ordres de marche,
puis salut ! Quand on est en guerre, on va-tu perdre le pays à cause d’une
virgule dans la loi ? » (Resic). Comme exemple de cynisme, on peut
difficilement trouver mieux.
Loi sur la clarté référendaire
Au sujet de la supposée Loi sur la clarté référendaire, monsieur Pelletier
déclare « L’idée de cette loi, c’est Jean Chrétien. Au cabinet peu de
personnes étaient enthousiastes, moi je l’ai toujours été. Par la suite,
monsieur Dion, qui avait des réserves sur l’idée de cette loi, 
est embarqué dans le dossier et, comme ministre des Affaires
gouvernementales, il est devenu le parrain du projet de loi après avoir
participé à sa rédaction. » (Re. Resic.)
Concernant Via Rail Canada, monsieur Pelletier y a été nommé président par
monsieur Chrétien et remercié par monsieur Paul Martin, autre ancien
premier ministre libéral du Canada, qu’il considère comme un salaud. Il
déclare à ce sujet « Je n’ai pour lui que du mépris. Pour moi, Paul Martin,
ça reste un salaud ». Son congédiement fit suite à des mots méchants à
l’égard d’une victime facile, madame Myriam Bédard, qui avait dénoncé des
irrégularités au sein de l’entreprise. Cette affaire n’a jamais été
élucidée sur le fond. Espérons que le gouvernement Harper poursuivra le
processus judiciaire pour pouvoir connaitre enfin la vérité si cela est
encore possible.
Conclusion
En conclusion, dans les magouilles politiques de l’avant et de l’après
référendum québécois de 1995, de même que dans le scandale des
commandites, les principales infractions sont de nature non pas économique
mais plutôt politique et les principaux coupables et à ce titre
responsables sont messieurs Jean Chrétien ex-premier ministre du Canada et
Jean Pelletier son ex-chef de cabinet. Le décès récent de ce dernier ne
change rien à l’affaire.
Marc-André Labrecque
L’Ancienne-Lorette

À propos du concept de la bienveillance du vainqueur

La bienveillance du vainqueur est peut-être un acquis de la civilisation. Il est peut-être aussi en voie de reculer avec la guerre sans limite que devient la guerre de 4è génération. 

http://www.huyghe.fr/dyndoc_actu/44e16dd83e0c2.pdf

Dans les deux exemples ci-dessous, on pourrait croire que ce sont les principes bien compris de la chrétienté qui président à cette attitude empreinte de fraternité humaine. En tout cas, il s'agit de deux exemples tirés du monde chrétien d'avant la Réforme. 

La Réforme peut se décrire si on veut faire vite comme une adaptation de la chrétienté au libéralisme capitaliste. Chez les protestants anglo-saxons, l'individualité valorisée nourrit le suprémacisme anglo-saxon qui s'exprime ouvertement en se revendiquant par exemple de l'exceptionnalisme américain, une expression reprise notamment dans certains discours de Barak Obama. On retrouve aussi cet exceptionnalisme dans l'expression religieuse protestante dite de la «Manifest destiny». 

Dans un cas tout hypothétique, la bienveillance du vainqueur pourrait se manifester par le fait que le Canada rende au Québec sa liberté ou qu'il s'abstienne d'empêcher qu'elle s'épanouisse, qu'il mette fin à 250 ans de harcèlement du vainqueur contre les peuples néo-français et autochtones. 

L'exceptionalisme anglo-saxon, qui est un sentiment de supériorité sans complexe, lui permet de définir lui-même les règles du bien et du mal, naturellement de définir ce qui est démocratique et ce qui ne l'est pas. La supériorité, quand elle atteint son pic pathologique, permet de définir l'humanité avec les intérêts de ceux qui la définissent. 

* * *

La reddition de Breda ou Les lances

Les chroniques de l'époque racontent que la défense de Breda a été héroïque, mais la garnison dut se rendre et hisser le drapeau blanc. Justin de Nassau a capitulé le . La capitulation a été honorable ; l'armée espagnole a admiré le courage de ses ennemis. Pour ces raisons, elle a permis que la garnison sorte en ordre militaire, avec ses drapeaux en tête. Les généraux espagnols ont donné l'ordre que les vaincus soient rigoureusement respectés et traités avec dignité. Les chroniques décrivent également le moment où le général espagnol Spinola attendait hors des fortifications le général hollandais Nassau. L'entrevue a été un moment de courtoisie ; l'ennemi a été traité de manière chevaleresque, sans humiliation. C'est ce moment historique qu'a choisi Vélasquez comme sujet de son tableau.
(...)

Vélasquez déroule la scène sans vaine gloire ni effusion de sang. Les deux protagonistes sont au centre de la scène et semblent dialoguer comme des amis plus que comme des ennemis. Justin de Nassau apparaît avec les clés de Breda à la main et fait le geste de s'agenouiller, geste qui est interrompu par son rival qui pose une main sur son épaule et l'empêche de s'humilier. Sur ce point, c'est une rupture avec la traditionnelle représentation du héros militaire, qui traditionnellement est représenté dominant le vaincu et l'humiliant.



Huile sur toile, peinte entre 1634 et 1635 par Diego Vélasquez et exposée au musée du Prado de  Madrid depuis 18191.

Réf : https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Reddition_de_Breda


Champlain se lie d'amitié avec toutes les peuplades qu'il rencontre







À l'occasion de ses voyages, Champlain se lie d'amitié avec toutes les peuplades qu'il rencontre dans ses explorations. C'est avec ces peuplades qu'il fonde le Canada européen, fruit de leur alliance. D'où la vérité des deux peuples fondateurs, tant qu'on la comprend de cette façon, avant le révisionnisme historique anglo-saxon.  Ces relations cordiales culmineront à Montréal avec la grande paix de 1701 et continueront par la suite, ralenties avec la Conquête de 1760, mais toujours vivantes dans une grande partie du continent américain des dizaines d'années plus tard, avant de s'écraser contre  la brutalité anglo-saxonne dans les plaines de l'Ouest. Un épisode qui réprima autochtones, métis et les survivances de l'alliance néo-française qui culminèrent au Canada par la pendaison de Louis Riel en 1885 et aux États-Unies par les Guerres indiennes. Le tout se conclut des deux cotés de la frontière par la mise en réserve des autochtones qui avaient survécu à leur extermination parfois programmée.

* * *

Pour explorer davantage le sujet :

MACDONALD A DÉLIBÉRÉMENT CONTRAINT LES AUTOCHTONES À LA FAMINE, LES MENANT À LA MORT PAR MILLIERS
Dès l’élection des Conservateurs en 1878, l’orangiste John A. Macdonald est devenu à la fois premier ministre et l’équivalent de ministre des Affaires indiennes. Il avait donc la responsabilité de subvenir aux besoins alimentaires des Autochtones des Plaines pendant cette transition. Il utilisa plutôt cette famine comme une arme. Faisant acheminer les rations au compte-gouttes, Macdonald força les Autochtones affamés et malades à s’entasser dans des réserves pour recevoir leur pitance. Il entendait ainsi ouvrir la voie au passage du chemin de fer et à l’occupation des Prairies par des colons anglo-saxons, de race blanche et de foi protestante. En 1883, il ne restait plus que quelques centaines d’Autochtones dans les Plaines alors qu’entre 15 000 et 20 000 autres étaient dans les réserves, sous le contrôle et la dépendance du Département des Affaires indiennes. 
Lire la suite :

http://www.lebonnetdespatriotes.net/lbdp/index.php/dossierslbdp/decryptages/item/5275-macdonald-a-délibérément-contraint-les-autochtones-à-la-famine-les-menant-à-la-mort-par-milliers




mardi 26 janvier 2016

Sauver le Canada - Option Canada - Vol référendaire

(Le présent document est repris des archives de Vigile)


SAUVER LE CANADA

Josée Legault 
MIR jeudi 12 janvier 2006 

En 1995, il fallait sauver le Canada. Et le Canada fut sauvé. Beaucoup, beaucoup de fonds publics et privés y ont passé. Depuis le référendum, Ottawa a dépensé encore plus d’argent public pour continuer à « sauver » le Canada.

La Commission Gomery a révélé que des centaines de millions de dollars des impôts des travailleurs canadiens ont servi à trois fins :

1. augmenter la visibilité du Canada au Québec ;
2. remplir les coffrets dégarnis du Parti libéral du Canada en détournant une partie de ces argents ;
3. enrichir personnellement des amis du régime.

Le premier objectif, politique, était de bonne guerre. Les deux autres tiennent du vol et de la corruption partisane et parfois, personnelle. D’où le mot « scandale », qui reste collé au programme des commandites. Le tout récent livre du journaliste Gilles Toupin, Le déshonneur des libéraux, en fait une excellente radiographie.

Cette semaine, on a aussi assisté à l’autopsie de l’« ancêtre » du scandale des commandites : Option Canada. Le livre de Robin Philpot et Normand Lester – Les secrets d’Option Canada – braque les projecteurs sur cet organisme bidon, créé en 1995 pour une seule chose : promouvoir le fédéralisme à même des fonds publics, dont la majeure partie ne serait pas comptabilisée dans les dépenses officielles du camp du NON. 

Depuis que le monde est monde, l’argent et le pouvoir sont inséparables. Ici, ils se sont fondus l’un dans l’autre.
***
UNE CAISSE OCCULTE

Option Canada était une caisse occulte de 5 M $ de fonds publics, créée pour contourner les règles québécoises de financement politique voulant que les deux options s’affrontant dans une campagne référendaire jouissent des mêmes moyens financiers.

En 1995, les comités du OUI et du NON ont chacun eu droit à un maximum de 5 086 979 $ entre l’émission des brefs, le 1er octobre, et le jour du vote, le 30 octobre.

À elle seule, la caisse occulte d’Option Canada venait donc doubler, de manière illégale, le budget du NON.

Les gouvernements Martin et Charest ont répondu que Jacques Parizeau, lui, avait dépensé 25 M $ en 1995. Mais ces dépenses étaient publiques et ouvertes. Surtout, elles ont été faites AVANT l’émission des brefs, le 1er octobre.

Car il semble bien qu’une partie importante de l’argent caché d’Option Canada ait été dépensée de manière illégale PENDANT la campagne référendaire. À ces cachotteries s’ajoutaient aussi les 8 M $ utilisés par Chuck Guité pour réserver les panneaux-réclame du Québec pendant la campagne, ainsi que les coûts toujours inconnus du love-in du 27 octobre.

Et ça ne s’arrête pas là. En fait, le scandale d’Option Canada en cache un autre. 4,8 M $ sur les 5,2 M $ d’Option Canada sont venus du ministère fédéral de Patrimoine Canada et de son « programme d’appui à la dualité linguistique ».

Ceci est confirmé dans une lettre adressée au président d’Option Canada, Claude Dauphin, par le ministre responsable Michel Dupuy, dans laquelle Dupuy remercie aussi Dauphin de sa belle « initiative » d’avoir créé Option Canada. Bravo pour votre beau programme !

L’autre scandale, celui dont personne ne parle, est donc ici : ou Claude Dauphin (président d’Option Canada) et Jocelyn Beaudoin (patron du Conseil pour l’unité canadienne et autre fondateur d’Option Canada), ont trompé Patrimoine Canada en faisant passer leur organe de promotion fédéraliste pour un « programme d’appui à la dualité linguistique ».

Ou Patrimoine Canada était au courant du subterfuge et s’en est fait le complice en accordant une subvention de 5 M $ sous couvert de promouvoir la dualité linguistique.

Et il semble bien qu’on ne pourra jamais compter sur la successeure de Michel Dupuy, Sheila Copps, qui se dit aujourd’hui « chroniqueure politique », pour nous dire ce qui a pu se passer. En fait, personne ne sait. Personne ne parle.

Pourtant, le livre de Lester et Philpot contient des contrats et des chèques faits par Option Canada, avec l’adresse civique du 2055, rue Peel, bureau 475, Montréal. De nombreux libéraux, incluant des très connus, ont signé ces contrats et/ou encaissé ces chèques. 

Même le « Conseil québécois des gens d’affaires pour le NON » – créé en 1995 pour propager les pires peurs économiques dans l’éventualité d’un OUI – avait la même adresse civique qu’Option Canada, au 2055, rue Peel…

Autre perle : une facture du Groupe Everest, une firme nommée dans le scandale des commandites, dont le président Claude Boulay est un proche de Paul Martin et Jean Charest, est adressée au « Conseil pour l’unité canadienne », mais à l’adresse d’Option Canada.

Bref, même si aucune des personnes qui œuvraient dans le camp du NON ne dit se souvenir aujourd’hui d’Option Canada, ils étaient drôlement nombreux à connaître son adresse, à facturer et à encaisser ses chèques.

Option Canada cache donc deux scandales : celui, semble-t-il, d’avoir contourné la Loi sur la consultation populaire et celui d’avoir obtenu des fonds de Patrimoine Canada sous des fausses prétentions.
***
DOMMAGE COLLATÉRAL

D’où le dommage collatéral principal de la magouille référendaire : la démocratie et le droit à l’autodétermination des Québécois en ont pris pour leur rhume.

Sauver le Canada est un objectif légitime. User de la corruption et du détournement de fonds publics pour y parvenir ne l’est pas.

Que l’on pense ou non que le référendum a été « volé », que l’on puisse mesurer ou non l’impact réel des argents fédéraux sur le résultat final, il reste qu’on assiste à une accumulation troublante de preuves d’irrégularités commises par le camp du NON, avant, pendant et après le référendum.

Les preuves s’accumulent sans aucune équivalence, qualitative ou quantitative, du côté du OUI.

Aujourd’hui, une seule question émerge de toute cette boue : comment peut-on être un démocrate, souverainiste, fédéraliste ou non aligné, et ne pas vouloir faire TOUTE la lumière sur la période référendaire afin de doter ensuite ce processus démocratique de mécanismes de protection beaucoup plus solides ?

La démocratie québécoise et ses institutions ne sont certes pas les « plus meilleures du monde », mais elles sont parmi les plus anciennes et les plus respectées des Amériques. Si nous ne faisons pas la lumière sur cette période, nous leur montreront un plus grand irrespect encore que l’ont fait les bonzes d’Option Canada.

Quant aux individus, le patriotisme canadien ne doit plus être payant. Trop de pattes ont été graissées et trop de poches se sont remplies sous le prétexte de défendre le pays.

Si les « patriotes » canadiens du Québec, incluant des firmes riches et puissantes, veulent « sauver » le pays – ce qui est leur droit –, qu’ils aient suffisamment d’intégrité et de sens du sacrifice pour le faire sans chercher à en profiter ou sans contourner les lois.

Que la cause du Canada soit défendue avec transparence et honnêteté. Elle y gagnerait sûrement de nouveaux adeptes.

Mais l’élection fédérale qui pointe vers une défaite de plus en plus probable des libéraux risque de faire oublier tout cela. Les libéraux seront « punis » et les Canadiens passeront à autre chose. Erreur.

Il en restera l’enclenchement de trois enquêtes : celles de la GRC, de la vérificatrice générale du Canada et du directeur général des élections du Québec. Mais elles ne seront pas publiques. Parce qu’elles n’examineront, chacune de leur côté, qu’Option Canada, et parce que les irrégularités débordent cette stricte histoire, cela risque d’être insuffisant.

Mais surtout, l’intérêt porté aux magouilles référendaires ne doit surtout pas être l’affaire exclusive des souverainistes. Les accrocs à la démocratie ont été tels, les ramifications si larges et les acteurs si nombreux, que tous les démocrates québécois doivent s’y intéresser.

Le DGÉ, ou mieux encore, une commission d’enquête non partisane, doit enquêter sur toute cette période. Dès que l’Assemblée nationale aurait l’analyse complète de la mécanique derrière les magouilles, elle pourrait préparer et faire adopter un renforcement de la loi et y adjoindre des mesures aptes à limiter le plus possible les détournements de fonds, quel que soit le camp.

Notons que la Commission Gomery a fonctionné de cette manière, soit en deux étapes : l’analyse du scandale des commandites, suivie du rapport à venir contenant les recommandations pour éviter que cela ne se reproduise. Comme pour un malade, le diagnostic doit nécessairement précéder le choix du traitement.

ET MONSIEUR CHAREST?

Et monsieur Charest dans tout cela ? En 1995, il a défendu ses convictions. Il fut un acteur important au Québec, mais dans la grande machine stratégique fédérale, il a sûrement raison de préciser qu’il n’était que le « chef d’un parti fédéral de deux députés » qui ne « décidait pas de la marche des événements ». 

Ce qui soulève LA grande question : qui décidait de la « marche des événements » dans son camp? Qui décidait de créer des organismes bidons? Qui décidait, PENDANT la campagne, qu’une dépense serait comptabilisée ou cachée ? Une commission d’enquête pourrait nous le dire.

Jean Charest est un fédéraliste passionné. Soit. Mais depuis qu’il est devenu premier ministre, il s’est aussi entouré, ou a nommé à des postes-clés, un certain nombre de personnes qui ont reçu à l’époque de l’argent d’Option Canada ou des commandites.

Chacun a droit à ses amitiés et ses réseaux. Monsieur Charest peut même dire qu’il ne le savait pas lorsqu’il les a embauchées ou nommées. Mais maintenant, il le sait. On verra donc ce qu’il en fera.

Mais en tant que premier ministre, il est avant tout le gardien des institutions et des lois du Québec.

Il doit donc s’élever au-dessus d’une mêlée de plus en plus nauséabonde ou chacun joue sa petite game politique.

Cela veut dire donner au directeur général des élections toutes les ressources dont il aura besoin pour faire la lumière sur toute la période référendaire, et non seulement sur Option Canada. Et si cela est impossible ou insuffisant, instituer une commission d’enquête non partisane.

C’est la seule manière de permettre ensuite à l’Assemblée nationale de blinder le processus référendaire et de protéger une démocratie que plusieurs ont déshonorée.

UN RÉSEAU LIBÉRAL?

Dans The Gazette du 11 janvier, Peter White, ancien proche de Brian Mulroney et éminence grise du Parti conservateur, avance qu’Option Canada aurait été créé « dans la plus grande précipitation pour injecter de l’argent dans la campagne référendaire ».

Selon lui, c’est le gouvernement fédéral qui aurait mis sur pied Option Canada, par « panique ». « Je crois », dit-il, « qu’ils étaient prêts à faire n’importe quoi ».

Peter White en sait quelque chose. Il y était. Il dit aussi avoir été éjecté d’Option Canada dès ses débuts parce qu’il n’était pas un libéral. En d’autres mots, White semble parler ici d’un réseau essentiellement libéral.

Mais White est un acteur parmi beaucoup d’autres, qui en auraient sûrement long à apprendre aux Québécois sur ce qu’on a fait au processus démocratique en 1995.

Seule une véritable commission d’enquête non partisane pourrait faire toute la lumière et mieux équiper la démocratie pour l’avenir.
***

lundi 18 janvier 2016

Sur l'indépendantisme endogène que suscita la Révolution tranquille

La Révolution tranquille aura réussi cet inattendu séparatisme. La rupture du fil de « la nation de l’âme » qu’était notre patrie néo française d’Amérique, la patrie des Canadiens. 

Il a semblé que pour que naisse la volonté d’un pays territorial inclusif, les ambitions de la post-survivance devaient prendre les formes d’une brutale « indépendance » vis-à-vis des nôtres pour mieux s'attacher aux Autres. Il le fallait, si on se reporte au contexte, pour mieux se vouer à l’exclusif et séduisant calcul du décompte démocratique. S’il fallait, hélas, à l’aube des années 1960, comme plusieurs le plaidèrent, délaisser la patrie du cœur, la patrie mystique aux dimensions d’un continent, peuplée de « dead ducks » (René Lévesque) et de « cadavres encore chauds » (Yves Beauchemin), c'était pour que l’adhésion envers le pays moderne se solidifie. 
Les dommages sont considérables. Le fédéralisme canadien a continué de segmenter les survivances de la Nouvelle-France. La Nouvelle-France et ses Canadiens, seule façon de nous nommer qui plonge dans nos racines. Seule façon de rester fidèles à ce que nous sommes au-delà de nos différences. Seule façon de se nommer avec assez de transcendance pour refaire un tant soit peu l'unité qui n’aurait jamais dû se briser.
La segmentation de la patrie historique, celle de nos origines et des pères prend aujourd’hui des formes grotesques : fransaskois, franco-manitobains ou franco-ontariens. Comme si le fait francophone primitif en Ontario, au Manitoba ou en Saskatchewan était postérieur à la création de ces provinces. Comme s’il était postérieur à ces créatures tardives (les provinces de l’Ouest) du régime colonial britannique et de ses prolongements. Non, le fait néo-français et franco métis, violemment réprimés, comme le fut le fait acadien, ces faits de civilisation américaine avant l’Anglais, ces faits de civilisation honorables qui précèdent l’Anglais ne doivent jamais être oubliés ou faire l’objet de révisionnisme historique. Même si l’histoire officielle du Canada s’efforce à tout prix de le faire.
Le séparatisme indépendantiste dirigé contre nous-mêmes, notre funeste séparatisme endogène, qui a pour objet d’exclure notre minorité (au singulier) hors Québec. Qui n’est pas vraiment « hors Québec » puisqu'elle fait partie du même destin néo-français canadien – c'est la diaspora d'une même chaire. Le Canada nous a segmenté dans des entités provinciales grâce à sa puissance militaire contre Louis Riel, et grâce à un système de subventions basé sur une utilisation perverse, anglo tropique, des concepts du fédéralisme. La puissance du fait français, dans sa dimension catholique, francophone, et fidèle à elle-même – une épopée à nulle autre pareille dans l’histoire des colonisations - menaçait bien davantage le Canada multiculturel en revendiquant son statut de fondateur primitif qu’en se redéfinissant sur les contours de la cartographie politique du deuxième Canada, le Canada anglais.
Se soumettant au récit du vainqueur, nous voyant dans son œil, nous avons renoncé à beaucoup. C’est ce qu’avait pourtant voulu prévenir Lionel Groulx. Il voulait la modernité sans détruire le passé. Il est de ceux qui rappelaient la continentalité américaine de notre épopée sans l’opposer à tous les possibles pour le Québec. Pour la suite de notre rapetissement, la québécitude a éliminé des pages entières de notre mémoire. Avec pour résultat que nous ne savons plus nous nommer, comme les Fransaskois et le Ontarois.  

vendredi 15 janvier 2016

Marxisme culturel - Une page de Wikipédia susceptible d'être supprimée

Cette page Wikipedia, reproduite plus bas, fait l'objet de contestation et est susceptible d'être supprimée. Comme elle contient beaucoup de références et semble présenter un portrait clair du marxisme culturel. Je la mets ici dans son intégralité pour références et discussions éventuelles.

vendredi 8 janvier 2016

Et si Poutine réhabilitait Lionel Groulx pour de bon ?

Une révolution tranquille « à l'envers » 
en Russie


Une volonté marquée d'ancrer la société dans le meilleur de son passé, que j'appelle la révolution tranquille à l'envers, s'opère en Russie depuis 2010. Cette révolution du bon sens  suscite un intérêt inquiet de la part des pays occidentaux en perte de repères. Pour ces derniers, le nationalisme est mort, sinon il doit mourir. 

Joueur qu'on attendait pas dans le grand échiquier, la Russie a mis à mal l'idée d'une nation sans histoire et sans transcendance. Une nation ¨défuntisée¨ devenue la nôtre et dont la majorité des souverainistes ne cessent de se réclamer. En revanche, en Russie, une nation qui plonge ses racines dans l'histoire, qui ne tourne pas le dos à son identité, qui porte une vision qui valorise la tradition sans refuser la modernité, cette nation ne serait pas une utopie du XXè siècle. Et ce serait cette vision qui a cours en Russie. Une ¨russitude¨ qui reconnaît des nations avant de reconnaître des territoires. Mais ce n'est pas ce dont nos médias nous abreuvent. Mises à part les oppositions légitimes, sur lesquelles nos médias restent discrets, nous n'avons pour nous forger une opinion déformée que les affres des minorités «sororisées» dont nos médias font grand cas.

Le lecteur qui tire sa seule information de Radio-Canada ou d'autres médias standardisés comme Le Monde, Le Devoir, etc. est un handicapé de l'information. L'internet existe, mais il n'exploite pas ses possibilités. Il sera surpris d'avoir été tenu à l'écart de bien des développements s'il lui advient un jour de percer l'encerclement médiatique. Présumant de sa bonne foi.

Inversement, en gros, la moitié de l'humanité a déjà pris l'habitude de s'alimenter à des sources d'information diversifiées, moins uniformément orientées que celles de la grande presse des pays de l'OTAN, lire Canada. Ils seront déjà mieux outillés. Ils auront déjà une opinion formée au contact d'arguments venus de tous bords, inclusivement sur Vladimir Poutine et la Russie.

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Selon l'ifrii, le tournant conservateur russe plairait aux pays d'Asie. Ces pays seraient pour la Fédération de Russie (FR) les partenaires de l'avenir parmi lesquels elle se sent respectée dans ses différences et surtout traitée en égal. Elle est en bonne compagnie avec ces pays qui s'efforcent de conjuguer la modernité avec leur attachement aux traditionsii

Elle-même pays d'Europe, la Russie ne délaisse pas pour autant ses partenaires européens, même quand ceux-ci boudent le dialogue avec elle pour recourir à des sanctions. Piètre diplomatie, les désaccords, aussi nombreux soient-ils, devraient être résolus par voie de négociation, je pense au contentieux ukrainien, etc. La Russie, déjà au centre de bien des enjeux mondiaux, plonge dans la défense du national avec une approche particulière qu'elle assume pleinement. Elle ne se départit jamais d'une défense bien sentie de son indépendance, ce qui fait se tourner vers elle les regards sourcilleux de ceux pour qui la disparition des nations n'est qu'une affaire de temps. Le Québec a certes intérêt à ne pas prendre pour argent comptant la campagne de dénigrement permanent dont la Russie est l'objet dans notre coin du monde, Il faut y regarder de plus près.

Cette révolution tranquille à l'envers que rien n'annonçait est d'autant plus inusitée qu'elle survient après 70 ans de socialisme «scientifique», qui s'est traduit par une dénationalisation menée de main de fer par les bolchéviques, dont la composition ethnique était plus juive que russe, selon l'oeuvre jamais démentie d'Alexandre Soljenitsyne. Une idéologie basée sur le matérialisme, la primauté de l'économie, le dirigisme culturel, le remplacement de la religion et de la tradition par l'éducation laïque et la volonté de construire un «homme nouveau» débarrassé des «préjugés». Pas étonnant qu'une source d'inspiration des révolutionnaires russes coulait de la révolution française. 

Le renforcement du national en Fédération de Russie est très intéressant à observer du fait que ce pays possède une diversité ethnique qui n'est dépassée que par celle de l'Inde. La grande diversité ethnique et linguistique de la Russie ne semble pas être un poids pour elle. À preuve, elle n'aurait pas freiné un consensus social conservateur qui ne fait que s'affirmer autour des valeurs patriotiques. Le respect des minorités nationales, une tradition russe qui remonterait à la tradition tsariste, contraste avec la tradition anglo-saxonne subie par les Canadiens-Français. Deux mondes. La popularité de Vladimir Poutine, jamais démentie, incarne le phénomène de relative unité que vit présentement la Fédération de Russie. Le conservatisme social, le conservatisme pragmatique et le pragmatisme conservateur de Poutine, trois appellations couramment utilisées, forment donc un socle politique de rassemblement. Il semble promis à durer. 

Dans sa lettre «La question russe», en janvier 2012, au cours de la campagne électorale, Poutine écrivait : 
« L'auto-identification du peuple russe, c'est une civilisation multiethnique unie par le noyau culturel russe».iii 
Une citation transmise par Léonid Poliakov, qui enchaîne avec ce commentaire à propos de Poutine :
«Au fond, il formule ainsi une ¨troisième voie¨, située entre le projet multiculturel occidental, dont Poutine estime qu'il a échoué, et le défi alternatif d'un ¨État national¨ qui serait fondé ¨exclusivement sur l'identité ethnique¨.»iv 
Pour Pliakov, Vladimir Poutine considère son conservatisme 
«comme une vision politique et morale du monde cohérente et pleine de bon sens. C'est sur cette base qu'il a fondé sa campagne électorale de 2011-2012 et sa stratégie de développement jusqu'en 2025...»
Lors des rencontres annuelles du Club Valdaï, en 2014, Poutine poursuivait de la façon suivante : 
«Pour que la société existe, il convient de soutenir des choses élémentaires que l'humanité a élaborées au cours des siècles : c'est le respect de la maternité et de l'enfance, le respect de notre histoire et de ses accomplissements, le respect de nos traditions et des religions traditionnelles»v
À la lumière de tout ceci, en viendra-t-on à considérer Lionel Groulx comme un visionnaire dont l'heure n'était pas encore venue? 

Il a certes combattu une forme de modernité aguicheuse et illusoire, une menace dont il nous entretenait notamment dans sa lettre à Jean Éthier-Blais «Sur les dangers de l'influence américaine».vi Un filet dans lequel se sont pris plusieurs intellectuels d'avant-garde, vantant comme un progrès indépassable de faire table rase, jugeant à jamais dépassé l'héritage spirituel (spirituel au sens profane comme au sens transcendant) de Lionel Groulx sur le petit peuple francophone d'Amérique.

Dans la présentation du dossier Lionel Groulx, publié par les Cahiers d'histoire du Québec au XXè sièclevii, Benoit Lacroix et Stéphane Stapinsky expliquent :
«Les citélibristes et certains nationalistes (notamment ceux d'extrême gauche) allaient prendre le relais au cours des années 1950 et 1960. Pour plusieurs souverainistes des années 1990, la figure de Groulx fait problème. Il leur semble que, en réponse aux accusations de «racisme» et de «fascisme» qu'on adresse tant de l'intérieur que de l'extérieur à la société québécoise (et en particulier au mouvement nationaliste), il leur faille prouver à tout prix à la face du monde qu'ils ne sont pas coupables, eux «modernes», de ce qui leur est reproché; pour ce faire, ils insisteront donc sur une rupture radicale entre la société d'autrefois et la nôtre et s'en prendront publiquement à ce Québec obscurantiste d'avant 1960 et au symbole du racisme et du fascisme de l'ancien régime que serait à leurs yeux Lionel Groulx. Une manifestation récente de ce nouveau rituel peut être relevée chez Gérard Bouchard.»
Plus loin, les auteurs nuancent en citant quelques noms, parmi eux, à gauche, Pierre Falardeau, Gaston Miron, Andrée Ferrettiviii, qui ont accepté 
«de nouer un dialogue avec Groulx». 
Ils finissent par demander avec raison qu'on tourne la page à cet infantilisme 
«qui fait que, pour certains, il paraît impossible de se reconnaître dans une continuité à moins d'y trouver la trace d'une pureté conforme à nos valeurs actuelles.»ix
On pourrait épiloguer longuement sur l'héritage de Lionel Groulx, mais l'affaire est entendue. On en reviendra donc à ceci. Les arguments de ses pourfendeurs, lorsqu'il s'agissait d'arguments et non de demi-vérités et de falsifications, ont été réfutés avec patience et plus d'explicitations que la plupart des objections n'en méritaientx. Depuis une trentaine d'années, grâce à des intellectuels courageuxxi, tous les arguments pour discréditer Groulx et son oeuvre ont été répudiés d'une façon ou d'une autre; si bien que le dossier Groulx est clair et net. Alors pourquoi parler de réhabilitation de Groulx par Poutine ?

La réhabilitation de Lionel Groulx par Poutine est bien sûr une figure de style. Elle met en évidence le fait que si la joute intellectuelle a été remportée par les nôtres, ils n'ont pas prévalu. La société civile ne l'a pas répercutée par des changements fondamentaux comme en Russie. Le discours politique et le projet d'indépendance, qui restent défensifs, ont continué à freiner des quatre fers pour que survive la mauvaise conscience de notre passé. On refuse de faire à Lionel Groulx une place au panthéon de notre histoire parce que notre élite nationale dite «moderne» a rejeté tout ce qu'il représentait. Il était prêtre catholique et défenseur de la tradition. Et, cocasserie de l'histoire, c'est encore le prêtre catholique qui, depuis la grande noirceur de 1943, leur fera la leçon  : 
«D'où nous vient, qui nous a donné ce goût morbide de nous accuser de tous les péchés, et plus particulièrement de ceux que nous n'avons pas commis.(sic)» xii
Après 60 ans de lutte souverainiste-indépendantiste infructueuse, ne sommes-nous pas rendu au bout du rouleau? Peut-on sérieusement avoir racorni la «civilisation française en Amérique» au point où l'argumentaire des figures montantes ne semble plus considérer que l'enrichissement personnel comme motif central de la cause? Ceci après avoir épuré au fil des ans toute référence à ce que nous sommes et d'où nous venons. Le phénomène de retour aux sources, qui a amené les Russes au succès après 70 ans de dénationalisation violente (clin d'oeil à la dénationalisation tranquille), surtout avant Staline, à recouvrer leur patriotisme, prouve qu'il est possible pour une nation, singulièrement une nation  fondatrice, de recouvrer ses droits fondés sur la continuité historique. 
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i www.ifri.org/sites/default/files/atoms/files/ifri_rnv_90_fr_poliakov_protege.pdf  Le « conservatisme » en Russie : instrument politique
ou choix historique ? , déc. 2015
ii  Japon, Corée du Sud, Taïwan, Singapour, selon ifri
iii  Que penserait-on d'une nation multiethnique unie par le noyau culturel néo-français, canadien français et Québécois?
iv Ifri, p.18
vi  Les Cahiers d'histoire du Québec au XXè siècle, No 8, automne 1997. Sur les dangers de l'influence américaine, 7 décembre 1964, p.175
viii Il faudrait rajouter Michel Chartrand et Simone Monet-Chartrand dont le mariage dut béni par Lionel Groulx
ix Cahiers p.10 ou lien ici
x Pensons ici à la réfutation détaillée par notre sociologue québécois anglo-protestant Garry Caldwell, de la thèse de doctorat d'Esther Delisle http://agora.qc.ca/Documents/Antisemitisme--Le_discours_sur_lantisemitisme_au_Quebec_par_Gary_Caldwell Thèse effectivement couronnée d'un doctorat, à la courte honte de l'Université Laval.
xi Stéphane Stapinsky, Garry Caldwell, Fernand Dumont, Serge Cantin, Nicole Gagnon et bien d'autres
xii «Notre force...» Groulx, Lionel, 1943; cité dans la présentation des Cahiers... No 8