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mardi 29 décembre 2015

Reprise du 22 décembre 2013 - Célébrons Noël, ne soyons pas insensibles

Source : http://service.vigile.quebec/Pour-un-autre-message-de-Noel-de

La laïcité doit-elle conduire les représentants de l’État à se retenir de toute référence envers le culte historique national ? Au Québec, pour des raisons historiques qui ont puissamment contribuées à sa survie d’abord, et à le façonner tel qu’il est ensuite, l’attachement culturel à notre héritage catholique a sa place dans un patriotisme pleinement déployé. La laïcité étant elle-même une idéologie relativement nouvelle, elle n’est pas imperméable aux effets de mode. L’État, qui lui est antérieur et supérieur, s’il en adopte les contours, ne doit pas s’y soumettre entièrement. D’abord parce que l’État laïc ne peut et ne doit pas trop s’éloigner du terreau qui lui a donné naissance et il doit continuer d’agir avec prudence. Ce qui suppose de se méfier des chantres de la « modernité » de la table rase.
État laïc ne veut donc pas dire un État désincarné, strictement bureaucratique, qui n’entrerait en rapport avec les membres de la nation qui le porte que dans un cadre purement juridique. Un État laïc, pour tenir la route de l’histoire, doit être en même temps un État de la continuité, donc un État nécessairement connoté. Cet État « organique », appelons-le ainsi, offre l’avantage indéniable de constituer un facteur de cohésion interne, d’une part, et de résister aux défis et aux menaces de l’extérieur, d’autre part.
Noël, fête de partage est toujours célébrée chez-nous, notre chef d’État ne devrait pas hésiter de souhaiter fièrement un Joyeux Noël à tous les Québécois. Et comme Noël est un enjeu de la laïcité connotée d’un État organique, Pauline Marois pourrait livrer un message qui incarne cette réalité.
Aujourd’hui encore, 22 décembre, on rapporte que 12 personnes auraient été tuées à Deraa en Syrie lorsqu’une attaque des djihadistes a frappé une église.
D’autres violences plus tôt ce mois-ci ont été rapportées à Malaloua lorsque des terroristes djihadistes ont pu prendre pied dans la ville. Les chrétiens comptent pour 10 % de la population de Syrie, 450 000 d’entre eux ont dû se déplacer en raison du conflit.
Si la montée en puissance du fondamentalisme islamique est retracée par plusieurs observateurs dans la géo politique américaine et israélienne, il est clair que, même si l’énoncé précédent peut être nuancé, les populations et les institutions des pays qu’il frappe sont celles qui écopent le plus du radicalisme qui a gagné l’islam sunnite. Il est de notoriété que la vaste majorité des coups d’Al Qaida et du terrorisme djihadiste frappent d’abord et massivement les populations innocentes du Proche et Moyen-Orient. Il ne faut pas l’oublier. Pas étonnant que 80 % des musulmans rejettent Al Qaida et toute forme de radicalisme, comme le soutient Kevin Barrett dans la vidéo en lien plus haut.
Dans ce contexte de violence et d’accroissement du chaos, les chrétiens dont, l’enracinement précède la naissance de l’islam de quelques siècles, sont devenus la dénomination religieuse la plus persécutée dans le monde, tenant compte des persécutions en Afrique et en Asie également.
Alors que le gouvernement de Stephen Harper multiplie gestes et paroles en appui inconditionnel à Israel, qu’il rappelle avec franchise son caractère confessionnel, « la patrie juive », je ne me souviens pas l’avoir entendu s’émouvoir de la persécution réelle et bien d’actualité qui affecte aujourd’hui les chrétiens.
La Russie de Vladimir Poutine, qui a prouvé en 2013 la pertinence de sa politique pragmatique en évitant de justesse l’escalade du conflit syrien, a affirmé également le caractère conséquent de sa lutte contre le fondamentalisme musulman qu’elle ne dénonce pas d’un coté de la bouche pour le soutenir de l’autre. Dans la foulée, faut-il s’en surprendre ? c’est à Vladimir Poutine qu’il faut reconnaître le mérite d’en faire le plus contre la persécution des chrétiens, dans un contexte de laïcité occidentale qui semble mal à l’aise avec son culte patrimonial, serait-ce jusqu’au point de lui refuser chichement toute compassion dans l’épreuve ?
Le Québec s’exprime et s’affirme de plus en plus selon son point de vue, différent de celui du Canada. Ce Noël, Pauline Marois pourrait facilement s’affranchir des positions favorites de Stephen Harper, tout en se gardant de toute polémique. Je suis persuadé que les Québécois apprécieraient que Pauline Marois touche un mot de la persécution des chrétiens dans son message de Noël, indiquant par là que les Québécois n’y sont pas insensibles.

lundi 28 décembre 2015

L'analyse politiquement incorrecte du féminisme par la sociologue Nicole Gagnon

La sociologue Nicole Gagnon, professeur retraitée (1999) de l'université Laval, donne une entrevue l'année de sa retraite dans laquelle elle exprime des vérités politiquement incorrectes. Continuatrice discrète du renommé Fernand Dumont, elle s'exprime sur la société québécoise, l'éducation et le féminisme.
Sur le féminisme, elle fait, par l'importance qu'elle accorde à la différence entre les femmes bourgeoises et les femmes de la classe ouvrière, une analyse qui n'est pas très différente de celle que fait Alain Soral sur la même question, à la différence que Nicole Gagnon colle son argument sur la réalité québécoise et ne réfère pas explicitement à la lutte des classes. Comme cette entrevue date de plus de 16 ans, cela en rehausse à mon sens l'intérêt car toujours pertinente.

Source : http://www.fss.ulaval.ca/cms_recherche/upload/aspectssociologiques/fichiers/ito2002.pdf

Quelques extraits de l'entrevue sur le féminisme :

A.S. Comment pensez-vous l’histoire du changement des droits des femmes au Québec?
N.G. Je pense que les mouvements sociaux se donnent beaucoup plus d’importance qu’ils en ont. Les choses changent, les mouvements sociaux ne font qu’exprimer des changements qui existent sans eux. Par exemple, quand on dit que le féminisme a gagné le droit de vote des femmes, c’est passablement faux. Pendant des années, les féministes réclamaient le droit de vote et les messieurs leur répondaient « merci mesdames » et s’en moquaient. Les femmes ont eu le droit de vote quand est arrivé un premier ministre libéral. Ce n’était pas à cause de pressions, il trouvait ça normal, c’est tout. Actuellement, il me semble que les femmes n’ont absolument rien à revendiquer. La société québécoise a toujours été à forte dominance féminine et, actuellement, c’est très clair que ce sont les femmes qui ont le bon bout du bâton. Elles n’ont rien à réclamer et inventent je ne sais trop quoi pour se justifier. J’ai une très mauvaise idée sur le féminisme. Je n’ai jamais été féministe, je me suis découverte antiféministe très jeune. Je le raconte dans mon petit livre. Quand j’étais dans l’assemblée des étudiantes, ils voulaient mettre un comité des activités féminines. Il n’y pas de raison d’avoir un comité, un ghetto pour les femmes. Les femmes sont comme tout le monde. Dès ce moment-là, j’ai été assez allergique à l’idée d’institutionnaliser un particularisme féminin.

A.S. Dans votre livre L’antiféministe, vous critiquez la féminisation de la langue française, par exemple.
N.G. C’est incroyable. Ils sabotent la langue. Ça n’a aucune utilité. Il faut qu’ils se donnent des missions parce qu’en réalité, l’égalité des femmes, ça fait longtemps qu’elle existe. Il y a la pauvreté des femmes, mais il n’y a pas seulement les femmes qui sont pauvres. Il y a des pauvres et ils ne sont pas plus femmes que mâles. C’est une calamité publique!

A.S. Vous critiquez également la politique de discrimination positive envers les femmes.
N.G. C’est épouvantable. On veut faire la même chose avec les « ethniques ». Ça, c’est une chose terrible. Par exemple, si on met une espèce de quota pour engager des « ethniques » dans la fonction publique, quand tu arrives avec ton quota, tu n’as pas besoin d’être bon, hein ? C’est de la perversion complète. D’ailleurs, à l’Université, il n’y a jamais eu le moindre préjugé contre les femmes. Au contraire, il y a eu préjugé favorable. Mes collègues veulent avoir des femmes. Ils sont moins exigeants pour un candidat femme que pour un candidat homme. Parce qu’ils veulent en avoir. C’est insultant pour la personne.

A.S. Le Québec n’a-t-il pas besoin du féminisme?
N.G. Ce n'est pas le féminisme qui a gagné des droits aux femmes, c’est un mouvement de société. C’est un mouvement très naturel pour une société moderne qui a une longue tradition de dominance féminine. Ça remonte à la Nouvelle-France. À l’époque, dans la société française, le système était peut-être patriarcal, mais transplante un jeune couple, mets- le dans le fond d’un champ : il y a une situation qui oblige à l’égalité. L’homme a besoin de la femme, la femme a besoin de l’homme. L’égalité s’est instaurée dans les familles paysannes à cause des conditions de vie. La famille ouvrière est devenue matriarcale, parce que chacun avait le pouvoir de ses fonctions. L’homme fait telle chose et la femme fait telle chose. Dans les grandes villes, le père perd toute fonction dans la famille. Sa seule fonction, c’est d’apporter le salaire. Alors c’est la femme qui prend le dessus. La famille ouvrière est devenue très matriarcale, la famille bourgeoise, non. Dans la famille bourgeoise, c’est le mari qui a gagné, alors ce sont les bourgeoises qui ont protesté. La famille bourgeoise était un petit peu à dominance mâle.
Le mouvement féministe est né chez les bourgeoises qui se sentaient un peu dévalorisées. Il y avait une loi très archaïque sur le mariage : la femme n’avait pas le droit de posséder des biens, mais dans les familles pauvres ça n’avait pas tant d'importance, vu qu'il n'y en avait pas de biens. La femme ne s’en rendait pas compte. La bourgeoise s’en apercevait. La loi a été changée. Il n’y a pas eu de débat. Il y avait une loi rétrograde, il fallait la changer, et elle s’est changée très facilement. Avant, la femme mariée était comme empêchée d’avoir des biens. Elle avait besoin de la permission de son mari pour faire toutes sortes d’affaires. Les femmes célibataires, non. C’était l'idée que la famille était la cellule de base. 

samedi 26 décembre 2015

Les possibles et les limites de l'indépendance dans un monde unipolaire

(version définitive du 28 décembre 2015)

Gilles VERRIER



Tenir un référendum «le plus tôt possible après la prise du pouvoir» (http://vigile.net/Independance-s-unir-et-agir) continue de susciter bien des émois chez les indépendantistes. Pour PKP, marchant dans les pas de Jacques Parizeau, le référendum serait la seule voie de la légitimité. Une orthodoxie que rejette parmi d'autres Claude Bariteau qui, en regard de la loi sur la Clarté, soutient que l'absence d'un accord avec le Canada sur l'environnement référendaire ferait de l'élection le seul choix possible du Québec pour décider de son destin, citant en appui les cas de la Namibie et des pays baltes. (http://vigile.net/Nouvel-article-No-65897).

Pas en reste, Alain Raby ( http://vigile.net/Le-mouvement-declarationniste défendait récemment le recours à la Déclaration unilatérale d'indépendance (DUI), arguant qu'une quinzaine de pays membres des Nations-Unies ont accédé à leur indépendance de cette façon depuis 1991. Il fournit en complément une liste (partielle) de pays devenus indépendants sans référendum préalable, nuançant que cela n'exclue pas un référendum de ratification après. La DUI a déjà fait l'objet d'éloquentes prises de position (http://vigile.net/Declaration-unilaterale-d-42268?t=22 ) et constituait d'ailleurs la voie que retenait Option nationale, jusqu'à ce que l'on revienne à une position plus orthodoxe. Campé dans sa priorité sociale, Québec solidaire préconise la convocation d'une assemblée constituante populaire pour jeter les bases d'une constitution souveraine, une position reçue avec scepticisme dans les rangs péquistes mais qui se défend face à la fragilité de l'argumentaire référendaire.

L'indépendance dans le monde, une diversité d'approche

La diversité des approches indépendantistes en vogue dans le Québec d'aujourd'hui se situe dans la diversité plus large des approches qui ont réussi à travers le monde, et l'on se prend à se demander pourquoi les indépendances ne font pas l'objet de plus d'études, dont une classification de leurs processus et de leurs fondements. À ma connaissance, l'inventaire des processus employés dans l'histoire moderne pour accéder à l'indépendance ne se trouve nulle part. Certes, dresser la typologie des indépendances pose plusieurs difficultés dû au fait que chaque passage à l'indépendance (plusieurs centaines de nouveaux pays depuis 200 ans) se présente rarement comme appartenant à un seul type. Par conséquent, tenter de construire une typologie serait forcément un projet perfectible mais déjà utile si le résultat permet d'introduire certaines distinctions dans un classement susceptible de regrouper tous les événements d'indépendance. En ce sens, une meilleure connaissance du phénomène peut servir d'outil de réflexion et de mise en perspective, aider à situer plus correctement le cas du Québec dans l'ensemble mondial.

Dans la foulée, il ne fait pas de doute que les militants et les cadres indépendantistes devraient acquérir une expertise mondiale sur toutes les dimensions de l'indépendantisme. Il faudrait favoriser l'émergence d'une ample culture en rapport avec l'indépendance légitime, de son maintien et de sa défense en présence d'un mondialisme idéologique au tropisme prédateur de nations. Il est vrai que pour y arriver, compter sur nos propres forces est un choix qui s'impose naturellement puisqu'il est pratiquement exclu que les universités, devenues les obligées des chaires de recherche du Canada, s'engagent sérieusement dans ce créneau comme elles le feraient si elles étaient libres de travailler pour le Québec. En contre partie, un futur institut de recherche sur l'indépendance, promis par PKP, pourrait s'y intéresser sans restriction, même si rien ne semble acquis à cet égard. En attendant je vous livre ma modeste contribution.

Classification des indépendances

Je tenterai de dresser une classification des indépendances en tâchant de montrer les modes par lesquelles elles sont advenues et je donnerai des exemples parfois commentés. Dans un deuxième temps, j'aborderai la question des événements déclencheurs d'indépendance pour finir avec des remarques en ce qui concerne les référendums et la fixation particulière du mouvement indépendantiste québécois, surtout péquiste, sur cette question.

Types d'indépendance
1- Accord de gré à gré ou accord négocié en présence d'un rapport de force établi et de deux États concurrents

Cas de l'indépendance octroyée par la Grande-Bretagne à l'Égypte en 1922
Cas de la Norvège, indépendance obtenue de la Suède

2- Déclaration unilatérale d'indépendance (DUI) avec derrière, pour les cas les plus réussis, une forte volonté populaire, parfois organisée, pour que cède l'État colonial;

Cas des États-Unis d'Amérique – déclarée en 1776, État de facto qui obtint sa reconnaissance internationale (de jure) sept ans plus tard, de manière essentielle de la Grande-Bretagne, en 1783
Cas de la Déclaration d'indépendance du Bas-Canada en 1838 par Robert Nelson à Noyan, accompagné de 300 Canadiens en armes (http://www.1837.qc.ca/1837.pl?out=article&pno=document62)
Cas (autres) : Philippines (Espagne 1898); Bangladesh (Pakistan 1971); Slovénie et Croatie (Yougoslavie 1991);
Cas d'échecs : Biafra, sécession ratée du Nigeria (1967); Rhodésie (1965) scession de la Grande-Bretagne pour instituer un État officiellement ségrégationniste devenu depuis le Zimbabwé.

3- Délestage colonial La volonté de l'État colonial de se départir d'une colonie devenue une charge tout en cherchant à préserver ses intérêts, en présence de pressions populaires inscrites dans le cadre général du recul colonial européen de première génération.

Cas des colonies britanniques dont les rapports avec la métropole seront restructurés au sein du Commonwealth et par le biais de relations bilatérales privilégiées. Concerne le Canada, l'Australie, la Nouvelle-Zélande ainsi que les colonies africaines et asiatiques du domaine colonial britannique.
Cas de la France en Afrique avec le franc CFA, etc.
Cas général du domaine colonial espagnol

4- Démembrement extérieur Il s'agit d'accessions à l'indépendance qui ne se produiraient pas sans la volonté de démembrement de pays existants par des puissances étrangères pour servir des intérêts géo-politiques globaux (cas des États-Unis avec ou sans l'OTAN). Ce redécoupage des cartes peut prendre des accents néo-coloniaux. C'est un processus moderne qui fait largement appel à «l'idéologie de l'humanitaire» ou «sécuritaire», c'est selon et s'accompagne souvent de l'exacerbation délibérée des tensions ethniques, religieuses ou territoriales.

Cas d'Israel, cas tardif d'une implantation coloniale de peuplement sur le territoire d'une population déplacée ou superposée sur elle, opération parrainé par la Grande-Bretagne.
Cas du Kosovo dans le cadre du démembrement de la Serbie par l'OTAN,
Cas du Soudan / Soudan du Sud ?
Cas des républiques auto proclamées (voir DUI précédée d'un référendum) de facto (voir plus bas) des républiques de Donetsk et de Lugansk, poussées hors de l'Ukraine par l'expansionnisme de l'OTAN (coup d'État, encouragement de la russophobie et de l'ukro-nazisme).
Cas de la France de de Gaulle, celle du «Vive le Québec libre», qui sans pouvoir prétendre au démembrement du Canada de l'extérieur, intervint comme l'expression d'une volonté (restée sans suite) de contenir l'essor de la projection de puissance anglo-saxonne dans le monde.
Cas anticipés aujourd'hui de menaces sur l'intégrité territoriale de l'Irak, de la Libye et de la Syrie.

NOTE IMPORTANTE  : À l'instar de l'Écosse et de la Catalogne, respectivement intégrés dans l'OTAN par la Grande-Bretagne et l'Espagne, il faut considérer le Québec comme un cas pour lequel ne joue en sa faveur aucune force extérieure intéressée par le démembrement du Canada. Malgré le commerce important du Canada avec la Chine, celle-ci n'a aucune influence sur le Canada. La Russie est totalement discréditée dans l'opinion publique par une médiacratie aux ordres et n'a pas davantage d'influence, admettant qu'elle soit intéressée. La France est entièrement sous domination de l'OTAN (via l'Union Européenne) et ne pourrait retrouver certaines sympathies en faveur de l'indépendance du Québec que dans le cas de l'élection d'un gouvernement du Front national. Ce que voit d'un mauvais œil Sol Zanetti (Option nationale), adoptant ainsi une position «trotskyste» qui donne la préséance à la politique du «bien dans le monde» plutôt qu'aux intérêts bien compris du Québec. Peu lui chaut que la seule présidentiable (Marine Le Pen) qui défend un tant soit peu l'indépendance de la France soit la seule à pouvoir éventuellement sympathiser avec notre cause.
Par conséquent, le Québec est seul comme une barque en mer et ne peut se laisser séduire par le nombre de pays qui accèdent à leur indépendance car, comme on le voit, au nombre des indépendances récentes, il s'en trouve de nombreuses qui sont des indépendances fabriquées en tout ou en partie de l'étranger.
Quel chance reste-t-il aux nations subordonnées comme le Québec, ces cas ou aucune puissance étrangère ne veut briser le Canada? Le Canada étant déjà membre de l'OTAN et soumis à son leader étatsunien, «la puissance indispensable» ? Il faudra y réfléchir! Entre temps, la tentation est grande de penser qu'une éventuelle indépendance serait une souveraineté limitée (culturelle, représentation internationale, etc.), réalisable uniquement après avoir donné des gages à l'OTAN.
5- Indépendance de facto Ces territoires dont le statut définitif n'est pas encore fixé. Généralement absents de l'ONU, reconnus par quelques pays, parfois plusieurs, mais pas universellement reconnus. Ils disposent du rapport de force nécessaire pour jouir d'une certaine indépendance pratique mais n'ont pas la capacité de déclarer leur indépendance légale, de jure, sans risquer que leur existence soit menacée ou provoquer le déclenchement d'hostilités. Se compare avec 240 ans d'écart à la situation des États-Unies entre 1776 et 1783!

Cas du Kosovo, reconnu par plus de 100 pays
Cas de la Transnistrie, du Somaliland, du Haut-Karabagh, de l'Abkazie et de l'Ossétie du Sud
Cas de la Palestine


6- Guerre de libération L'indépendance accordée par l'État colonial à l'issue d'une guerre de libération nationale. Se résout rarement (jamais?) par un référendum mais par la négociation qui conduit à la reconnaissance de la souveraineté, qu'il devient superflu de ratifier par référendum.

Cas de l'Algérie, cas des colonies portugaises d'Afrique (Mozambique, Angola, Guinée Bisau) du Vietnam, de l'Afrique du Sud et du Zimbabwe (Rhodésie), notamment. Dans la plupart des cas, il y absence de structure étatique et institutionnelle permettant de faire avancer les intérêts nationaux. Une situation qu'il importe de distinguer ici de celle du Québec.

7- Lutte de libération pacifique ou principalement pacifique.

Cas du Raj de l'Inde (Grande-Bretagne) qui conduisit aux indépendances de l'Inde et du Pakistan. Comme dans le cas de la guerre de libération, l'absence d'une structure étatique est remplacée par la vigueur de la résistance populaire.

Les déclencheurs /accélérateurs de l'indépendance

L'indépendance, le passage du pouvoir d'un État à un autre, peut se faire de gré à gré mais il est rare qu'il se fasse sans une montée des tensions. Dans la période qui précède le dénouement politique de la question nationale, le rapport de force entre les parties s'exacerbe et prend la forme d'une crise suscitée et nourrie par deux types de déclencheurs /accélérateurs que j'ai pu distinguer et que j'illustre par des exemples du Canada-Québec.

1- Une affaire litigieuse devant le parlement qui, si l'affaire est menée sans flancher, peut évoluer pour atteindre le point de rupture.

a) Ce qui fut le cas en 1834-1837-38 – si on admet que la rébellion a été provoquée pour être écrasée dans l'oeuf – on peut poser raisonnablement l'hypothèse que sans la répression qui a suivie la lutte parlementaire entamée en 1834 aurait fini par aboutir
b) Plus récemment le cas de l'échec de l'accord du lac Meech qui a fourni la meilleure occasion au Québec de déclarer unilatéralement son indépendance (par Bourassa, en 1990, qui l'a presque fait d'ailleurs...) et de tenir immédiatement après un référendum de ratification que tous les sondages donnaient gagnant.

2- Des événements extérieurs qui ont un effet catalytique sur les conditions internes : guerre, crise...

a) Cas de la pendaison de Louis Riel en 1885 à Régina, qui fut l'occasion de soulèvements importants au Québec pendant une semaine avec en pointe 50 000 montréalais dans la rue.
b) Cas la crise de la conscription de 1918 ponctuée de troubles dans la ville de Québec avec présence des forces armées. Une partie de l'élite canadienne-française derrière la cause, Henri Bourassa et une partie du clergé.
c) Faut-il anticiper l'effondrement économique du Canada ou des États-Unis ?


Référendum – sa pertinence (rarement) et ses mirages (souvent)

Les deux référendums tenus au Québec le furent pour signifier au fédéral la volonté du Québec de s'asseoir à la table de négociation. L'histoire des indépendances tend à montrer que lorsqu'un État offre la possibilité d'un gouvernement fort, comme le Québec, il ne devrait pas y avoir de référendum sur un tel enjeu. L'obligation de négocier tient davantage de facteurs comme la légitimité, la pugnacité du gouvernement provincial, l'habileté politique, l'avancement de certains dossiers ainsi que de l'expression de la volonté populaire. En d'autres termes, elle tient du rapport de force qui évolue entre deux entités séparées par un litige, la partie demanderesse s'efforçant d'amener l'autre à négocier. Ce qui nous amène à pousser les distinctions sur la question référendaire.

Référendum de ratification de l'indépendance
Si un référendum peut constituer en temps opportun un instrument souhaitable, il n'apparaît pas comme un passage obligatoire dans le processus d'accession à l'indépendance de la majorité des pays. Pour le cas particulier du Québec, des attentes référendaires fortes ont été créées dans l'histoire récente sous l'influence de Claude Morin. Il aura fait du référendum un point de doctrine alors que celui-ci aurait dû demeurer un moyen d'action politique asservi à la stratégie et à la tactique. Or, il appert que la doctrine référendaire de Claude Morin a été vite avalisée par la direction du PQ qui ne disposait pas d'une volonté claire d'opérer un changement de statut pour le Québec. Le résultat est que cette confusion des genres n'a jamais été combattue adéquatement par le caucus et les intellectuels de la mouvance péquiste. Ces années Morin ont eu pour effet de ramener le large boulevard de l'accession à l'indépendance à un étroit sentier. Encore aujourd'hui, le Québec reste largement captif de ce que j'appelle la «fixette» référendaire, laquelle ne pourra être neutralisée que par une meilleure éducation politique. Entre temps, le «référendisme» en 2015 constitue toujours la doctrine officielle du Parti Québécois.

Un institut pour mettre le référendum à sa place (entre autres)
Il nous faut anticiper sur l'Institut de recherche scientifique sur l'indépendance. Comme plusieurs, j'aurais souhaité que l'Institut surgisse rapidement, rappelant la vigueur d'un poing fermé au bout d'un bras levé. Force est de constater qu'il y a ici une lenteur que l'on peut redouter comme annonciatrice de lourdeur... L'avenir le dira.

Chose certaine, la nécessité d'aérer la question référendaire est claire. Il faut replacer les référendums dans un contexte élargi, en relativiser l'importance en se rappelant la diversité des expériences nationales à travers le monde. L'utilisation du référendum ne se situe pas tant dans le cadre d'une problématique du pour et du contre. Cet outil s'inscrit plutôt dans le cadre d'une lutte où tous les moyens sont possibles et aucun n'est exclu. Il suffit de redonner à l'esprit la souplesse stratégique qui permet de choisir et de doser les éléments de la lutte politique intégrale, sans a-priori.

Un référendum gagné par la peau des dents en 1995 aurait été difficilement gérable. Un référendum gagné de peu dans quelques années (supposant que cela soit possible) le sera encore moins. Toute la haute fonction publique est occupée par des libéraux. Il en va de même de l'appareil judiciaire et des sociétés d'État, comme la Caisse de dépôt et de placement, les missions étrangères, et autres dépendances de l'État. Tout cet État profond, mis en place de longue date par les libéraux, allant des notables jusqu'aux malfrats, se fera fort de se constituer en pouvoir parallèle pour résister sourdement aux changements, voir saboter toutes les initiatives gouvernementales post-référendaires. Quant au PQ ? Il est toujours composé de militants et de dirigeants d'une persistante candeur politique qui n'ont pas voulu prévoir de plan B en cas de courte défaite en 1995, misant tout sur l'absolutisme référendaire, et de ces politiciens «apatrides» qui ont rejeté de leur propre corps un patriote et membre émérite de leur parti, Yves Michaud, dans la plus grande confusion politique, pour attendre ensuite quatre longues années avant de commencer à exprimer de molles excuses. Une situation emblématique des divisions au sein du PQ. Voudriez-vous aller au front, jouer la nation sur un autre va tout référendaire, avec de telles troupes pour affronter un redoutable adversaire planqué dans tout l'appareil d'État?
Si vous répondez oui, je ne donnerais pas cher de votre peau.







jeudi 17 décembre 2015

Référendum ou pas - quelle est la voie la plus fréquente pour accéder à l'indépendance ?

En réaction à cet article de M. Alain Raby

http://vigile.quebec/Le-mouvement-declarationniste#formulaire


Liste des pays ayant déclaré leur indépendance sans référendum :https://www.facebook.com/photo.php?fbid=1735364576691673&set=gm.627531357349381&type=3&theater

Vous pouvez ajouter à votre liste si on remonte un peu plus loin, les États-Unis, le Mexique et les pays d'Amérique du Sud; les pays africains et asiatiques comme les Philippines, le Vietnam, le Cambodge et la plupart des autres colonies. On peut ajouter les pays fabriqués par les puissances impérialistes anglo-saxonnes comme Israel, le Kosovo et les pays héritiers de frontières explosives, découpées arbitrairement par l'État colonial, comme l'Inde-Pakistan avec son Cachemire et son Bangla Desh, oeuvre britannique encore dans ce cas. Il n'y eut pas de référendums à ma connaissance dans tous ces cas, bien que les ententes  pour ce qui est du cas de l'Inde et du Pakistan, prévoyaient un référendum sur la question cachemérie deux ans plus tard, un référendum qui ne fut jamais tenu.

L'examen des processus d'accession à l'indépendance confirmerait que {{le référendum a été jusqu'ici un instrument rarement utilisé.}} La règle semble se partager en deux cas de figure. La DUI (déclaration unilatérale d'indépendance) avec derrière une volonté populaire suffisante, suffisante et indispensable pour que cède l'État colonial; ou, selon l'autre cas de figure, la volonté de l'État colonial de se départir d'un boulet de responsabilité tout en cherchant à préserver ce qu'il peut de ses intérêts. Ce dernier cas figurant souvent l'indépendance en tant que porte d'entrée au néo-colonialisme répandu en Afrique et ailleurs, lequel consiste à piller les ressources en faisant l'économie de la responsabilité coloniale qui obligeait a minima le maintien d'écoles, d'un système de santé et de l'ordre public copiés sur celui de la métropole.

En général, l'indépendance apparaît comme le résultat d'un rapport de force qui se joue tantôt sur les enjeux du moment à fort potentiel de mobilisation : une affaire litigieuse dont se saisit le parlement menée sans flancher et qui évolue pour atteindre le point de rupture. Ce qui fut le cas en 1834-1837-38, de nouveau le cas de l'échec de l'accord du lac Meech et, encore plus récemment l'épisode flash de la condamnation d'Yves Michaud, qui selon moi représentait un potentiel de mobilisation menant à la rupture. En d'autres cas, les circonstances extérieures peuvent avoir un effet catalytique sur les conditions internes : guerre, crise... Prenons ici les cas de la pendaison de Louis Riel en 1885 à Régina, qui fut l'occasion de soulèvements importants au Québec et la crise de la conscription...  Si un référendum peut constituer en temps opportun un instrument dans une panoplie de moyens, il n'apparaît pas comme comme un passage obligatoire dans l'accession de à l'indépendance de la plupart des pays. Naturellement, pour le cas du Québec, des attentes persistantes ont été forgées au Québec sous l'influence de Claude Morin. Cette influence avalisée par la direction du PQ qui ne disposait pas d'un plan clair d'accession à un changement de statut à l'époque fait que cette approche du référendum incontournable a été insuffisamment combattue de l'intérieur en temps opportun. Ces années Morin ont eu pour effet de ramener le large boulevard pas encore totalement exploré de l'accession à l'indépendance à un étroit sentier. Le Québec en a souffert et il reste  encore aujourd'hui trop largement captif de la «fixette» référendaire. D'ailleurs, le «référendisme» en 2015 n'est-il pas toujours la doctrine officielle du Parti Québécois ?

Il nous faut anticiper sur l'Institut de recherche scientifique sur l'indépendance promis par PKP, un institut qui tarde à voir le jour et à propos duquel à peu près rien ne filtre. Soeur Anne ne vois-tu rien venir ? Plus il tarde, plus les Québécois se prennent à s'interroger sur sa composition et sa pertinence. Sera-t-il une autre patente de professeurs d'universités habitués à penser dans le système (par opposition à penser sur le système) ? Sera-t-il pesamment plombé de membres triés sur le volet de ces nombreux retraités du PQ et du Bloc qui ont pu faire du bon boulot politicien mais qui sauf exception n'ont jamais produit le début d'un plan d'accession à l'indépendance  ? De journalistes provenant de la presse système ? De hauts fonctionnaires à la retraite ? De communicateurs ? Une flopée de bonnes âmes qui nous produiront un jour un rapport préliminaire mi-chair mi-poisson de x centaines de pages ? Exagéré ? Peut-être, mais cette figure de style n'a pour but que d'exprimer mon scepticisme grandissant.

Pourquoi je suis sceptique ?
Il y a deux problèmes.
La première question concerne la nécessité de réunir un état major fiable à la tête du grand parti souverainiste, une question qui n'est toujours pas réglée. On parle beaucoup d'unité des troupes ces temps-ci mais trop peu, pour ne pas dire rarement, de la confiance qu'il convient d'accorder à l'état major, à la direction et à l'élite souverainiste en fait. Or, cette question est cruciale et rejoint la question de l'unité des souverainistes. Pour ma part, il sera toujours prématuré de parler d'unité tant qu'un leadership de confiance ne se manifestera pas de manière convaincante. Malheureusement il n'est pas présent, en tout cas pas encore.

Le 6 décembre dernier je plaçais sur Vigile le commentaire suivant :

PKP avancera en terrain miné tant que son parti pourrait garder en son sein ceux qui, comptant sur l’impunité, sont prêts à poignarder dans le dos ses plus sincères membres-patriotes. Des excuses officielles du Parti québécois, qui réhabilitent entièrement Yves Michaud s’imposent avant le quinzième anniversaire et des blâmes avec sanctions devraient être adressées nommément à tout ceux qui ont participé à cette infamie. Voilà le premier geste à poser qui pourrait convaincre tout le monde que PKP a mangé ses croutes et qu’il a la stature d’un chef d’État. Soit la capacité de trancher. Il est impossible de faire l’économie de ce rétablissement de l’honneur, de ne pas « sauver » nos soldats, en ce cas le soldat Michaud, si l’on veut ouvrir avec un minimum de crédibilité le chemin pour d’autres chantiers. 

Or, j'étais tout à fait sérieux dans cette prise de position qui vise à interdire non seulement de se présenter aux élections mais également de priver d'accès aux postes clé de l'appareil du parti tous ceux et celles qui ont pris quatre ans avant d'exprimer mollement leurs premières excuses. Sans sortir les gros mots, que je ne veux pas employer, il est clair que le manque de discernement, le manque de sens patriotique, le manque de fidélité à la cause qu'ils prétendaient défendre ne leur permet plus d'occuper des fonctions décisionnelles. Agir fermement à cet égard serait une premier pas dans le processus de mise à l'ordre, de retour à la crédibilité et à la confiance.

La deuxième question concerne la volonté de défendre les frontières et les intérêts économiques de la patrie contre les prédateurs apatrides. PKP représente une bourgeoise nationale qui veut garder ici ses usines, ses centres de décision et son argent. Il faut que des positions plus explicites soient prises en regard de la défense des intérêts nationaux sur tous les plans, ce que le Parti québécois sous influence des idées et valeurs mondialistes a refusé de faire jusqu'ici, si bien que l'on se retrouve dans un projet de souveraineté dont on a peine à distinguer les contours. Patriote ou quisling ? Nous aurons l'occasion d'y revenir.

J'aurais souhaité que l'Institut surgisse comme une flèche. Comme en continuité de ce que fut un jour un poing fermé au bout d'un bras levé. À tout considérer, le retard qu'accuse le projet rappelle que l'institut ne sera jamais qu'un reflet de la volonté d'un partie de la population qui voudra bien s'armer sur les plans politiques, historiques et en toutes les matières utiles à l'accomplissement de son destin national. Pour un volet, la question se pose donc de développer ce que je viens d'évoquer plus haut.  Produire en quinze ou vingt pages des réponses rigoureuses, soutenues et bien étayés par trois à quatre pages de solides références, l'Institut aura déjà accompli quelque chose. Mais combien de temps faudra-t-il attendre pour que cela se matérialise ?

Les questions (provisoires) auxquelles il presse de répondre se résumeraient ainsi  :

1- L'occurrence des référendums dans les passages à l'indépendance
2- Le poids de la volonté populaire dans les basculements en faveur de l'indépendance
3- Qualifier l'importance des luttes parlementaires de préparation, de rupture et de dénouement portés par les États provinciaux et semi-indépendants
4- Un examen des États semi-coloniaux de tradition européenne (cas du Québec) afin de retracer leur processus d'accession à l'indépendance, Norvège, Catalogne, Écosse
5- Répertorier et comprendre les exemples de forcing, là où des États subordonnés deviennent des États de fait et ensuite des États de droit, cas des États-Unis, et les cas prégnants des États de facto d'aujourd'hui en ballottement : Palestine, Transnistrie, Haut Karabach, les républiques de Donest et de Lugansk.
6- Le droit international, ses ambiguïtés et ses failles en matière de droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.

Voilà quelques questions, un point de départ qui permettrait de tromper l'attente paralysante qui entoure la création du fameux institut que certains nous annoncent maintenant pour avril ou juin 2016. Ne vaudrait-il pas mieux démarrer de façon embryonnaire tout de suite que de  faire en «plus gros» et en «plus prestigieux» sous les feux des projecteurs pour aussitôt décevoir et risquer l'explosion en vol ? Je me pose la question.

La nécessité d'aérer la question référendaire apparaît claire. Il faut que les nouvelles études promises et dont rien ne justifie l'attente replacent les référendums dans un contexte élargi. Il faut en relativiser la portée en se fondant sur l'ensemble des expériences nationales à travers le monde. L'utilisation du référendum ne se situe pas dans le cadre d'une problématique du pour ou du contre. Au contraire, cet outil s'inscrit dans le cadre d'une lutte où tous les moyens sont possibles et aucun n'est exclu. Il suffit de redonner à l'esprit sa souplesse, la souplesse stratégique du combattant qui voudra doser les éléments de la lutte politique intégrale sans a-priori.




 

mardi 15 décembre 2015

Décadence politique et morale de l'Occident - le cas du Québec

Publié d'abord sur Vigile. Chronique no.1
http://vigile.quebec/L-independance-passe-par-le


Certains indépendantistes-souverainistes ne semblent pas avoir pris la mesure du recul moral que leur mouvement a subi dans l’opinion publique depuis au moins 1995. L’élite de ce mouvement, les élus au provincial comme au fédéral et ceux qui gravitent dans leur orbite portent une grande responsabilité dans l’érosion du prestige qu’a connu leur parti depuis les temps de l’incorruptible René Lévesque. Beaucoup de munitions gaspillés depuis, allumées en vains feux d’artifice, se soldent en perte de crédibilité morale et de foi en droiture politique. Sans rappeler tous le événements, d’un épisode à l’autre, d’opportunisme politique en slogans démagogiques, en passant doucement de petites compromissions en petites trahisons, le Parti québécois a perdu l’aura de crédibilité qui avait garanti la prise au sérieux de ses deux campagnes référendaires.
La décadence générale de la classe politique occidentale dont le Parti libéral est champion au Québec n’a pas épargnée le Parti québécois. Même sans les révélations de la Commission Charbonneau, exercice politicien crasse pour noyer le poisson payé par le cochon de contribuable, un exercice pour lequel la PQ a marché aveuglément ou hypocritement, c’est selon... Ne savions-nous pas déjà, observateurs avisés, que nous ne pourrions avoir accès qu’à des révélations tronquées et sans suite (témoignage de Marc Bibeau à huis-clos, etc.), le tout menant, au contraire de l’épuration des moeurs largement attendue, à une transition, hélas, vers le raffinement du système de la corruption sans y mettre fin, sacralisant au passage l’impunité des responsables politiques au sommet de l’État, du système Desmarais et autres puissances ?
Dans un tel contexte de corruption et d’impunité généralisées, le référendum réclamé par certains ne peut être qu’une farce. Le cadre organisationnel, qui suppose un État de droit dont la légitimité, l’autorité et la justice est a minima acceptée de bonne foi, est au mieux douteux et au pire absent. Il fait défaut.
Le redressement de l’État, la lutte pour le rétablissement de valeurs morales inspirées des heures les plus riches de notre tradition chrétienne est le premier pas que la situation exige. Il faut faire le ménage. On a besoin d’un parti d’incorruptibles. Un parti de patriotes et non d’un parti de petits ambitieux. Un parti de gens talentueux prêts à s’élever pour sacrifier quelques années de leur vie professionnelle sans rien attendre en retour, un parti de gens qui seront insensibles à la dictature de la mode et des marques, qui ne tomberont ni pour Harley Davidson ni pour une paire de jeans à 400$ ni intéressés à se faire mener en bateau sur un cruiser de luxe. Un parti dont les dirigeants disposent d’une armature morale, pour paraphraser Lionel Groulx, qui va au-delà de ces futilités. Un parti fait de gens droits dans leurs bottes, refusant tout pot de vin et toute hypocrisie, telle que celle que cautionna cet exercice à l’usage des naïfs (naïveté entretenue par les médias) que fut la théâtrale et impuissante Commission Charbonneau.
Sans cette épuration, sans cet exercice de salut national, sans cette revalorisation des pouvoirs politiques, administratifs et juridiques pour convaincre avec succès le cochon de contribuable et d’électeur, tout référendum apparaîtra comme une couche de m... sur un tas de fumier.
René Lévesque n’était pas sans défauts mais il apparaissait à l’instar d’un de Gaulle, quoique moindrement, et aujourd’hui d’un Poutine, comme un homme foncièrement honnête, patriote et voué sans faille au bien de sa patrie. Cet aura qui entourait le Parti québécois du temps de son fondateur, peu ou prou, ne s’est pas étendu, il s’est au contraire rabougri et finalement dissipé. Pour le PQ, il y fera face ou l’esquivera, le défi est immense. Il s’agit pour lui de faire un premier pas pour retrouver la confiance populaire, confiance qu’il a largement perdue. Beaucoup plus exigeant qu’il n’y paraît.

vendredi 11 décembre 2015

Réaction en rapport avec un article de Vigile sur l'islamisme radical



  • http://vigile.quebec/L-Islamisme-et-la-tenaille rapport avec cet article : 

    Gilles Verrier
    Monsieur Cloutier,
    Votre premier dérapage est ici :« des démocraties occidentales... »
    Ces « démocraties » sont les premiers soutiens de l’islamisme radical dans un billard à trois bandes qui a pour objectif de nier le droit à l’auto-détermination de pays comme la Libye, la Syrie et l’Iraq et tant d’autres. Le faites vous exprès ou vous avez un spectre de lectures à ce point étroit qu’une partie de la réalité vous échappe ? Votre démonstration peut être séduisante pour qui s’intéresse à la question sans s’y attarder, mais ne peut convaincre les internautes avisés.
    Ce qu’il faut dénoncer ce n’est pas l’islam indistinctement, mais la complicité de votre pays, le Canada, votre « démocratie occidentale », que vous ne cessez de ménager sur ce point, absolvant les relations privilégiées qu’il entretient avec l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie, ces monarchies ou semi-sultanats qui, alliés indéfectibles de l’OTAN, sont les premiers financiers et armateurs de l’islamisme radical. Inversement, je ne vous ai jamais entendu parler de l’islam russe (30 000 000 de musulmans) ou de l’islam chinois ou de l’islam iranien qui sont le fer de lance dans la lutte contre cette perversion de l’islam que constitue certaines déviations saoudiennes bien entretenues de chez nous, bien entretenues de ces « démocraties occidentales » qui à vous en croire lavent plus blanc que blanc, au point d’avoir javellisées pour vous le Canada, que de l’autre coté de la bouche vous n’aimez pas beaucoup. Votre indépendance consiste-t-elle à faire du Québec un clone du Canada sur le plan international ? Un siège des Nations-Unies à New York pour quoi faire ?
    Il y aurait matière à ce que le Québec se distingue ici par sa recherche de la vérité et par son refus de solutions toutes faites, qui ne sont généralement pas dans l’intérêt d’une petite puissance (le Québec indépendant) qui souhaite rester libre et respectée de tous.

lundi 7 décembre 2015

Réconciliation : Conjuguer notre continentalité néo-française avec notre territorialité québécoise



Etre issus d'ancêtres qui ont civilisé un continent, qui ont fondé les plus grandes villes américaines, et vivre à la remorque de toutes les minorités en leur propre province, quelle déchéance !
Hermas Bastien
Condition de notre destin national, 1935
(Cité par Christian Saint-Germain)

Il faut assumer en l'articulant le rapport entre notre continentalité et notre territorialité, lesquels ne sont pas mutuellement exclusifs mais s'inscrivent au contraire dans la singularité de notre histoire.

Se dire Québécois, comme marque d'appartenance nationale est récent, une cinquantaine d'années. Pour être «plus» Québécois on a beaucoup promu l'idée dans les milieux autonomistes qu'il fallait exclure de nos consciences une identité plus ancienne, l'identité canadienne francophone. Être Québécois, c'est une identité qui coïncide avec un territoire, le territoire de la province de Québec défini par la Constitution de 1867 et modifié ensuite par le rattachement de Terre-Neuve au Canada en 1949. L'identité territoriale québécoise a ceci de particulier qu'elle tend à gommer l'occupation du sol par deux nations.  Le Canada anglais, qui y domine toujours, et les «descendants des vaincus» qui peinent toujours à faire valoir leurs droits. En revanche, derrière l'appellation de Québécois se trouve la volonté de prépondérance politique des Canadiens francophones sur un territoire bien défini.

L'identité québécoise n'a donc pas que des qualités pour les descendants des vaincus, surtout si cette identité se coupe de ses sources. La source de l'identité québécoise francophone se trouve dans la Nouvelle France et le Canada francophone. On a beaucoup cru depuis cinquante ans que de délaisser ces identités était nécessaire pour être Québécois, entrer dans la «modernité» a été invoqué comme un mouvement de rupture nécessaire avec notre passé identitaire.

Si l'identité territoriale québécoise ne saurait être remise en cause, on constate aujourd'hui qu'elle n'est pas incompatible avec nos autres identités. Bien plus, se séparer de nos identités fondatrices ne constitue pas un enrichissement mais un appauvrissement considérable.

En ce sens, nous avons au même titre que les autochtones le droit de revendiquer une pré-existence continentale, antérieure à l'établissement des États successeurs modernes que sont le Canada et les États-Unis. Ce concept de réconciliation entre notre soif du grand large et des grands espaces, qui se retrouve dans notre héritage néo-français, n'enlève rien, bien au contraire, à notre volonté de maîtriser notre destinée par un État posé sur un territoire défini.

7 décembre 2015
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La renaissance de la Nouvelle-France, clé de l'américanité québécoise


Gilles Verrier
      17 juin 2002



Une minorité coupée en deux
On admet généralement que les États généraux du Canada-français, tenus en 1969, consacrèrent en quelque sorte le schisme historique du peuple canadien-français. C'est à cette occasion que les délégués du Québec affirmèrent leur identité québécoise alors que les autres, ceux des autres provinces, restèrent Canadiens dans le sens traditionnel du terme. Le sentiment d'appartenance à un seul et même peuple francophone, sentiment qui avait prévalu depuis toujours, commença alors à s'effriter. Simultanément, le déclin des institutions religieuses dont les œuvres dans les domaines de la culture, de l'éducation et de la santé suivaient les Canadiens-français partout, continua de saper les solidarités de jadis. Bref, ce fut le début de la fin d'une identité partagée, un changement majeur dans la dynamique francophone continentale(1). Toutefois, on ne peut expliquer de façon satisfaisante le renforcement de cette tendance au cours des trente dernières années sans prendre en compte le rôle structurant joué par le fédéral pour cristalliser l'opposition des intérêts entre ce qui devint désormais les deux portions de la minorité francophone du Canada. 
En effet, la politique fédérale de bilinguisme instaurée par P. E. Trudeau renforça le sentiment de séparation effective des francophones en créant deux zones distinctes, deux statuts opposés, au sein même de la minorité linguistique du Canada. Existe-t-il une politique machiavélique typiquement anglo-saxonne ?(2) En tout cas, ici, on s'appliqua à diviser pour régner. Il advint donc que les francophones ne pouvant espérer mieux qu'une sorte de survivance furent soutenus financièrement et parfois même artificiellement alors que ceux qui grâce à leur concentration territoriale pouvaient aspirer à dépasser la survivance, voire à souhaiter l'émancipation politique, furent minés par une politique fédérale d'appui systématique aux organisations qui représentent la majorité anglaise canadienne au Québec. Pour les fédéralistes purs et durs, il y a dix provinces égales en droit et en statut au Canada. Ils oublient toutefois que les lois linguistiques font exception à cette vertueuse égalité. Le Canada, l'État central, a bel et bien façonné deux zones linguistiques pour sa minorité francophone, lui réservant des traitements inégaux en raison de son importance. Cette division de la minorité en deux zones est apparemment un fait singulier. Le Canada est-il le seul pays qui est assez «tordu» pour édifier une politique nationale de deux langues officielles qui fait de chacune d'elles une langue majoritaire et une langue minoritaire à la fois? C'est comme si la Norvège considérait les Lapons comme une minorité là où ceux-ci sont peu nombreux et une majorité là où ils se trouvent concentrés. Absurde, dites-vous ? Faut croire qu'à force de côtoyer l'absurdité elle finit par passer inaperçue… 
Notre américanité
En dépit de tout, le resserrement des rapports entre les francophones d'Amérique devrait être une chose naturelle, hautement souhaitable. Dans un monde où la diversité linguistique et culturelle s'imposent comme des enjeux de première importance, la défense de cette diversité passe nécessairement par la constitution de solidarités nouvelles qu'il faut tisser, organiser et mettre en œuvre. Tout cela est indispensable si l'on veut constituer une solution de rechange viable sur le long terme à la culture et à la langue uniques.

 

Pour y arriver, il faudra dépasser l'obstacle dressé par une certaine rectitude civique qui atteint parfois des sommets dans la pudeur au point qu'il devient hasardeux de viser la superposition des appartenances, en l'occurrence le resserrement actif des liens francophones, sans être au mieux taxé de «passéisme canadien-français» et au pire d'«ethnicisme». Ceci dit, au-delà des politiques de division entretenues par Ottawa, il faut reconnaître que les fondements traditionnels de la cohésion francophone sont disparus et le combat d'aujourd'hui ne consiste pas à les ranimer. Il faut plutôt s'employer à trouver les nouveaux et puissants ressorts qui feront renaître une communauté américaine francophone dynamique. 
À l'ère des identités et des appartenances multiples, il ne faut pas hésiter à se saisir de l'esprit intrépide et avant-gardiste de la Nouvelle-France pour en faire le socle d'une nouvelle alliance continentale des francophones. 

 

L'américanité, ce concept un peu galvaudé et fétiche du professeur Gérard Bouchard, a plusieurs visages. Si l'américanité possède un visage étatsunien illustré jusqu'à plus soif par Hollywood sur les écrans du monde entier, elle a aussi un autre visage, occulté par la domination anglo-saxonne sur l'ensemble de l'imaginaire américain. Visage voilé par un colonialisme qui étouffe l'expression du meilleur de nous-mêmes, qui nie nos propres repères et nos plus légitimes fiertés, nous défend de brandir fièrement des faits et gestes historiques qui, pour un peuple libre, seraient tenus en haute estime, enseignés dans toutes les écoles et portés sur tous les écrans petits et grands. Car l'épopée de la Nouvelle-France n'est pas une petite affaire. En revendiquer l'esprit tient lieu d'acte novateur et libérateur. 
La Nouvelle-France est une formidable épopée, nourrie par un désir authentique de connaître l'autre, de lier les peuples davantage par le sang du métissage que par le sang versé. Les néo-français ont colonisé le Nouveau monde avec une ouverture d'esprit qui étonne. Ils sont allés à la découverte de réalités et de territoires nouveaux, en ont dressé les cartes, les ont décrits et les ont occupés avec une économie incroyable d'hommes et de ressources matérielles. 
Si la colonisation étatsunienne et plus généralement la tradition coloniale britannique sont caractérisées par une violente conquête de l'Ouest, l'écrasement des établissements métis, le refoulement des autochtones dans des réserves et la spoliation de leurs territoires, il existe un contre-exemple. Si les Étatsuniens peuvent trouver grandeur, inspiration, fierté dans leur américanité et en faire partager l'émoi à l'échelle planétaire, la renaissance de la Nouvelle-France devient impérieuse. Le discours de l'Amérique sur elle-même est tronqué. Il sera toujours incomplet sans la renaissance de la Nouvelle-France. Cette renaissance renferme les ressorts d'une autre face de l'américanité dont la valeur est au moins égale à la première. 
Bien sûr, il ne faut pas tomber dans la facilité. Il n'est pas question de se satisfaire de contrastes esquissés à grands traits. Les experts apporteront d'autres éclairages, préciseront les faits et feront toutes les nuances nécessaires. Tout n'est pas noir et blanc mais, en dernière analyse, les différences qui ont marqué la rencontre des peuples autochtones avec l'un ou l'autre peuple européen, rencontres qui inévitablement devaient prendre une forme coloniale n'en faisons pas mystère(3), sont d'une envergure insoupçonnée. Si on a étudié l'histoire sous le rapport des colonisations comparées, on l'a encore trop peu fait. L'historiographie générale, dominée par les anglo-saxons d'esprit protestant, n'a-t-elle pas naturellement tendance à aplanir les différences entre les expériences coloniales ? Il faut donc se méfier de l'autre facilité, hypocrite ou mensongère, qui voudrait que toute colonisation soit également condamnable.
Voyons quelques faits marquants. La citoyenneté accordée aux Amérindiens par Richelieu dès 1627 sous condition de prendre la foi catholique, la Grande paix de 1701, le respect des indigènes et l'égalité avec eux dans une vie souvent étroitement partagée, sont sans équivalents à l'échelle des deux Amériques. L'exploration de 70% du territoire nord-américain par moins de 6 % de la population (4) est un exploit  grandiose, peut-être sans équivalence dans toute l'histoire des exploits coloniaux. Toutes ces réalisations ne pouvaient être possibles sans une attitude pacifique mais audacieuse et un savoir-faire particulier permettant de nouer rapidement des relations de confiance avec tous les peuples rencontrés au passage.

 

Les Néo-français explorèrent l'Amérique. Ils ne le firent pas en guerroyant partout où ils mirent les pieds, ils le firent dans un esprit de partage et de coopération. C'est une autre Amérique qu'ils inventèrent. 
Pourquoi le socle nous permettant de recréer des relations étroites avec les francophones d'Amérique ne serait-il pas l'appartenance commune à cette merveilleuse saga néo-française, une américanité particulière qui, si elle a peu à voir avec un Hollywood biaisé, n'a, en revanche, rien à lui envier ?

 

L'histoire de la Nouvelle-France est une histoire glorieuse. Nous pouvons plonger dans cette épopée et nous l'approprier pleinement pour la traduire en films, romans, chansons, opéras et la faire revivre de toutes les manières. Les valeurs de coopération, le désir d'aller vers l'autre et la soif authentique de connaissances s'y trouvent partout, à l'état de traces ou de semences, de Cœur d'Alène à Dubuque en passant par Saint-Boniface et Rivière-la-Paix. Dans leur particularité ces valeurs sont intemporelles et universelles. Néo-français et Québécois. 
Comme Néo-français, nous sommes unis (comme un possible et un passé) à tous les Néo-français et aux Métis d'Amérique. Nous pouvons revendiquer la vue sur les Rocheuses (eh oui !), que La Vérendrye et ses fils furent les premiers Blancs à voir en spectacle et à décrire, comme étant la nôtre. Nous pouvons revendiquer les appellations françaises de centaines de lieux, villes et villages du Canada et des États-Unis; l'exploration du Mississipi et du Missouri par Louis Jolliet et le Père Marquette. Par notre identité néo-française nous réconcilions, comme Québécois, notre besoin d'un pays propre, forcément limité sur le plan du territoire, le Québec, avec notre attirance traditionnelle, voire notre amour des grands espaces et du grand large, notre ouverture sur l'Amérique et sur le monde.
EN COMPLÉMENT
Reproduction d'un texte paru sur Avant-Garde Québec Pierre Martin (Extraits) 
En défense de la Nouvelle-France 
(…) le projet indépendantiste (et tout projet de société) est d'abord d'ordre poétique avant d'être politique : seul le mythe peut donner un sens à la volonté des peuples, les Américains l'ont bien compris, eux qui imposent les leurs à toute la planète. Il importe donc de retrouver nos propres mythes en faisant revivre la Nouvelle-France qui, s'il n'eut été du désastre anglo-saxon, était en passe d'établir de nouveaux paradigmes pour l'humanité, et ce, avant la révolution française qui, d'ailleurs, doit beaucoup à l'expérience franco-amérindienne. 
Retrouver l'esprit de la Nouvelle-France est donc primordial si nous voulons véritablement nous libérer.
Sinon, l'indépendance du Kébèk ne voudra rien dire puisque nous serons devenus des anglo-saxons parlant français. 
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(1) Idée originale de Claude Rifat qu'il défend vivement, en particulier dans des forums internet 
(2) Avec les conflits qui perdurent au Cachemire, au Moyen-Orient, en Rhodésie-Zibbabwe, (pour ne nommer que ces endroits) dont l'existence découle largement des politiques coloniales britanniques, on est en droit de se le demander. 
(3) Se référer notamment à l'œuvre collective «Le monde vers 1492», paru en 1999 
(4) «On constate que c'est vers 1680 que le Canada atteint la meilleure proportion de rapport de voisinage avec les colonies anglaises.» (Histoire des deux nationalismes au Canada, Maurice Séguin, annoté par Bruno Deshaies, p. 14) En fait, en 1680 les Néo-français comptent pour 6 % de la population des colonies anglaises. À la Conquête (1760), le rapport est de 4 % seulement, soit 70 000 habitants contre 1 600 000.
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http://vigile.net/archives/ds-souv/docs3/02-6-17-verrier-americanite.html