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mardi 23 octobre 2018

Le serment à la reine ou la trahison ordinaire

Un député qui refuse de prêter serment à la reine et qui campe devant la porte du parlement, c'est un oui référendaire à lui tout seul.
Assiéger le parlement en bonne et due forme serait un appel criant à des révisions constitutionnelles. Le siège provoquerait une crise de légitimité qui engage le colonialisme. Qu'est-ce qui fonde le droit d'un élu de siéger au parlement ? Un vote majoritaire de ses pairs ou un serment à une couronne étrangère ? 

Où se cachent nos valeureux républicains de la plume et du verbe quand vient le temps d'incarner les mots dans des actes ? La soumission de ces élus, ces poseurs que sont Nadeau-Dubois, Catherine Dorion, Pascal Bérubé et tous les péquistes forts en gueules, mais qui désarment devant la reine, n'ont-ils pas pour fonction de maintenir, comme une avant-garde déchue, tout un peuple dans la soumission ? Ils font de jolis petits préambules pour justifier leur trahison, croyant peut-être tromper tout le monde. Mais le jupon dépasse. Le serment à la reine est une conjuration du sort, comme le dit McNichols-Tétrault plus bas.  C'est  une condamnation auto-infligée, appliquée par les joueurs consentants de la « petite loterie » coloniale à un peuple qu'on entraîne à la soumission perpétuelle. D'ailleurs, voyez, tous ceux qui ont prêté ce serment, n'ont-ils pas refusé d'aller jusqu'au bout de ce qu'ils disaient être leur conviction ? Croyaient-ils à ce serment ou faisaient-ils juste un faux serment ? La question est ouverte. On pourrait spéculer que Parizeau en faisait un faux alors que Claude Claude Morin en faisait un vrai. Qui sait ? Mais, dans un cas comme dans l'autre, aucune des réponses ne peut être honorable. Ils se sont toujours vu sur un fauteuil dans le salon bleu, jamais à la porte, réclamant l'égalité des nations et la fin des survivances du colonialisme. La paye va au député assis.
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[mise à jour du 24 octobre 11:00]
Nos institutions parlementaires restent profondément marquées par le colonialisme britannique. L'alliance maudite se renouvelle à chaque législature par la prestation de serments des élus envers sa Majesté. Ce n'est donc pas une alliance entre la croix - le crucifix - et l'État qui est réalisée mais bien celle entre le trône et l'État, qui est périodiquement renouvelée. En imposant le crucifix, Duplessis introduisait un corps étranger dans les arcanes d'une symbolique coloniale, jusque là absolue. Mais le crucifix en gène plusieurs de ceux qui jurent loyauté à la reine. Mais de quelle autorité morale se réclament-ils pour demander son retrait ? Voudraient-ils retirer le Jésus en croix parce que cela leur met dans la face un symbole de droiture qui rend intolérable leur soumission coupable ? On aime Jésus parce que son Royaume n'était pas de ce monde. Autrement dit, il ne se serait pas pas plié devant la Couronne. La décision d'enlever le crucifix ne peut être celle de ceux qui ont prêté allégeance à la Couronne d'une puissance étrangère, autrement dit des traîtres.


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Documents

Le serment à la reine est-il autre chose qu'une trahison ? 

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Nic Payne

17 octobre, à 10 h 40 ·

Un peu comme dans "j'arrête de fumer après ce paquet-là".

Du temps d'Option nationale, je m'étais fait snobber solide par les prétendus anti-serment à la reine, parce que je refusais de faire comme eux et de promettre à tout venant que si un jour j'étais élu à l'Assemblée nationale, je refuserais de prêter ledit serment. Ma position était la suivante: je n'ai pas envie de faire des promesses que je ne suis pas certain de pouvoir tenir, juste pour épater la galerie. Même si je suis très sympathique à la cause, et même si je ne sais pas si j'arriverais à me convaincre moi-même de prêter un tel serment qui me révulse, je préfère ne pas m'engager à refuser de le faire en toutes circonstances car mon objectif premier est l'indépendance du Québec, et non pas l'abolition des symboles monarchiques à l'intérieur du Canada. De ce fait, si un jour, par exemple, on vient de m'élire et qu'il ne manque que ma présence à l'Assemblée nationale pour que nous puissions décréter l'indépendance ou la tenue d'un référendum sur la question, j'accepterais probablement de marmonner ce serment bidon auquel je ne crois pas pour qu'on puisse enfin agir, sans délai.

Ce n'était pas une position pure, ni parfaite, et on pourrait me convaincre, avec de bons arguments, d'adopter la position contraire. Quoi qu'il en soit, j'avais aussi argué, à l'époque, que même Jacques Parizeau et... Jean-Martin Aussant s'étaient pliés à ce serment, en disant à mes vertueux collègues qui me sermonnaient que j'avais bien hâte de les y voir à leur tour. Eh bien voilà, ils y sont. Et ils vont se ravaler et prêter allégeance à la reine d'Angleterre. C'est bien pour dire.
On ne m'en voudra pas trop de me moquer un peu même si, par ailleurs, j'appuie cette intention de QS d'abolir le procédé.

Commentaires :

Gérald McNichols Tétreault Nic Payne Un serment n'est pas un rituel anodin. C'est une cérémonie civile et sacrée qui atteint l'inconscient de celui qui le prête, et qui consacre l'honneur, la foi et la fidélité des chevaliers. L'indépendance du pays est d'abord une cause noble. Il faut une âme nette pour l'atteindre. La noblesse repose sur l'engagement. Le serment transforme celui ou celle qui le prête. Dire qu'il n'a pas d'importance, c'est dire que sa propre parole n'en a pas. Pour le vaincu, ce serment est un mauvais sort, tous ceux qui l'ont prononcé n'ont pas eu le courage d'aller jusqu'au bout. Ils ont composé des questions référendaires désarmées, ils ont tenté le beau risque et perdu, ils ont laissé sans protester le ROC occuper notre sol et souiller notre drapeau la veille du référendum de 1995, ils se sont consolés provisoirement dans un nationalisme provincial, ils ont adopté la langue de bois, ils se sont dits laïques sans avoir le courage de déposer le crucifix de l'Assemblée, bref, ils ont respecté à la lettre le serment au souverain britannique et canadien qu'ils avaient posé. Le serment est à la fois une humiliation, une arme d'assujettissement et une prison de la conscience. Quand je vois la pathétique photo de la députation de QS après le serment je vois bien qu'ils ont compris l'erreur irréversible qu'ils venaient de commettre. La parole est aussi sacrée que le pays puisque le pays n'a d'autre but que de protéger la parole. Je reprends le serment des Carbonaro cité par Paul Féval : ''Le fer est fort et le charbon est noir. Il y a quelque chose de plus fort que le fer, c'est la foi; il y a quelque chose de plus noir que le charbon, c'est la conscience du traître.'' (Les compagnons du silence)

Gérald McNichols Tétreault Pas de serment pas de salaire les députés sont les employés de la reine. Ils se sont soumis et ne feront jamais l'indépendance comme les autres avant. Les électeurs devaient payer eux mêmes leurs députés et au mérite, et aussi pouvoir les répudier en cours de mandat. Comme ça les députés seraient indépendants de la reine, des partis et des lobbies. Evidemment la reine, les partis et les lobbies s'opposeront à ça.

1 commentaire:

Marc Labelle a dit...

Vous écrivez :

« Un député qui refuse de prêter serment à la reine et qui campe devant la porte du parlement, c’est un oui référendaire à lui tout seul. »

Faux. Un référendum est une consultation populaire qui tire sa force de la participation simultanée de tous les citoyens au vote.

« Assiéger le parlement en bonne et due forme serait un appel criant à des révisions constitutionnelles. »

Les actions isolées sont des coups d’épée dans l’eau, peu audibles.

Il faut savoir choisir ses batailles et les préparer sereinement, plutôt que de perdre son énergie à afficher des postures d'indignation extrême, condamnées pour l’instant à la stérilité. Le serment d’allégeance à la reine tombera lorsque le peuple rejettera le régime canadien pour adopter le régime républicain par décision référendaire ou législative.

Je fais deux concessions. Lorsque nous aurons un nombre élevé de députés indépendantistes, il sera possible de procéder à l’abolition du serment à la reine pour bénéficier de l’effet accélérateur de ce geste collectif sur le changement de régime. Ou encore, l’abolition du poste de lieutenant-gouverneur pourrait faire l’objet d’une des questions d’un référendum sectoriel, pour faire avancer la cause de l’indépendance.

Tout est rapport de forces. Dans tous les cas, il faut l’appui du peuple ou de ses représentants pour en établir un en notre faveur. C’est l’action à travers des organisations politiques qui crée ce rapport de forces.

Marc Labelle