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mardi 16 octobre 2018

Puis vint l'expérience du Parti québécois

Puis vint l'expérience du Parti québécois. Tout allait en somme magnifiquement. 20% du vote au premier essai, en 1970, grâce au travail laborieusement préparé par l'action de l'Alliance
laurentienne de Raymond Barbeau, du RIN tout spécialement avec André d'Allemagne, Marcel Chaput et Pierre Bourgault, l'effort électoral du RIN-RN de 1966, et finalement, de 1967 à 1969, la grande, l'immense expérience des États Généraux. 30% du vote et l'élimination de l'Union nationale de l'Assemblée nationale en 1973. Mais voilà que la fringale de la partisanerie politique et du désir d'arriver au pouvoir à tout prix s'empare maintenant du Parti québécois, qui s'était d'ailleurs fondé en 1968 en désorganisant les États Généraux, dont l'oeuvre n'était pas terminée, tellement ça pressait de faire de la politique de parti chez tant de nos nationalistes.

Et l'on peut affirmer que notre faillite au référendum vient en grande partie de ce que dans cet esprit trop traditionnel chez nous, le parti une fois fondé s'est considéré comme le seul lieu valable du nationalisme québécois devant qui devaient, auraient dû disparaître tous les autres organismes nationalistes, tels les sociétés Saint-Jean-Baptiste, les diverses sociétés nationales, les États Généraux; où tous n'existent que comme des officines du parti et dans la mesure où le parti en désirait la continuation


François-Albert Angers
Contre ces tendances, j'ai défendu la thèse contraire que ce n'est pas le parti, ou un parti quel qu'il soit, qui fait la nation, mais la volonté bien formée de la nation, donc originant ailleurs que du parti, qui soutient le parti et lui permet de rester fidèle à une idéologie.
Le Parti québécois a finalement été déçu à ce sujet, parce qu'il a voulu se croire le soutien de la nation et a par trop méprisé les moyens extérieurs au parti qui peuvent modeler, soutenir l'opinion publique et permettre au parti d'avoir confiance dans le triomphe de ses objectifs et de son idéologie.


Jamais autant d'argent n'aura été souscrit pour soutenir la cause nationale par des patriotes qui ont la maladie d'une foi trop exclusive dans l'action partisane. Et parce que cet argent a été trop exclusivement utilisé à des actions étroitement partisanes, pas assez au soutien des oeuvres extérieures d'action nationale, l'idée nationale est apparue au parti comme plafonnant, comme cessant de progresser.

Pris par le désir du pouvoir, le parti s'est alors attelé à minimiser l'impact idéologique maximum et à inventer des formules qui s'ajusteraient au niveau inférieur de l'opinion populaire susceptible de conduire à une victoire électorale. Or à mon sens, ai-je sans cesse affirmé, quand un parti politique ne se sent plus capable de soutenir ses options dans l'opposition, alors que c'est plutôt la surenchère qu'il doit être en mesure de pratiquer pour assurer son triomphe, on peut fort douter qu'il puisse garder l'intégrité de son idéal une fois au pouvoir. La thèse de la composition avec l'idéologie fondamentale pour ne pas effrayer les gens et prendre le pouvoir, avec l'idée qu'il faut le pouvoir pour réaliser l'idéologie, n'a de sens et de valeur que si on songe, après le pouvoir pris, à répudier la démocratie et à imposer la dictature armée. Tant qu'il s'agit de gagner des élections, le pouvoir ne renforce pas les idéologies; il ne fait que multiplier les raisons et les occasions de les diluer si la force de l'opinion publique ne porte pas d'abord l'idéologie.

Telle est l'impasse dans laquelle le Parti québécois a conduit la cause nationaliste du Québec avec sa double stratégie de mise en veilleuse des arguments trop forts quant à la thèse fondamentale, d'abord pour gagner l'élection de 1976, et ensuite pour tâcher d'arracher un OUI à la question la plus bénigne possible au référendum. Combien différent aurait sûrement été le résultat si le Parti québécois avait su conjuguer dès le départ son action et ses finances — dont le succès était un signe de temps nouveaux — pour permettre la continuation régionale prévue de l'entreprise des États Généraux, soutenir mieux un journal quotidien indépendantiste indépendant et se montrer plus sympathique au travail des oeuvres et des entreprises d'action nationale dont l'acharnement séculaire seul avait rendu possible le déblocage des années 70.


Source L'Action nationale, Sept (?)1980, pp 28 - 29  

(Mon surlignage et mon soulignement)

Pour en lire plus sur le même sujet :https://gilles-verrier.blogspot.com/2018/10/en-1980-francois-albert-angers-plaide.html

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