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samedi 13 octobre 2018

La relation des États-Unis avec le Canada : D'allié à prédateur économique ?

Les négociations de L'ALENA exposent le manque d'indépendance du Canada

Le recul de la puissance américaine n'est pas sans danger

Dans cette analyse nous allons examiner la relation du Canada avec les États-Unis. Une relation qui comporte une part de dépendance psychologique qui se traduit en pertes économiques et expose inutilement le Canada à des risques futurs. L'intérêt du Canada, et ça vaut pour le Québec, ne serait-il pas de laisser de coté le boulet idéologique pour prendre en marche le TGV de la nouvelle économie mondiale ? Du coup, le Canada disposerait d'un bien meilleur rapport de force lorsque vient le temps de négocier avec son voisin du Sud ?  

Nous allons commencer par regarder les signes du déclin américain pour s'arrêter sur l'agressivité accrue des États-Unis dans ses relations internationales, comme un réflexe brutal pour prolonger une hégémonie qui n'en a plus les moyens. La prétention américaine de ne pas être « un pays parmi les autres » ne fait plus recette. 
Avec la participation de Robert Verrier

1- La dette 
Parlons des États-Unis et de la croissance exponentielle de sa dette. À quelles fins ? Aux fins de payer les intérêts de la dette elle-même et de soutenir la croissance infinie du complexe militaro-industriel. À part une réduction des taxes décrétée par Trump, il faut noter que le nouveau déficit additionnel à financer, estimé à 833 milliards $, se situe dans des investissements essentiellement non productifs, qui ne créent pas ou très peu de valeurs réelles par rapport au volume de monnaie en jeu. 
Quelques chiffres : 
De août 2017 à août 2018 la dette US est passée de 19 mille milliards à 21 mille milliards.  La part détenue par la Chine est de 1170 milliards, ce qui est substantiel.
Le déficit prévu pour 2019 est de près des mille milliards. C'est donc dire qu'il n'y aucun renversement de tendance en vue.
2- Pressions, menaces et sanctions 
Une politique économique devenue plus agressive. Par différentes manoeuvres, et sous divers prétextes, les États-Unis forcent la main de leurs partenaires économiques. À des degrés divers, la Chine, la Russie, l'Europe, le Mexique et le Canada en font les frais. Donc, nous avons une politique financière et économique qui vise à la fois les alliés de toujours et les pays rivaux, bien que les exigences se modulent différemment pour les uns et les autres. Néanmoins, on ne peut éviter de noter fréquemment la présence d'une réthorique agressive. Le recours aux menaces et aux sanctions est en passe de devenir la formule habituelle pour le règlement des différends commerciaux et autres désaccords. On justifie les sanctions et les tarifs imposés sous divers prétextes,  mais rarement les contentieux sont-ils soumis à l'arbitrage ou à des évaluations indépendantes. Une façon d'agir qui affaiblit les institutions. Les justifications présentées sont ainsi entachées du doute légitime que fait naître l'unilatéralisme. Et c'est dans ce cadre peu diplomatique et peu coopératif que l'on enfreint le droit international et la libre circulation des marchandises. Ainsi, les États-Unis se montrent peu responsables du pouvoir qu'ils ont de battre monnaie pour les besoins des échanges mondiaux. Au contraire, ils abusent de ce pouvoir par la pratique d'un protectionnisme déguisé, qui cache mal leur insatiable désir d'augmenter la rente qu'ils perçoivent, grâce à la position qu'ils occupent à la tête du système financier mondial. Depuis quelques années ils redoublent à la manoeuvre pour échapper à un déclin qui semble inéluctable.
3- La réponse de la dé-dolarisation 
En réponse, les pays visés se protègent et répliquent de différentes façons. D'abord par la dé-dolarisation des échanges internationaux. Elle consiste tout simplement à utiliser les devises nationales dans les échanges bi-latéraux, laissant de coté le dollar. Ce changement qui s'amorce depuis quelques années est majeur. Il marque une perte de confiance envers un dollar qui ne se comporte plus comme une devise neutre. L'exigence de la neutralité - au moins apparente - est pourtant la qualité première que devrait garantir une monnaie d'échange utilisée en commun par tous les pays. Devenue trop orientée, la politique monétaire américaine est mise trop ouvertement au service d'un agenda de politique extérieure et intérieure. C'était peut-être la ligne rouge à ne pas franchir. La politisation accrue du dollar le révèle comme un moyen d'échange dont l'utilisation ou l'accumulation comporte maintenant des risques. Certes, les pays s'étaient accommodés d'une neutralité relative qui tolérait les écarts, mais là le phénomène s'est aggravé. On semble assister au bris d'un contrat tacite, une entente qui tenait depuis le découplage du dollar et de l'or en 1973, sous Richard Nixon.
Le 15 août1971, Richard Nixon met fin à la convertibilité du dollar en or.
Une décision qui fait du dollar américain la monnaie universelle
des échanges internationaux.
Les États-Unis pourraient-ils refaire la même chose aujourd'hui ?


En vertu de ce contrat, en fait, soyons clair, c'était une formule imposée par les États-Unis, le reste du monde donnait des avantages d'enrichissement aux États-Unis avec, en retour, la garantie d'un cadre stable, prévisible et sécuritaire pour les règlements internationaux et la croissance. Pas besoin de faire un dessin pour comprendre l'avantage exceptionnel qu'il y a à créer et à réguler la monnaie du monde entier dans le cadre de sa propre souveraineté nationale. La description même du phénomène, quand on le dépouille des salmigondis académiques, suffit à l'identifier à rien d'autre qu'un privilège impérial. 
Mais cela est en train de changer rapidement. La rudesse et les exigences de l'empire en déclin, qui se débat pour maintenir son hégémonie, font désormais partie de la nouvelle donne géo-politique.   
4- La réponse du largage des bons du trésor
À part la contagion que commence à prendre la dé-dolarisation, la Chine a décidé de se départir d'une partie de ses bons du trésor (3 milliards $ pour l'instant), qui sont, rappelons-le, des titres détenus sur la dette américaine. Ces titres sont vendus sur les marchés avec des intérêts variables sur une période qui peut aller jusqu'à une ou plusieurs décennies. Pour qui ne le saurait pas, la Chine détient 1170 milliards de $ en bons du trésor, ce qui en fait le plus grand détenteur de dette américaine à l'étranger. Si la Chine poursuit son délestage, les états-Unis seront dans le trouble. Possiblement en défaut de paiement. Cette année également, la Russie se départissait massivement de ses bons du trésor, un exemple que la Turquie a commencé à suivre.

Dans les circonstances, la déclaration du secrétaire américain au Trésor peut bien se faire rassurante :
« Que la Chine se départisse de ses bons du trésor ne m'empêcherait pas de dormir, clâme le secrétaire au trésor Mnuchin »
En fait, une telle déclaration publique ne trompe personne, Mnuchin a juste prononcé les mots que l'exercice de sa fonction commande. 
Ce qui risque de se passer
Si la Chine procède à la vente massive de bons du trésor, ceux-ci arriveront sur le marché en collision avec les nouvelles émissions. Si tous ces bons ne trouvent pas rapidement preneur, une augmentation des taux d'intérêt (la carotte) deviendra inévitable pour attirer les acheteurs. Pour le Trésor américain, cela aurait pour conséquence un rendement décroissant pour chaque nouveau dollar de dette. Avec un taux d'endettement si élevé et une économie qui se maintient à peine, jouer avec les taux d'intérêt c'est comme jouer avec de la dynamite tant la marge de manoeuvre est mince. Les marchés pourraient partir dans toutes les directions, mais la volatilité pourrait finir de convaincre un nombre important de détenteurs de se départir de leurs bons du trésor et de leurs dollars pour trouver refuge dans l'or ou se rabattre sur des devises arrimées à des fondamentaux plus solides. L'économie multipolaire déjà bien en selle pourrait en tirer profit, notamment avec les Initiatives des Routes et ceinture « Roads and Belts Initiatives », ouvertes à tous les pays. Selon moi, le système de Ponzi des États-Unis est devenu trop fragile pour assurer que les prochaines secousses ne l'ébranleraient durablement. Pour naviguer, il est toujours bon de savoir de quel coté le vent souffle. 
Les dangers courus par le Canada s'il ne corrige pas ses faiblesses 
L'ambition démesurée des États-Unis et le profil d'éternels gagnants qu'ils projettent risque de leur jouer des tours. D'abord, ils tolèrent mal la concurrence. Ensuite, pour faire tourner le gros de leur économie, le complexe militaro-industriel, ils ont besoin d'ennemis. Réels ou fabriqués, il en faut.  Que ce soit la Corée du Nord, l'Iran, le Nicaragua, le Vénézuéla, les États-Unis sont de véritables producteurs de menaces en série. Pour le moment la Russie fait bien l'affaire. La menace russe et la russophobie, qu'on combat comme des moulins à vents, ne sont, en fait, rien d'autre que l'extension d'une politique commerciale fondée sur les armements. C'est également un outil de protectionisme qui s'applique à la fois à l' économique et au militaire. On a vu un beau cas où la menace à la sécurité outille l'intérêt économique quand Trump, en Europe, est allé réprimander vertement Angela Merkel pour ses achats de gaz russe plutôt que du gaz américain.

Ici même au Canada, pour participer à un grand jeu qui n'est pas le nôtre, on a cru bon de sacrifier le marché du poulet et du porc à destination de la Russie. Les remerciements sont venus plus tard. Ils sont venus sous la forme des concessions auxquelles le Canada a dû consentir à la récente renégociation forcée de l'ALENA. Si bien qu'après avoir perdu sur le porc et sur le poulet, nous perdons encore sur les produits laitiers. Pris au piège de leur exceptionalisme assumé, les États-Unis sont partout à la manoeuvre pour extraire des avantages auprès des pays qu'ils tiennent dans leur manche. La dépendance économique considérable du Canada envers les États-Unis, la foi un peu naïve qu'il a envers son grand allié, l'expose à des conséquences économiques négatives. Pendant ou immédiatement après les dernières négociations de l'ALENA, Justin Trudeau aurait dû prendre l'avion pour Pékin. Il ne fait aucun doute qu'il y aurait trouvé une oreille attentive pour négocier de nouveaux accords, notamment dans le cadre du plus ambitieux chantier de la planète, l'Initiative Routes et ceintures, dont nous avons parlé plus haut. Mais Trudeau a-t-il l'étoffe - sans jeu de mots - pour se comporter autrement que le clown qui s'est pointé en Inde ?  

D'autres pays se trouvent dans une situation comparable à celle du Canada, mais la proie canadienne est d'autant plus alléchante que le Canada exalte dans sa psychologie et dans sa politique la relation particulière qu'il a avec les É-U, allié, voisin, partenaire économique principal et sûr, etc. Pour le Canada, les États-Unis sont de loin le principal partenaire commercial. L'importance de cette relation ne peut être mise en doute. Mais quand les relations internationales prennent une tournure sentimentale et idéologique, les risques de perdre de vue sa comptabilité bien comptée et ses intérêts bien compris sont grands. Et c'est un peu ce qui se passe. Mais en réalité, au final, les pays n'ont que des intérêts. Or, négligeant ses intérêts, le Canada s'est placé dans une position de vulnérabilité face à son puissant voisin en proie à des difficultés incontrôlables. La sagesse du Canada voudrait qu'il se demande par où et comment viendront les prochains coups. Pour y parer, la moindre des choses serait qu'il se cherche des alternatives économiques pour réduire sa dépendance. 

Ne nous trompons pas, de fortes pressions internes et externes s'exercent sur le Canada pour qu'il campe sur sa routine et reste captif des États-Unis. Beaucoup font leur pain et leur beurre de la seule intégration continentale et résisteraient à tout changement d'orientation économique. Dans cette position de passivité, où le sonneur se contente de sonner les cloches, le Canada ne devra pas se surprendre de se faire encore rançonner. En revanche, la recherche d'équilibre voudrait que le Canada intègre sans délai plus de réalisme dans son logiciel économique : les États-Unis sont aussi pour lui un redoutable concurrent avec lequel on ne peut négocier sans avoir quelques cartes dans sa manche.
Ce n'était pas le cas avec les récentes négociations de l'ALENA, on pourrait aussi se rappeler celles sur le bois d'oeuvre. Elles ont aussi montré que les États-Unis peuvent se transformer en véritable prédateur économique quand il s'agit de leurs intérêts. On y reviendra plus loin. 

Le Canada risque un déclin économique forcé aux mains d'un voisin qui, pour sauver sa peau, n'hésitera pas à lui arracher concession sur concession, si cela lui donne un peu de répit. L'économie du Canada devrait donc s'engager très vite dans une politique vigoureuse de réduction de sa dépendance aux États-Unis. Le Canada devrait surprendre par son audace, comme Pierre-Elliot Trudeau l'avait fait à une autre époque, par la reconnaissance précoce de la Chine et de Cuba, deux pays que les États-Unis tenaient alors mordicus à garder dans l'asile des lépreux. Le geste audacieux avait soulevé beaucoup d'indignation sur le coup, y compris aux États-Unis, mais tout le monde avait fini par le féliciter. Il avait compris que le monde ne peut rester cloisonné. Une leçon que le fils n'a pas encore pigée. 
L'initiative des Routes et ceintures - plus de la moitié de la population
mondiale et plus de la moitié de l'économie mondiale. Une initiative de
développement ouverte à tous les pays. Le train rapide du développement économique ?

L'impératif de la diversification des échanges
On ne se racontera pas d'histoire, la marge de manoeuvre d'un Canada qui s'engagerait sur la voie de la diversification majeure de ses échanges internationaux est assez mince. Tentons de faire le tour de la question et l'on verra bien ce qu'il en reste.

Par choix, on ne s'arrêtera pas sur les échanges économiques du Canada avec les pays qui sont déjà ses partenaires économiques habituels et dont l'accroissement des échanges avec eux apparaît trop limité pour changer la donne dans le sens ambitieux où nous l'avons évoqué plus haut. On s'intéressera plutôt aux possibilités de sortir des sentiers battus, que sont les échanges établis et prévisibles, pour explorer plutôt des possibilités inédites et substantielles avec des pays dont le potentiel est sous-estimé ou présentement rejeté par le Canada. 

Certes, le Canada devrait envoyer des missions commerciales de haut niveau dans des pays comme la Biélorussie, la Russie, l'Inde, les deux Corée, le Vietnam, etc. et viser avec eux des relations commerciales plus étendues. Mais l'énoncé reste trop général.  

On pourrait aussi dire que le Canada devrait exiger que les biens chinois vendus au Canada ne soient pas expédiés depuis les entrepôts de stockage américains, mais le peut-il avec l'ALENA ? Cet énoncé reste d'ailleurs trop particulier. 

Il ressort que les deux créneaux offrant le meilleur potentiel pour modifier significativement son rapport de dépendance avec les États-Unis, puisqu'au fond c'est bien de cela qu'il s'agit, seraient pour le Canada la piste russe et la piste chinoise, en particulier l'engagement dans l'Initiative des Routes et ceinture (Roads and Belt Initiatives). 

Commençons par la Russie. La Russie, pour en évoquer brièvement le potentiel, offre une classe de technologie et une industrie qui peut faire penser à l'Allemagne. Elle est en mesure de contribuer à des projets technologiques et industriels extrêmement diversifiés. Les quelques vidéos qui suivent fournissent des informations qui ne nous sont pas facilement accessibles pour des raisons de fermeture idéologique. Il vaut la peine toutefois d'y jeter un coup d'oeil pour s'ouvrir à une réalité qui pourrait être inconnue de plusieurs: 12345. Rappelons au passage la supériorité incontestée de la Russie dans le domaine spatial et balistique, ce qui ne gène en rien sa capacité de réaliser des travaux comme le plus grand pont d'Europe, avec plusieurs mois d'avance sur l'échéancier.  Mais il faut oublier la Russie pour plusieurs raisons. D'abord, pour le moment, tous les feux de la belligérance américaine sont braqués sur elle. L'hystérie étant à son comble, il est rare de pouvoir entendre une discussion dans nos médias qui présentent des opinions différentes, si bien que l'opinion publique a été corrompue. Pour l'avenir prévisible, la route est donc barrée par les préjugés, la mauvaise foi et la belligérance. Et même si, pour recommencer, nos producteurs de poulet et de porc voulaient retrouver leur part de marché, ils verraient que leur place a été prise par d'autres. Comme l'histoire ne repasse pas les plats, les opportunités inutilement gaspillées peuvent être perdues pour de bon. 

Il reste la Chine. Un pays avec lequel les États-Unis ont maille à partir mais aussi un pays où le droit de commercer n'a pas été touché jusqu'ici. C'est de ce coté d'ailleurs que la croissance et l'innovation se font avec les plus prometteurs. Prendre en marche le TGV de la nouvelle économie mondiale menée par la Chine ne pourrait être qu'une décision avisée. Mais on voit que le Canada a des craintes à relever le défi, comme le laisse voir ce texte du gouvernement du Canada qui exprime toutes les réticences d'usage sur l'invitation de la Chine à embarquer dans son projet.

Comme on le voit, si il y avait une solution facile à la question qui se pose pour le Canada elle serait déjà trouvée. Il reste pourtant, selon nous, que la solution se trouve hors de la crispation d'une guerre froide 2.0, mais dans une ouverture plus sereine sur le monde. La difficulté d'y arriver est accrue du fait que la mentalité américaine - contagieuse - ressemble à une mentalité de perpétuels assiégés. Les caractéristiques d'une économie malade quant à ses fins, une économie mortifère, où la majorité des ressources est consacrée à la guerre, justifie la recherche perpétuelle d'ennemis qui les menacent, volet principal d'une politique commerciale pervertie.   


Sans naturellement avoir les réponses, il faut soutenir pour le Canada un déploiement international moins restrictif, inscrit dans une compréhension retrouvée de ses intérêts bien compris. Parallèlement, le Canada devrait s'assurer d'un plus grand degré d'auto-suffisance interne. Voilà le défi du Canada : diversifier au maximum ses liens économiques internationaux et renforcer l'économie intérieure sont pour lui la meilleure option pour ne pas se faire dicter sa conduite et se mettre à l'abri d'une prédation économique qu'il a bien des raisons de redouter. 

Je n'ai pas évoqué le Québec dans cette analyse, mais tout ce que j'ai évoqué plus haut s'applique évidemment à lui, bien naturellement dans la mesure de ses ambitions et de ses moyens. J'en profite pour faire un rare rappel du fait que l'indépendance du Québec mettrait celui-ci dans la même situation de dépendance que le Canada. Le problème de la latitude du Québec, sa dépendance dans l'indépendance, se poserait même avec plus d'acuité compte tenu de sa taille. C'est pourquoi ma réflexion sur le sujet m'amène à préférer la formule de l'égalité des nations, une solution plus ouverte sur le résultat, qui pourrait se conclure par l'indépendance ou une autre forme d'égalité convenable aux parties. Finalement, nous ne savons pas qui composera l'équipe économique de François Legault mais il serait souhaitable que leur ouverture d'esprit mette les intéressés en contact avec des idées comme celles que nous avons présentées ici. 

En guise de témoignage et d'illustration 
par RV
Faits à noter et à tenir compte, les entreprises étrangères faisant affaires sur le marché américain sont la cible depuis longtemps de pratiques agressives envers elles et qui les mènent devant des tribunaux.  Rappelons le cas de BP, dont on a souillé le nom et celui de son President lors de l’accident ou le feu a pris sur une plateforme de forage au large des côtes américaines et dans le Golfe du Mexique. Le dénigrement de l’entreprise a fait chuter ses actions doublement et le dénigrement de son président l’a forcé à quitter son poste. Et qui a pris sa place? Un américain. 
Nommons-en d’autres, Toyota, Nokia, Volkswagen. Rajoutons le cas encore exemplaire de BNP Paribas, qui a dû payer 9 milliards d'amende pour avoir enfreint une loi américaine dans ses rapports avec des pays étrangers. Pour ce que j'en sais Paribas est probablement à la merci du système de paiement international (SWIFT), tenu par les USA, et ne peut pas s'en sortir. De l'extorsion en d'autres mots.
 Du côté canadien c’était la même chose, toutes ou à peu près toutes les entreprises canadiennes que j’examinais pour investissement futur ou que je détenais à la bourse et qui faisaient affaire aux USA étaient poursuivies ou à risque de l’être. 
J’ai donc décidé d’éviter les entreprises canadiennes qui faisaient des affaires aux USA. Et, concernant les ententes comme l’Alena, on se souvient des taxes imposées unilatéralement sur le bois d’œuvre canadien. Même si l’OMC a éventuellement donnée raison au Canada dans ce litige, les USA ont mis fin à leurs taxes mais n’ont jamais remboursé les taxes perçues illégalement. 
Et ce n’est pas une histoire qui ne concerne que Trump. Durant la dernière campagne électorale Hilary a lancé une attaque à fond de train contre une pharmaceutique canadienne, Valeant. D'autres actifs canadiens ou étrangers se font régulièrement épingler et passent à la caisse. Tout cela pour dire que ce jeu d’étrangler ses partenaires commerciaux étrangers n’est pas nouveau aux USA. Je veux dire comme pratique exercée à répétition. Qu’est-ce qu’il y a de nouveau? Son niveau d’engagement. S’en prenant à tout le monde en même temps ? Et après tout ce qui est arrivé avant. Il n’y a plus d’entente plus rien qui tienne. Et si ce chantage réussit ? Que sera l’étape suivante ? Un niveau encore plus élevé de réclamations, de plaintes, de taxes, de sanctions et de menaces ?
Quelques notes 
1- La montée en flèche du déficit sous Trump, a deux volets, l’augmentation substantielle du budget militaire, et les baisses de taxes. Les deux apportent de l’argent dans l’économie et la stimule disons, artificiellement. Oui l’investissement dans le militaire est caduque en soi, mais les baisses de taxes libèrent de l’argent qui reste dans l’économie de fonctionnement. La stimulation de l’économie produira un apport de revenus pour le gouvernement. Mais ce genre de stimuli par la dette, n’est pas habituellement une formule gagnante. Si c’était le cas, la clé du succès serait trop facile, tous les pays l’adopteraient. Reste que seuls les USA gèrent de façon nationale la devise du commerce mondial. Ont-ils la possibilité d’imprimer les billets à leurs guise pour payer les intérêts générés par les dépôts faits par les clients? Il y a certainement une marge de manœuvre ici pour les USA que personne d’autre ne possède dans l'économie mondiale. Face à ce jeu, la Russie a décidé et par la force des choses de se retirer. Et il est prévu pour elle une croissance du PIB de 1,8 % pour l’année à venir. On ne meurt donc plus de ne pas être dans les bonnes grâces de l’oncle Sam !? 

2- On parle donc ici de ventes très importantes et qui surviennent au moment d’un besoin accru de la FED. Dans ce contexte, le fait que la Chine et la Turquie inscrivent des ventes nettes, s'accroît la difficulté à surmonter le trou créé par la Russie. 
La Chine est dans une position bien différentes de la Russie dans ce dossier. Elle n’a pas intérêt à faire tomber les bons. Cependant, après le départ de la Russie, il est très significatif de remarquer que le réflexe de la Chine n’a pas été de combler le trou créé par des achats nets de bons. La Chine subit des pressions énormes actuellement de la part des USA. Le rapport de force engagé et son dénouement déterminera probablement son attitude subséquente vis à vis les bons. Mais si elle devait reprendre ses achats, il me semble qu’elle ferait une erreur. C’est que la gestion économique aux USA se fait unilatéralement et de façon essentiellement égocentrique. La prudence veut qu’il soit préférable de réduire son exposition plutôt que de croire que le soutien de ce système bancal sera bénéfique. Mais en sortant 3 milliards sur les 1,170 milliards qu’elle possède, la Chine prendra du temps à réduire réellement et substantiellement son implication et exposition à ce niveau. 
Poursuivant, le monsieur de la FED, Mnuchin, peut dormir tranquille. Tant mieux pour lui, reste que la Chine est capable de provoquer un défaut de la FED. Si elle réclamait dès les prochains mois le simple remboursement, disons de 10 milliards, cela créerait la panique. Alors qu’elle pourrait aussi bien réclamer 40-50 milliards. Ce qui serait un genre d’échec et mat. Aussi bien le monsieur prévoir quelques pilules pour dormir dans l’avenir. On ne sait jamais!? 

La tendance est à la vente vis à vis des bons US pour certains gros joueurs, et la demande du Gouvernement s’accroît. 
Après les ventes massives de la Russie, environ 60 milliards depuis le début de l’année, voilà que la Chine et la Turquie emboîtent le pas. 
Le gouvernement américain a besoin de près  de 450 milliards cette année. 
Si la tendance à vendre se poursuit, même faiblement, le monsieur n’aura pas le choix de monter ses taux encore. Normalement la hausse des taux stimule la valeur de la devise.  
J’écoutais Clement Gignac à RDI cette semaine. Il utilisait un verbiage adapté pour expliquer les hausses d’intérêts. Je n’ai pas enregistré avec exactitude ce verbiage, mais il tend à dire que les hausses de taux sont du rattrapage et que c’est essentiellement normal. Ce verbiage a l’avantage de ne pas parler de la toile de fond. Ce Clement Gignac était chef économiste à la Banque nationale lors de la crise des technos. Et au plus fort de la bulle, il avait prédit de nouvelles hausses de valeurs. Il a été depuis ministre des Finances du Québec dans un Gouvernement Libéral. Lui aussi, la montée des technos ne l’empêchait pas de dormir. Et son avis erroné et remarqué à l’époque ne l’a pas empêché de poursuivre sa carrière. ( )   
Toujours est-il, que la hausse des taux va normalement stimuler le dollar US. Le dollar canadien et d’autres devises pourraient en subir les contrecoups. Le Huard à 60 cents du dollar US? 
La hausse des taux, je veux dire une nouvelle hausse importante à court terme, rendrait le service de la dette ingérable, et les produits américains ne trouveraient plus preneurs. Les oranges de Floride ne seraient plus achetables. Donc, le scénario à prévoir n’est pas « la dévaluation du dollar » mais sa « hausse. » Je parle selon la chronologie la plus probable...
Si il doit y avoir un effondrement  et le déclenchement d’une grave crise, il faut d’abord surveiller la dette. C’est là que ça va surtout se jouer. Et bien sûr, l’issu de l’épreuve de force avec la Chine. 
Mais entre temps, il y aura le 4 novembre et le blocus du pétrole iranien. De bonnes raisons pour surveiller ça même la nuit.
3- Les ventes des bons du Trésor sont d’abord attribuables à la Russie. Au début de l’année en cours, la Russie possédait 80 milliards de bons du Trésor. Au milieu de l’année elle en avait vendu la moitié. Et au rythme de ses ventes, il est possible d’imaginer que la Russie aura tout vendu avant la fin de l’année.

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