Pages

Dernière parution

L'Organisation du peuple canadien-français en Amérique d'après Alexandre Cormier-Denis

[m-à-j : 1 déc. 23h16]  Le mémoire d’Alexandre Cormier-Denis   ( Comité consultatif sur les enjeux constitutionnels du Québec au sein de la ...

jeudi 27 septembre 2018

Identité 101 - Sommes-nous Québécois ou Canadiens-français ?

[m-à-j 07-10-18 20:54]
Depuis l’imposition de la « québécitude » vers 1970, fait des néo-nationalistes du Parti québécois autant que des libéraux, notre peuple vit dans une équivoque identitaire troublante.
Savez-vous que l'identité québécoise a pour créateur Lord Halifax, artisan du génocide acadien ? Savez-vous que le nom The Province of Quebec apparaît pour la première fois dans l'histoire du monde dans une décision du Conseil privé du 19 septembre 1763 ? Une création anglaise pour brouiller, dès la conquête, notre identité de Canadiens. On voulait rompre avec elle par la division des territoires conquis et le changement de désignation de ses habitants. Il aura tout de même fallu deux cents ans pour que nous consentions à la cession de notre identité à nos maîtres. Un éclaireur (voir plus bas) nous avait pourtant prévenu dès 1865...  



Les anglos auront eu gain de cause néanmoins, nous convainquant finalement de revêtir nos habits de vaincus. Pire, nous les revendiquons comme s'ils avaient toujours été les nôtres ! Il faut le souligner, jusque là nos pères n'avaient jamais cessé de se désigner comme Canadiens. Une désignation que la Nouvelle-France leur avait laissée en héritage pour expliquer notre existence.

Parmi ceux qui s'opposaient à la Confédération de 1867, plus clairvoyant que les autres, Joseph-François Perreault avait vu venir la perte de notre identité. Mais d'une manière beaucoup plus incarnée que Jules Vernes, l'auteur de Famille sans nom.

Christian Néron écrit :
Dans  «  Les débats parlementaires sur la confédération  » le jeune député de 27 ans, Joseph-François Perreault, avait 
dit à la page 608 :
«« Notre nom de Canadiens, nous le perdrons ! »»
C'était dit en 1865, c'est arrivé en 1965, ou dans les années qui suivirent. Entre notre identité assumée et léguée (1763), notre identité croyante (1865), et notre identité reniée (1965-70), il s'écoulera deux cents ans.

Il n'y a de fierté à s'appeler Québécois que pour qui ne connaît pas son histoire. Cela s'applique à la plupart d'entre nous. Au nombre des aliénations qui en résultent, l'appellation récente ne permet pas de remonter à la  genèse de notre histoire. La cuvée « Quebec » s'arrête au régime colonial anglais. Ensuite, si on met les choses à l'endroit, la désignation Quebec devrait aller comme un gant aux coloniaux de la Conquête. Tout simplement parce que ce sont eux qui ont créée cette réalité politique à Londres, devenue notre identité d'emprunt.  Quant à nous, nous sommes toujours des Canadiens... enfin, si nous jurons quelque fidélité à nos ancêtres. Toujours bon à savoir pour qui voudrait donner du sens à la devise nationale : Je me souviens.

Plus près de nous, les années 1960. Celles de la funeste « québécitude ». Le fameux changement pour « Québécois » a coïncidé à peu de choses près avec l'adoption du concept anglo-saxon de la nation par notre élite nationaliste. Au sommaire, on en sera quitte pour une double capitulation. Le renoncement à notre identité d'abord, qui se doublera ensuite d'une plate adoption de la nation « civique ». Concept anglo-saxon, valorisé par une prétendue supériorité morale, voire une supériorité absolue. Bref, pour extraire la substantifique moelle de la nation dans le sens anglo, c'est un concept selon lequel l'appartenance à la nation est défini par la loi, c'est-à-dire par l'État. Or jusque là, nous avions toujours été une nation ethnique. Historiquement et culturellement constituée, au même titre que toute nation qui n'est pas un melting pot...  Nous étions une nation qui n'était pas engendrée par un principe de puissance, l'État; mais une communauté de conscience élaborée dans la matrice du temps. 

Quant on parle de peuple québécois aujourd'hui, on ne sait plus de qui on parle. Nous aboutissons en fait à une nation civique, qui est organiquement composée de plusieurs nations socio-historiques. L'ensemble est maintenu dans une confusion que des législateurs mal avisés ont codifiée dans la Loi 99, que plusieurs acclament pourtant comme un fleuron de notre volonté de vivre. Exception au manque de clarté de cette loi, les autochtones pré-européens sont les seuls qui y sont correctement nommés.

Avec le recul, être passés de Canadiens-français à Québécois n'a rien d'une libération, n'en déplaise à Mathieu Bock. C'est une déchéance identitaire qui se vit dans la souffrance pour tous les patriotes. Reconnaitrons-nous enfin que l'élite canadienne-française trahissait la continuité de la nation et commettait un acte de soumission en cessant de s'identifier à ce qu'elle avait toujours été ? Depuis, on a renoncé à défendre et à célébrer notre singularité nationale. Les Québécois ont appris à ne plus se nommer que dans un tout informe qui comprend les Anglais et les Néo-Québécois. Ils n'ont plus d'existence particulière dont ils peuvent témoigner dans la continuité historique, pour leur propre profit et pour l'enrichissement du monde. Les fondateurs de pays, les Canadiens-français, sont désormais pris dans un pluralisme structurel et légal qui ne fait que s'accentuer.

L'historien Jean-Claude Dupuis écrira sur ce sujet :
Historiquement, le PQ a fait beaucoup de dommage au Québec en dissociant l’indépendantisme du nationalisme canadien-français. Le prétendu « nationalisme territorial » qu’il oppose au « nationalisme ethnique » est incohérent. Un nationalisme est ethnique ou il n’est pas. Pourquoi séparer le Québec du Canada si c’est pour construire une société tout aussi multiculturelle ? Pourquoi prôner l’indépendance quand on est mondialiste ? Le PQ actuel ne ressemble pas au PQ du temps de René Lévesque. Son faible discours souverainiste n’est plus qu’une sorte de costume folklorique que l’on sort dans les congrès péquistes pour distraire les vieux militants (moyenne d’âge des membres du PQ : 61 ans). La « mise en veilleuse » du projet d’indépendance est devenue permanente.

Il faudra revenir sur le rapport entre l'État et la nation. Une question fort mal comprise. Entre temps, je vous laisse méditer sur cette question : Depuis cinquante ans, l'État du Québec a-t-il été utile ou nuisible à la nation ?

7 commentaires:

Anonyme a dit...

Je vous invite à lire ce texte:

http://nazbolquebec.blogspot.com/2018/09/manifeste-des-patriotes-communistes.html

Gilles Verrier a dit...

Personnellement, je suis né Canadien Français,
et suis devenu Québécois aussi et ai choisi de ne pas
faire disparaître mes origines,
(comme si il fallait disparaître pour naaître)

et malgré que le Parti québécois ait prétendu que le Canadien Français
devait disparaître, parce que on pouvait devenir Québécois sans effort,
instantanément, alors que tout ce qui ne demande pas d'effort à mes yeux
n'a aucune valeur, je suis devenu Québécois, mais, je demeure, avec fierté
Canadien Français, résistant à l'idée que Canadian et Canadien soient synonymes,
car ces deux mots représentaient bien deux peuples distincts,

alors, je n'hésite pas à dire à mes camarades et amis(es) immigrants(es) lorsque que cela adonne, et qui me demandent es-tu Canadien ?, qui es-tu ? tu te définis comment, si je réponds Québécois, je vois un peu de déception dans leur regard,
alors j'ai appris à leur dire, je suis Canadien Français, Québécois,
respectant la mémoire de celles et ceux qui ont su combattre et résister
avant moi, et aussi du temps de ma jeunesse canadienne-française,
dont je ne vois pas pourquoi il y aurait matière à de la honte.

Sans elles, sans eux, nous ne serions pas là à refuser de baisser les bras.

Salutations,

Gilles Verrier a dit...

Deuxième commentaire du même auteur anonyme - que je reproduis :

P.-S. : en résumé, au début, quand est apparu Québécois dans le sens non plus
de personnes habitant la ville de Québec, mais en plus tout le territoire du Québec,
Canadien Français et Québécois étaient synonymes,
puis le parti québécois s'est mis à identifier négativement Canadien Français,
comme s'il fallait avoir honte de soi, de ce que l'on était et avait été,
et y a ajouté que Québécois était bien mieux car ça s'acquerrait instantanément.

Or, quand les militants de l'indépendance criaient le Québec aux Québécois,
cela voulait aussi dire aux Canadiens Français,

qand la chanson le Grand Six Pieds a été composée par Claude Gauthier,
les paroles disaient ``je suis de nationalité canadienne- française``,
puis, après qu elques années elle a été modifiée par
je suis de nationalité québécoise,

on voulait valoriser le Québec,
mais quand les auteurs parlaient du Canada Français,
ils reféraient généralement à la majorité au Québec,
avec comme minorités perdues dans le Canada Ouest,
pour qui ils ne songeaient pas à une indépendance,
mais tout ça pour dire, que
pour les immigrants(es) que je rencontre à qui j'explique,
il est clair que pour elles et eux, elles, ils peuvent devenir Québécois(es),
mais que cela implique des conditions comme aimer la langue française,
l'apprendre, la parler éventuellement, désirer connaitre, aimer l'Histoire du Québec,
et petit à petit découvrir et mieux connaitre notre Histoire,
la démocratie, l'égalité filles, femmes, et garçons, hommes,
la liberté de conscience, la non-violence,
en gros c'est cela, selon moi,
les immigrants(es) peuvent devenir Québécois(es),
les Canadiennes Françaises, Canadiens Français peuvent devenir Québécois(es),
tout en ayant les deux identités historiques et synonymes,
mais les immigrants(es) peuvent devenir Québécois(es).

il ne faut pas avoir honte de notre passé, ni de notre histoire,
et regarder nos prédécesseurs(es) avec compassion,
quand on voit leurs erreurs, comme les deux référendums, et nos chefs qui nous y ont entrainés(es)
erreurs qui en furent de graves,
accomplies de bonne foi dans la naïveté et l'innocence...
mais aux conséquences mortifères dont on n'a pas encore vu toute l'étendue.

Unknown a dit...

Bravo, magnifiquement dit. un métropolitain.

Unknown a dit...

Bravo, magnifiquement dit. Un metropolitain.

Unknown a dit...

"Pourquoi séparer le Québec du Canada si c’est pour construire une société tout aussi multiculturelle ? Pourquoi prôner l’indépendance quand on est mondialiste ?" Tout simplement pour avoir les coudées franches pour inventer une société différente, avec des valeurs différentes. Le CasNada est un pays pétrolier, et il faut se sortir du pétrole avant qu'il ne soit trop tard. Le CasNada est un pays anglophone. Le Québec est un pays francophone. La séparation permet de récupérer nos richesses et nos pouvoirs législatifs.Les FrancoCanadiens qui partagent les valeurs d'un Québec indépendant n'auront qu'à venir s'installer. Les autres, qui préfèrent la richesse du pétrole sale de l'Alberta n'auront qu'à y rester.
Pas compliqué. Pour bâtir la société égalitaire et plus écologique qu'on souhaite, vaut mieux ne pas avoir 9 provinces et 2 territoires qui s'amusent à planter des couteaux dans le dos.
On est assez vieux pour faire nos propres affaires.

Anonyme a dit...

Carte de "The Province of Quebec 1763"
"A new map of the Province of Quebec, according to the Royal Proclamation, of the 7th of October 1763."

https://www.loc.gov/resource/g3450.ar058002/?r=-0.351,-0.048,1.568,0.833,0