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Le péquisme, une colossale imposture !

Patriotes, il est temps de rassembler ses esprits Le retour à notre identité originale est une condition de notre salut. C'est la seule ...

jeudi 22 février 2024

En deux images, l'évolution du Canada depuis la Loi constitutionnelle de 1982

Le Canada, un chef de file du Nouvel ordre mondial

La première témoigne d'une promotion sans cesse croissante des nations ethniques reconnues par le Canada. On notera que le Canada (et le Québec, du reste !) ne reconnaît que des nations ethniques, ce qui contredit une autre valeur de la constitution, l'individualisme de la Charte des droits. Le Canada a donc traité de la reconnaissance ethnique des nations, mais pas dans son ensemble. Il l'a fait selon la règle des deux poids deux mesures : refusant de la considérer dans son ensemble, laissant de côté deux cas majeurs en suspens.
Depuis les demandes de négociations formelles de Daniel Johnson sur l'ensemble du dossier constitutionnel des Canadiens-Français et des Acadiens, en 1968, le Canada de Trudeau (excluons l'intermède de Brian Mulroney) n'a montré aucune ouverture.



La deuxième représente la discrimination croissante en raison de la couleur de la peau (ou pour d'autres motifs) qui s'insinue dans un droit garanti à la différence infinie. C'est là le résultat du multiculturalisme constitutionnel qui met en péril notre société. Ça devient extrêmement difficile pour une province d'imposer des limites à l'immigration qui seraient fondées sur la préservation de la cohésion sociale ou d'une continuité historique, des arguments de bon sens, mais que la Cour suprême pourrait trouver mal fondés sur le plan constitutionnel. Les arguments du gouvernement Legault contre l'afflux migratoire sont d'ailleurs plutôt d'ordre économique, de capacités administratives, etc. Bref, on tourne autour du pot. Et, pour ne rien arranger, les valeurs multiculturalistes constitutionnalisées s'interposent aux mesures qui pourraient encourager une intégration plus vigoureuse à la société d'accueil, qui, de fait, est juridiquement inexistante. Nous sommes dans de beaux draps.

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Le Canada est en pointe d'une certaine société du futur. Avec sa promotion exacerbée des droits individuels, son immigration massive et son multiculturalisme, le Canada sert de laboratoire au Nouvel ordre mondial. Mais rappelons-nous que le droit à une appartenance nationale est un élément structurant d'une hiérarchie sociale qui part de l'individu, certes, mais le relie ensuite à des niveaux étagés d'appartenance, graduellement plus vastes et plus éloignés de lui. C'est un ordre que la mondialisation oligarchique met en péril, surtout en Occident. L'espace intermédiaire, lieu de culture et de civilisation, ne doit pas s'effacer. Même si le Canada le veut.

Dans l’avenir, les Canadiens-Français du Québec prendront conscience qu’ils forment, par la prépondérance de leur appartenance au Canada, une minorité nationale fragile. Chez ceux du reste du Canada c’est déjà fait. Cette minorité a toujours aspiré collectivement à des droits et à des protections. Plus qu’une communauté linguistique, elle est une communauté socioculturelle et historique, disons nationale. Mais, à la différence des Premières Nations, elle n’a pas tant besoin d’appuyer sur son ethnicité, et pas du tout sur une quelconque exclusivité ethnique. Dans le cas des Canadiens-Français l'appartenance a toujours été élective, et elle le restera. Qui veut se dire Canadien-Français le peut. La reconnaissance statutaire est ce qui importe le plus. C'est la clé des pouvoirs nécessaires pour assurer notre avenir. 


samedi 17 février 2024

Forum des partisans de la lutte contre les pratiques contemporaines du néocolonialisme

Éd. finale : 18-02-2024 10:18


Pour une participation d'acteurs non gouvernementaux du Canada français 


Pour la liberté des nations !


Les États-Unis ont obtenu leur indépendance en partie grâce à l'appui de la France, qui nous avait déjà oubliés. L’intervention de la France, dans le cas des treize colonies, illustre l’importance qu’il y a pour les peuples de soigner leurs relations internationales, ce que n’avaient pas manqué de faire les révolutionnaires américains. Des efforts en ce sens sont toujours nécessaires pour les peuples qui veulent s’affirmer ou se libérer d’une emprise coloniale classique, comme dans le cas des treize colonies. Aujourd’hui, les rapports de domination sont devenus plus sophistiqués. Le colonialisme classique a fait place à des formes de domination semi-coloniales ou néocoloniales plus dissimulées, cyniques et non moins injustes.  Il suffit de lever le voile du vocabulaire neutre, le nouvel habillage, pour trouver sous la Loi constitutionnelle de 1982 les survivances les plus culottées d’un régime colonial. Pensons seulement au processus de nomination des juges de la Cour suprême et à l’étendue de ses pouvoirs !  Au Canada, comme dans de nombreux pays, on restreint l’agir par soi des peuples et des nations. Ces déséquilibres sont encore aujourd'hui très présents et reprennent même de la vigueur. Du 15 au 17 février, se tenait à Moscou une rencontre de pays et d'organisations non gouvernementales (400 délégués provenant de 50 pays), tous insatisfaits de l'actuel état du monde. Dans une courte intervention, Sergei Lavrov, le ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, a manifesté son appui aux peuples qui veulent se libérer du colonialisme / néo-colonialisme. Il a fait état de 17 territoires à libérer des liens issus d'un passé révolu. Lavrov n'en a cependant nommé aucun. 




Si l’absence de noms peut faire travailler notre imagination, la liste des 17 pourrait réserver quelques surprises, mais il serait étonnant, en fait ce serait la plus grosse surprise, que les Canadiens de souche et les Acadiens soient du nombre. Depuis Lévesque et Trudeau, on l’a vu, les Canadiens-Français ont été refoulés. Ils ont été repoussés vers une existence provinciale exclusive, chaque segment de la nation rebaptisé avec un nom inventé, sous l’effet de lois d’ingénierie sociale conçues pour que rien ne subsiste de la nation issue de Nouvelle-France. Une dénationalisation bien menée, vendue comme un progrès indépassable, a fait que nous sommes aujourd’hui, affaiblis, divisés, et le plus souvent confondus dans le groupe anglo-saxon prédominant, notre personnalité nationale effacée.

 

Si les Canadiens et les Acadiens issus de Nouvelle-France passent aujourd’hui sous l’écran radar des peuples à libérer, c’est pour des raisons qui remontent à un virage qui date de quelque temps déjà. En effet, la lutte nationale a subi un changement de doctrine. Au Québec, elle s’est provincialisée et dénationalisée à mesure que se hissait la bannière de l’identité québécoise, une identité qui se conforme mieux au cadre et aux normes du fédéralisme. Avec l’aide des néonationalistes, le fédéralisme canadian a retiré à la lutte nationale son sens historique. Ce virage remonte à 1968, une année pivot, une année à retenir. 


Le néonationalisme québécois, aussi appelé la « québécitude », n’a jamais cru qu’il devait faire connaître ses revendications sur la scène internationale, aller chercher là des sympathies et des appuis. Contrairement à Daniel Johnson, un premier ministre du Québec qui voulait  s’engager résolument dans cette direction. 


La sous-estimation des appuis internationaux que doit se donner un peuple pour se libérer vient d’une doctrine politique qui occulte le recours constant à la force et à la duperie des Anglo-saxons dans l’aménagement de leurs rapports avec les Canadiens-Français et les Acadiens. Chez René Lévesque et ses successeurs, on a la conviction que la relation entre les Canadiens-Français (pour lui, les Québécois) et le Canada anglais est un litige entre partenaires. Les ambitions souverainistes sont de stricte politique intérieure, l’inégalité entre les « partenaires » est du reste rarement soulignée. 


On a donc l’impression que l’affaire ne concerne pas la communauté internationale. Qu’elle n’a pas non plus de dimension coloniale, une unanimité requise au Parti québécois ! En général, chez les porte-parole autorisés du PQ, on veut faire admettre que le différend avec le Canada peut se régler par des aménagements administratifs, grâce à la bonne foi qu’on anticipe chez la partie adverse. En 1967, le mémorable discours du Général de Gaulle qui se termine avec « Vive le Québec libre », fait entrer notre cause dans les nouvelles du monde entier. René Lévesque ne cache pas sa mauvaise humeur. Une visibilité internationale, pensait-il, pourrait indisposer nos « partenaires » et compromettre son plan de souveraineté-association ! Craignait-il de perdre ses acheteurs canadiens-anglais ? 



Pour lui, la cause se limitait à faire valoir une majorité provinciale en faveur de changements constitutionnels limités ou administratifs. Dans ce cadre, un exercice référendaire de trente jours pouvait bien servir à vérifier la température de l’eau, mais il ne servira pas à instruire un véritable procès du régime fédéral, un réquisitoire qui aurait pu logiquement se poursuivre sur la scène internationale bien au-delà d’un référendum. C’est ce qu’un libérateur de peuple aurait fait. 



Aujourd’hui ont été identifiés 17 territoires qui se plaignent d’un déficit de reconnaissance quant à leur existence. On peut imaginer qu’il y a de grandes différences entre chacun de ces cas. Quoi qu’il en soit, c’est aussi la revendication des Canadiens-Français depuis la Conquête de se faire reconnaître comme une nation avec les droits et les pouvoirs nécessaires pour assurer son avenir. Cette réclamation est entièrement légitime. 


Participer une fois tous les deux ans à un forum d’entités semblables à la nôtre, en tout cas par certains égards, ne fait pas de nous des Moscovites. D’ailleurs, il n’est pas clair à ce stade si la prochaine rencontre se tient à Moscou ou ailleurs, et, incidemment, la fondation officielle du Forum est prévue pour octobre 2024. 


On peut soutenir que les petites nations non reconnues courent tous les dangers et pèsent peu dans la balance. Pour ces raisons, leur intérêt est en général du côté de la neutralité et du non-alignement. Ce qui ne signifie pas pour elles d’être aveugles à leurs propres intérêts. Le temps a bien montré que les Anglo-saxons ne nous accorderont pas facilement nos droits nationaux. Et, si Ottawa refuse, ses alliés anglo-saxons et européens suivront, sauf accident. Si les autorités néocoloniales du Canada étaient bien disposées à notre égard, ça se saurait. Elles auraient depuis longtemps reconnu notre existence nationale. Par conséquent, se tourner vers une petite communauté internationale de semblables, à titre d’acteur non gouvernemental, en présence de représentants de nombreux pays, peut nous protéger. Comment me direz-vous ? En faisant davantage connaître notre cause dans le monde et, éventuellement, dépendant des appuis internationaux générés avec le temps, profiter de la solidarité et d’un poids international accru en notre faveur. 


Finalement, rappelons-nous une leçon d’importance. Ce n’est pas en raison des bonnes grâces de Pierre Elliot Trudeau pour les Premières Nations qu’elles ont obtenu le statut constitutionnel enviable qui est aujourd’hui le leur. Ce qui a joué, c’est le poids de la communauté internationale en faveur de cette reconnaissance. Ne pas le faire aurait terni la réputation du Canada, et c’est ce qui a fait reculer Trudeau. Quant aux Canadiens-Français ? Il faut s’inspirer de ce qui a donné des résultats. Redonner de la valeur à l’unité des Canadiens-Français et Acadiens et cultiver nos relations internationales. Des pays étrangers nous reconnaîtront avant le Canada !


Site : www.canadiens-francais.com

Ref : https://karlof1.substack.com/p/for-the-freedom-of-nations-lavrov



mercredi 24 janvier 2024

Le crash national a débuté en 1968... Connaîtra-t-il un jour une fin ?

Un moment de détente au cours de la conférence
constitutionnelle de février 1968

« Après son élection avec 41% des voix exprimées en 1966, Lesage demanda à Johnson de démissionner et de déclencher de nouvelles élections parce qu’un démocrate comme il se vantait de l’être ne pouvait pas gouverner alors qu’il ne représentait pas la majorité de la population et je me rappelle le mot à mot de Johnson s’adressant au président de la chambre : « "Monsieur le président, j’ai été élu par la majorité du peuple canadien-français et ça me suffit." »
(Antonio Flamand, 2017)
Excellent !

Et Parizeau, le soir du référendum de 1995 n'avait qu'à répéter la même chose. À la différence que ce n'était pas une victoire à 41%, mais à 60 %. Dans le contexte de 1966, c'eut été une éclatante victoire des Canadiens issus de Nouvelle-France et de ceux qui s'étaient joints à eux ! Mais en 1995, ce ne l'était plus.

Jacques Parizeau se joint au PQ
comme Canadien-Français 
La question est de savoir pourquoi cette victoire a été prise pour une défaite contre laquelle il n'y avait aucun remède, aucune possibilité de rebondir, que du dépit ? Pour la Fédération des Canadiens-Français notre affirmation nationale déclinante est le produit d'une division fondamentale sur le sens de la lutte. Cette division, longtemps mal comprise, a provoqué un crash national, dont le premier acte s'est joué à partir du 5 février 1968. Les hostilités ont été lancées par René Lévesque, qui torpilla sans merci l'ouverture de négociations constitutionnelles dont les ambitions exprimées par Johnson étaient sans précédent. Elles ne seront d'ailleurs jamais dépassées. Et certainement pas en 1981, alors que l'initiative était passée entre les mains de Trudeau, René Lévesque, s'était soumis à l'agenda fédéraliste et n'avait que des objections de façade. On s'est laissé prendre. La nuit des longs couteaux, qui a fait couler beaucoup d'encre, ne faisait que donner une émotion mélodramatique à ce qui était une scène tout à fait prévisible (Martine Tremblay).
Les camps se divisèrent entre l'appartenance nationale comme fondement de la cause (Johnson), et l'appartenance territoriale (Lévesque). L'approche volontariste de Lévesque, voyait l'accouchement d'une nation nouvelle sur un territoire défini en 1867. Cette nation québécoise serait formée de deux entités parallèles aux rivalités existentielles peu conciliables. Comme à cette époque la Révolution tranquille repoussait avec aisance les limites de l'impossible, l'option Lévesque apparaissait attrayante à une jeunesse nombreuse. À la pointe de la modernité américaine, la politique devenait, au Québec aussi, un produit sujet au renouvellement continu. La question nationale, enfin libérée de la tradition, pouvait désormais évoluer en roue libre. Cette mixture nous donna la trajectoire que nous connaissons depuis, et la mine déconfite de Parizeau le soir du 30 octobre 1995.

Parizeau avait joint le PQ en 1969 en tant que Canadien-Français. On a dit qu'au départ il s'était opposé à l'approche référendaire. Mais, comme les autres, il se soumettra aux chantres d'un référendisme importé d'Ottawa. Ce qui revient à dire qu'il changea de camp ! Voyons comment ça s'est traduit.
Avec 41 % des voix Johnson avait les coudées franches. Avec 60 % Parizeau était paralysé, impuissant et défait. La volonté d'une reconnaissance statutaire associée à des droits nationaux, réclamée par la nation historique peu après la Confédération, sera maintenant sujette au veto "d'une population qui n'était pas concernée." C'est comme ça que l'exprimait François-Albert Angers. Et c'est pour ça que Parizeau restera silencieux sur l'essentiel le soir du référendum, impuissant à gérer le verdict favorable de sa nation.

C'était un autre épisode de la série : ce que l'identité québécoise a coûté aux Canadiens-Français.
Avant le 5 février prochain, je reviendrai sur l'Allocution constitutionnelle de Johnson, probablement la plus importante de l'histoire du Québec en la matière (Canada-Français), et la réponse d'un René Lévesque, qui ne se fera pas attendre pour en découdre.
François-Albert Angers
maintiendra une vision claire de la
question nationale




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lundi 22 janvier 2024

Qui donc a le mieux négocié ? Johnson en 1968 ou Lévesque en 1981 ?

Il y aura 56 ans bientôt, le discours constitutionnel le plus important de toute l’histoire moderne du Canada était prononcé par Daniel Johnson. C’est lui qui porta à Ottawa, seul contre dix, l’enjeu de la reconnaissance nationale des Canadiens-Français et des Acadiens. Ceux qui ont parlé de Johnson comme un homme de l’ambiguïté ont tort. Lui reprocher de ne pas avoir été plus clair, c’est ne pas comprendre sa stratégie et relève de la simple « posture politique ». S’il y avait moyen de faire l’indépendance « à froid », ça se saurait. Et, du reste, Option Québec, écrit par René Lévesque dans le même temps, vous souvenez-vous ? N’était-ce pas pour vendre la Souveraineté-association ? Une option tellement attrayante que, selon son auteur, quand le Canada anglais en découvrirait les mérites, toutes les objections tomberaient. Apparemment, Lévesque ne croyait pas à la nécessité de construire un rapport de force.
En fait, il faut admettre qu’en politique sérieuse, celle des grands enjeux, on est un peu comme on est à la guerre. L’approche de Johnson était pragmatique. J’ai déjà dit dialectique, mais peut-être que pragmatique convient mieux. Le rôle du chef de l’État du Québec était de faire émerger, mais dans les règles, les droits nationaux laissés dans l’ombre des cinq constitutions antérieures* qui avaient régi le Canada depuis 1763. Il fallait tout tenter pour obtenir la reconnaissance statutaire des droits des Acadiens et des Canadiens-Français dans une nouvelle constitution.

Au besoin, Johnson avait prévenu. Il irait jusqu’à l’indépendance. Mais pas comme des mots prononcés à la légère. Johnson était engagé dans une démarche de bonne foi, c’est mon avis. Pour lui, faute d’un compromis dans la dignité,
 une fois épuisées toutes les options honorables, au vu d’une rigidité d’esprit des anglo-saxons devenue claire,  ce n’est qu’à ce compte que pouvait se justifier l’indépendance. Fort bien.

Car, ne nous trompons pas, les négociations réclamées par Johnson étaient un processus constituant. C’était l’amorce d’une constitution nouvelle que le Canada français appelait de ses vœux depuis longtemps. Et détrompez-vous, pas besoin de rapatriement. Le Canada était adulte et indépendant depuis 1931. À ce titre, il pouvait librement statuer sur lui-même. L’étape la plus difficile était intra-muros; l’approbation par Londres, le jour venu, une formalité. Le rapatriement a toujours servi de prétexte pour refuser de rénover la Confédération, un exercice redouté, car il rendait à peu près inévitable l’obligation de statuer sur les droits des Canadiens et Acadiens. Les opposants à un fédéralisme des nations ont préféré conserver le vieux texte de 1967 plutôt que de s’asseoir et d’en élaborer un autre avec leurs « partenaires ».

Il fallait jouer le jeu de la solidarité nationale, accorder à Johnson le rapport de force dont il avait besoin. Dans cette phase délicate d’une stratégie ambitieuse, Lévesque voyait-il que Johnson était au front à un contre dix ? Prenant les choses à la légère, comme le joueur de cartes pour qui il y a toujours un lendemain pour se refaire, c’est comme s’il nous disait une première fois « À la prochaine… » À la présidence du Mouvement souveraineté-association (MSA), Lévesque n’était à cette date dans aucun parti politique. Au lieu d’appuyer Johnson, il réunit tout ce qu’il avait de crédibilité pour lui donner un croc-en-jambe. Il faut lire ce qu’il écrira moins d’une semaine après l’allocution de Johnson du 5 février 1968. Je fournirai la réponse de Lévesque dans un prochain blog. 
Avançons dans le temps. Avec le PQ on aura douze ans de passivité constitutionnelle, dans l’attente d’un référendum gagnant… pour se faire dire une autre fois : À la prochaine ! Aux négociations de novembre 1981, il n’était plus question que de rapatriement, de formule d’amendement, de charte des droits… toutes choses que, douze ans plus tôt, Johnson essayait d’écarter de son chemin. Malheureusement, il est mort trop tôt, emportant avec lui son bon jugement politique et son audace tranquille mais bien réelle. 

______
* 1763, 1791, 1840, 1867, 1982



lundi 1 janvier 2024

L’année 2023, bilan et perspectives

Édition du 1er janvier 2024, 13:54

L’essor économique de l’Eurasie se poursuit désormais d’une façon plus autonome. Ces pays qu’on disait pauvres maîtrisent les technologies de pointe et leur industrie recouvre tous les domaines. Des régions entières du monde sont désormais sevrées de leur dépendance des pays occidentaux. L’Inde envoie des engins sur la lune, la Chine s’impose comme premier exportateur mondial d’automobiles, la Corée du Sud et Taïwan excellent en nanotechnologies. Pendant ce temps, l’Occident, avec les États-Unis pour chef de file, se paie une révolution culturelle et autres fantaisies dont on ne veut pas mesurer les conséquences.


On l’a vu, l’intelligence artificielle (IA) a fait son entrée dans les médias, ça devient un grand sujet. J’ai eu l’occasion de tester cet outil redoutable qui est appelé, dit-on, à remplacer les Google de ce monde. Ses possibilités sont apparemment sans limites. Mis au profit de l’humanité, l’outil accepte qu’on lui pose des questions dans un langage de tous les jours sur tous les sujets. Les applications fines se multiplient, notamment dans l’enseignement… et, en fait, partout. Entre des mains malfaisantes, l’IA pourrait mener l’humanité à l’esclavage avec, à la carte, la fin de la liberté humaine telle que nous la connaissons. Avec des élites politiques souvent accusées de manquer de transparence dans la conduite des affaires publiques, on peut comprendre que de tels scénarios sont amplement évoqués. Sans conclure au pire, il est cependant impossible de penser que l’intelligence artificielle soit sans biais. Questionné par exemple sur la question nationale au Canada, l’IA se défend bien, mais échoue. 

Il apparaît qu’après les clivages entre bourgeois et prolétaires, nés dans le terreau de la révolution industrielle, d’autres clivages apparaissent. Il y a ceux qui savent accéder au monde du numérique et de la réalité virtuelle et les autres habitants du « village global. » Ces derniers sont menacés d’une perpétuelle dépendance envers ceux qui savent. Le clivage pourrait également s’approfondir entre ceux qui sont littéralement aux manettes de l’intelligence artificielle et les utilisateurs. Par ailleurs, le fait que l’intelligence artificielle se développe en parallèle dans plusieurs pays et sur plusieurs continents pourrait être positif. Au-delà de la rivalité que cela suppose à la base, avec un peu de bonne foi, la concurrence pourrait aussi conduire à une multipolarité de l'intelligence artificielle. 2023 nous laisse ici avec beaucoup de questions et peu de réponses. 

On dira avec raison que l’ordre international est largement identifié à l’ONU. On entend de nombreux reproches envers l’institution et non sans raison. J’en suis pour dénoncer ses biais, sa bureaucratie, voire ses préjugés. On le sait, l’ONU est une institution de compromis établie par les vainqueurs de la Deuxième Guerre mondiale. Dans sa forme actuelle de trophée de guerre, elle ne peut durer. Le droit de veto accordé à cinq pays (Royaume-Uni, États-Unis, France, Union soviétique, Chine) correspondait à un état du monde qui n’existe plus. C’est peut-être là qu’on touche au plus grave dysfonctionnement de l’organisme. Les États-Unis profitent plus que tout autre de leur veto pour contrer des résolutions majoritaires, mais qui ne leur conviennent pas. Nous l’avons vu encore récemment quand ils ont mis dans la balance leur veto sur un cessez-le-feu à Gaza, pour citer un seul exemple. 

Dans l’attente d’une réforme et en dépit de tout, l’ONU demeure à ce jour le seul mécanisme de création de droit international au sens large. L’ONU reste préférable au vide et mérite même d’être renforcée face à un « ordre international basé sur des règles » que les États-Unis voudraient imposer. Il s’agit d’une invention récente. Elle est concurrente et sape en fait l’autorité de l’ONU comme seule institution habilitée par ce qu’on appelle la communauté internationale. 

Une grande puissance, même quand elle se croit destinée à l’hégémonie globale, devra tôt ou tard taire ses prétentions. Au même titre que tous les pays, les États-Unis devront éventuellement s’en tenir à occuper une place parmi les autres. Va pour Make America Great Again (MAGA) chez soi, mais pas chez les autres. Encore en 2023, faute de moyens de négociations suffisamment imprégnés dans les mœurs de la diplomatie internationale, notre monde a continué d’être trop marqué par le bruit des bottes et la puissance du feu. Et notre presse populaire n’aide pas toujours à la formation d’un jugement équilibré. Elle n’est jamais à court d’allusions défavorables envers des pays ciblés ou les pays indépendants de l’OTAN, par exemple. La peur de l’étranger existe toujours. Des remèdes existent. Il s’en trouve en partie dans la recherche d’une information plus proche des sources primaires au lieu de dépendre d’interprétations journalistiques simplifiées, unanimistes, sinon tendancieuses.

Avec les moyens d’échange dont nous disposons aujourd’hui, la planète s’est couverte d’un réseau de communication en temps réel. Il y a 150 ans à peine, il pouvait s’écouler plusieurs heures, voire plusieurs jours, avant que les nouvelles passent d’un village à l’autre. Dans notre monde moderne, tout s’est rapproché. L’indépendance et la souveraineté ne peuvent plus guère exister que dans un cadre régulé d’interdépendances. Pour l’avenir, cela pose d’immenses défis. Une régulation équitable de l’interdépendance pourrait être la meilleure garantie des marges de souveraineté et d’indépendance. D’abord pour gérer le patrimoine commun : l’espace lointain, l’air, la mer, le cours des fleuves, etc. ne peut plus être à qui les prend, comme au temps de la découverte des Amériques. Ensuite, protéger le patrimoine particulier et indivisible, comme celui des petites nations constituées au fil des tribulations de l’histoire. Dans le nouveau contexte planétaire, les défis posés au patrimoine collectif de l’humanité ne pourront être surmontés sans des médiations et des mécanismes bien établis et mutuellement acceptés. C’est une condition de la paix qui, l’espérons-nous, fera des progrès en 2024.

Pour des raisons bien à eux, que ne partagent pas les Anglo-saxons, les Canadiens-Français ont intérêt à défendre une institution aussi imparfaite que l’ONU. C’est à eux de miser sur les probabilités que des réformes rendent compte éventuellement des nouveaux équilibres, qu’elles n’accordent à l’anglosphère pas davantage que ce qui lui revient en regard de son poids géoéconomique et politique net. La lucidité permet de croire qu’en cas d’éventuelles représentations internationales, en appui à notre propre cause, des sympathies nouvelles apparaissent sur d’autres horizons, venant de pays plus neutres, plutôt que de ces pays qu’on désigne un peu machinalement comme nos alliés de l’OTAN, tous menés par l’anglosphère. Reconnaissons que de n’avoir jamais misé sur l’internationalisation du conflit national au Canada est une erreur incompréhensible, que je laisse à chacun la liberté d’interpréter. 

Il faut le rappeler, car les partis du souverainisme institutionnel l’ont oublié : le problème de la nation canadienne-française n’a jamais été celui d’une élection ou d’un référendum gagnant. Il tient du manque d’aménité (ponctuée d’arrogance) que perpétue le Canada anglais envers un peuple conquis en 1760. 

Toujours raisonnables et d’une modération exemplaire, nos revendications historiques, peu importe qui les formulait et comment elles étaient formulées, n’ont jamais ému et encore moins convaincu la classe dirigeante anglo-saxonne du Canada. Elles se sont toutes fracassées sur un mur de refus. Les maîtres du jeu politique, de George Brown à P. E. Trudeau, n’ont jamais consenti à nous reconnaître comme peuple ayant droit à des institutions politiques propres et représentatives d’une plénitude nationale. Y compris dans le cadre d’un arrangement avec le Canada anglais, nous avons vécu la fermeture des esprits. À la différence, bien des pays d’Afrique et d’Asie ont réalisé leur indépendance par voie de paisibles négociations. Pourquoi cette obstination agissante contre notre émancipation ? Parce que l’Amérique du Nord anglo-saxonne tolère mal la différence ? Parce qu’elle veut se projeter comme exclusivement anglophone ?

Et les choses ne s’arrangent pas. Avec la loi 99, ce sont les nôtres, ceux du Parti québécois, qui acceptent désormais que notre existence de nation issue de Nouvelle-France soit terminée. Pour eux, et ils tâcheront de vous en convaincre, il est superflu et même inconvenant de nommer la nation, de la décrire dans sa continuité historique ou de la célébrer, sauf dans un cadre folklorique. La revendication d’une langue commune leur suffit, insérée dans la célébration d’un Québec plurinational statutaire, à la manière trudeauiste, mais vidée des Canadiens-Français.

Il faut bien l’admettre, la nation patrimoniale dont nous disposons aujourd’hui a été constituée à une autre époque. Cette nation socioculturelle et historique du Canada de Nouvelle-France ne pouvait émerger que dans un environnement territorial partagé, occupé en commun et relativement stable. À cela, il faut ajouter un élément géopolitique décisif: la guerre entre les Anglais pour le contrôle de l’Amérique du Nord nous donna un sursis, le temps de refaire nos maigres forces. 

Bien que comptant des effectifs limités, l’originalité de notre nation d’Amérique constitue un bien immatériel et matériel à préserver et à transmettre, une richesse pour l’humanité. Certes, la jeunesse d’aujourd’hui ne dépend plus de la culture de la terre pour vivre, ce qui modifie forcément son rapport avec le sol par rapport aux ancêtres. Certes, les déplacements des jeunes pour se rendre dans les collèges classiques dépassaient rarement quelques centaines de kilomètres, avec des exceptions, comme Louis Riel, élève au Collège de Montréal. Et si les Jacques Parizeau et les Robert Bourassa étaient un peu des précurseurs avec leurs études à Londres, ils avaient été devancés en Europe par plusieurs autres. Aujourd’hui, les voyages à l’étranger sont monnaie courante. Il y a une évolution de la nation que l’on ne peut récuser. 

Avec la faible natalité et l’immigration massive, le poids électoral des Canadiens-Français a fondu. En 1958, Diefenbaker, et plus tard P. E. Trudeau devaient au vote canadien-français leur confortable majorité. C’est un électorat qu’aucun parti de pouvoir ne pouvait ignorer. Ce n’est plus le cas. Maxime Bernier, dont j’apprécie plusieurs des propositions du Parti populaire du Canada, peut se permettre de passer entièrement sous silence la question nationale. Il prend plutôt la défense d’un Canada uni, indépendant et moins centralisé, avec une seule nation (apparemment) la nation canadienne bilingue, fondée par PET. Si la décentralisation a son mérite, Maxime Bernier voit bien que le poids démographique a fondu et que l’empressement des premiers intéressés à défendre leur propre cause s’est émoussé. Le p’tit gars de la Beauce a compris que la question nationale pourrait le mettre mal à l’aise. En bon politicien, il restera discret sur l’épineux sujet, considérant qu’il n’en tirerait aucun bénéfice. Et, en réalité, le Parti québécois est aux yeux de plusieurs un simple parti d’alternance, porteur d’un « enjeu national » domestiqué, qui ne pose pas la question du régime

Fin

ANNONCES
Le premier janvier marque le début de la Fédération des Canadiens-Français, il y a quatre ans.

Suivez-nous le 5 février prochain pour la commémoration de l'allocution de Daniel Johnson à la conférence constitutionnelle tenue à Ottawa en 1968.

Bonne, heureuse et vertueuse année 2024
_______________

Commentaire reçu :

Si le principe d'une assemblée générale des nations est constructif dans l'optique d'un De Gaulle qui parlait de "concert des nations", force est de constater que sa bureaucratie est un instrument de l'oligarchie financière internationale à la source de nos maux qui n'est qu'un prolongement de la East India Company qui a longtemps contrôlé le quotidien de l'Empire britannique. Dans un nouvel ordre mondial multipolaire, probablement que seulement l'assemblée générale de l'ONU ne devrait être conservée.

1er janvier, 13:35

jeudi 7 décembre 2023

23e anniversaire de la loi 99 (2000)

Aujourd'hui, 7 décembre, 23e anniversaire de l'adoption de la loi 99 (2000). Cette loi vient confirmer le consensus entre le gouvernement fédéral, la Cour suprême du Canada et Québec à l'effet qu'un référendum est un moyen légitime d'obtenir des changements constitutionnels. Le fédéral aurait l'obligation de négocier. Il y a cependant des conditions et des modalités sur lesquelles on ne s'accorde pas : question claire, majorité claire, insiste le fédéral. Ces questions litigieuses sont repoussées pour être éventuellement débattues dans l'arène politique, le cas échéant.



Québec sur la défensive. La loi 99 répond à des préoccupations fédérales concernant le respect des droits des minorités dans le cadre d'un projet référendaire portant sur l'avenir du Québec. La loi 99 qui a pour titre : Loi sur les droits et les prérogatives du peuple et de l'État du Québec, définit en préambule le peuple Québécois comme un peuple de minorités particulières pourvues de droits garantis, comme, par exemple, une "communauté anglophone jouissant de droits consacrés", des immigrants pour qui on ouvre la porte à l'affermissement de leur communauté culturelle et des Premières Nations, dont les effectifs nationaux se chiffrent pour plusieurs d'entre elles à moins de 10 000 personnes. Fort bien. Par ailleurs, le peuple du Québec a pour caractéristique d'être "majoritairement francophone".



Cette définition, avec ses insistances et ses silences, est en harmonie avec la Charte des droits, la doctrine fédérale multiculturaliste et post-nationale et avec la loi fédérale sur les langues officielles, laquelle ne reconnaît que des langues officielles et aucune culture nationale.
La loi 99 tourne définitivement le dos à la convergence culturelle en faveur des canadiens-français, jusque là considérée comme prépondérante dans le projet souverainiste. Cette idée de convergence culturelle, élaborée notamment par le sociologue Fernand Dumont, avait largement dominé le nationalisme et le souverainisme depuis la fondation du Parti québécois. En revanche, la loi 99, donne raison à Gérard Bouchard et à Charles Taylor, pour qui le souverainisme n'est acceptable que dans le cadre d'une juxtaposition de différentes communautés possédant chacune une identité à valoriser. C'est le souverainisme trudeauiste de l'après 1995, dont l'historien Éric Bédard nous a fourni une étude magnifiquement bien documentée.

Malgré des prétentions qui ne manquent pas, la loi 99 est calquée sur les valeurs du fédéralisme canadian de Pierre Elliott Trudeau et de sa loi constitutionnelle de 1982. Avec la souveraineté, on conserverait tout l'appareil idéologique et doctrinaire du trudeauisme pour simplement substituer un État à un autre. Voilà !

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En complément : Vidéo du 6 novembre 2023 - à partir de 29 minutes 

Journal du soir avec Luc Paquin et François Saint-Louis

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Après 1995, il n'y avait que deux possibilités 

1) achever d'aligner le souverainisme sur les valeurs du fédéralisme canadiAn, ce que fit la loi 99 - ou 

2) ré-affirmer les idées d'émancipation du peuple canadien-français à la source du mouvement. Loin de réclamer la reconnaissance statutaire du peuple canadien-français et de ses droits nationaux, comme l'avait fait officiellement Daniel Johnson le 5 février 1968, la loi 99 a choisi d'être silencieuse sur l'enjeu existentiel. Les "souverainistes" seront désormais appelés à choisir entre un État trudeauiste à Québec et la dignité nationale des Canadiens issus de Nouvelle-France. Le rapport entre les deux causes, si l'on met de côté la stabilité d'une certaine imagination populaire et politique, est devenu extrêmement ténu.

vendredi 17 novembre 2023

Dans un an, les 50 ans de l'adoption de la voie référendaire par le PQ - Serons-nous toujours envoutés par les faux "libérateurs de peuple" ?

Le 16 novembre 1974, le Parti Québécois adoptait l'approche référendaire. C'était une réforme majeure de son programme apparue dans le décor quelques deux ans plus tôt. Claude Morin, haut fonctionnaire et conseiller de plusieurs premiers ministres du Québec, adhère au Parti québécois en 1972. Il apporte dans ses bagages la formule novatrice de la souveraineté par voie référendaire, une idée qui fait débat. En 1974, arrive l'heure de trancher sur le nouveau paradigme. Le Cinquième congrès du PQ passera l'affaire aux voix. C'est le référendum qui l'emporte. Bien que d'origines douteuses, l'origine fédérale du référendum est décrite par Claude Morin lui-même, et elle vient de haut niveau. L'approche référendaire va plonger le Québec dans une cage à homards pendant cinquante ans. 

Par son imprégnation au provincial, au fédéral et même à la Cour suprême du Canada, ( note - ce qui nous sera fourni par la loi sur la clarté et les jugements subséquents) la méthode référendaire est devenue quasi-constitutionnelle, une jurisprudence, un préalable à tout changement constitutionnel, un passage obligé pour ce qui concerne le statut politique du Québec. Une société libérale comme la nôtre, avec son image idyllique de la démocratie, laisse peu de place à d'autres options. Certes, dans certains milieux, on a constamment remis en question l'approche référendaire comme une arnaque fédérale. Le dossier du piège référendaire est étoffé, mais le mal est fait. En dépit de ses origines nébuleuses et des tricheries documentées de 1980 et de 1995, le référendum ne semble pas avoir perdu l'attrait d'une certaine supériorité morale pour mettre en oeuvre des changements constitutionnels. Mais considéré en regard du statu quo ante de 1974, est-ce bien vrai ?  S'en être tenu sans déroger à l'esprit et à la lettre de l'AANB, exploiter la flexibilité de la Confédération par une approche constitutionnelle classique, ce dont s'était habilement prévalu Daniel Johnson, n'était pas sans potentiel. Sans innover sur la forme, sans une redéfinition de la nation obligée par la voie référendaire, Daniel Johnson agissait résolument. Les outils nous les avions !    

Un virage pas si facile. 
Des membres influents de l'exécutif du Parti Québécois durent intervenir pour obtenir un vote favorable. Malgré tout, 30 % des délégués, fidèles à l'approche de la voie parlementaire, en vigueur depuis 1968, année de la fondation du PQ (et, de fait, en conformité avec l'AANB depuis 1867 !) persistèrent dans leur opposition jusqu'à la fin. 

Il faut le rappeler, la voie référendaire, lourde de conséquences, a façonné le Québec pendant cinq décennies... et la suite nous attend. 

Quand la petite politique s'en mêle 
La voie référendaire venait en quelque sorte compléter la transition amorcée depuis que René Lévesque s'était opposé sans délai et avait dénoncé avec des mots très durs les propositions audacieuses de Daniel Johnson, lancées à la conférence constitutionnelle de février 1968. Un aspect fort important de la transition vers l'approche référendaire, pilotée en tandem par René Lévesque et Claude Morin, était de faire passer les Canadiens-Français (et Acadiens), peuple fondateur du Canada, à autant de minorités linguistiques provinciales. Les conséquences du fédéralisme territorial s'affirmant dans toute leur dureté contre un fédéralisme des nations, dont les Canadiens-Français auraient été les seuls à croire, au point de se duper. Johnson tentera, alors que le contexte lui était relativement favorable, de jouer le tout pour le tout. Il mourra prématurément après le croc-en-jambe de Lévesque. Va pour la petite politique en milieu colonial. 

En 1974, le référendum devait consacrer la rétrogradation : il troquait les droits nationaux légitimes revendiqués jusque-là, contre un destin "national" nouveau, dont la réalité devait apparaître dans tout son éclat à l'issue d'un référendum gagnant. Le pari était double. 
1- Il supposait la rupture du destin des Canadiens-Français du Québec avec ceux des autres provinces de l'AANB et des Acadiens. 
2- Il supposait aussi un ralliement tangible des Canadiens anglais du Québec à la québécitude, qu'il devenait impératif de rallier, de rassurer, voire de courtiser "pour la cause". Les Anglais du Québec devenaient nos co-nationaux québécois. Et un fédéralisme des nations au Québec, pourquoi n'y a-t-on jamais pensé ? 

Avait-on bien pesé la transaction ? Avait-on bien réfléchi au fait que nous choisissions les Anglais contre les C-F et les Acadiens ? Que le faire était de se conformer à la vision de P.E.Trudeau, soit de reléguer les C-F et les Acadiens au rang peu glorieux de francophones en situation minoritaire. 

Chez les souverainistes on se félicitait d'avoir réalisé le no. 1 (avec Trudeau aux commandes !), mais le no. 2 ne vit jamais le jour. Néanmoins, malgré deux échecs référendaires, qui démontrent le caractère fictif et purement déclaratoire d'une "nation québécoise", elle est entrée dans l'ordre du "politiquement correct", au rythme de l'exclusion, en marche inverse, de la nation historique, dont il est mal vu de prononcer le nom dans les médias.

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Pour prolonger la réflexion :

Notre approche réaliste pour sortir du marais
https://gilles-verrier.blogspot.com/2023/07/la-federation-des-canadiens-francais.html

Le référendum de 1995, une analyse canadienne-française
https://gilles-verrier.blogspot.com/2021/01/il-y-25-ans-le-26-septembre-1994.html

Pour un fédéralisme des nations au Canada 
https://canadiens-francais.com/pour-un-federalisme-des-nations-au-canada/


Affiche souvenir des 45 ans de l'étapisme.
En 2024, les 50 ans, où en serons-nous ? 


Robert Bryce, Al Johnson et Gordon Robertson, les trois fonctionnaires 
de haut rang à la racine de l'étapisme, entourent Claude Morin.
Ces
 hautes personnalités de l'entourage de P. E. Trudeau feront tout bonnement
leur devoir en suggérant à "au moins trois reprises" l'idée du référendum à
Claude Morin. Ce dernier s'en voudra de ne pas y avoir pensé lui-même. 




vendredi 27 octobre 2023

Premières Nations population

Qu'est-ce qu'une nation ?

Effectifs et langue parlée pour cinq des 11 nations autochtones du Québec

« Le Québec est riche de onze nations autochtones, qui ont une identité distincte : une histoire, une langue et une culture qui leur sont propres. »

Source : https://www.quebec.ca/gouvernement/portrait-quebec/premieres-nations-inuits/profil-des-nations/a-propos-nations

1- Naskapis  

Population et territoire

La nation naskapie compte environ 1 450 personnes, dont plus de 930 vivent dans le seul village naskapi du Québec, Kawawachikamach, situé dans le nord du Québec, à environ 15 kilomètres de Schefferville.

Langue

Le naskapi est parlé par toute la population et l’anglais est la langue seconde.


2- Abénaquis

Population et territoire

Odanak et Wôlinak, les deux communautés abénaquises du Québec, sont situées sur la rive sud du Saint-Laurent, près de Trois-Rivières, entre Sorel et Bécancour. On compte plus de 3 000 Abénaquis au Québec, dont 400, au moins, demeurent à Odanak et à Wôlinak. Des centaines d’Abénaquis vivent en dehors de leur communauté, un peu partout en Amérique du Nord.

Langue

Les Abénaquis appartiennent à la grande famille linguistique et culturelle algonquienne. Au Québec, ils parlent français, et plusieurs d’entre eux connaissent aussi l’anglais. La langue abénaquise est toujours parlée par certaines personnes aînées.


3- Wolastoqiyik (Malécites)

Population et territoire

Environ 780 Wolastoqiyik habitent au Québec. Ils ne sont pas regroupés en communauté, mais vivent dispersés sur le territoire québécois. La Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk dispose néanmoins d’un territoire de réserve, désigné Kataskomiq, qui est situé dans le canton de Whitworth, près de Rivière-du-Loup, et d’un petit lot à Cacouna. 

Langue

Les membres de la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk vivant au Québec parlent français et plusieurs connaissent aussi l’anglais. La langue wolastoqey est encore parlée par certains locuteurs du Maine et du Nouveau-Brunswick.

4- Micmacs

Population et territoire

Le Québec abrite plus de 5 000 Micmacs constitués en trois groupes. En Gaspésie, la communauté de Listuguj dispose d’un territoire à l’embouchure de la rivière Ristigouche, tandis que celle de Gesgapegiag en possède un à l’embouchure de la rivière Cascapédia, près de la municipalité de Maria. Quant aux quelque 510 Micmacs qui forment la bande de Gespeg, ils n’ont pas de territoire de réserve et vivent principalement à Gaspé et à Montréal.

Langue

La langue micmaque est enseignée à l’école et parlée par plusieurs membres des communautés de Listuguj et de Gesgapegiag. L’anglais est la langue seconde. Les Micmacs de Gespeg parlent surtout français et de plus en plus de jeunes Micmacs connaissent aussi bien le français que l’anglais.


5- Hurons-Wendats

Population et territoire

Les Hurons-Wendats constituent l’une des nations les plus urbanisées du Québec. Leur unique communauté, Wendake, est adjacente à la ville de Québec. Quelque 1 500 Hurons-Wendats y habitent.

Langue

Les Hurons-Wendats parlent français. La langue huronne est considérée comme éteinte, mais un projet de recherche est en cours afin d’en assurer la revitalisation.